aller au contenu

Les Mégalithes et leur destruction

Déjà au Néolithique

Déjà les hommes du Néolithique abattaient, démontaient et cassaient leurs premières réalisations mégalithiques pour les réutiliser dans d’autres types de constructions.

Ainsi n’est-il pas rare de découvrir dans des dolmens ou des allées couvertes des fragments de grands menhirs ou de petites dalles en fonction de réemploi.

Le grand menhir brisé. L’exemple de cette grande stèle-menhir associée au grand menhir de Locmariaquer a été comme ses voisines abattue et débitée en plusieurs morceaux pour participer à la construction de monuments éloignés de quelques kilomètres et séparés par la rivière d’Auray. En effet, la couverture de La Table des Marchand en Locmariaquer et celle du cairn de l’île de Gavrinis en Larmor-Baden proviennent de la même dalle marquée par un décor que l’on peut suivre d’un élément à l’autre.

Puis à l’Âge du Bronze

Les cultures de l’Âge du Bronze ont parfois emprunté des pierres à des groupes de menhirs pour aménager sur place des sépultures pour leurs morts. C’est le cas pour le Tombeau des Géants à Campénéac, Morbihan et pour les tombes de l’alignement du Moulin en Saint-Just. Ille-et-Vilaine.

Campénéac. 56
Le Tombeau des géants. Réutilisation d’un alignement mégalithique. Photo : 18/04/2009.

Et à l’Âge du Fer

De façon plus sporadique, les cultures de l’Âge du Fer et du Moyen Âge sont venues emprunter à certains mégalithes quelques pierres pour des usages domestiques. Ainsi, on a vainement tenté d’extraire un support de meule rotative de l’un des menhirs des alignements de Kersolan à Languidic. Morbihan.

Et avec la christianisation

Les luttes menées par le clergé contre les cultes druidiques ou païens n’ont pas épargné les mégalithes. Ces grands mouvements évangélisateurs lancés par divers Conciles incitent les populations locales à détruire ou à christianiser ces lieux étranges.

Saint-Guyomard. 56
La chapelle Saint-Maurice. Le menhir traverse le mur et aboutit sous l’autel. Photo : 18/05/2011.

Par ses capitulaires (décrets royaux), Charlemagne soutient les interventions du clergé. Ainsi voit-on des sites largement saccagés comme celui des Pierres Droites en Monteneuf. D’autres mégalithes, en partie épargnés, subissent une christianisation parfois outrancière.

Le Mans. 72
Menhir au pied de la Cathédrale Saint-Julien. Photo : 08/2001.
Trun. 61
Menhir dans les fondations de l’église. Photo : 17/03/2011.
Saint-Jean-Brévelay. 56
Menhir à l’ombre des deux croix. Photo : 01/11/2015.

Comme autres exemples de mégalithes christianisés, on trouve

  • Saint-Uzec. Pleumeur-Bodou. Côtes d’Armor. Menhir. Il pèse 80 tonnes, mesure 7,40 m de hauteur hors-sol, et 2,6 m de largeur. Ce monument mégalithique est christianisé en 1674 lors d’une Mission de « l’apôtre de la Bretagne », le père jésuite Julien Maunoir. Le décor était polychrome. 1
Les Mégalithes de Monteneuf
Pleumeur-Bodou. 22. Le menhir de Saint-Uzec. Édition 1995, page 10.
Pleumeur-Bodou. 22
Le menhir de Saint-Uzec. Photo : 15/11/2018.
Pleumeur-Bodou. 22
Le menhir de Saint-Uzec. Photo : 15/11/2018.
  • La Chapelle des Sept Saints. Saint-Gilles-Vieux-Marché. Côtes d’Armor. Construite sur un dolmen. 2
  • Men-Marz. Brignogan. Finistère. Menhir 3
Brignogan. 29
Photo : 13/03/2007.
  • Kerangallou. Trégunc. Finistère. Menhir de 7,50 m. 4
Noyal-sous-Bazouges. 35
Menhir christianisé et … électrifié ! Photo : 29/08/2004.

Enfin aujourd’hui

Accentuant les dégradations du temps, les hommes ont largement emprunté aux mégalithes pour empierrer les chemins, construire chaumières, bergeries ou murets.

Plus tard, alors que de grands travaux de remembrement corrigeaient le maillage parcellaire breton, les puissants engins mis en œuvre ne laissaient que peu de chance de survie aux mégalithes placés sur leur passage.

Dans certaines régions on enlève les pierres des champs avec des machines, évidemment les matériaux ou objets archéologiques disparaissent avec.

En 1954-1955, le Cairn de Barnenez, Finistère, a failli être détruit pour empierrer des routes.

Les multiples interventions des « chercheurs de trésors » et parfois celles des « antiquaires » des siècles précédents participèrent à la déstabilisation des constructions du Néolithique.