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1337. Bertrand du Guesclin a 17 ans

Le début de la Guerre de Cent ans. Jeanne de Penthièvre épouse Charles de Blois. Bertrand du Guesclin entre en lices. Édouard III s’allie à Louis IV du Saint-Empire. Naissance du chroniqueur Jean Froissart.

Édouard de Woodstock devient duc de Cornouailles

En Angleterre, le 16 mars, Édouard de Woodstock, le futur Prince noir, fils d’Edouard III, devient duc de Cornouailles. Il devient le premier duc en Angleterre.

Henry de Grosmont devient comte de Derby

Henry de Grosmont, dit également Henri de Lancastre, est né au château de Grosmont vers 1299, est comte de Derby en 1337, de Lancastre et de Leicester en 1345, de Lincoln en 1349, puis duc de Lancastre en 1351. Il est fils d’Henry de Lancastre, † 1345, comte de Leicester et de Lancastre, et de Maud de Chaworth. Il est mort le 13 mai 1361.

Philippe VI de Valois reprend Bordeaux et la Guyenne

Le 24 mai, le roi de France Philippe VI de Valois, reprend Bordeaux et la Guyenne à Édouard III, roi d’Angleterre, pour lesquelles ce dernier lui a rendu hommage.

Le duc de Bretagne Jean III prépare sa succession

Jean III épouse en premières noces Isabelle de Valois, sœur de Philippe VI de Valois, roi de France. Après son veuvage et un second mariage il reste très attaché à son ex-beau-frère Philippe VI de Valois et aux intérêts de la couronne de France.

Jean III n’a pas d’enfant, mais il a deux frères germains.

Les deux frères du duc Jean III meurent avant lui.  1 Pierre, le plus jeune, meurt sans postérité. Guy a une fille, Jeanne de Penthièvre. Guy vivant serait devenu héritier du duché de Bretagne. Guy, mort en 1331, sa fille Jeanne devient héritière présomptive du duché.

Jeanne de Bretagne-Penthièvre dite Jeanne la Boiteuse, est duchesse de Bretagne, comtesse de Goëlo, dame/baronne d’Avaugour, de Mayenne et de Laigle, vicomtesse de Limoges. 2

Jean III a aussi un demi-frère, Jean de Montfort, 3 né d’un second mariage de leur père, le duc Arthur II, avec Yolande de Dreux, l’ex-souveraine d’Écosse. 4

Yolande d’ Ecosse, duchesse de Bretagne
Sceau. 1742 (tome I) et 1744 (tome II) Dom Morice (H.).

Jean de Montfort, demi-frère du duc Jean III, plus proche par conséquent d’un degré que Jeanne de Penthièvre, qui n’est que leur nièce à tous deux, émet ses prétentions à l’héritage du duc.

Jean III prévoit les maux d’une rivalité entre son frère et sa nièce, décide de laisser son duché de Bretagne à Philippe de Valois, roi de France. Il y met cependant cette condition que Jeanne de Penthièvre, ou ses héritiers, recevront de Philippe VI une autre seigneurie importante. Il est convenu qu’on lui donne le duché d’Orléans.

Pour éloigner Jeanne de la Bretagne et éviter tout conflit, Jean III et le roi de France négocient son mariage avec Charles, fils aîné du roi de Navarre, dit Charles le Mauvais.

Pays bretons
Lamballe, capitale du Penthièvre. Source : Wikipédia Commons.

En 1337, Jeanne de Penthièvre a 13 ans et Charles de Navarre 5 ans.

Les seigneurs bretons s’opposent à ces dispositions. Ils veulent maintenir l’indépendance du duché, le garder à Jeanne et assurer, par son mariage, et une prompte descendance, des héritiers au duché de Bretagne.

Jean III cède et annule les négociations faites avec les parents de Charles de Navarre, il remet Jeanne en possession de ses droits. Jean III, en accord avec le roi de France, décide de marier sa nièce Jeanne à Charles de Châtillon, duc de Blois, neveu de Philippe VI, par sa mère.

Du Guesclin. Blois. 41
Le château. Renaissance. Façade intérieure. L’escalier monumental.Photo : 30/12/2007.

Charles de Châtillon, duc de Blois, est le fils de Guy Ier de Châtillon, comte de Blois, et de Marguerite de Valois, sœur de Philippe VI. 5

Cette décision réveille les prétentions de Jean de Montfort. A la mort de Jean III, en 1341, la guerre éclate entre les deux rivaux.

Charles de Blois, devenu duc baillistre de Bretagne, par sa femme qui en est la duchesse, défend les droits de celle-ci et demande l’appui de son oncle Philippe VI de Valois.

Jean de Montfort, élevé en Angleterre, et pro-Anglais de cœur, fait appel à Édouard III. 6

Jeanne de Penthièvre épouse Charles de Blois

Les mariages de raison sont la règle.

À Paris le 4 juin, Charles de Blois, neveu de Philippe VI de Valois, épouse Jeanne de Penthièvre dite Jeanne la Boiteuse, fille de Guy de Penthièvre, nièce du duc Jean III de Bretagne et petite-fille d’Arthur II de Bretagne. 7

Les conditions du mariage prévoient que Charles de Blois prenne le nom et les armes de Bretagne et qu’il succède au duc Jean III, qui n’a pas d’enfants. Charles de Blois, aussi appelé Blois ou bienheureux Charles de Blois est né en 1319 à Blois. 8

Charles de Blois
Par André du Chesne.

Charles de Blois, comte de Blois, baron de Mayenne, seigneur de Guise est par son mariage, comte baillistre de Penthièvre et duc baillistre de Bretagne. Il meurt le 29 septembre 1364 à Auray. Il sera béatifié. 9

Charles de Blois aurait aimé se consacrer à la vie religieuse

Homme cultivé, Charles de Blois aime les livres, la musique et les arts.

« Voilà que mon fils ne fait que rêver jour et nuit à ses livres ; je me verrai obligé de les lui enlever pour lui conserver la santé »

aurait dit Guy de Blois, son père. D’autres témoins de sa vie le montrent jouant de la guitare avec des musiciens professionnels.

Mais surtout il se distingue très tôt par une piété poussée jusqu’à une extrême dévotion, – taxée souvent de « bigoterie » par ses pairs – mais qui lui vaut l’admiration et la reconnaissance des humbles ; car il s’applique, autant qu’il le peut, à soulager leurs difficultés et leurs misères ; tous les témoins de sa vie en attestent, comme on le voit à son procès de canonisation ouvert en 1371.

Comme ce saint Louis d’Anjou, à qui il est apparenté et qui, fils du roi Charles II de Naples, renonce au trône pour entrer chez les franciscains, « saint Charles de Blois » comme l’appelle Froissart aurait aimé se consacrer à la vie religieuse ; sa famille en décide autrement et le marie, en 1337, à la nièce du duc de Bretagne, Jeanne de Penthièvre, « la boiteuse », une femme énergique jusqu’à l’entêtement, on le verra. 10

Jeanne de Penthièvre et Charles de Blois ont des enfants

  • Marguerite, 1340 ?-† après 1354, mariée en 1351 avec Charles de La Cerda, † 1354, comte d’Angoulême, connétable de France,
  • Marie, 1343 ?-† 1404, comtesse de Guise, mariée en 1360 avec Louis, 1339-† 1384, duc d’Anjou, comte du Maine, comte de Provence et de Forcalquier, frère de Charles V, roi de France,
  • Jean Ier de Châtillon, 5 février 1345-† 1404), comte de Penthièvre, vicomte de Limoges, marié à Moncontour le 20 janvier 1387 avec Marguerite de Clisson, fille du connétable Olivier V de Clisson,
  • Gui, né avant 1347, envoyé en otage en Angleterre, où il meurt en 1385,
  • Henri, né après 1356, décédé en 1400,
  • Charles, mort avant 1364.

Le roi de France maintient une présence forte dans le duché de Bretagne et dans la famille ducale avec Charles de la Cerda et Louis d’Anjou. Avec sa fille, Olivier V de Clisson entre dans la famille de Blois-Penthièvre. Il se rapproche également de la famille royale.

Bertrand du Guesclin entre en lices

En juin, Charles de Blois et sa femme Jeanne de Penthièvre donnent en l’honneur de leur mariage, à Rennes, Place des Lices, un grand tournoi au cours duquel Bertrand du Guesclin se fait remarquer. Il a 17 ans.

Bertrand est en nourrice chez des paysans jusqu’à l’âge de cinq ans. On le décrit petit, les jambes courtes et noueuses, les épaules très larges, les bras longs, avec une grosse tête ronde et de peau noire. De plus il est brutal et son père qui le traite assez mal, refuse de le préparer à la chevalerie. Il se fait remarquer dès son enfance par sa force, son habileté dans les exercices du corps et ses goûts belliqueux avec ses compagnons de jeunesse, des paysans roturiers. Illettré et bagarreur, il se sent une vocation de guerrier.

Alors qu’il s’est enfui, 11 de chez son oncle, Bertrand du Guesclin, Seigneur de Vauruzé, 12 à Rennes, il assiste à un tournoi sur la Place des Lices le 4 juin 1337, où il a interdiction de participer, mais un de ses cousins, vaincu, quitte la lice et lui prête son équipement. 13

Du Guesclin. Rennes. 35
Photo : 21/04/2017.

Bertrand aurait défait, masqué, douze ou quinze chevaliers, avant de refuser de combattre son père en inclinant sa lance par respect au moment de la joute, à la grande surprise de l’assemblée. Un dernier chevalier le défie et parvient à faire sauter la visière de son heaume. Le père découvre le visage de son fils. 14

Robert Du Guesclin découvre le visage de son fils. Emu et fier, il s’engage à l’armer grâce à une collecte réalisée auprès de ses proches. Bertrand va pouvoir confirmer sa réputation d’excellent tournoyeur. 15

Le tournoi de Rennes
Source : Wiki-rennes.

Je suppose que Bertrand du Guesclin rencontre à cette occasion de nombreux seigneurs de Bretagne, notamment ceux qui soutiennent cette alliance entre le duché de Bretagne et le royaume de France. Les discussions vont certainement bon train sur les agissements qui opposent Edouard III et Philippe VI de Valois. Est-ce là que Bertrand du Guesclin choisit son camp ?

Rennes capitale du Duché de Bretagne

Rennes voit son pouvoir politique s’accroitre au Moyen Âge en devenant successivement forteresse des Marches de Bretagne puis capitale du Duché de Bretagne.

Pierre II du Guesclin, seigneur du Plessis-Bertrand meurt à 67 ans

Pierre II du Guesclin, seigneur du Plessis-Bertrand, 1270-1337, est marié avec Mahaud de Broöns. Ils ont un fils Pierre III du Guesclin, seigneur du Plessis-Bertrand marié avec Juliette de Saint-Denoual dont : Tiphaine du Guesclin, dame de Plancoët, †1417. 16

Le début de la Guerre de Cent ans

Alors que le sacre de Philippe VI de Valois n’a pas fait l’objet de contestations dix ans plus tôt, le roi Edouard III d’Angleterre, après six ans de négociations sur les contentieux franco-anglais, revendique la couronne de France. Philippe VI saisit l’occasion pour en découdre, la guerre de Cent Ans commence.

Le 7 octobre, Édouard III, roi d’Angleterre, dénonce l’hommage prêté au roi de France, Philippe VI de Valois, et revendique la couronne de France. Il est le petit-fils de Philippe IV le Bel par sa mère Isabelle de France. Il se déclare héritier légitime du trône de France. 17

Le 1er novembre, Philippe VI de Valois reçoit des lettres de défi écrites par Édouard III le 19 octobre. C’est le début de la Guerre de Cent Ans. Elle prend fin en 1453. En réalité, elle dure 116 ans.

À la Toussaint 1337, l’évêque de Lincoln, Henry Burghersh, arrive porteur d’un message du roi d’Angleterre adressé à

« Philippe de Valois, qui se dit roi de France ».

C’est une rupture de l’hommage et une déclaration de guerre. 18

Edouard III souhaite obtenir en pleine souveraineté la possession de l’Aquitaine, ce que Philippe VI ne peut accepter. Edouard III est poussé à entrer en guerre pour protéger les villes drapières flamandes, sur lesquelles la France a des visées, et qui sont le débouché principal des laines anglaises. 19

Edouard III met l’embargo sur les exportations anglaises vers les Flandres, mais les autorise vers le duché de Brabant. Bruxelles et Louvain risquent de concurrencer Gand et Bruges.

Ayant restauré l’autorité royale après le règne désastreux de son père, Édouard II, Edouard III fait du royaume d’Angleterre la première puissance militaire d’Europe. Après avoir défait mais non soumis le royaume d’Écosse, il s’attaque à la France avec laquelle son royaume est en conflit larvé du fait de l’emprise économique de l’Angleterre sur toute la partie occidentale du royaume de France, des Flandres à l’Aquitaine, et de l’alliance franco-écossaise. Ces contentieux sont doublés par le problème de la souveraineté sur la Guyenne, fief pour lequel il est vassal de Philippe VI, qui peut à ce titre annuler toutes les décisions de justice.

Le conflit qui s’engage, entre diverses périodes de trêve plus ou moins longues, déchire les deux royaumes jusqu’au milieu du 15ème siècle, et n’est définitivement soldé côté français, que par la reprise de Calais en 1558, après 211 ans d’occupation anglaise. À l’ouverture des hostilités, chacun a pour préoccupation de vouloir porter la guerre sur le territoire ennemi et de protéger ses côtes, ce qui oblige les deux couronnes à engager un effort naval considérable pour contrôler la Manche. 20

Hervé VII de Léon succède à son père Hervé VI de Léon

Son fief est au château de La Roche-Maurice. 21 Veuf, il se remarie avec Marguerite d’Avaugour, fille de Henri IV d’Avaugour, seigneur de Goëllo et de Mayenne, et de Jeanne d’Harcourt.

Du Guesclin. La Roche-Maurice. 29
Photo : 24/07/2020.

Marguerite d’Avaugour est la tante de Jeanne de Penthièvre, nièce du duc, Jean III Le Bon, fille de Guy de Bretagne, seigneur de Penthièvre, et de Jeanne d’Avaugour. 22

Hervé VII de Léon s’illustre pendant la guerre de Succession de Bretagne. 23

Jacob van Artevelde prend le pouvoir à Gand

Le 28 décembre Jacob van Artevelde, membre de la haute bourgeoisie gantoise, prend le pouvoir à Gand à la suite de l’embargo anglais sur les laines. Il prend fin en 1345. Le comte de Flandre, Louis de Nevers, est chassé en 1338. Il se réfugie à la cour de Philippe VI de Valois. 24

Louis 1er de Flandre
Il est né vers 1304 et mort à Crécy le 26 août 1346. Source : Wikimedia Commons.

Jeanne de Valois intervient pour éviter la guerre

À la mort de son époux Guillaume Ier d’Avesnes, en 1337, Jeanne de Valois, sœur de Philippe VI de Valois, 25 devient religieuse et se retire au sein de l’abbaye cistercienne de Fontenelle, près de Maing, où la rejoignent sa fille Isabelle de Namur et sa petite-fille Anne de Bavière. 26

Du Guesclin. Maing. 59
Photo : 06/04/2018.

Jeanne de Valois joue un rôle diplomatique pour préserver le Hainaut et atténuer les désastres du conflit franco-anglais. En 1339, Jeanne de Valois reçoit son gendre le roi d’Angleterre Édouard III à l’Abbaye de Fontenelle. Elle se rend à Paris auprès de son frère le roi de France Philippe VI, rencontre aussi à Gand sa fille Philippa. La Paix de Tournai marque une trêve des hostilités. Jeanne de Valois décède à l’Abbaye de Fontenelle le 7 mars 1352. 27

Du Guesclin. Maing. 59
Photo : 06/04/2018.

Jeanne de Valois est la grand-mère d’Édouard de Woodstock dit le Prince Noir, de Lionel d’Anvers, de Jean de Gand, d’Edmond de Langley et de Thomas de Woodstock, par sa fille Philippa. 28

Du Guesclin. Maing. 59
Fouilles du site de l’abbaye de Fontenelle. Photo : 06/04/2018.

7 juin. Décès de Guillaume Ier de Hainaut

Guillaume Ier de Hainaut, dit le Bon, né vers 1286, est comte de Hainaut, de Hollande, sous le nom de Guillaume III, et de Zélande de 1304 à 1337. 29

Il épouse le 19 mai 1305 Jeanne de Valois, † 1352, fille de Charles de France, comte de Valois.

En 1325, il aide la reine d’Angleterre Isabelle de France à monter une expédition contre son époux, le roi Édouard II, et ses favoris, les Despencer. En 1327, il aide Louis de Nevers, comte de Flandre à soumettre les flamands révoltés et combat à la bataille de Cassel.

Leur fille, Philippa, née vers 1314-† 1369, se marie en 1328 à Édouard III.

En 1334, il réussit à négocier la paix entre Louis de Nevers et le duc de Brabant Jean III alors en guerre depuis deux ans.

Il prend le parti de son gendre Édouard III, roi d’Angleterre, contre son beau-frère le roi de France Philippe VI de Valois et forme une coalition avec le roi d’Angleterre, le duc de Brabant, le duc de Gueldre, l’archevêque de Cologne et le comte de Juliers. Il est mort à Valenciennes le 7 juin 1337.

Leur fille, Marguerite, 1311-† 1356, comtesse de Hainaut, de Hollande et de Zélande, se marie à Louis IV de Bavière, empereur romain germanique. 30

Leur fils, Guillaume II d’Avesnes, dit le Hardi, lui succède

Il est né en 1307. Il est comte de Hainaut, de Hollande et de Zélande, sous le nom de Guillaume IV, de 1337 à 1345. Guillaume de Hainaut est à la fois vassal du roi de France et de l’empereur. Le roi de France, Philippe VI de Valois, par l’entremise de sa sœur, Jeanne de Valois, qui est également la mère du comte, obtient une trêve avec le comte de Hainaut. Il meurt à Staveren le 26 septembre 1345. 31

Édouard III s’allie à Louis IV du Saint-Empire

Louis III de Bavière, dit Louis IV du Saint-Empire, 1282 – 1347, est élu roi des Romains en 1314 puis couronné empereur des Romains sous le nom de Louis IV, il règne de 1328 à 1347. Il épouse en 1324 Marguerite II de Hainaut qui lui apporte en dot ses domaines des Pays-Bas.

Édouard III s’entend avec Louis IV auquel il achète son alliance pour 300 000 florins, ce qui lui permet de raffermir ses positions en Flandre. L’empereur peut ainsi compter sur un solide allié capable de contrebalancer les menées éventuelles de Jean de Bohême. Évidemment, l’alliance anglo-germanique a pour effet de rapprocher plus encore la papauté du royaume de France. 32

Jean de Bohême soutient le roi de France Philippe VI de Valois

Jean de Bohême ou Jean Ier de Luxembourg, dit l’Aveugle, est né le 10 août 1296, roi de Bohême en 1310 par son premier mariage, comte de Luxembourg en 1313, roi titulaire de Pologne. Il est mort tué à la bataille de Crécy le 26 août 1346 au côté de Philippe VI de Valois.

Les princes de France

Les membres les plus importants de l’aristocratie sont désignés sous le nom de prince. La très haute noblesse, les pairs, est chargée d’assurer la continuité de l’État en cas de vacance du pouvoir, et d’élire le roi s’il n’y a pas d’héritier direct.

Au début de la guerre de Cent Ans, les princes de sang royal sont les ducs de Bourbon, de Bourgogne, Robert III d’Artois, Charles de Navarre, le Mauvais, les frères de Charles V, Jean, duc de Berry, Philippe II, duc de Bourgogne, Louis Ier, duc d’Anjou, et plus tard Charles VI et son frère, Louis Ier, duc d’Orléans).

Complétant l’aristocratie du royaume de France et bien qu’extérieurs à celle-ci, on trouve les grands seigneurs du Midi, le comte d’Armagnac, le comte de Foix, les familles d’Albret et de Grailly, les ducs de Bretagne et de Lorraine. Le gouvernement est assuré par le Conseil royal. 33

Naissance de Louis II de Bourbon

Il est né le 4 août 1337. C’est le fils de Pierre Ier (1311-1356), duc de Bourbon, et d’Isabelle de Valois, fille de Charles de Valois. 34

En 1356, il est fait prisonnier à Poitiers.

Louis II épouse en 1371 Anne, dauphine d’Auvergne, héritière du Forez. Anne Dauphine d’Auvergne, comtesse de Forez, née en 1358, morte en 1417 à Cleppé (Loire) et inhumée dans la prieurale de Souvigny, près de Moulins, aux côtés de son époux Louis II de Bourbon, est la fille de Béraud II d’Auvergne, dauphin d’Auvergne, et de Jeanne de Forez. Anne appartient à la maison d’Auvergne, à celle d’Albon par sa mère, et par mariage elle entre dans la maison de Bourbon. 35

Louis II de Bourbon, dit « le bon duc », étend ses possessions en ajoutant autour du Bourbonnais :

  • Le Beaujolais obtenu du roi,
  • Le Dauphiné d’Auvergne et le Forez par son mariage en 1371 avec Anne Dauphine d’Auvergne, 1358-1417,
  • Le duché d’Auvergne grâce au mariage en 1400 de son fils Jean Ier, 1381-1434, avec Marie de Berry, 1367-1434. 36

Après 1380, Louis II participe à la régence du royaume pendant la minorité de son neveu le roi Charles VI et demeure par la suite un de ses conseillers très écoutés.

Il est duc de Bourbon de 1356 à 1410, baron de Combrailles en 1388 et comte de Forez par mariage. Il meurt au château de Montluçon le 10 août 1410. 37

Il combat avec Bertrand du Guesclin à plusieurs reprises, notamment à Broue où ils délivre la mère de Louis.

Février. Naissance de Charles III de Valois

Charles II d’Alençon, dit Charles II le Magnanime, né en 1297, est le deuxième fils de Charles, comte de Valois, et de Marguerite d’Anjou, et donc le frère du roi de France Philippe VI de Valois. Il est comte de Chartres, du Perche et d’Alençon. Il meurt le 26 août 1346 à la bataille de Crécy.

Charles II épouse, en secondes noces, Marie de la Cerda, 1319-1375. Ils ont plusieurs enfants dont :

  • Charles III de Valois, fils aîné, né en février 1337, est un comte d’Alençon et du Perche, archevêque de Lyon. Il succède à son père et se fait dominicain en 1361. Il fait des études de théologie et est ensuite élu et sacré archevêque de Lyon le 13 juillet 1365 malgré une certaine opposition du chapitre cathédral de la cité. Il a fallu trois élections en deux mois, et tout l’appui du pape et du roi. Il meurt à Lyon le 5 juillet 1375, sans descendance, son frère puîné, Pierre II d’Alençon lui succède.
  • Pierre II, dit le Noble, 1340-† 1404, comte d’Alençon, du Perche et du Porhoët. 38
  • Robert, comte de Perche, épouse Jeanne de Rohan en 1374.† 1377. 39
Du Guesclin. Nogent-le-Rotrou. 72
Le château. Comté du Perche. Photo : 22/06/2006.

Condamnation de Guillaume d’Occam par l’Université de Paris

Guillaume d’Ockham ou Guillaume d’Occam, né vers 1285 dit le « Docteur invincible » et le « Vénérable initiateur » est un philosophe, logicien et théologien anglais, membre de l’ordre franciscain, considéré comme le représentant le plus éminent de l’école scolastique nominaliste, ou « terministe », selon la terminologie ockhamienne, principale concurrente des écoles thomiste et scotiste.

Sa doctrine est soupçonnée d’hérésie par les autorités ecclésiastiques parce qu’elle remet en cause bon nombre de postulats de la théologie traditionnelle, notamment ses prémisses « scientifiques » et parce qu’elle critique la possibilité d’une démonstration de l’existence divine. Guillaume d’Ockham s’en est également pris aux fondements de l’autorité temporelle du pape dans ses écrits politiques, rejoignant de facto l’empereur Louis IV de Bavière en lutte contre le Saint-Siège. Guillaume d’Ockham s’enfuit à Munich dans la nuit du 25 mai 1328. Il meurt le 9 avril 1347. 40

Naissance du chroniqueur Jean Froissart

Jean Froissart ou Jehan Froissart naît vers 1337 à Valenciennes. Il est au service de Philippa de Hainaut entre 1361 et 1369. Il est l’un des plus importants chroniqueurs de l’époque médiévale. Pendant des siècles, les Chroniques de Froissart ont été reconnues comme l’expression majeure de la renaissance chevaleresque dans l’Angleterre et la France du 14ème siècle. Il s’agit également d’une des sources les plus importantes sur la première moitié de la guerre de Cent Ans. Il meurt après 1404. 41

Jean Froissart
Source : Portrait à la sanguine de Jean Froissart dans le Recueil d’Arras. Bibliothèque municipale d’Arras. Jacques Le Boucq.
Du Guesclin. Valenciennes. 59
Statue de Jean Froissart. Photo : 06:04/2018.

Est-ce que Jean Froissart a rencontré Bertrand du Guesclin auprès du roi Charles V ?

Noëlle Gallot raconte de manière agréable la vie de cette femme de caractère et ses relations avec plusieurs personnages de son entourage dont son époux Charles de Blois, Jeanne de Belleville - épouse de courte durée de son père - Jeanne de Flandres, les Clisson, Jean de Beaumanoir, Louis d’Anjou, Marie - reine de Naples - et Bertrand du Guesclin cité une vingtaine de fois. Elle ajoute à l’ouvrage plusieurs pièces justificatives dont un extrait de l’Alliance entre Bertrand du Guesclin et Olivier de Clisson le 23 octobre 1370. Jeanne de Penthièvre décède le 10 septembre 1384, vingt ans après Charles de Blois.

Jeanne de Penthièvre
Noëlle Gallot. Moi, Jeanne de Penthièvre, duchesse de Bretagne. Guingamp. Mai 2013.
Jeanne de Penthièvre
Noëlle Gallot. Moi, Jeanne de Penthièvre, duchesse de Bretagne. Guingamp. Mai 2013.

Jean-Christophe Cassard montre l’homme et ses pratiques religieuses, évidemment il détaille ses relations avec Jeanne de Penthièvre, Charles V et Édouard III, à la conquête du titre de duc. Charles de Blois n’est pas celui qu’il faut pour atteindre cet objectif. Il décrit son parcours de sa naissance à sa béatification le 14 décembre 1904, en passant par la prise de Quimper en 1344, la défaite de La Roche-Derrien en 1347, ses neuf années de captivité en Angleterre, sa mort à Auray en 1364, le Traité de Guérande, l’accès de Jean IV à la tête du duché, les témoignages lors de son procès en canonisation à Angers en 1371, et la rumeur de canonisation par le pape Grégoire XI en 1376. Jean-Christophe Cassard cite Bertrand du Guesclin une dizaine de fois mais n’évoque pas les relations entre les deux hommes, très différents.

Charles de Blois
Jean-Christophe Cassard. Charles de Blois. Univ.de Bretagne Occidentale. 1994.