De Tréfumel à La Vicomté-sur-Rance

J’ai passé une excellente nuit. Après quelques crêpes fraichement préparées, je pars pour Dinan. L’église de Tréfumel s’empare des premiers rayons de soleil.

Trefemel vers 1330. La ville connaît une grande prospérité au 17^ème, grâce à la culture et au commerce du lin. En 1750, le dernier greffier aux États de Bretagne, Gilles François de la Bintinaye, fait reconstruire le château de La Rivière-Bintinaye au centre du bourg.

L’église Sainte-Agnès qui comporte des éléments datant du 11^ème siècle, est faite de moellons en calcaire du Quiou et en granit de Bécherel pour ses élévations. La Maison des Faluns, centre d’interprétation, est à proximité.

Pause-café à Saint-Juvat, près de l’église.

L’église Saint-Juvat date du 14^ème siècle, son porche est constitué de pierres de calcaire du Quiou et de granit de Languédias.

Il s’agit d’une ancienne enclave de l’évêché de Dol, rattachée primitivement à la paroisse de Plumaudan. Au milieu du XII^ème siècle, l’église du VII^ème siècle est donnée au prieuré de Saint-Magloire de Léhon, par l’évêque de Saint-Malo. Jusqu’en 1767, la paroisse de Saint-Juvat dépend du prieuré de Saint-Magloire de Léhon.

 

 

La Croix de Justice est du XIV^e siècle, près de laquelle devaient se trouver les potences, ornée des armoiries du seigneur et de l’épée insigne de la justice.

 

 

Saint-Juvat est sous l’Ancien Régime le fief des seigneurs du Ruffier, propriétaire du château du Rougets (aujourd’hui disparu). ¹

En 1364, le seigneur de La Vallée de Plumaudan fait bâtir une église neuve. Le calvaire du 17^ème est en granit.

En terrasse du bistrot, il y a 3 compères, des blagueurs jamais à court de jeux de mots. Ils me disent que les locaux ne sont pas des indigènes mais des indigents. Après 1/4 d’heure de bonnes blagues, je les quitte.

J’avance, sur ma gauche, le château de La Mettrie, il est éloigné de la route, il est imposant. ²

Le château ou manoir de la Mettrie (XIV^ème siècle), propriété de la famille Ruffier du Bois-Ruffier (au XIV^ème siècle), puis de la famille de La Motte de La Vallée (au XV^ème siècle). Propriété d’Auffray de la Motte en 1480. Le château est restauré en 1787. ³

Je suis à 10 kilomètres de Dinan, près du lieu-dit La Pommerais, un village de 4 maisons du 17^ème siècle, me confie un des compères du bar qui arrive en voiture et qui habite là. D’après lui, un chemin mène à Dinan, je ne m’y risque pas.

Une chapelle au Moulin de Ganagat, est-ce qu’un manoir se cache dans les bois ? ⁴

Les oiseaux gazouillent, les pigeons nichent et roucoulent amoureusement, des senteurs de lilas, du colza, de l’épine noire en fleurs, de l’orge, du blé, des labours récents, des pelouses bien tondues, des ruisseaux étincelants en cascades sous le soleil. Les yeux, les oreilles et le nez se régalent.

Au Haut-Pin, EDF change d’échelle pour accéder à sa ligne électrique. Original, mais certainement pas aux normes !

Je prends à droite vers Dinan que j’aperçois en haut de sa colline.

Je descends par Le Chêne, Les Villots sur une petite route encaissée qui devait être une entrée dans Dinan. Des hauts talus latéraux d’où il est très facile de protéger les voyageurs ou de les attaquer, et j’arrive à la Rance. Je la longe par le chemin de halage et j’atteins Léhon doté d’une Abbaye, dédiée à Saint-Magloire, et de son château. Ce dernier est attaqué en 1359 par les Anglo-bretons.

Reconstruit au XIII^ème siècle par Pierre Mauclerc, ce sont ses ruines que l’on voit aujourd’hui. Le fief est la propriété de Gervaise de Dinan. En 1344, les faubourgs de Dinan sont incendiés par les troupes du comte de Salisbury. Le duc de Lancastre, qui commande les troupes anglaises, assiège le château de Léhon et la ville de Dinan en 1359. En 1357, la commune subit un nouveau siège des Anglais commandés par le duc de Lancastre. Dans le cadre de la Guerre de Succession de Bretagne, Olivier de Clisson pille Dinan et ses faubourgs en 1379. Les places fortes de Léhon et de Dinan seront restituées au duc de Bretagne, Jean IV après le second Traité de Guérande, du 13 janvier 1381. Les premiers titres généraux qui nous sont parvenus datent de 1330-1369. ⁵

Typhaine Du Guesclin, nièce de Bertrand du Guesclin, épouse Jean V de Beaumanoir avant 1366 et meurt avant le 12 février 1417. Son gisant est dans l’abbaye. Certains disent que c’est celui de Tiphaine Raguenel, une erreur. En réalité ce serait le gisant de Robert II de Beaumanoir (+1402), seigneur de Beaumanoir, de Merdrignac et de La Hardouinaye, Maréchal de Bretagne. ⁶

Raoul de Navery, auteure née Rue Beaumanoir, à Ploërmel, Morbihan, s’est inspirée de l’Abbaye de Léhon pour écrire son ouvrage « Le Trésor de l’Abbaye » en 1876.

Je suis l’eau et débarque à Dinan, au pied de la ville, au bas de la rue du Jerzual. Il y a foule, les rues sont bondées, les terrasses sont pleines à craquer. C’est trop pour moi, je ne monte pas voir Bertrand sur la place. Il parade sur son cheval, laissons le faire son numéro au milieu des badauds ! Je le comprends, c’est la ville de son cœur. On se verra plus loin.

La cité domine de 75 m la Rance. Il y a un beau point de vue du haut de la porte du Jerzual. L’église Saint-Sauveur contient le cardiotaphe de Bertrand du Guesclin. La Tour de Beaufort et la Porte du Guichet sont du 13^ème. En 1357, lors de la guerre de Succession du duché de Bretagne, Bertrand Du Guesclin et son frère Olivier défendent avec succès la ville assiégée par les troupes anglaises et les Bretons fidèles à Jean de Montfort. Il affronte Thomas de Cantorbéry en combat singulier et en sort vainqueur. En 1364, après plusieurs tentatives infructueuses, le duc Jean IV parvient à reprendre le contrôle de la ville et y fait construire le donjon dit « de la duchesse Anne ». ⁷

Dinan a une Rue Tiphaine Raguenel et la Place Duguesclin avec sa statue équestre.

Trop de monde, trop d’odeurs de pommades à soleil, trop de shorts, de jambes blanches et poilues, d’épaules rougies, de téléphones portables, de preneurs de photos. Bref, je prends 6 huîtres de Cancale, une bière et un café, vite fait et je m’éclipse. Je reviendrai lorsque la forteresse ne sera plus assiégée par les touristes.

Je suis la Rance sur la rive ouest, vers le nord, vers Saint-Samson-sur-Rance. C’est magnifique. Le chemin de halage est partiellement ombragé. L’idée d’une petite sieste me vient. Mais il y a du monde qui circule, des piétons, des vélos, des bateaux qui montent et descendent la Rance. C’est bien animé, mais sans plus. De belles falaises rocheuses, du schiste, ont résisté aux assaut du fleuve.

A l’opposé, des terres basses, avec les roselières et les oiseaux, les mouettes, les goélands, les hérons, les canards. Une autre idée germe, passer la nuit sur un bateau amarré, le squatter quelques heures. Du bateau-squatt !

Je franchis la cale de Taden. A Taden, il y a un chemin du nom de Lestra, il indique vraisemblablement une voie romaine. Lestra vient du latin, strata, la chaussée empierrée. En face il y a l’éperon barré du Chatelier, un camp gaulois, gallo-romain ?

J’arrive à Port-Lyvet, port de Saint-Samson-sur-Rance et de la Vicomté-sur-Rance. ⁸

L’écluse marque la limite de la Rance fluviale et de la Rance maritime. Cette dernière est en cours de désenvasement. Pour les locaux la responsabilité incombe à EDF avec le barrage et l’usine marémotrice sur la Rance. Pause au bar du port, le Lyvet.

Le serveur, très sympathique, m’indique des chambres d’hôtes à proximité. La propriétaire est accueillante, la chambre est au 2^ème étage, sobre mais bienvenue. Une bonne douche et je redescends au port. De nombreux Anglais fréquentent la région. J’écris mes notes de la journée en attendant de dîner. A cause, soi-disant, d’un problème de machine, le repas s’étale sur 2 heures. Le coucher de soleil est au rendez-vous. Je l’accompagne pour la nuit. A demain.

Voir et savoir

• Falun. Le falun est un dépôt sédimentaire marin du Cénozoïque, souvent disséminé sur de vastes étendues. Formé de débris de coquilles, parfois entières ou partiellement brisées, ce calcaire d’accumulation biodétritique peut former une roche compacte après une cimentation argilo-siliceuse fine et dense, mais reste généralement une roche meuble et friable car il est mélangé communément à du sable et de l’argile. ⁹

• La mer des faluns. Peu profonde, située sur le plateau continental européen, elle remplit un golfe de Loire grosso modo à l’emplacement de l’Ille-et-Vilaine, de l’Anjou, de la Touraine, du Blésois, avec une extension vers le sud jusqu’à Amberre dans le département de la Vienne à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Poitiers. Cette mer séparait autrefois du Bassin parisien l’île que constituait le Massif armoricain - surélevé - de Bretagne. C’est une mer tempérée à chaude puisque la dérive des continents a ramené la France vers le nord. On y trouve de nombreux fossiles, parmi lesquels des bryozoaires, des coquillages, des poissons dont des requins, des reptiles et des mammifères. ¹⁰

• Les faluns de Tréfumel. ¹¹

Ma collection de tampons

• Bar-Tabac-Presse : 22. Saint-Juvat.