1338. Bertrand du Guesclin a 18 ans
Jean II le Bon a 19 ans. Naissance de Charles V. Naissance de Jeanne de Bourbon. Naissance de Jean IV de Bretagne. Jean III est en Flandre. Édouard III débarque à Anvers.
Jacob van Artevelde à la tête des Gantois
En Flandre, le 3 janvier 1338, Jacob van Artevelde se fait confier la direction de Gand. Il est élu capitaine par les échevins de la ville et organise, en avril, une conférence des grandes villes de Flandre au monastère d’Eeckoutte. À partir de ce moment, c’est lui qui assume le gouvernement du comté de Flandre. 1
Naissance de Charles de Valois
Le 21 janvier naît le futur roi de France, Charles V le Sage, fils de Jean II le Bon, à Vincennes. 2
Jean de Bohême gouverneur du Languedoc le 30 novembre
Constatant l’inefficacité de la campagne qu’il a confiée à Raoul d’Eu, Philippe VI se tourne vers Jean de Bohême. En effet, le connétable de France, ayant commis l’erreur de diviser ses troupes pour tenter de prendre les forteresses gasconnes, se retrouve enlisé depuis le printemps 1338, dans des sièges interminables alors que les Anglais ont très peu d’hommes. 3
Jean de Bohême se voit adjoindre, Gaston Phébus qui reçoit en échange quelques seigneuries et deux mercenaires savoyards, Pierre de la Palu et Le Galois de la Baume. Le roi alloue 45 000 livres par mois à cette force qui compte 12 000 hommes. Considérant qu’il va s’agir de prendre les places fortes gasconnes les unes après les autres, on recrute un corps de sapeur-mineurs allemands et on équipe cette armée de quelques bombardes. 4
Le succès est rapide : les forteresses de Penne, Castelgaillard, Puyguilhem, Blaye et Bourg sont prises. 5
L’objectif n’est pas loin d’être atteint : l’armée met le siège devant Bordeaux en juillet 1339. Mais la ville résiste. C’est dans ce contexte que Jean de Bohême-Luxembourg reçoit le titre de Gouverneur du Languedoc du 30 novembre 1338 à novembre 1341. 6
24 mars. Les navires de Nicolas Béhuchet incendient et pillent Portsmouth. 7
Philippe VI de Valois soutient Louis de Nevers
Le 11 avril, l’avant-garde de l’armée du roi de France, Philippe VI de Valois, se présente devant Gand.
Naissance de Jean de Montfort, futur duc de Bretagne
Jean de Montfort naît le 12 avril. Il est aussi connu sous le nom de Jean III de Montfort, et Jean IV de Bretagne après sa victoire à Auray en 1364, Jean le Conquéreur ou encore Jean le Vaillant, en breton Yann IV. Il est le premier enfant de Jean de Montfort et de Jeanne de Flandre. Il porte le même prénom que son père. Il meurt le 1er novembre 1399 à Nantes.
Louis de Nevers fuit la Flandre
Le 23 avril, Jacob van Artevelde est victorieux du comte de Flandre, Louis de Nevers, devant le château de Biervliet. 8
Le 29 avril, une alliance est proclamée entre Bruges, Ypres et Gand. En été, Louis de Nevers doit fuir la Flandre, tombée entre les mains des insurgés. Il est accueilli à la cour du roi de France, Philippe VI de Valois.
Louis IV du Saint-Empire conteste le pouvoir du pape
En 1338, Louis IV du Saint-Empire 9 , voyant les négociations s’éterniser et sentant que la papauté devient impopulaire en Italie, change de ton et lance le 17 mai le manifeste Fidem catholicam .
Il y proclame que l’empereur occupe un rang aussi élevé que le pape, qu’il tient son mandat de ses électeurs et qu’il n’a nul besoin de l’approbation pontificale pour remplir sa mission. Enfin, il soutient qu’un vrai concile représentant l’Église universelle est supérieur aux assemblées que le pape peut faire ou défaire à son gré. Évidemment, les électeurs soutiennent ce texte qui accroît leur pouvoir électif puisqu’il n’est plus soumis à approbation papale.
Le 16 juillet 1338, réunis à Rhense, ils accomplissent un geste d’une portée considérable. Pour la première fois, ils agissent en corps, non pas pour élire ou déposer un souverain, mais pour préserver les intérêts de l’Empire, dont ils se considèrent les représentants.
Ils adoptent le point de vue de Louis IV et déclarent que l’élection suffit pour faire le souverain légitime de celui que leur vote a désigné. Le 4 août 1338, au cours d’une diète tenue à Francfort, la constitution Licet juris affirme la même chose, au nom de l’empereur cette fois.
22 juillet. Édouard III, le roi d’Angleterre à Anvers
Édouard III débarque en Flandre le 22 juillet 1338, à Anvers, à la tête de 1 400 hommes d’armes et 3 000 archers, il compte bien que le Saint-Empire se joigne à la campagne. Mais l’empereur et les princes qui devaient y participer demandent en premier lieu que les promesses financières contre lesquelles ils ont accordé leur soutien à Édouard III soient honorées.
Incertain envers la solvabilité de son allié, Louis de Bavière prend contact avec le roi de France. Édouard rencontre Louis de Bavière le 5 septembre à Coblence, 10au cours d’une autre diète solennelle. Le roi anglais éblouit par sa magnificence et ses largesses l’empereur et ses conseillers qu’il couvre de cadeaux.
Rassuré sur les finances de son allié, Louis fait d’Édouard III son vicaire pour la Basse-Germanie, c’est-à-dire son représentant sur le Rhin et la Meuse, et des troupes germaniques se joignent à Édouard III qui lance une chevauchée dévastatrice dans le Cambrésis en 1339.
Une nouvelle campagne combinée a lieu en 1340. C’est un succès sur mer : Édouard III écrase la flotte franco-génoise à la bataille de l’Écluse. C’est un fiasco sur terre : les Flamands sont écrasés à Saint-Omer et l’armée anglo-germanique est tenue en échec à Tournai.
Mais le fiasco est surtout financier, car Édouard ne peut pas acquitter ses dettes vis-à-vis de ses alliés. En effet, les Bardi et les Peruzzi, qui lui ont avancé l’argent nécessaire, font faillite et l’alliance vole en éclats.
Le jeu des alliances conduit le Saint-Siège à nommer des cardinaux pro-français et c’est naturellement un pape très favorable à la France, Clément VI est l’homme de confiance de Philippe, qui est élu pape en 1342.
Le nouveau pape somme Louis IV d’abdiquer dès 1342 et parvient à faire élire contre lui, en 1346, comme roi de Germanie, Charles de Bohême, 11 de la famille de Luxembourg et fils de Jean l’Aveugle, dont il fut le précepteur à la cour de France.
Cette intrusion dans les affaires allemandes provoque un soulèvement contre ce nouveau monarque. Louis IV s’apprête à en profiter en reprenant les armes lorsqu’il meurt subitement le 11 octobre 1347 dans les environs de Munich lors d’une chasse à l’ours. 12
La France domine la guerre maritime
Le royaume de France, beaucoup plus peuplé et riche que le royaume d’Angleterre, dispose de plus gros contingents de combattants et les revenus de la couronne peuvent financer une grande flotte. La mobilisation française est très rapide : en 1338, Philippe VI dispose d’une armée navale de 200 nefs, dont la majorité vient des côtes normandes.
Ce sont des bâtiments en moyenne de 100 à 150 tonneaux qui comptent de soixante-quinze à une centaine d’hommes. Il s’agit de galères, de linhs, souvent de navires marchands, adaptés pour la circonstance. Le Clos des Galées à Rouen, fournit de nombreux bâtiments, armements complétés par des commandes dans des chantiers privés et l’appel aux alliés génois.
Au total, le roi de France a un léger avantage sur son adversaire, au plan maritime, ce qui lui permet de mettre l’Angleterre sous pression les trois premières années du conflit, d’autant que la révolte des Écossais, qu’il a encouragée, oblige Édouard III à disperser ses forces.
En 1338 et 1339, les ports anglais de la Manche subissent une multitude de raids français. Le premier touche Portsmouth le 24 mars 1338, sous la conduite de Nicolas Béhuchet, amiral de France en second. La ville est pillée et brûlée. Il est suivi de débarquements meurtriers à Sercq, à Aurigny et à Guernesey, dans les îles anglo-normandes.
Le 23 septembre, dans les eaux d’Arnemuiden, une bataille acharnée oppose une cinquantaine de bâtiments franco-génois, dont 48 galères, à cinq gros voiliers anglais chargés d’une riche cargaison de laine pour les Flandres. Malgré l’apparente disproportion des forces, le combat dure une journée entière et se solde par la capture des nefs anglaises et la mort de la quasi-totalité de leurs équipages. Les navires, qui étaient équipés de canons, sont ensuite ramenés triomphalement à Calais et incorporés dans la flotte de Philippe VI. Nicolas Béhuchet est avec Hugues Quieret, à l’issue de la bataille il fait massacrer les prisonniers anglais. 13
En octobre 1338, le génois Antoine Doria et l’amiral Hugues Quiéret dévastent Southampton puis remontent dans l’embouchure de la Tamise. 14
En septembre-octobre, Guernesey est reprise aux Anglais. Robert Bertrand, sire de Bricquebec, 15 reçoit l’île en fief.
Nicolas Béhuchet, malgré sa méconnaissance de la guerre maritime, est placé à la tête d’escadres françaises en tant que « capitaine général de l’armée de mer ».
Il lance des attaques navales contre l’île de Jersey qu’il ne parvient pas à conquérir en raison de la résistance des Jersais commandés par le seigneur Renaud V de Carteret et son aide de camp le gardien des îles anglo-normandes Drouet de Barentin qui est tué au château de Mont-Orgueil et auquel Renaud V succéda comme gardien de l’île de Jersey. Renaud V réussit à sauvegarder l’île de Jersey des forces françaises. Naissance de Renaud VI de Carteret. 16
23 septembre. La bataille navale d’Arnemuiden
Elle oppose, près d’Arnemuiden, port de l’île de Walcheren aux Pays-Bas, une vaste flotte française, commandée par les amiraux Hugues Quiéret et Nicolas Béhuchet à cinq grandes nefs anglaises, transportant un énorme chargement de laine, destinée aux Flamands, alliés d’Édouard III, roi d’Angleterre.
Écrasés sous le nombre et ayant une partie de leurs équipages à terre, les navires anglais se défendent avec une grande vaillance, en particulier le Christofer sous les ordres de John Kingston, chef de la petite escadre. Il ne capitule qu’après une journée de lutte et après avoir épuisé tous ses moyens de défense.
Les Français s’emparent de la riche cargaison et intègrent les cinq nefs à leur flotte mais ils ternissent leur victoire payée au prix fort, par le massacre des prisonniers. 17
Deux ans plus tard, Quiéret et Béhuchet paieront de leur vie cet acte de cruauté. À l’issue de la bataille de l’Écluse le premier sera décapité, le second pendu. Cette bataille est la première de l’histoire européenne lors de laquelle les belligérants utilisèrent de l’artillerie. Le Christofer est équipé de trois canons de fer et d’un canon à main.
Hugues Quieret est capitaine de Tournay 18 en 1339. 19
Le duc Jean III de Bretagne soutient Philippe VI de Valois
En 1340, le duc Jean III de Bretagne envoie sa flotte à l’Écluse en soutien de celle du roi de France, mais celles-ci sont détruites par les Anglais.
Louis 1er de Bourbon soutient Philippe VI de Valois
Louis de Bourbon participe aux côtés de Philippe VI aux campagnes militaires de 1338 à 1340, puis est envoyé comme plénipotentiaire au congrès d’Arras qui conclut une trêve pour deux ans entre les deux royaumes. Il meurt peu après au début de l’année 1341 et est inhumé au couvent des Jacobins de Paris. 20
Naissance de Jeanne de Bourbon
Jeanne de Bourbon, fille de Pierre Ier, duc de Bourbon, et d’Isabelle de Valois, est née le 3 février 1338 à Vincennes. C’est la sœur de Louis II de Bourbon.
Le 8 avril 1350 elle épouse le dauphin Charles, fils de Jean II le Bon, petit-fils du roi de France, Philippe VI de Valois, à Tain-l’Hermitage, Drôme. En 1375, elle est atteinte d’« aliénation mentale », qui dure plusieurs mois :
« Elle perdit son bon sens et son bon mémoire. »
Elle meurt le 6 février 1378 à Paris, peu de temps avant Charles V, mort en 1380. 21
Bonabes III de Rougé meurt en 1338
Il est seigneur de Derval en Bretagne. Il s’est marié en décembre 1329 à Jeanne de Maillé, sans postérité. Bonabes III de Rougé embrasse le parti de Charles de Blois, allié du roi de France. Pour se venger Jean de Montfort confisque le château de Derval. 22
Isabeau, sœur d’Olivier V de Clisson, épouse vers 1338 Jean de Rieux.
Elle meurt en1343.
Etienne de La Baume Grand Maître des Arbalétriers
Etienne de La Baume, dit le Galois de Montrevel, est au service d’Aimé IV, comte de Savoie, puis du roi de France, Philippe de Valois, qui le fait Grand Maître des Arbalétriers de France en 1338. 23
Il devient gouverneur de Cambrai, qu’il défend contre Edouard III, roi d’Angleterre en 1339. Le roi de France le fait Lieutenant Général de ses armées et Aimé V, comte de Savoie, lui donne aussi la même charge en 1350. Il meurt vers 1362. 24
Le maître des arbalétriers
Le titre de maître des arbalétriers était donné, en France, à celui qui était le commandant de tous les piétons à l’ost. C’était une dignité, non un grade, créée par Louis IX. Elle subsista jusque sous le règne de François Ier.
Les arbalétriers étaient des fantassins très prisés lors de la création de cette charge. Le maître des arbalétriers commandait tous les hommes de trait (francs-archers et arbalétriers), les ingénieurs et servants des engins de siège (artilleurs), les sapeurs, les charpentiers et les mineurs. Sous ses ordres se trouvait aussi le maître de l’artillerie, dignité qui sera mise en avant sous Louis XI avec l’usage très courant de l’artillerie à feu.
Grand officier de la couronne, il restait sous les ordres du connétable et du maréchal.
Se sont succédés à ce titre de 1310 à 1382 :
- Pierre de Galart, nommé en 1310, mort en 1338.
- Étienne II de La Baume, dit « le Galois » (La Baume), ancien bailli de Chablais pour le comte de Savoie, nommé en 1338, mort en 1364.
- Matthieu de Roye, dit « le Flamand », nommé de 1346 à 1349, mort en 1380.
- Robert, sire de Houdetot, sénéchal d’Agenais, nommé en 1350, mort en 1358.
- Baudouin de Lens, sire d’Annequin, gouverneur de Lille et de Douai, nommé en 1358, mort en 1364 à la bataille de Cocherel.
- Nicolas de Ligne, nommé en 1364.
- Hugues de Châtillon seigneur de Dampierre et de Roullamcourt, nommé en 1364, destitué en 1379, mort en 1390.
- Marc de Grimaud, seigneur d’Antibes, capitaine général des arbalétriers en 1373. 25
- Guichard I Dauphin d’Auvergne, gouverneur de Charles VI, nommé en 1379, remplacé en 1382 par Hugues de Châtillon. 26
Guillaume de Digulleville publie le Roman de la Fleur de lys 27
Que fait Bertrand du Guesclin en 1338 ?