aller au contenu

1372. Bertrand du Guesclin a 52 ans

Bertrand du Guesclin en Poitou, Aunis, Saintonge et Angoumois. Il libère Isabelle de Valois. Dernier combat de Jean III de Grailly. Prise de La Rochelle. Le traité de Loudun. Bertrand du Guesclin triomphe à Paris.

21 février. Le duc Jean IV ouvre la Bretagne aux Anglais

Le traité de Guérande du 12 avril 1365 conclut que désormais les femmes ne pourraient prétendre au duché de Bretagne qu’au défaut de tous mâles légitimes et de la maison de Bretagne.

Jean de Montfort rend hommage à Charles V. Dès lors, Édouard III n’a plus de raison de maintenir sa présence à Brest. Mais la place est trop importante pour la céder. Montfort demeure dépendant financièrement de l’Angleterre. Charles V décide de le dispenser de participer à la lutte dans laquelle il se lance contre Édouard III.

Du Guesclin. Brest. 29
1373. Juin. Photo : 02/04/2006.

Mais Montfort fait double jeu et passe un traité le 21 février 1372 pour ouvrir ses terres aux troupes anglaises alors même que Bertrand Du Guesclin et Olivier de Clisson entraînent la Bretagne contre elles. 1

19 juillet. Traité secret de Westminster entre Jean IV de Bretagne et Édouard III d’Angleterre. Il est découvert en octobre par les Français. 2

Après la victoire sur Charles de Blois et l’accession au titre ducal, Jean IV est débiteur financier auprès du roi d’Angleterre Édouard III. À l’image de Thomas Melbourne, receveur général et trésorier du duché, certains des conseillers de Jean IV sont les Anglais qui l’ont entouré lors de son exil.

La rancœur exprimée par Olivier de Clisson contre le duc dès 1365 est peu à peu partagée par d’autres nobles bretons.

À cela s’ajoute le mécontentement populaire consécutif à la mise en application d’un impôt ducal permanent, le fouage.

Constamment obligé de louvoyer entre la pression française, la contestation du puissant parti Clisson-Penthièvre et son lien de vassalité avec le souverain anglais, le duc de Bretagne choisit en 1372 de signer un traité d’alliance avec l’Angleterre, accord habile de la part du duc breton au regard des avantages qu’il en tire. Mais les termes signifient nettement, aux yeux du roi de France, la soumission à la couronne anglaise.

Le duc tente de calmer le monarque français en expliquant qu’il est contraint d’accueillir des troupes anglaises pour contrer Olivier de Clisson, sans succès. 3

Les hommes de Bertrand du Guesclin capture Jeanne Holland à Gaël.

Dès le mois d’octobre, une petite force anglaise commandée par Lord Neville débarque près de Brest. Mais — selon les Chroniques du bon duc Loys de Bourbon — les troupes françaises commandées par du Guesclin s’emparent alors de la duchesse de Bretagne et de sa suite, dans les bagages de laquelle ils trouvent une copie du traité avec le roi d’Angleterre. Sans doute Charles V dispose-t-il également d’autres sources d’informations moins aléatoires, mais dès lors, sa méfiance à l’égard de Jean IV grandit (comme l’atteste sa correspondance à celui-ci), et il fait savoir aux barons de Bretagne le contenu de cette correspondance, minant ainsi le soutien que le duc pensait pouvoir attendre d’eux. 4

Selon certaines sources, c’est dans les bagages de Jeanne Holland, alors duchesse de Bretagne, que les Français qui l’avaient arrêtée trouvent une copie du traité secret de juillet 1372 entre Jean IV et le roi d’Angleterre Édouard III, traité dont la découverte aurait contribué à alimenter grandement la méfiance du roi Charles V. 5

En octobre 1372, Charles V envoie une petite troupe sous les ordres de Du Guesclin et de Louis de Bourbon sonder les intentions des Bretons et surveiller les mouvements ennemis. Il ne s’agit pas d’une expédition militaire mais d’une mission à caractère politique. Or, au cours de leur déplacement , une partie des soldats français surprend, aux environs de Gaël, la duchesse et son escorte et trouve dans ses bagages l’original du traité d’alliance secret, conclu avec Edouard en juillet dernier.
Jean IV, plutôt que de faire amende honorable et vraisemblablement vexé de voir son double jeu découvert, répond au roi avec insolence et d’accusé se fait accusateur. 6

Lesneven chasse les Anglais

Les partisans de Charles de Blois développent la forteresse de Lesneven pour faire contrepoids à celle de Brest, aux mains des partisans de Jean de Montfort, mais la ville passe plusieurs fois alternativement aux mains des Français et des Anglais, alliés de Jean de Monfort : en 1372, la population de Lesneven, excédée par les pillages de la garnison anglaise, aide les partisans de Charles de Blois à la massacrer. 7

Charles de Kerriec capitaine de Lesneven. Messire Jean de Kerriec est, suivant Froissart, un des chevaliers du parti de Jean de Montfort. Dom Morice cite les deux Kerriec parmi les chevaliers qui, en 1341, défendent Hennebont avec la comtesse de Montfort. Cette famille remonte à Guillaume de Kerriec, mentionné dans une charte de 1283, relative à des dons faits à Geoffroi de Rohan par Guillaume de Noyal. Charles de Kerriec est capitaine de Lesneven, en 1372 ; Guillaume figure parmi les écuyers de la compagnie de Guillaume l’Évêque, chevalier, en 1425. 8

Jean Ier de Rohan épouse Jeanne de Navarre

Hervé VII, comte de Léon, ne laisse qu’une fille Jeanne de Léon. En 1349, Jeanne de Léon épouse Jean, héritier de la vicomté de Rohan. En 1352, Jean devient vicomte sous le nom de Jean Ier de Rohan.

En 1363, Hervé VIII de Léon meurt sans postérité, à l’abbaye de Prières. Sa sœur Jeanne hérite alors du Léon, de Landerneau et de son château, qui rentre ainsi dans la maison de Rohan.

Le titre de Léon sera désormais porté par le fils aîné, héritier de la vicomté, puis du duché.

Jeanne de Léon décède le 19 septembre 1372 et Jean Ier de Rohan épouse alors Jeanne de Navarre. Jean de Rohan devient le beau-frère du roi Charles II de Navarre.

Jean Boterel épouse Marguerite de Rohan

Jean (Boterel), seigneur de Quintin, chevalier, fils de Geoffroi III de Quintin et de Tiphaine du Boisglé, épouse en 1372 Marguerite de Rohan. C’est le frère de Geoffroy de Quintin. 9

Du Guesclin. Quintin. 22
Photo : 04/09/2007.

Geoffroy de Kerimel avec Bertrand du Guesclin

Geoffroy de Kerimel est d’abord au service de Du Guesclin, puis dès 1372 au service du roi de France avant d’épouser la cause de Jean IV et devenir, en 1379, l’un des quatre maréchaux de Bretagne. 10

15 janvier. Louis de Sancerre fait montre en Limousin

Louis de Sancerre combat, en 1372, les Anglais en Limousin, Guyenne, Languedoc et délivre Sainte-Sévère.

Il met 144 hommes d’armes en garnison au Château d’Aisse en Limousin et en fait montre le 15 janvier. 11

Le 24 avril, il arriva à Limoges, ville reprise par le Prince Noir après un bref siège du 14 au 19 septembre 1370. Il loge aux Jacobins. Il reçoit les révérences des consuls et bourgeois. Louis somme tant les consuls que les habitants de se soumettre à l’obéissance du roi comme ils l’ont promis. Après le serment des bourgeois et des habitants de la ville, le maréchal entre dans la ville avec ses gens, enseignes déployées, et il fait mettre les bannières du roy de France aux portes de Limoges. 12

13 mars. Naissance de Louis, 2ème fils du roi Charles V

Louis Ier d’Orléans, né le 13 mars 1372 à Paris, second fils survivant du roi de France Charles V et de Jeanne de Bourbon, est le frère unique de Charles VI. Il participe au Conseil de régence du royaume de France pour suppléer son aîné atteint de démence. Louis est assassiné à Paris le 23 novembre 1407 sur ordre de son cousin Jean sans Peur, duc de Bourgogne. 13

Bertrand du Guesclin est le deuxième parrain de Louis. 14

10 mars. Bernardon de la Salle à Anduze

Bernardon de la Salle est nommé chevalier le 14 octobre 1371, jour où il prend Figeac pour les Anglais. Il n’abandonne cette cité, dont lui a été donné la seigneurie, que contre 120 000 francs pour la délaisser au cours de l’été 1373 après avoir fait jurer fidélité par ses habitants au roi d’Angleterre.

Mais depuis le 10 mars 1372, d’étranges rumeurs circulent à Nîmes concernant une compagnie de routiers qui s’est retranchée dans Anduze, fief de Guillaume III Roger de Beaufort, frère de Grégoire XI. C’était l’avant-garde des troupes de Chicot qui campent aux portes du Puy-en-Velay.

Inquiets, les consuls nîmois envoient leurs valets de ville auprès des municipalités de Viviers et d’Aubenas avec pour mission de vérifier sur place la présence, le nombre et les intentions de ces gens d’armes.

Jusqu’à la fin de l’été 1372, Bernardon de la Salle et ses hommes s’installent dans l’Anduzenque et vivent sur le pays. Le 3 septembre, plusieurs compagnies du Gascon font mouvement vers Bagnols-sur-Cèze, autre fief du vicomte de Turenne défendu par Jean Coq, son capitaine des Gardes. Après avoir tenté de s’emparer sans succès de la cité, les routiers se retirent et passent le Rhône par le pont du Saint-Esprit dans la nuit du 8 au 9 septembre afin de rejoindre leur chef qui s’est dirigé vers le Comtat Venaissin. Là, Bernardon traite avec Juan Fernández de Heredia.

Le Capitaine des Armes du Comtat l’engage avec nombre de ses gens dans les troupes de François des Baux, duc d’Andria. Le reste des compagnies se débande pour refluer vers Nîmes dès le 15 septembre et passer sous les Arênes le 29 du même mois.

Arrivé dans le Comtat Venaissin, il entre au service de Grégoire XI. 15

28 mars. Paix entre le comte de Flandre et le roi d’Angleterre

Bertrand du Guesclin est généreux avec l’abbaye de la Roë

L’abbaye de la Roë est un établissement religieux augustinien de chanoines réguliers, situé dans le sud-ouest de la Mayenne. La guerre de Cent Ans cause des ruines matérielles immenses mais réparables. Les religieux, qui ont avancé une somme importante à Jean de la Neuville-Robert, prisonnier des Anglais et mis à grosse rançon, sont heureux en 1372 pour le honneur, obéissance et révérence de noble, puissant et redoubté seigneur monseigneur Bertrand Du Guesclin, connestable de France, qui de sa propre bouche, disent-ils nous en a requis affectoueusement, de recevoir le remboursement du capital de la rente de 20 pipes de vin, 40 setiers de froment, 20 livres en argent, souscrite par le noble écuyer. Ils employèrent cette somme à remette en états plusieurs anciens hébergements et lieux, terres, vignes et autres chose héritaulx, cheux en ruyne tant par les guerres que autrement. 16

Du Guesclin. La Roë. 53
Photo : 09/06/2020.
Du Guesclin. La Roë. 53
Photo : 09/06/2020.

Bertrand du Guesclin s’empare du château de Montmorillon

En 1372, Bertrand du Guesclin, « un gentilhomme breton d’une grande laideur, ignorant et brutal, mais intrépide dans la mêlée et habile en ruse de guerre » mène la reconquête des provinces françaises sous domination anglaise.

Ainsi, avec 3 000 aguerris, il entre en Poitou sous domination anglo-saxonne depuis le traité de Brétigny de 1360. Le premier assaut est donné contre le château de Montmorillon, « mal défendu, dont la garnison anglaise mal commandée ne pouvait opposer ni une longue ni une sérieuse résistance ».

Du Guesclin. Montmorillon. 86
Le vieux pont sur la Gartempe,15e et 19e siècles. Photo : 08/05/2016.

Les soldats de Du Guesclin s’en emparèrent et « passèrent tous les défenseurs au fil de l’épée ». 17

Selon Jean Froissart (1337-1400). L’assaut des Français avait « causé d’importants dégâts et l’église Notre-Dame fut incendiée. Du Guesclin fit raser le château et les quelques défenses qui l’entouraient ». 18

20 avril. Jean, comte de Pembroke, nommé lieutenant en la principauté d’Aquitaine 19

26 avril. Louis de Sancerre entre dans Limoges

L’entrée des troupes royales, commandées par le maréchal de Sancerre, n’a lieu toutefois que le 26 avril 1372, et c’est même seulement en mars 1373 que Gaucher de Passac, sénéchal du Limousin, vient confisquer au nom de son maître les droits périmés du prince de Galles sur le château el rétablir l’usage du sceau de France pour les actes passés devant le bailliage de Limoges. 20

Mai. Siège de Guernesey par Owain de Galles

Le siège de Guernesey est aussi appelé Descente des Aragousais.

Charles V le Sage décide d’attaquer La Rochelle et essaie de déstabiliser Édouard III en soutenant les revendications du gallois Owain Lawgoch. Ce dernier est l’héritier de Dafydd ap Gruffydd, dernier prince de Galles détrôné par l’Angleterre en 1283. Owain adresse le 10 mai 1372 une lettre de défi au roi d’Angleterre, dont le fils aîné Édouard de Woodstock est titré prince de Galles. Ayant sous ses ordres 800 soldats français et quelques gallois exilés, Owain débarque peu après sur l’île anglaise de Guernesey. Cette attaque est en réalité une diversion pour laisser du temps à Charles V pour prendre le port stratégique de La Rochelle. Owain jette l’ancre dans la baie de Vazon et est attaqué dès son débarquement par les milices locales, qu’il met en déroute. Il les rattrape et les bat à nouveau à deux lieues du château Cornet.

Après ce premier succès, Owain emmène ses troupes vers le château Cornet, qui est commandé par le gouverneur anglais Aymon Rose. Rose résiste tant bien que mal au siège français, notamment grâce aux vivres et à l’artillerie présentes au sein de la forteresse. Il mène même un raid nocturne dans le campement français. Rose est néanmoins sur le point d’abandonner Château Cornet, après avoir perdu de nombreux hommes lors du siège.

L’expédition française doit être abandonnée lorsque Charles V décide qu’il a besoin des services d’Owain en tant que soldat lors du siège de La Rochelle. En se rendant vers La Rochelle, Owain et son armée en profitent pour rançonner Jersey. Même s’il a échoué de peu lors du siège de Guernesey, Owain montre ses qualités de stratège au cours de l’été, en capturant notamment Jean III de Grailly, captal de Buch, à Soubise. 21

23 mai. Bertrand du Guesclin assiège et prend le château Guichard

Au XIVe siècle, c’est la famille d’Oyré qui défend le château pour les évêques.

Un de ses membres, Guichard IV, fut célébré pour ses exploits à la bataille de Poitiers en 1356, du côté de Jean le Bon, qu’il défendit vaillamment. Il combattit ensuite sous le commandement du Prince Noir, ayant reçu l’ordre du roi de France d’obéir à son nouveau suzerain.

Il reçoit l’ordre de la Jarretière, devient gouverneur du fils du Prince Noir. Il embellit son château, qui prend le nom de château Guichard.

Le 23 mai 1372, Bertrand du Guesclin assiège et prend le château (que le capitaine Pierre Gedoin lui cède gracieusement), et le village est ruiné. Les évêques de Poitiers sont ensuite les seuls seigneurs du château. 22

Du Guesclin. Angles-sur l’Anglin. 86
Le château. Photo : 07/05/2022.
Du Guesclin. Angles-sur-l’Anglin. 86
Le château surplombe la rivière l’Anglin. Photo : 07/05/2022.

Jean de Berry et Bertrand du Guesclin assiègent la place de Chauvigny

En 1372, Jean de Berry comte de Poitou et Bertrand du Guesclin, assiègent la place de Chauvigny. Les châteaux de Gouzon (aux mains des évêques de Poitiers depuis 1335 ou 1346), de Montléon et d’Harcourt ouvrent rapidement leurs portes. Le château baronnial ne cède qu’après la prise de Poitiers. 23

Du Guesclin. Chauvigny. 86
Photo : 15/06/2003.

Bertrand du Guesclin prend Chitré

Le dernier des Chistré périt en 1356 à la bataille de Poitiers (ou Maupertuis) où Jean II fut battu et conduit à Londres par le Prince noir. Il fut enseveli dans la chapelle des Cordeliers à Poitiers.

Bertrand du Guesclin le prend et le donne à Jean de Kerloüet. 24

Du Guesclin. Vouneuil-sur-Vienne. 86
Le château de Chitré domine la Vienne. Photo : 04/03/2023.

En six ans, Chitré change cinq fois de propriétaire pour aboutir, en 1378, entre les mains de Pierre de Vieux bourg qui le cède la même année à Guy Turpin de Crissé. Cette famille conserve Chitré pendant près de cinq cents ans. 25

14 juin. Bertrand du Guesclin est sans doute à Loches

Le 14 juin 1372, Bertrand du Guesclin se trouvait sans doute à Loches, car ce jour-là Jean, duc de Berry, alors de passage à Issoire, chargea Simon Champion, l’un de ses chevaucheurs, de porter lettres de sa part à monseigneur le connétable de France « à Loches en Thoraine ». 26

Du Guesclin. Loches. 37
Photo : 17/07/2006.

Bertrand du Guesclin prend le château de Broue

Isabelle de Valois, otage emmenée par les routiers, fut retenue d’abord au château d’Aiguillon-en-Agenais, puis transférée à la tour de Broue en Saintonge. Deux ans plus tard, en 1372, Louis II et Du Guesclin qui guerroyaient dans la province l’y retrouvèrent et purent la libérer. 27

[...]au mois d’août 1372, la tour de Broue, défendue par une garnison anglaise, fut assiégée par un détachement de l’armée de Bertrand Duguesclin. Ce n’était pas uniquement le désir de s’emparer de cette importante forteresse qui avait amené les Français sous les murs de Broue : ils venaient délivrer Isabelle de Valois, duchesse douairière de Bourbon, qui y était enfermée dès le 29 juillet précédent. Simon Burleigh et Nicolas Dagworth s’étaient engagés à remettre la duchesse en liberté et à la ramener à Tours ou à Chinon à la toussaint suivante ; mais on avait excepté le cas où « par force d’armes ou autrement ladite dame serait délivrée ». Broue étant tombée entre les mains des Français, Simon Burleigh, par acte daté à Saintes du 24 septembre 1372, reconnut devoir à Louis, duc de Bourbon, mille livres d’or qu’il avait sans doute reçues en à compte sur la rançon de la duchesse. 28

Du Guesclin. Saint-Sornin. 17
La tour de Broue. Photo : 19/11/2017.

Du 22 - 23 juin au 23 août, siège de La Rochelle

Les Castillans détruisent la flotte anglaise au large de La Rochelle. C’est le début du siège de La Rochelle par les Français. 29

La bataille de La Rochelle est une bataille navale qui s’est déroulée le 22 juin 1372.

La flotte anglaise compte 36 nefs de haut bord à faible tirant d’eau et 14 navires de transports. Elle appareille d’Angleterre pour La Rochelle commandée par Jean de Hastings, comte de Pembroke.

Les 22 galères castillanes étaient commandées par Ambroise Boccanegra, fils de Gilles Boccanegra.

Les galères françaises et l’escadre de navires plus légers devaient rejoindre la flotte castillane à Santander et intercepter la flotte anglaise. L’amiral Antoine Grimaldi, commandant les galères françaises, et Owen Tudor, ayant sous ses ordres l’escadre légère, ne vinrent pas au rendez-vous fixé. Après quelques jours d’attente, Ambrosio Boccanegra quitta Santander pour prendre la mer à la mi-juin 1372.

Les marins castillans eurent en vue le port de La Rochelle le 22 juin 1372. Les navires anglais étaient ancrés à quelques encablures de La Rochelle. Malgré son infériorité numérique, l’amiral castillan fit feu sur la flotte anglaise. Les nefs anglaises, faisant rempart pour protéger les navires de transport, se défendirent avec vigueur. Les galères castillanes étaient armées de canons qui leur donnèrent une légère supériorité. Les nefs anglaises possédaient un tirant d’eau supérieur aux galères castillanes. À marée descendante, Jean de Hastings, comte de Pembroke, donna l’ordre à sa flotte de rejoindre la haute mer. Mais les bâtiments de transport firent des erreurs de manœuvre et s’échouèrent sur les hauts-fonds.

Du Guesclin. La Rochelle. 17
Photo : 18/02/2017.

Profitant de leur fâcheuse position, l’amiral castillan s’attaqua aux navires de transport immobilisés par le sable. Les marins anglais furent jetés à la mer. Puis, Ambrosio (fils d’Egidio Boccanegra qui avait combattu à la bataille de l’Ecluse) feignit une approche de la terre par ses galères.

La supercherie fonctionna : Jean de Hastings, comte de Pembrocke crut la flotte castillane à sa merci et pensa l’envoyer par le fond. Mais la stratégie d’Ambrosio Boccanegra était toute autre. L’amiral castillan n’ignorait pas que les grandes nefs anglaises lourdement chargées ne pourraient bouger à marée basse, il suffisait tout simplement de les attaquer par le feu et les flèches enflammées. La nuit était claire, mais les vents étaient contraires à la flotte anglaise. Au petit matin du 23 juin 1372, la flotte castillane fut remise à flots, mais le grand tirant d’eau des nefs anglaises provoqua son immobilisation.

Chaque galère castillane traînant des brûlots chargés d’huile et de suif vogua vers les nefs anglaises, les hommes d’équipage castillans envoyèrent les brûlots vers les bâtiments anglais et la bataille commença. Les nefs s’embrasèrent les unes après les autres, beaucoup de navires anglais furent envoyés par le fond, dont celui transportant le trésor de guerre destiné à payer 3 000 mercenaires durant une année. Certaines nefs purent échapper à l’incendie, mais encerclées de toutes parts, elles furent à leur tour envoyées par le fond. Les nefs anglaises avaient à leur bord l’état-major et les meilleurs éléments de l’armée anglaise.

Jean de Hastings, comte de Pembrocke, fut fait prisonnier avec quatre cent chevaliers et huit mille soldats. Il fut emprisonné à Santander. Lors du retour en Espagne, Boccanegra captura quatre navires anglais supplémentaires.

Les Anglais perdent la maîtrise maritime, doivent abandonner leur alliance avec les Portugais contre les Castillans et seront mis en difficulté sur le continent faute d’approvisionnement.

La France prend sa revanche sur la bataille de l’Ecluse. Les Français vont progressivement reprendre le contrôle des terres cédées au traité de Brétigny. 30

La Rochelle est pillée en 1370 par une chevauchée anglaise.

Le 22 juin 1372, la bataille de La Rochelle marque le début du siège de La Rochelle, commandé par le connétable Bertrand Du Guesclin sur ordre de Charles V.

La flotte anglaise de Jean de Hastings, comte de Pembroke est détruite par la flotte franco-espagnole, le roi de France ayant obtenu l’appui du roi de Castille. 31

Le 15 août 1372, les Rochelais chassent la garnison anglaise de leur ville grâce à une ruse du maire Jean Chaudrier. Cependant, ils refusent de laisser entrer le connétable Bertrand du Guesclin dans les murs de la ville, désirant négocier leur retour dans le royaume de France moyennant une extension de leurs anciennes chartes. 32

Le roi Charles V accepte finalement de confirmer les privilèges de la ville, lui donnant ainsi une grande indépendance vis-à-vis du pouvoir royal. 33

Les Rochelais laissent alors entrer Bertrand du Guesclin dans leurs murs le 23 août 1372, faisant de La Rochelle une ville définitivement française. 34

Le château Vauclair, ou château Vauclerc, est construit par le roi Henri II d’Angleterre, époux d’Aliénor d’Aquitaine. Dans les conditions du retour de la ville à la couronne de France, il est stipulé outre la confirmation et l’extension des privilèges de la ville, que « le château de Vauclair serait rasé et que ses démolitions seraient employées à l’achèvement et à la défense du nouveau port. » 35

Guillaume Boitel participe au siège et à la prise de La Rochelle (22 juin 1372). 36

Pierre VI de Rostrenen est au siège de La Rochelle le 15 août 1372. 37

Jean III du Juch rejoint Bertrand du Guesclin

Il épouse Béatrice de Beaumanoir. Le 4 mai 1372, le duc Jean IV retient Jean, sire du Juch, comme chevalier. Tout en donnant des gages de neutralité aux Français, le duc négocie en secret avec les Anglais. Après la traîtrise ducale du 19 juillet 1372, Jean du Juch s’enrôle dans les armées royales françaises sous les ordres de Bertrand du Guesclin et participe à la campagne militaire qui contraint le duc à fuir vers l’Angleterre ; l’administration du duché est alors confiée au duc d’Anjou. 38

Bertrand du Guesclin loge à Bourgneuf

En 1370, la commanderie est dirigée par le frère chevalier Guillaume Arnaud. Du Guesclin y loge ainsi que le duc de Berry en 1372. 39

Du Guesclin. Bourgneuf. 17
Photo : 14/01/2018.

Juin. Début du siège de Thouars

La ville de Thouars est assiégée en juin 1372 et c’est seulement cinq mois plus tard et après de lourdes pertes que le vicomte Amaury IV de Craon capitule.

L’Archevesque (Guillaume), seigneur de Parthenay était, en 1369, au nombre des seigneurs qui se trouvaient au siège de la Roche-sur-Yon, et accompagnait Chandos à l’expédition de Saint-Savin, à l’issue de laquelle ce grand homme trouva la mort, au pont de Lussac. Il était aussi l’un des cinq juges laïques établis en Aquitaine par le roi d’Angleterre.

Lorsqu’en 1372, Du Guesclin se fut emparé de tout le Poitou et eût soumis sa capitale, Parthenay l’Archevesque fut du nombre des chevaliers qui se retirèrent à Thouars pour pouvoir y résister à l’armée française, sous les ordres du duc de Bourgogne et du duc de Berry. L’on sait que la ville, réduite à-l’extrémité, on en vint à parlementer ; il fut convenu que ’’si les Français estoient le jour de la Saint-André, (30 novembre), plus fors devant la dite ville de Thouars que les Anglais, tous les Poitevins se mettroient en l’obéissance du roi de France ". L’on sait aussi que la fortune, qui n’abandonna guère les armées victorieuses de Charles V, le servit encore dans cette circonstance et repoussa loin des côtes de France l’armement formidable, dernier effort de l’Angleterre.

Du Guesclin. Thouars. 79
Photo : 15/08/2013.

Fidèles à leurs serments, Guillaume et ses compagnons revinrent sous les drapeaux de la France, et en furent même, quelques années après, les plus fermes soutiens lors des guerres de Charles VI.

Charles V, qui savait si bien distinguer et récompenser le mérite, même chez ceux qui avaient porté les armes contre lui, continua à le traiter avec la même faveur. Il fut chargé, le 9 octobre 1381, avec le seigneur de Thors, de faire observer en Poitou les trêves conclues avec l’Angleterre.

Guillaume ne se contenta pas de remplir ces missions pacifiques il prit une part active aux conquêtes que fit l’armée sous les ordres du duc de Bourbon et du comte de la Marche. 40

Jacques de Surgères. Au nombre des seigneurs bas-poitevins qui, après avoir échappé au désastre de Poitiers, furent mêlés aux événements importants de cette époque si troublée et si néfaste pour notre pays, figure en première ligne Jacques de Surgères, chevalier, seigneur de la Flocelière. Après le traité de Brétigny, il passa sous la domination anglaise, obtint, le 5 août 1361, des lettres de grâces et de pardon à l’occasion des injustes traitements qu’il avait fait subir aux frères Guillaume et Pierre Beritault.

Jacques de Surgères accompagna le comte de Pembroke dans la chevauchée qu’il fit, en 1369, contre le vicomte de Rochechouart et lorsqu’il fut surpris à Purnon par le comte de Sancerre.

Il se trouvait à la Rochelle lorsque la flotte anglaise, commandée par le comte de Pembroke, fut détruite par les flottes combinées de France et d’Espagne. Il joignit ses prières à celles de Jean de Harpedanne, à Maubruny de Liniers et aux autres chevaliers, pour décider les Rochelais à porter secours aux Anglais. Il rejoignit, avec ses compagnons, la flotte anglaise et partagea sa mauvaise fortune.

Fait prisonnier, il fut mis à rançon, paya sur-le-champ les mille écus d’or qu’on lui demandait, et, seul libre au milieu de ce grand désastre, vint annoncer au Captal de Buch et aux autres officiers anglais qui venaient au secours de leurs, frères, la ruine de leurs espérances.

Jacques de Surgères accompagna Thomas de Percy au secours de Sainte-Sévère, et à la nouvelle de la prise de Poitiers par Du Guesclin, qui profita de leur absence pour s’en emparer, il se jeta dans la ville de Thouars avec les autres, chevaliers partisans de l’Angleterre ; mais, forcés de capituler et n’étant pas secourus, ils prêtèrent serment de féauté au roi et rentrèrent dans le sein de la France (30 novembre 1372). 41

Guy II de la Forest prit sous Charles V le parti des anglais. Il resta presque toute sa vie fidèle a cette cause. Durant la guerre de succession de Bretagne, il se battit en 1351 aux cotés de Jean de Monfort, partisan des Anglais contre Charles de Blois qui fut écarté du duché de Bretagne. En 1356, il participe à la bataille de Poitiers. En 1372, il défend Thouars contre Bertrand du Guesclin et Olivier de Clisson. Ses biens furent confisqués. Charles V les lui rendra lorsque peu avant de mourir, il aura fait sa soumission. 42

Du Guesclin. Commequiers. 85
Photo : 13/08/2013.

Juillet. Le duc Jean IV signe un traité secret avec Édouard III

L’alliance avec le duché de Bretagne conserve une grande importance aux yeux de l’Angleterre, qui mène avec Jean IV de longues négociations au cours de l’année 1372, pour aboutir à un traité secret, signé en juillet 1372. Acquérir un allié tel qu’Édouard III constitue pour Jean IV un beau succès diplomatique. Mais le traité contient en contrepartie des clauses dont la révélation pourrait lui être dommageable, en particulier celle par laquelle il devait se reconnaître comme homme lige d’Édouard III, « roi de France », lorsque celui-ci aurait conquis la couronne. 43

Ysabeau d’Avaugour se soumet à Charles V

En 1372, le roi contraint Ysabeau d’Avaugour à se soumettre à la couronne de France. Le nouveau comte de Poitou est alors le frère de Charles V, Jean de Berry. La seigneurie de Talmont est disputée entre les filles de Louis de Thouars (Pernelle, Isabeau et Marguerite) et leur belle-mère Ysabeau d’Avaugour. 44

Hugues II de Coloigne participe à toutes les opérations anglaises

Simon VI étant mort sans postérité en 1384, la seigneurie de Lezay échut à son beau-frère Hugues II de Coloigne. Le nouveau seigneur participa, jusqu’à la prise de Thouars, en 1372, à toutes les opérations anglaises. Mais Du Guesclin vint. Avec ses soldats et ceux de Jean de Berry, il obtint la reddition de la plupart des places occupées par les anglais. Après la Mothe et Saint-Maixent, Lezay fut repris par Alain de Bourbon, neveu du connétable. Avec d’autres seigneurs du Poitou, celui de Lezay se soumis au roi de France. Il entra dans les bonnes grâces du duc de Berry qui le prit à son service. 45

La reconquête, Poitou, Aunis, Saintonge, Angoumois

Depuis le début de la reconquête, des frères du roi c’est en premier lieu Louis d’Anjou qui est en première ligne pour les opérations militaires, puis Jean de Berry et le cousin Louis de Bourbon. Philippe à un rôle plus effacé. Cependant il prend part directement aux opérations de reconquête du Poitou. En effet cette région est liée par des intérêts économiques à l’Angleterre où elle exporte son sel.

Les barons poitevins ont massivement choisi le parti anglais et il faut une campagne militaire lourde pour la faire revenir dans le giron royal. La campagne pour la reconquête du Poitou, de l’Aunis, de la Saintonge et de l’Angoumois commence aussitôt après la bataille de La Rochelle où la flotte castillane coule une bonne partie de la flotte anglaise, privant la Guyenne de soutien logistique.

L’armée royale assiège la forteresse de Saint-Sévère, qui capitule le 31 juillet. Pendant ce temps, Moncontour est repris, puis Poitiers ouvre ses portes à du Guesclin le 7 août. Les forces françaises progressent le long de la côte, vers le sud.

Du Guesclin. Sainte-Sévère. 36
Vestiges du donjon. Photo : 09/05/2008.

Le captal de Buch est capturé le 23 août alors qu’il allait secourir Soubise assiégée : son armée est interceptée par la flotte galloise et castillane qui remonte la Charente. Les îles de Ré et d’Oléron font leur soumission le 26 août, mais les barons poitevins restent fidèles aux Anglais et se retranchent dans Thouars.

Philippe le Hardi et Jean de Berry arrivent alors avec des renforts rendant intenable la situation des Poitevins.

Du Guesclin continue à progresser le long du littoral jusqu’à la Rochelle, qui est prise le 8 septembre. Ainsi isolées, les villes se rendent tour à tour : Angoulême (la capitale du prince Noir) et Saint-Jean-d’Angély le 20 septembre, Saintes le 24. 46

9 juillet. Bertrand du Guesclin est à Loudun

Le 9 juillet 1372, Bertrand du Guesclin et Olivier, seigneur de Clisson, qui se trouvaient alors à Loudun, à 18 kilomètres au nord-est de Moncontour, accordèrent une trêve ou abstinence de guerre aux prélats, barons, seigneurs et habitants du Poitou. 47

Du Guesclin. Loudun. 86
Photo : 19/09/2018.
Du Guesclin. Loudun. 86
La Tour Carrée restaurée en 2022. Photo : 03/03/2023.
Du Guesclin. Loudun. 86
Plan des fortifications de Loudun. Photo : 03/03/2023.

10 juillet. Bertrand du Guesclin est à Chinon

Le lendemain 10 juillet, le connétable de France était à Chinon d’où il a daté la donation faite à Alain Saisy, écuyer, des château, ville et châtellenie de Mortemart (Haute-Vienne, arr. Bellac, c. Mézières) en Limousin, confisqués à cause de la rébellion d’Aimeri de Rochechouart, chevalier, seigneur du dit lieu, et « parce que de fait nous recouvrasmes pour le roy saisine du dit fort » (JJ 103, f° 77, n° 141). Une lettre de rémission octroyée par Bertrand du Guesclin à Olivier Darien, l’un de ses hommes d’armes, ancien partisan de Jean de Montfort et des Anglais, est également datée de Chinon en juillet 1372. 48

Du Guesclin. Chinon. 37
Photo : 02/09/2019.

Mi-juillet. Bertrand du Guesclin est à Sainte-Sévère

Les ducs de Berry et de Bourbon forment le projet d’aller en Guyenne se battre contre les Anglais et assemblent en Berry les nombreux seigneurs de la province, bien que les Chroniques ne nomment que Louis, sire de Sully.

Du Guesclin conseille de prendre d’abord Sainte-Sévère, ce qui sera fait dans la deuxième quinzaine du mois de juillet. Participent à l’opération les ducs de Berry et de Bourbon, du Guesclin, le maréchal de Sancerre, et 7 à 8 000 hommes. 49

Sainte-Sévère, investie par surprise au début d’octobre 1370, est occupée par une solide garnison anglaise commandée par Guillaume de Percy. Jean de Berry tente alors de racheter la ville à la fin de l’année 1371. Il n’y parvient pas et la reprise de la place est finalement décidée.

Le siège de Sainte-Sévère débute dans les premiers jours de juillet 1372. L’armée réunie sous les murs de la ville est imposante, atteignant probablement 8000 hommes.

Elle est commandée par les ducs de Berry et de Bourbon, par le connétable Bertrand Du Guesclin et le maréchal Louis de Sancerre.

Le 31 juillet 1372, alors qu’approche une armée de secours anglaise, l’assaut est lancé. Après un combat long et âpre, les français pénètrent dans la ville et poursuivent les Anglais qui tentent de se réfugier, sans succès, dans le château. Bon nombre d’entre eux périssent au cours du combat. Le même jour, un messager à cheval est envoyé au roi pour lui annoncer « la prise dudit lieu de Sainte Sévère ».

Ce coup d’éclat est notamment suivi de la prise de Poitiers, le 7 août 1372. Plusieurs chroniqueurs ont rapporté les « merveilles d’armes » faites au siège de Sainte-Sévère, dont Jean Froissart, Cuvelier et Jean Cabaret d’Orville.

Ce dernier déclare :

« Et sachez tous que l’un des beaux assauts qu’on vit en ce royaume, et guère ailleurs, fut la prise de Sainte-Sévère, mieux assailli, ni mieux défendu ».

Le conflit est repoussé vers le sud, et désormais le Berry demeure moins concerné et connaît un calme relatif pendant plusieurs décennies. 50

Le Berry

L’abbé Arbellot situe la prise de Sainte-Sévère au printemps

Il signale qu’après le siège, Bertrand du Guesclin passe 5 jours à l’abbaye d’Aubepierre et qu’ensuite il se dirige vers Angle, Chauvigny et Poitiers. 51

Bertrand du Guesclin libère Moncontour

Olivier V de Clisson assiège le château depuis 1371, sans succès.

La forteresse de Moncontour située à 45 kilomètres au nord-ouest de Poitiers, avait été prise par les Anglais et occupée par Cressewell et Holegrave au mois de septembre de l’année précédente.

Bertrand du Guesclin, Louis II, duc de Bourbon, Pierre, comte d’Alencon, et Olivier, seigneur de Clisson, après six jours de siège pendant lesquels ils ont fait combler les fossés avec des troncs d’arbres et des fascines, montent à l’assaut de la forteresse.

Du Guesclin. Moncontour. 86
Photo : 29/12/2012.

Jean Cressewell et David Holegrave parviennent à repousser cet assaut ; mais craignant d’être mis à mort par Bertrand, s’ils prolongent la résistance, ils prennent le parti de se rendre, à la condition d’avoir la vie sauve et d’emporter l’or ou l’argent qu’ils possèdent.

Une fois maître du château de Moncontour, le connétable de France en fait réparer les fortifications et y met garnison. P. 51 à 53, 304 et 305. 52

Bertrand du Guesclin prend Pouzauges

La forteresse aurait été démantelée par du Guesclin en 1372. 53

7 août : Bertrand du Guesclin prend Poitiers

Le 7 août 1372, grâce à quelques bourgeois infiltrés dans la ville, du Guesclin se fait ouvrir les portes de Poitiers et reprend la ville aux Anglais par surprise. Pour consolider cette conquête militaire, Charles V par son édit de décembre 1372 accorde la noblesse au 1er degré aux maires de Poitiers.

Du Guesclin. Poitiers. 86
Nôtre-Dame-La-Grande. Photo : 16/06/2003.

Poitiers est alors la première ville du royaume de France où une dignité devient anoblissante. Les maires étaient élus pour deux ans. Dans les premiers maires ayant été élevés à cette dignité, il est à noter que Guillaume Taveau le fut à plusieurs reprises entre 1388 et 1414. 54

Au XIVe siècle, la ville échoit en apanage au troisième fils de Jean II le Bon, le duc Jean Ier de Berry - commanditaire des Très Riches Heures du duc de Berry.

Il embellit le palais des comtes de Poitiers, en y aménageant notamment le donjon - dit tour Maubergeon. 55

L’erreur capitale de Froissart, en ce qui concerne la reddition de Poitiers, est d’avoir prêté à Bertrand du Guesclin un rôle non seulement prépondérant, mais tellement exclusif dans cette affaire que le duc de Berry n’apparaît même pas dans son récit. Deux documents, choisis entre beaucoup d’autres, que nous analysons ci-dessous, montrent que le chroniqueur n’a pas été renseigné exactement sur ce point. Cette reddition dut avoir lieu le samedi 7 août 1372.

Cuvelier, dans sa Chronique rimée de Bertrand du Guesclin, se trompe sur l’année, puisqu’il place cet événement en 1370, mais il est bien informé quant au jour de la semaine. 56

Nous ne connaissons point de document français daté de Poitiers en 1372, antérieurement à celui-ci. On peut affirmer avec certitude, comme nous allons le démontrer, que le duc de Berry fit son entrée dans cette ville le 7 août même, dans l’après-midi. Du Guesclin ne dut l’y précéder que de quelques heures, tout au plus d’une journée. La reddition de Poitiers peut donc être fixée, presque à coup sûr, au 6 août 1372, ou plutôt au samedi 7, dès le matin. Cuvelier, qui se trompe sur l’année, est bien informé quant au jour de la semaine, puisqu’il dit : « Quant Poitiers se rendit, ce jour fut Samedis. » (Chronique rimée de Du Guesclin, édit. Charrière, t. II, p. 269.) 57

22 - 23 août. Victoire sur les Anglais devant Soubise

La bataille de Soubise, en Saintonge, est le dernier combat de Jean III de Grailly, le célèbre captal de Buch. Owen de Galles qui combat depuis de longues années du côté français a vent de ce mouvement de troupes par les espions qu’il entretient sur toute la côte. Il décide de tendre une embuscade au captal et, à l’insu de son allié Renaud VI de Pons. 58

Renaud VI de Pons s’illustre grâce à Bertrand du Guesclin

Après une décennie, Pons, comme la quasi-totalité reste de la province à laquelle elle appartient, redeviendra possession française grâce à l’intervention décisive du connétable Bertrand Du Guesclin, au côté duquel le sire de Pons, Renaud VI de Pons, va brillamment s’illustrer.

Du Guesclin. Pons. 17
Photo : 30/12/2018.

Ce dernier participe au siège de Soubise qui a lieu les 22 et 23 août 1372, et auprès duquel Du Guesclin lui envoie un renfort composé de 300 bretons et picards placés sous son commandement.

La victoire assurée contre le captal de Buch, vassal fidèle du roi Édouard III, le sire de Pons, Renaud VI de Pons, secondé du célèbre connétable, obtiennent les redditions des îles (Ré et Aix) le 26 août, de La Rochelle et d’Angoulême le 8 septembre, de Surgères le 19 septembre, de Saint-Jean-d’Angély et Taillebourg 59 le 20 septembre, et de Saintes le 24 septembre 1372.

Du Guesclin. Taillebourg. 17
Le château surplombe la Chharente. Photo : 02/01/2020.
Du Guesclin. Taillebourg. 17
Les remparts et la tour. Photo : 02/01/2020.
Du Guesclin. Taillebourg. 17
Vestige de la tour. Photo : 02/01/2020.

À la fin septembre 1372, Pons est assiégée à son tour mais la cité fortifiée se livre sans résistance et accueille en héros son seigneur. Elle lui ouvre largement les portes "... et le sire de Pons entra dans sa ville, où il fut reçu à grande joie". La ville redevient possession française après la reconquête des provinces de l’Aunis et de la Saintonge par le roi Charles V, "puis en 1380, Charles V récompensait la loyauté du sire de Pons en lui donnant l’île d’Oléron, et la seigneurie de Broue avec ses riches marais". 60

27 août. Le pape sanctionne la paix signée entre Frédéric III de Sicile et Jeanne Ire de Naples. La Sicile devient indépendante de Naples sous le nom de royaume de Trinacria.

27 août. Décès de Philippe de Cabassolle, cardinal, évêque de Marseille

4 septembre. Reddition de Saint-Maixent

La ville de Saint-Maixent ouvrit en effet ses portes à l’armée française le 1er septembre 1372, et non plusieurs jours après la réduction de la Rochelle (8 septembre), comme le prétend Froissart. Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, qui depuis trois jours avait rejoint à Poitiers son frère le duc de Berry, faisait partie de l’expédition. Le mercredi 1er septembre, il assista à la messe dans l’église de Saint-Maixent, à laquelle il laissa une aumône, puis il mit le siège devant le château-fort de cette ville, qui ne se rendit qu’au bout de trois jours. Le duc de Bourgogne en partit le samedi 4 et alla coucher à Frontenay-l’Abattu.

Quelques jours après la réduction de Saint-Maixent, Alain de Beaumont, compagnon d’armes de Du Guesclin, que nous retrouverons ailleurs, en fut nommé capitaine. 61

4 septembre. Reddition de Melle et de Civray

8 septembre. Reddition d’Angoulême

Raymond et Geoffroy de La Roche, lieutenants de Bertrand du Guesclin, s’emparent d’Angoulême. 62

12 septembre. Jean le Page et Guillaume Regnault, secrétaires de Bertrand du Guesclin

Confirmation du don fait par Jean duc de Berry, comte de Poitiers, à Jean le Page et à Guillaume Regnault, secrétaires de Du Guesclin, des manoirs et hébergements de la Forêt-Nesdeau, de Vis, de Belhomme, de Fontenay et d’autres biens ayant appartenu à feu Robert Grantonne, receveur de Poitou pour le roi d’Angleterre.
Note 1. Ces lettres sont du 8 août 1372. Jean duc de Berry avait fait son entrée à Poitiers la veille dans l’après-midi, c’est-à-dire le jour même ou le lendemain de la reddition de cette ville à Du Guesclin. Antérieurement à cette date et depuis le commencement de la guerre, il n’avait pris qu’une part indirecte aux événements de Poitou. Sa présence n’y est signalée dans aucun texte pendant les années 1369, 1370, 1371, et les sept premiers mois de 1372. Son itinéraire que nous avons dressé pour cette période d’après les documents officiels, et particulièrement d’après les registres de comptes de son hôtel, nous apprend que, sauf les trois jours qu’il passa à Limoges à la fin d’août 1370 et deux voyage qu’il fit à Avignon en mars-avril 1371 et en mai 1372, il résida continuellement en Berry, en Auvergne ou à Paris. Jusqu’au moment où Du Guesclin prit la direction des opérations militaires dans notre province, le duc de Berry paraît avoir eu plus de confiance dans les négociations que dans les armes.
Le 31 mars 1380, Guillaume Regnault était encore secrétaire de Du Guesclin et contresigna en cette qualité un mandement du connétable, daté de Bayeux et adressé à Jean le Flament, trésorier des guerres. (Id., Preuves, t. II, col. 395.) 63

La Rochebeaucourt reprise aux Anglais

En 1345, Ytier de Villebois refuse d’ouvrir le château aux Anglais. En 1349, le château, occupé par les Anglais, est livré à Aimeri de La Rochefoucauld. Les bandes anglaises assiègent le château en 1360, mais en 1372 Ytier de Villebois profite de la révolte d’Angoulême pour délivrer la place et en chasser la garnison anglaise. 64

Du Guesclin. La Rochebeaucourt. 24
vestiges du château. Photo : 06/08/2020.
Du Guesclin. Villebois-Lavalette. 16
Photo : 06/08/2020.

15 septembre. Prise du château de Benon et reddition de Marans

Du Guesclin. Marans. 17
Église Saint-Étienne, 11 et 12ème siècle. Photo : 19/02/2017.

19 septembre. Reddition de Surgères

Du Guesclin. Surgères. 17
Photo : 18/02/2017.

19 septembre. Traité devant Surgères

Il est conclu entre Jean, duc de Berry et d’Auvergne, comte de Poitou, de Maconnais, d’Angoulême et de Saintonge, lieutenant du Roi de France, d’une part, et certains prélats et barons du pays de Poitou, d’autre part, stipulant une trève et sous certaines conditions la soumission du dit pays de Poitou à Charles V le 1er décembre suivant. 65

20 septembre. Reddition de Saint-Jean-d’Angély

En 1360, avec le traité de Brétigny, la ville, comme toute la Saintonge septentrionale, repasse aux mains des Anglais. Du 8 au 11 octobre 1361, Jean Chandos, lieutenant du roi Édouard III d’Angleterre et connétable d’Aquitaine, chargé d’appliquer le traité de Brétigny en particulier en Basse Saintonge, prend possession de la ville et de son château. Le maire Jehan de Marteaux lui remet les clefs. Jean Chandos les lui rend au nom du roi d’Angleterre. Il fait de même avec Tassart de la Venue, châtelain du château. Puis Jean Chandos reçoit les serments de fidélité au roi d’Angleterre des principales personnalités de la ville. Il nomme Jeffren Michel prévôt de la ville. En 1372, Patrice de Cumont, maire de la ville, meurt en chassant définitivement les Anglais hors de la ville. 66

Du Guesclin. Saint-Jean-d’Angély. 17
Le beffroi. Bâti entre 1406 et 1410. Photo : 09/08/2020.

24 septembre. Reddition de Taillebourg et Saintes

28 septembre. Reddition de Pons

5 octobre. Le Prince Noir renonce à la principauté d’Aquitaine

Bertrand du Guesclin a une jambe cassée ?

Le Bas-Poitou résistait toujours, et la prise de Thouars par le connétable (29 septembre 1372), ainsi que celle des châteaux-forts de Mortagne, Benaston, Mallièvre, Montaigu, Benet, Les Herbiers, Tiffauges et Rocheservière rendait Charles V maître de presque tout le Poitou à la fin de 1373.

Benet, où il existait un riche prieuré dès le XIe siècle, est enlevé aux Anglais par Du Guesclin, quelques jours avant l’attaque de Fontenay-le-Comte.

On dit qu’au siège de Benaston, près Chavagnes-en-Paillers, Du Guesclin eut une jambe cassée par une poutre enflammée qui traversait un fossé. 67

9 - 12 octobre. Bertrand du Guesclin prend Fontenay-le-Comte

En 1242, sous l’autorité d’Alphonse de Poitiers, Fontenay-le-Comte devient la capitale du Bas-Poitou. Elle connaît un développement économique important dès le Moyen Âge grâce à l’industrie du drap et du cuir. Elle est prouvée par les Anglais en 1361, puis reconquise 11 ans plus tard par les Français dirigés par Du Guesclin. 68

Du Guesclin. Fontenay-le-Comte. 85
Photo : 19/02/2017.

Fontenay se rend le 9 octobre et le château est pris le lendemain. 69

Amaury de Craon, une fois devenu vicomte consort de Thouars, est fortement influencé par les seigneurs poitevins qui l’entourent et qui sont favorables au Roi d’Angleterre. Il finit par les rejoindre et se retrouve à la tête de la coalition anglo-poitevine, face à son ancien chef Bertrand Du Guesclin qui est en train de reconquérir le Poitou pour le compte de Charles V.

Du Guesclin bat les Anglais à Bressuire, Poitiers, Châtellerault, Saint-Maixent-l’École, Fontenay-le-Comte puis arrive devant Thouars en juin 1372 avec une armée de trente mille soldats qui se positionne entre la Porte au Prévôt et la Tour du Prince de Galles. Jacques de Surgères avait profité de la prise de Poitiers par Du Guesclin pour s’emparer de Thouars avec les autres chevaliers partisans de l’Angleterre. 70

30 novembre. Thouars est rattachée à la France

Outre Amaury de Craon, les principaux chefs de la coalition pro-anglaise (Guillaume VII de Parthenay, Geoffroy d’Argenton, les Seigneurs d’Oyron et d’Airvault, Perceval de Coulanges) sont à l’abri des fortifications de Thouars. Les assauts directs ayant échoué, Du Guesclin fait combler les fossés et amener les machines de guerre immédiatement sous les murs de la ville. Une brèche est ouverte mais les assiégés arrivent pourtant à repousser les assaillants. Une suspension d’armes est conclue jusqu’à la Saint-Michel (le 29 septembre ou le 8 novembre 1372) : si à cette date la ville n’est pas secourue, elle se rendra au Roi de France, ce qui survint. La ville n’étant pas secourue à temps par les Anglais, les assiégés furent forcés de capituler et prêtèrent serment de féauté (fidélité) au roi Charles V le Sage le 30 novembre 1372. 71

La ville de Thouars est assiégée en juin 1372 et c’est seulement cinq mois plus tard et après de lourdes pertes que le vicomte Amaury IV de Craon capitule. Il ouvre la Porte au Prévost et remet les clés de la ville aux armées de du Guesclin. La ville de Thouars fut ainsi définitivement rattachée à la France par Bertrand Du Guesclin le 30 novembre 1372. 72

Jacques de Surgères accompagne Thomas de Percy au secours de Sainte-Sévère, et à la nouvelle de la prise de Poitiers par Du Guesclin, qui profite de leur absence pour s’en emparer, il se jette dans la ville de Thouars avec les autres, chevaliers partisans de l’Angleterre ; mais, forcés de capituler et n’étant pas secourus, ils prêtent serment de féauté au roi et rentrent dans le sein de la France. 73

Novembre-décembre. Bertrand Du Guesclin prend Montreuil-Bonnin

Entre 1370 et 1377, les choses furent passablement " entouillées ", selon le mot de Froissart.

Depuis Bressuire et Saumur en 1370, ce sont des dizaines de villes et châteaux que Du Guesclin -nommé connétable le 2 octobre- conquiert sur les Anglais, parfois pour les voir vite réinvesties par l’ennemi, grâce à la complicité anglophile des habitants. 74

Comment résister au plaisir d’évoquer l’une des savoureuses ruses de guerre manigancées par le connétable, et où Saint-Georges joua un vilain tour aux Anglais, épisode à relier à nos remarques impertinentes sur la monnaie d’or, le florin Georges.

Or donc, Du Guesclin ayant battu la garnison anglaise de Chizay, fait se vêtir ses propres troupes des uniformes à croix rouge de Saint-Georges récupérés sur les vaincus, et il se présente ainsi devant Niort tenu par les Anglais. Ceux-ci, à la vue des uniformes de leurs congénères, et entendant les cris de victoire " St George(s) ! ", croient à l’arrivée de leurs gens de Chizay et ouvrent incontinent les portes de Niort ... aux Français. 75

Montreuil, occupé par les Anglais depuis cet assaut de 1346 qui avait été funeste à nos monnayeurs, est brièvement libéré vers le mois d’août 1369 : la garnison anglaise "de sept-vingts" hommes (soit cent quarante) est battue et son capitaine Simon Burleigh fait prisonnier par des Français commandés par Jean de Bueil et ses compagnons Guillaume des Bordes, Louis de Saint-Julien et Jean de Kerlouet. La place forte est alors apparemment reprise par les Anglais.

Aidant, en octobre-novembre 1372, son frère Charles V à reconquérir le Poitou, Philippe le Hardi duc de Bourgogne ( c’est le jeune prince courageux qui, à la bataille de Poitiers de 1356 avertissait Jean le Bon : " Père, gardez-vous à droite, ... ", etc.), Philippe, donc, octroie neuf francs à cinq arbalétriers qui avaient été faits prisonniers à Montreuil-Bonnin, pour les aider à payer leur rançon. 76

Du Guesclin réussit à s’emparer de Montreuil à la fin de 1372, sans doute à l’expiration de la trêve des 18 (ou 28) septembre- 30 novembre 1372. 77

Du Guesclin. Montreuil-Bonnin. 86
La tour du château vue des douves. Photo : 05/09/2019.

1er décembre. Siège de Mortagne

Le château fort en pierres est construit aux XIIe-XIIIe siècles. Les Anglais s’emparent de la forteresse et la renforcent entre 1346 et 1373. Tellement renforcée que Olivier de Clisson, qui a délivré quelques places fortes redoutables, n’arrive pourtant pas à reprendre Mortagne-sur-Sèvre en 1372. Avec Bertrand Du Guesclin, il arrivera pourtant à s’en emparer. Les deux chefs militaires détenaient un capitaine anglais, Jean d’Evreux. Les Anglais ne pouvaient retrouver leur capitaine qu’en échange de Mortagne-sur-Sèvre, qu’ils livrent aux français le 23 août 1373. 78

1er décembre. Le traité de Loudun

Le 4 février 1367, Charles V octroie Loudun au duc d’Anjou Louis, en échange de Champtoceaux. 79

Par la soumission des principaux seigneurs du Poitou et de la Saintonge, il met fin à la campagne de reconquête du Poitou par les troupes de Charles V de France.

Du Guesclin. Loudun. 86
Porte du Martray. Photo : 20/09/2018.

Les négociations de reddition sont menées par Philippe II de Bourgogne et Jean de Berry qui est comte de Poitiers et doit conquérir le cœur de ses sujets. Ils obtiennent que les seigneurs poitevins prêtent serment de fidélité au roi de France le 1er décembre 1372 en l’église des Frères mineurs de Loudun. Par ce traité, tous les anciens privilèges et libertés du pays du temps de Saint Louis - le souverain de référence à l’époque - et de son frère Alphonse de Poitiers sont solennellement confirmés.

Louis de Harcourt neveu de Godefroy de Harcourt qui fut un allié très dangereux des Anglais au début de la guerre de Cent Ans signe un traité séparé. 80

1er décembre 1372. Traité de Loudun.
Source Wikipédia.

La reconquête par Charles V des territoires concédés au traité de Brétigny.
• Domaine royal
• Apanages des frères du roi
• Comté de Foix-Béarn autonome
• Bretagne alliée aux anglais
• Possessions de Charles de Navarre allié des Anglais
• Chevauchée de Lancastre en 1369
• Chevauchée de Robert Knowles en 1370
• Chevauchée de Lancastre en 1373

1er décembre. Les Anglais occupent encore en Poitou au moins huit places fortes : Niort, Chizé, Mortagne, la Roche-sur-Yon, Lusignan, Gençay, Mortemer et Château-Larcher.

Mortagne-sur-Sèvre. 85
Du Guesclin. Le château. Photo : 25/05/2023.

30 novembre. Des Bretons servent le duc de Bar

Jean de Malestroit, chevalier, son frère Hervé de Malestroit, écuyer, Patry de Châteaugiron, chevalier, et Jean d’Acigné, chevalier, confirment leur accord de servir le duc de Bar pendant cinq semaines à partir du 6 décembre 1372 avec un nombre non spécifié de troupes. 81

10 décembre. Bertrand du Guesclin est à Paris

Le 11, Jean de Berry, Philippe le Hardi, Louis de Bourbon et Bertrand du Guesclin font une entrée triomphale dans Paris.

Du Guesclin. Paris. 75
Notre-Dame. Photo : 09/11/2004 .

12 décembre. Jean de Berry prête hommage à son frère Charles V pour le comté de Poitou suivi des barons qui réitèrent en sa présence leur serment de fidélité au roi.

Tant que son aîné le roi Charles le Sage vécut, Jean de Berry, comme ses deux frères Louis d’Anjou et Philippe de Bourgogne, demeura un soutien indéfectible de Charles et de sa politique audacieuse contre l’ennemi anglais. Il commanda l’armée royale envoyée en Limousin, Poitou et Quercy. Il reprend aux Anglais les villes de Limoges, Poitiers et La Rochelle. Il se sentait plus proche de Charles que de ses autres frères : en effet, comme lui, il aimait les arts, la littérature, les beaux objets. Cependant, contrairement à Charles, Jean était plus un collectionneur qu’un créateur. On se souvient surtout de lui comme d’un très grand mécène.

15 décembre 1372. Le traité de Surgères-Loudun

Ratification des articles du traité conclu entre les ducs de Berry et de Bourgogne, le connétable Du Guesclin et le sire de Clisson, au nom du roi Charles V, d’une part, et plusieurs prélats et seigneurs de Poitou et de Saintonge, d’autre, pour la réduction et la soumission de ces deux provinces.

Ce document capital, négligé par les éditeurs du recueil des Ordonnances des rois de France (voy. ci-dessous p. 211, note), n’est autre que la confirmation du traité qui fut accordé aux trois états de Poitou et de Saintonge en conséquence de la reddition de Thouars, le 1er décembre 1372, à Loudun. Note 1.

On peut connaître les noms des principaux seigneurs poitevins et saintongeais qui signèrent le traité du 1er décembre, en se reportant à la convention de Surgères, en tête de laquelle un certain nombre sont désignés nominativement. Ce sont les évêques de Maillezais et de Luçon, la vicomtesse de Thouars, le sire de Parthenay, le vicomte de Châtellerault, Miles de Thouars, seigneur de Pouzauges, Renaud de Vivonne, Jacques de Surgères, Guy, seigneur d’Argenton, Renaud de Thouars, Guy de la Forêt, Aimery d’Argenton, le sire d’Aubeterre, Hugues de Vivonne, Aimery de La Roche, André Bonnaut, Perceval de Cologne, Lestrange de Saint-Gelais, Jean de Machecoul, Guillaume d’Appelvoisin, le sire de Nieul (Maurice de Volvire), etc. (S. Luce, édit. Froissart, t. VIII, appendice, p. clv.). 82

Bertrand du Guesclin prend le château de Pirmil

Le château est construit à la fin de la guerre de Succession de Bretagne sur l’ordre du duc de Bretagne Jean IV, afin de protéger l’extrémité Sud du pont de Pirmil, et ainsi mettre la ville de Nantes à l’abri d’un éventuel assaut par la rive gauche de la Loire. Le château de Pirmil est pris plusieurs fois par les Français, notamment en 1372 quand Jean IV permet à ses alliés anglais de débarquer à Saint-Malo. La forteresse est prise par Bertrand Du Guesclin en même temps que le château de la Tour neuve. Il en confie la garde à Olivier de Clisson. 83

Redon ouvre ses portes à Bertrand du Guesclin

Pendant la guerre de Succession, la ville de Redon est prise en 1341 au nom de Charles de Blois par le duc de Normandie, fils de Philippe VI de Valois. La ville de Redon est reprise et pillée en 1342 par des troupes commandées par le comte de Northampton au nom de Jean de Montfort. Les partisans de Charles de Blois la perdent de nouveau en 1359 ou en 1360, avant de la reprendre.

Du Guesclin. Redon. 35
Abbaye Saint-Sauveur. Photo : 19/07/2003.

Le baron de Rieux, gouverneur de la ville de Redon, ouvre les portes de la ville de Redon à Du Guesclin en 1372. 84

Bertrand du Guesclin aide Raoul de Montfort à reprendre ses châteaux

Raoul VII prit le parti de Charles de Blois et fut fait prisonnier à la bataille d’Auray. Plus tard, en 1372, il aida Duguesclin à reprendre les châteaux de Gaël et de Comper aux Anglais, alliés de Jean de Montfort ; quatre ans après, en 1376, Raoul profita d’une trève pour relever ses châteaux de Montfort et de Comper. 85

Du Guesclin. Concoret. 56
Château de Comper. Photo : 08/04/2010.

Le duc Jean ne fut pas longtemps tranquille possesseur de son duché, car les Anglais qui l’entouraient excitèrent un mécontentement universel. Les choses en vinrent au point que les seigneurs bretons se donnèrent au roi de France et chassèrent leur duc qui se réfugia en Angleterre. Duguesclin, qui haïssait le duc, fut nommé connétable de France, le 2 octobre 1370, et reçut ordre de mener les troupes françaises
faire la guerre à son pays. Il vint pour camper à Montfort, mais la place était délabrée. De là, il s’avança jusqu’à Gaël, place bien fortifiée et possédant une garnison qui tenait pour le duc.

Duguesclin en fit le siège et, après une vigoureuse résistance, la prit et la démantela. Il alla ensuite mettre le siège devant le château de Mauron qui subit Je même sort : les bâtiments étaient au lieu de Brembili. Le château de Comper fut aussi considérablement endommagé.

Raoul faisait partie de l’armée de Duguesclin et travaillait lui-même à la destruction de ses châteaux ; mais nous allons bientôt le voir les faire réparer aux frais de ses vassaux et de ceux de l’abbaye de Saint-Mélaine de Rennes.

Dans le même temps, Raoul fut un des capitaines commandés pour continuer le siège de Brest et reçut pour ses gens d’armes une somme de 300 livres, dont il donna quittance, à Dinan, sous son sceau représentant une croix ancrée. 86

Le château de Gaël est pris et détruit par Bertrand Du Guesclin en 1372. 87

Bertrand du Guesclin prend Fougères

Ainsi, en 1372, les troupes du roi de France, Charles V, menées par du Guesclin, prirent la ville. 88

Bertrand du Guesclin au château de Vieillecour

En 1372, lors de la guerre de Cent Ans, Bertrand du Guesclin installe sa garnison au château de Vieillecour pour plusieurs semaines, après avoir repris Saint-Pierre-de-Frugie aux Anglais. 89

Du Guesclin. Saint-Pierre-de-Frugie. 24
Château de Vieillecour. Photo : 30/04/2022.

Bertrand du Guesclin au château de Montcigoux

Du château du XIIe siècle, autour duquel une bataille oppose Anglais et Français durant la Guerre de Cent Ans, ne subsiste aujourd’hui qu’une tour ronde à laquelle est juxtaposée une chartreuse du XVIIe siècle. Est-ce que cette bataille a lieu en 1372 ? 90

Du Guesclin. Saint-Pierre-de-Frugie. 24
Le château de Montcigoux et sa tour. Photo : 30/04/2022.

L’abbaye de Jard est reprise par Bertrand du Guesclin

Après deux cents ans d’opulence jusqu’en 1372, l’abbaye de Jard connait trois dévastations : en 1372, 1484 et 1568. Un document de 1372 fait mention d’un pillage et d’un incendie de l’abbaye de Jard à l’époque où elle est reprise aux Anglais par les hommes du roi de France Charles V, commandés par Du Guesclin. 91

Du Guesclin. Jard-sur-mer. 85
L’abbaye royale Notre-Dame de Lieu-Dieu, 12ème siècle. Photo : 30/12/2021.

Naissance de Marguerite de Clisson, dite Margot

Marguerite de Clisson, dite Margot (1372-1441), fille du futur connétable Olivier V de Clisson et de Catherine Béatrix de Laval, est comtesse de Penthièvre. Elle épouse le 20 janvier 1388, Jean Ier de Châtillon, comte de Penthièvre qui décède en 1404. Elle est connue pour avoir passé sa vie à intriguer pour mettre un de ses fils à la tête du duché de Bretagne. 92

Du Guesclin. Josselin. 56
Le château d’Olivier de Clisson puis des Rohan. Photo : 13/10/2016.

Cuvelier à la cour du roi de France, Charles V

Il est prénommé Jean/Johannes ou Jacquemart, et son patronyme lui-même n’est pas fixé. Il est signalé en 1372 à la cour de Charles V comme « diseur » du roi.

A-t-il rencontré Bertrand du Guesclin ?

Il est notamment l’auteur d’une Chanson de Bertrand du Guesclin, en plus de 23 000 alexandrins, dont il existe deux rédactions. Cette composition, commencée après la mort du connétable en 1380, était terminée en 1387, date d’un résumé en prose. On l’a appelée la dernière chanson de geste, car elle reprend la forme des anciens poèmes héroïques, la laisse monorime. C’est l’une des principales sources sur la vie de Bertrand du Guesclin. 93

Robert Knolles envahit le Ponthieu et brûle la ville du Crotoy

En 1372, une armée anglaise, aux ordres de Robert Knolles, envahit le Ponthieu et vient brûler la ville du Crotoy avant de traverser la Somme au gué de Blanquetaque. 94

Olivier, seigneur de la Noüe, Lannoy, figure dans une montre

Olivier, seigneur de la Noüe, apparaît dans des titres de 1305 (pr., 13). C’est très probablement lui qui est appelé « Olivier de Lannoy », en 1372, dans la montre du sire de Rais (pr., 17). En 1373, il prête serment de fidélité à Jean V, duc de Bretagne (pr., 18). Gilles, écuyer du connétable du Guesclin en 1370 (pr., 15) ; Guillaume III de la Noüe, Seigneur de la Noüe ? 1310-/1372. Maurice, appelé « de Lannoy, » sert en 1370 avec Gilles de la Noüe sous le connétable (pr., 15). 95

Pierre II de Tournemine, seigneur de la Hunaudaie, décède

Il sert sous Duguesclin et assiste aux batailles de Pontvallain au Maine, de Saint-Mars-sur Loire, aux sièges de Moncontour de Poitou, de Sainte-Sévère, de Bécherel, et au combat de Chizay. Il meurt en 1372, laissant Jeanne de Craon veuve. 96