De Beauvoir à Saint-Jean-le-Thomas
10 mai 2018
Beauvoir(50), départ 7h30.
Après un solide petit-déjeuner, je quitte l’hôtel en direction du Mont-Saint-Michel qui est à environ 4 kilomètres. Je longe le Couesnon qui sépare la Bretagne de la Normandie. Je choisis le côté Normandie.
Le soleil est au rendez-vous, c’est magnifique, dans le calme du matin.
Bertrand du Guesclin est là, il a une petite statue encastrée dans un mur de la rue principale, un hôtel, le musée-maison dit de sa première épouse, Tiphaine Raguenel. Certains le contestent. Tiphaine n’aurait pas habité cette demeure.
Je reçois un message du guide qui doit nous conduire dans la baie, le rendez-vous est reporté à 13h, et le point d’arrivée sera à Saint-Léonard. La foule gonfle et les navettes déversent une multitude de touristes. Vers 11h, le flot des entrants commence à croiser celui des sortants. C’est une belle cohue !
Les lève-tôt veulent sortir du Mont pour aller déjeuner tranquillement à l’extérieur, je les comprends. C’est le coup de bambou sur les tarifs. En haut de la rue le café n’est pas donné, il est à 2 € dans une tasse, en bas, il est à 3 € dans un gobelet en plastique. Et il n’est pas meilleur !
Je m’installe devant la porte d’entrée, en terrasse et je regarde les touristes. Il y a des situations cocasses. L’Abbaye accueille environ 1 million de visiteurs chaque année.
Une jeune fille demande à sa mère de la prendre en photo devant la porte d’entrée dans le Mont. La jeune fille s’installe, et la maman recule pour cadrer. La porte est haute, il lui faut au moins 4 mètres. C’est là que les complications surgissent. Les touristes se glissent entre les deux, la jeune fille et la mère commencent un ballet, un pas à droite, deux pas à gauche pour essayer de faire cette mémorable photo. Le petit jeu dure plusieurs minutes. Excédée, la jeune fille fait la gueule à sa mère, et toutes deux laissent tomber ce manège. Il n’y aura pas de photo-souvenir. La photo à diffuser sur Face-Book n’existera pas. Quel malheur ! Elle va manquer à la planète toute entière.
Je m’aperçois que j’ai égaré mon chapeau, je pars à sa recherche dans les rues où je suis passé, je vais à l’Office de Tourisme demander de ses nouvelles. Rien. Je crois qu’il est définitivement perdu.
Des militaires de Guer-Coëtquidan, Morbihan, près de chez moi, s’échauffent avant la parade.
A 13h, je retrouve le guide, Guillaume, près de l’entrée du Mont. Il est accompagné d’une dizaine de personnes qui sont venues avec lui de Saint-Léonard. Je me joins au groupe pour le retour. Au Moyen Âge les pèlerins arrivaient de Genêts et passaient par l’îlot de Tombelaine avant d’atteindre la Merveille. Ils allaient vers le soleil couchant. Je vais faire le pèlerinage en sens inverse. Pas très catholique ! 1
On contourne le Mont par le nord, on passe une rivière, l’eau nous monte au niveau des genoux.
J’ai quitté mon pantalon et mes chaussures, je suis en slip, pieds-nus et sac au dos. Un look terrible. Je ne savais pas que cela faisait partie des conditions de la marche. Sans mon chapeau, je me sens nu. Le soleil tape fort et la réverbération augmente copieusement la chaleur.
La traversée est d’environ 7 kilomètres, mais je pense qu’avec les détours c’est certainement 10 kilomètres. Avec le vent on a une sensation de froid, je ne prête pas garde à mon nez. Un couple a deux chiens qui ne peuvent plus avancer tant ils sont fatigués. Leurs propriétaires doivent les porter de temps en temps, et nous faisons des haltes pour qu’ils se reposent.
Guillaume nous fait une démonstration de sortie des sables mouvants, c’est impressionnant. On arrive vers 16h30 à Saint-Léonard. Lavage des pieds tangueux dans une fontaine.
Je pars vers Genêts, Guillaume me récupère en voiture et m’y dépose. Merci. L’auberge de jeunesse est complète, les chambres d’hôtes aussi.
J’ai envie et besoin d’une douche. Je remarque qu’un bus va bientôt passer, je le prends jusqu’à Saint-Jean-le-Thomas. Petite pause bière au bar.
Il y a un hôtel qui affiche complet, le patron me conseille une chambre d’hôte qui appartient à une dame de sa famille. Vu l’heure je dîne sur place et rejoins ensuite vers 20h30 la chambre d’hôte en bord de mer. C’est mieux que l’hôtel. Une belle journée, j’en ai plein les bottes. Pourtant je n’ai pas marché autant que d’habitude. La marche dans la tangue de la baie est plus difficile. Je sens aussi que mon nez a pris un sérieux coup de soleil. Est-ce que demain je vais ressembler à un clown ?
Voir et savoir
Le Mont-Saint-Michel. 50.Nicolas Le Vitrier, né au XIIIe siècle et mort le 30 octobre 1363, est un bénédictin français, vingt-neuvième abbé du Mont Saint-Michel, de 1335 à 1363. Charles V, alors seulement duc de Normandie, voulant récompenser la valeur avec laquelle cet abbé défendait ce point important dans un pays ravagé par l’ennemi, l’en nomma capitaine par lettres du 27 janvier 1358, ratifiées le 25 décembre suivant. 2Geoffroy de Servon, né au XIIIe siècle et mort le 24 juin 1386, est un bénédictin français, vingt-neuvième abbé du Mont Saint-Michel, de 1363 à 1386. 3Le roi Charles V, qui appréciait l’importance du monastère du Mont Saint-Michel comme point stratégique, voulut à la fois témoigner au nouvel abbé le prix qu’il attachait à cette place, et lui en faciliter la défense, en l’en nommant capitaine, et, par les mêmes lettres, datées du 18 octobre 1364, il imposa à tous les habitants des paroisses dépendantes de cette abbaye l’obligation d’y faire la garde et le guet, à moins qu’ils n’eussent continué de remplir ce service militaire dans une forteresse plus voisine ; et, pour subvenir aux frais de la guerre, il ordonna, par patentes de la même année, que tous les marchands et trafiquants sur les terres du Mont-Saint-Michel payassent à l’abbé 6 deniers par livre.Ces prescriptions, que Bertrand Du Guesclin, lieutenant pour le roi de la province de Normandie, l’avait déjà autorisé à faire exécuter, furent de nouveau confirmées le 17 janvier 1365, par lettres royales. 4
- Une statue de saint Michel placée au sommet de l’église abbatiale culmine à 157,10 mètres au-dessus du rivage. La commune et la baie figurent depuis 1979 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
- C’est un pointement granitique d’environ 960 mètres de circonférence. Au niveau géologique, c’est une intrusion leucogranitique (leucogranite à biotite et muscovite) de petite dimension mise en place dans le socle cadomien (encaissant schisteux briovérien) au cours de l’orogenèse calédonienne (525 Ma). Cette intrusion dégagée de sa gangue schisteuse et mise en relief par l’érosion (le leucogranite présentant une plus grande résistance à l’érosion que le schiste), offre une superficie émergée d’environ 7 ha, au-dessus de laquelle se dresse l’abbaye.
- La baie du Mont-Saint-Michel est le théâtre des plus grandes marées d’Europe continentale, jusqu’à 15 mètres de marnage, différence entre basse et haute mers.
- À l’origine, il était connu sous l’appellation de mont Tombe. Il devait s’y trouver une pierre ou un monument mégalithique destiné à un culte païen. La région est occupée ensuite par les Abrincates. Des bénédictins s’y établissent en 966.
- En 1009, le duc de Normandie prend le contrôle de l’abbaye du Mont-Saint-Michel et l’abbé Maynard doit se replier à l’abbaye Saint-Sauveur de Redon pour être remplacé par l’abbé Hildebert Ier, choisi par Richard II.
- L’abbaye du Mont-Saint-Michel aura été bretonne de 867 à 1009.
- Le pèlerinage du Mont-Saint-Michel est attesté au 11ème siècle.
- Robert de Thorigny est un célèbre abbé du Mont au 12ème siècle.
- La représentation la plus célèbre du Mont-Saint-Michel se trouve sans doute dans « Les Très Riches Heures du duc de Berry ».
- Le logis de Tiphaine abrite le quatrième musée privé du mont et appartient toujours aux descendants de Bertrand Du Guesclin.
- À l’annonce de la mort de Bertrand du Guesclin, Pontorson prend le deuil en présence de sa seconde femme, Jeanne de Laval. Et Laurent de Faye, évêque d’Avranches, vient y prononcer l’éloge funèbre du rude guerrier. Les armoiries de Bertrand du Guesclin figurent sur le logis de Tiphaine Raguenel. 5
Au XIVème et XVème siècle, la guerre de cent ans rendit nécessaire la protection de l’abbaye par un ensemble de constructions militaires qui lui permit de résister à un siège de plus de trente ans. 6
- Le sanctuaire créé en 708 sur le mont Tombe par saint Aubert à la suite de l’apparition de l’archange participe à l’expansion du culte voué à celui-ci. À l’approche de l’an mille, le culte de saint Michel se manifeste de plus en plus, le duc Richard II de Normandie vient y épouser Judith de Bretagne. Le pèlerin, appelé Michelet ou Michelot vient d’Italie, d’Alémanie, de Bavière ou de Flandre par des routes appelées « chemins de Paradis ». Le nombre de pèlerins va croissant jusqu’à la guerre de Cent Ans. Philippe le Bel vient en 1307 et en 1310 et apporte des reliques provenant de la Sainte-Chapelle.
Maxime Real del Sarte. Né le 2 mai 1888, à Paris (17e arrondissement) et mort le 15 février 1954 dans la même ville, est un sculpteur français, mutilé de guerre, fondateur et chef des Camelots du roi. Maxime Real del Sarte, catholique fervent et militant de l’extrême-droite, était un admirateur de Jeanne d’Arc à laquelle il consacra de nombreux travaux. 7 La réalisation de la statue de Bertrand du Guesclin par ce sculpteur n’est pas mentionnée dans sa biographie. Il est cependant l’auteur d’une statue de saint Michel, 1941, au Mont-Saint-Michel. Je note qu’il y a un dragon au pied de la statue. Y a-t-il confusion ?
Genêts. 50. Chemin côtier. Au nord du village se trouve le bec d’Andaine. Son bourg est à 8 km au sud de Sartilly, à 12 km à l’ouest d’Avranches et à 22 km au sud-est de Granville. Sa signification topographique est d’« embouchure » et Genêts « endroit près de l’embouchure » (ici celles de la Sée et de la Sélune). Les bonnes conditions d’abri qu’offrait le port (un arc entre le bec d’Andaine et le Haut Moncel, encadrant l’estuaire du Lerre) lui permet de se développer et de devenir un port assez important de commerce : vin, blé, poissons séchés, plâtres, pierres à chaux, mercerie, draps, étoffes.
- Un commerce de la région, les meules à moulins de Brie et de Champagne a donné son nom au bois des Meules. Au XIVe siècle la population du bourg se monte à 3 000 habitants.
- L’église de Genêts est placée sous le vocable de Notre-Dame et aussi sous celui de saint Sébastien. On n’a pas de données précises sur la première église de Genêts dont certains éléments subsistent encore dans le transept actuel.
- Au XIIe siècle, le grand abbé du Mont, Robert de Thorigny, « releva l’église qui tombait de vétusté » et la fit consacrer en 1157. De cette époque datent le transept et la robuste tour carrée alors surmontée d’une flèche de pierre. La statue de la Vierge du XIVe siècle.
- L’an 1356, la ville de Genêts fut brûlée : « Les ennemis, disait Charles fils du roi de France, ont pillez raconnez et ars et est assavoir les villes de Genetz et du Mont. »
- On lit dans un autre manuscrit que l’an 1365 Bertrand Duguesclin fit relever les remparts de la ville de Genêts et y mit garnison pour intercepter entre Charles-le-Mauvais, comte de Mortain, et le roi d’Angleterre les communications qu’ils avaient par mer ; car c’était en ce port que les Anglais abordaient pour ravager l’Avranchin et faire des courses dans le Maine et dans la Bretagne.
- Bertrand Duguesclin établi dans Pontorson, était occupé journellement à repousser ces bandes ennemies, qui se succédaient pour ravager ce malheureux pays. 8
Dans le Livre rouge de l’Échiquier de Normandie, il est fait mention d’un Willelmus de Campellis. En 1367, il est mentionné que les places de Saint-Pair, Genest et Champeaux sont occupées par les Bretons. Cela pourrait laisser supposer l’existence d’un château. La côte, partant de Saint-Jean-le-Thomas et se terminant à Jullouville, donne une vue imprenable sur le mont Saint-Michel, sa baie et le rocher de Tombelaine. 9
Saint-Jean-le-Thomas. 50. Dans une charte datée de 1121, on lit que Thomas, seigneur de Saint-Jean, transforme le castel primitif au bord de la falaise en château fort.
- Église Saint-Jean-Baptiste de Saint-Jean-le-Thomas. Le chœur du Xe siècle (préroman reconnaissable aux moellons de granit et aux petites fenêtres.). Les peintures murales du XIe siècle (roman). Les murs de la nef et la voûte du XIe siècle (roman).
- Sur le GR 223, sentier littoral ou sentier des douaniers, on rencontre trois cabanes Vauban : la plus connue est celle de Carolles, la deuxième celle de Champeaux et la troisième celle de Saint-Jean-le-Thomas.
- Au sud de la falaise de Champeaux qui forme la limite du massif de Carolles, figure un vaste complexe de digues de pierres en forme de V, couvrant près de 12 hectares.
- La famille de Saint Jean dont le fief historique est Saint-Jean-le-Thomas : famille de la noblesse normande ; grands propriétaires terriens des évêchés d’Avranches et Coutances, dont les membres participent activement à la conquête de l’Angleterre au côté du duc de Normandie Guillaume le Conquérant, et furent largement récompensés par ce dernier et ses successeurs par d’importants domaines en Angleterre. Ainsi au début du XIIe siècle, le seigneur de lieu, Thomas de Saint-Jean y fait construire un château fort. Cela provoque des démêlés avec l’abbé du Mont, finalement un accord sera trouvé en 1123 ; et en 1162, dans une nouvelle charte de fondation, Guillaume de Saint-Jean, seigneur de Saint-Jean-le-Thomas, Olive de Penthièvre sa femme : fille du comte Étienne Ier de Penthièvre, comte de Suffolk et seigneur de Richmond en Angleterre, et veuve d’Henri baron de Fougères, et Robert son frère, concédèrent à l’Abbaye de La Lucerne le terrain où le monastère fut définitivement bâti ; ils confirmèrent les donations faites antérieurement par Hasculph de Subligny, et y ajoutèrent la donation de l’église de Saint-Jean-le-Thomas, avec différents autres revenus dans les diocèses d’Avranches, de Coutances et même en Angleterre.
- Cependant au commencement du XIIIe siècle, la famille de Saint Jean voit toutes ces possessions françaises confisquées par le roi de France Philippe-Auguste, depuis lors la famille de Saint Jean se divisa en deux branches, l’une française qui fit souche en Bretagne et l’autre en Grande-Bretagne : famille anglaise des Saint-John, dont le philosophe et ministre anglais Henry Saint John, 1er vicomte Bolingbroke.
- Le 29 septembre 1944, Eisenhower quittait la villa Montgomméry, suivi de son entourage et de son personnel.
Sur la plage de Saint-Jean-le-Thomas, plage de Pignochet : tourbière sublittorale, pêcherie et empreintes. 10
- La tangue est un sédiment qui se dépose dans les zones de vasières littorales recouvertes par les hautes marées. Les tangues de la baie du mont Saint-Michel étaient traditionnellement exploitées comme amendement agricole.
- Randonnée pédestre : 34, rue de l’Ortillon. 50530 Genêts. Tél. : 02 33 89 80 88
Ma collection de tampons
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