1332. Bertrand du Guesclin a 12 ans
Jean II le Bon a 13 ans. Bonne de Luxembourg a 17 ans. Naissance de Charles II de Navarre. Édouard Balliol, roi d’Écosse. David II Bruce a 8 ans. Naissance d’Henri de Trastamare.
Le 17 février, le roi Philippe VI de Valois émancipe son fils, Jean
Il est le futur Jean II Le Bon, héritier du trône de France. Son père l’investit des comtés d’Anjou et du Maine et du duché de Normandie.
Jean II, dit le Bon, est né le 26 avril 1319 au château du Gué de Maulny du Mans. 1
Le 19 mai, Robert III d’Artois est condamné au bannissement
Robert III d’Artois revendique l’Artois. Conscient des avantages que lui procure l’accession au trône de son beau-frère Philippe VI de Valois, il le soutient en février 1328 contre les prétentions d’Édouard III d’Angleterre. Philippe lui en est reconnaissant : il le fait Pair de France et lui accorde de nombreuses pensions. Comme le souligne Jean Favier, « au Conseil, Robert d’Artois est écouté ; dans l’entourage royal, il passe pour l’homme qui a l’oreille du roi ; pour l’opinion publique, il est l’ami du roi, son compagnon. »
À la mort de Mahaut d’Artois, en novembre 1329, le roi prend le comté d’Artois sous sa garde et nomme, en attendant de statuer, un gouverneur provisoire de l’Artois en la personne de Ferri de Picquigny. Mais c’est sans compter sur les prétentions du duc de Bourgogne, Eudes IV, adversaire de Robert à la Cour des Pairs.
Les documents produits par Robert d’Artois pour justifier ses prétentions sont examinés par les juristes du Parlement de Paris. Le 14 décembre 1330, ils prouvent que ce sont des faux, réalisés par Jeanne de Divion.
Robert commence son exil en Flandre, puis chez le duc de Brabant, puis à Avignon, enfin en Angleterre qu’il rejoint en 1334. 2
Le 7 juin, le pape Jean XXII fonde l’Université de Cahors
Elle dépasse longtemps celle de Toulouse avant d’être intégrée à celle-ci au 18ème siècle.
26 avril. Jean de Valois est déclaré majeur
L’héritier du trône de France est déclaré majeur et émancipé par son père le 26 avril 1332. Il reçoit en apanage le duché de Normandie, ainsi que les comtés d’Anjou et du Maine.
Les noces sont célébrées le 28 juillet 1332 en l’église Notre-Dame de Melun en présence de six mille invités. Les festivités se prolongent deux mois plus tard par l’adoubement du jeune marié, en la cathédrale Notre-Dame de Paris. Le duc Jean de Normandie est solennellement armé chevalier devant une assistance prestigieuse réunissant les rois de Bohême et de Navarre ainsi que les ducs de Bourgogne, de Lorraine et de Brabant. 3
28 juillet. Des liens étroits entre les Valois et les Luxembourg
Bonne de Luxembourg est née le 20 mai 1315. C’est la fille de Jean Ier de Luxembourg, roi de Bohême et comte de Luxembourg et de sa première épouse, Élisabeth de Bohême. Elle est la sœur aînée de Charles IV, futur empereur romain germanique en 1355. 4
Jean 1er de Luxembourg arrive avec Bonne à Paris le 2 janvier 1332. 5 Le mariage est célébré le 28 juillet 6 à l’église Notre-Dame de Melun, 7 en présence de six mille invités. Les festivités durent deux mois.
De doubles fiançailles sont conclues entre Charles IV de Luxembourg et Blanche de Valois, ainsi qu’entre Bonne de Luxembourg et Jean II de Valois. 8 Bonne a dix-sept ans et son époux treize.
Jean de Valois est adoubé chevalier en la cathédrale Notre-Dame de Paris. Il reçoit sa majorité avec les titres de duc de Normandie, comte d’Anjou et comte du Maine.
De cette union naissent onze enfants :
- Blanche (1336-1336).
- Charles V (1338-1380), futur roi de France de 1364 à 1380.
- Catherine (1338-1338).
- Louis (1339-1384) duc d’Anjou épouse Marie de Blois (1345-1404), fille de Jeanne de Penthièvre-Blois.
- Jean (1340-1416) duc de Berry épouse en 1360 Jeanne d’Armagnac (?-1387).
- Philippe II le Hardi (1342-1404) duc de Bourgogne épouse en 1369 Marguerite III de Flandre (1350-1405).
- Jeanne (1343-1373) épouse en 1352 Charles II le Mauvais, roi de Navarre (1332-1387).
- Marie (1344-1404) épouse Robert Ier, duc de Bar.
- Agnès (1345-1349).
- Marguerite (1347-1352).
- Isabelle (1348-1372) épouse Jean-Galéas Visconti (1351-1402), duc de Milan.
Naissance de Charles de Navarre
Durant le 14ème siècle et la première moitié du 15ème, la maison d’Évreux, branche cadette de la dynastie capétienne, connaît son apogée.
Avec le mariage de Philippe III d’Évreux à Jeanne II de Navarre, fille de Louis X le Hutin, les Évreux règnent sur le Royaume de Navarre. La famille d’Évreux-Navarre possède un manoir à Saint-Germain-lès-Évreux, où naît le 10 octobre 1332 le futur roi Charles II de Navarre, dit Charles le Mauvais.
Capitale du comté d’Évreux, la ville souffre des combats entre troupes françaises et navarraises en 1356-1358, 1364 et 1378. Prise en avril 1378, la ville est définitivement confisquée par Charles VI au roi de Navarre en 1385. 9
Le manoir de Saint-Germain-lès-Évreux se situe dans le quartier aujourd’hui appelé Navarre.
La famille Devereux que l’on trouve en Angleterre, notamment en Essex dont plusieurs comtes étaient des Devereux, et en Irlande tire son nom de la ville d’Evreux.
Charles de Navarre naît le 10 octobre 1332, Jeanne de Navarre ne peut donc pas revendiquer en 1328 la couronne qui est attribuée à Philippe VI de Valois, descendant le plus direct par les mâles, mais qui n’est que cousin de Louis X. La branche masculine des Capétiens est éteinte, Philippe VI, le premier Valois, monte sur le trône à la place de Jeanne II de Navarre. Jeanne ne renoncera jamais formellement à la couronne de France.
Mais les premiers Valois sont confrontés à la crise économique, sociale et politique qui conduit à la guerre de Cent Ans, pendant laquelle la supériorité tactique anglaise est telle que les désastres s’enchaînent pour l’armée du roi de France.
Le discrédit des Valois permet à Charles de Navarre de contester leur légitimité et de réclamer le trône de France. Il n’a de cesse d’essayer de satisfaire son ambition et de profiter de la déstabilisation du royaume pour jouer sa carte.
Pour parvenir à ses fins, Charles de Navarre change plusieurs fois d’alliance, s’accorde avec le dauphin Charles, le futur Charles V, puis avec les Anglais et Étienne Marcel, pour ensuite se retourner contre les Jacques quand la révolte parisienne tourne court.
Charles II de Navarre prétendant au trône de France
Charles de Navarre est le petit-fils de Marguerite de Bourgogne, 1290-1315, fille aînée du duc Robert II. Charles de Navarre est héritier de la couronne de Navarre et des possessions normandes des Évreux, il peut également prétendre à la couronne de France, ainsi qu’au duché de Bourgogne, si le jeune Philippe de Rouvre vient à décéder sans héritier, et à la Champagne et à la Brie, si le comté d’Angoulême ne lui est pas remis. 10
Il est roi de Navarre de 1349 à 1387 et comte d’Évreux de 1343 à 1378. Il meurt à Pampelune 1er janvier 1387. 11
Naissance d’Henri de Trastamare
Henri II, le Vieux, est un roi de Castille, plus souvent nommé Henri ou Enrique de Trastamare (non Transtamare, comme un l’écrit parfois), anc. de Trastamara, Trestamera, Trastamena, né en 1332 ou 1333, mort le 29 mai 1379. Il est un des fils d’Alphonse XI et de sa favorite Leonor de Guzmàn. Encore tout enfant, il est nommé comte de Trastamara, titre alors très rare en Espagne, et accompagne son père au siège de Gibraltar où le roi de Castille meurt de la peste, le 27 mars 1350.
Alphonse XI a pour successeur, son fils, Pedro Ier, surnommé le Cruel ou le Justicier, né de la reine Marie de Portugal. En 1366, Bertrand du Guesclin soutient Henri de Trastamare pour conquérir le trône de Castille. 12
Jean-Marie Moeglin précise : « Trastamara, dont il prit le nom, était un fief de D. Rodrigo II Alvarez de Asturias, seigneur de Norena, qui adopta le prince. Le titre de comte lui avait été concédé à titre exceptionnel par Alphonse. ». 13
Rodrigo Álvarez de las Asturias (ca. 1260-1334), est comte de Noreña et Gijón, précepteur du futur Henri II de Castille et seigneur des villes d’Allande, Siero, Colunga, Llanes et Ribadesella. 14
Début du Registre criminel de la justice de Saint-Martin des Champs
Saint-Martin des Champs est à Paris. Ce registre est tenu de 1332 à 1357.
A partir du 13ème siècle, le prieuré Saint Martin doit tenir compte l’arrivée progressive de la ville. Né et devenu puissant au milieu des champs, il se retrouve à l’intérieur des murs de Paris après la construction de l’enceinte de Charles V dans la deuxième partie du 14ème siècle. 15
Mort de Pierre de Savoie, archevêque de Lyon et primat des Gaules
En décembre 1308, Pierre de Savoie est nommé archevêque de Lyon et primat des Gaules. C’est le neveu d’Amédée V de Savoie. Pierre de Savoie n’accepte pas la mainmise du royaume de France sur Lyon. Il conteste la présence du « gardiateur » imposé par Philippe IV le Bel, ce dernier envoie son fils Louis X, et son frère Charles de Valois, assiéger Lyon en 1310. Un traité est signé le 10 avril 1312. Il consent au rattachement de Lyon au royaume de France. L’archevêque a la seigneurie de Lyon et le roi la souveraineté. En 1316, il voit l’élection et le couronnement du pape Jean XXII dans sa ville. Pierre de Savoie, parfois appelé Pierre III de Savoie, meurt en novembre 1332.
Le 24 septembre, Édouard Balliol est couronné roi d’Écosse à Scone
Robert Bruce meurt en 1329 et laisse à son fils David, âgé de cinq ans la couronne d’Écosse. Profitant de cette minorité, Édouard Balliol, fils et héritier de Jean d’Écosse, prédécesseur de Robert Bruce sur le trône d’Écosse, regroupe les nobles écossais exilés qui veulent récupérer leurs biens confisqués après la Bataille de Bannockburn. La Bataille de Bannockburn, le 24 juin 1314, met fin à la première guerre d’indépendance de l’Écosse. 16
Le 11 août, à la bataille de Dupplin Moor, Édouard Balliol, roi d’Écosse, vainc son compétiteur David II Bruce.
Dès novembre, Édouard Balliol rend hommage au roi Édouard III d’Angleterre. David II et son épouse se réfugient dans le château de Dumbarton, puis en France en 1334. 17
Repoussé par les Écossais pendant l’hiver 1332 – 1333 après le combat d’Annan, Édouard Balliol sollicite l’aide d’Édouard III à la tête de 13 000 hommes. A partir de Carlisle, il défait les Écossais du parti de David II Bruce à la bataille de Halidon Hill en juillet 1333.
A la bataille de Dupplin Moor, Henry de Beaumont utilise la tactique que les Anglais vont rendre célèbre lors de la Guerre de Cent Ans, avec des chevaliers à pied au centre et des archers sur les ailes. 18
En 1332, le domaine de Guérande est tenu par Jean de Montfort
La richesse de Guérande est le sel.
Un acte daté du 26 décembre 1332 indique que les terres "de Guerrande et de Baaz et de Saillé et appartenances d’icelles" appartiennent à "Jehan de Bretaigne, conte de Montfort". 19
Les donations des seigneurs de Léon à l’Abbaye de Saint-Mathieu
La reconnaissance des moines survécut à l’effondrement de la fortune du malheureux Comte.
Dans un chapitre général tenu en 1332, le lundi après la translation des reliques de Saint Benoît, l’abbé Guillaume fit décréter que, pour perpétuer le souvenir des nombreuses donations faites par les seigneurs de Léon à l’Abbaye de Saint-Mathieu et à ses prieurés et pour reconnaître notamment les bons sentiments de Hervé, Sire de Noyon, un de leurs descendants qui, non content de s’être armé à plusieurs reprises pour la défense de l’Abbaye, venait encore de faire restaurer à ses frais l’autel de Saint-Egide et de Saint-Loup au prieuré de Goelo-Forêt, dépendant de l’Abbaye, il serait dit à perpétuité, à ce même autel, par les soins du Prieur, trois messes par semaine le lundi, le mardi ou mercredi et le samedi, la première pour les membres défunts et les deux autres pour les membres encore vivants de cette généreuse famille qui, de plus, participeront à toutes les prières et à toutes les bonnes oeuvres de l’Abbaye et de ses prieurés à perpétuité.
Et, lorsque onze ans plus tard (1343) l’abbé Philippe fit dresser le cartulaire de son abbaye, il ne manqua pas, dans la préface écrite de sa main, de rappeler à la reconnaissance des moines et à l’imitation des fidèles les nombreux actes de libéralité accomplis au profit du couvent par les seigneurs de Léon. 20