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1343. Bertrand du Guesclin a 23 ans

Trêve de Malestroit. Décapitation d’Olivier IV de Clisson. Rupture de la trêve. Jean III de Grailly a 13 ans. Gaston III de Foix-Béarn, dit Fébus, a 12 ans. Jeanne de Provence a 17 ans.

Le 20 janvier, mort de Robert le Sage

Robert d’Anjou, né en 1277, mort le 20 janvier 1343 à Naples, roi de Naples et comte de Provence de 1309 à 1343, est le fils de Charles II d’Anjou et de Marie de Hongrie. À la mort de son père, il se fait couronner roi de Naples au détriment de son neveu Charobert, qui devient par la suite roi de Hongrie. Cette usurpation est à l’origine de la brouille entre Jeanne Ière et son mari André de Hongrie. Son long règne est une période de paix et de prospérité pour le royaume de Naples. Robert est réputé pour son amour des lettres : il administre son royaume de manière habile et ferme, et attire à sa cour les poètes, les lettrés et les artistes, dont Pétrarque, Giotto et Simone Martini, qui jouissent de la protection que leur accorde le roi. 1

Robert d’Anjou désigne Jeanne pour lui succéder

Jeanne Ière (1326-1382) hérite du royaume de Naples et du comté de Provence. Fille de Charles, duc de Calabre, et de Marie de Valois, elle devient reine de Naples, comtesse de Provence et princesse d’Achaïe. Marie de Valois est la sœur du roi de France Philippe VI. Par son père, Jeanne est la petite-fille de Robert le Sage, roi de Naples, qui descend du roi de France Louis VIII le Lion. 2

Le sac de Guérande 3 en 1342 ne serait qu’un coup de main aux conséquences limitées, car dès l’année suivante, courant 1343, la place de Guérande est toujours sous l’autorité de Jean de Montfort, administrée pour lui par Guillaume du Verger, avec le titre de lieutenant du comte. Des troupes anglaises et bretonnes y stationnent, et Guillaume du Verger fait réparer les fortifications et les renforce en faisant creuser des fossés. Cependant, durant l’été 1344, les troupes de Charles de Blois sont de nouveau autour de Guérande. Ce siège semble s’être encore conclu par une nouvelle reddition de la cité, Charles de Blois nomme un capitaine, Foulque de Laval, pour l’administrer. Très rapidement la ville revient sous l’autorité de Jean de Montfort. 4

19 janvier. Trêve de Malestroit

Une armée française aux ordres, une nouvelle fois, de Jean, duc de Normandie, est rassemblée fin 1342 pour faire face aux soutiens de Jean de Montfort. Jean de Montfort est prisonnier au Louvre et sa femme Jeanne de Flandre sombre dans la folie.

C’est la seconde trêve dans la guerre de Cent Ans. La « Trêve de Malestroit » entre la France et l’Angleterre est conclue pour une durée de trois ans grâce à l’intervention du pape Clément VI. Elle doit apporter la paix et la libération de Jean de Montfort. Ce dernier n’est cependant pas libéré. 5

La trêve de Malestroit est signée entre Édouard III d’Angleterre et Philippe VI de France, en la chapelle de la Madeleine. Après la signature de cette trêve le souverain anglais et ses troupes quittent la Bretagne pour l’Angleterre. Prévue jusqu’au 29 septembre la trêve est de courte durée. Dès le début du mois de février Édouard III ordonne de préparer l’embarquement d’un corps d’armée à Portsmouth. Les hostilités reprennent toutefois officiellement en 1345 pour se poursuivre jusqu’en 1362. 6

Du Guesclin. Malestroit. 56
La Madeleine. Photo : 16/10/2018.

La trêve de Malestroit conduit au renvoi de nombreux mercenaires qui forment les premières Grandes Compagnies. Ces dernières agissent en Languedoc comme la « Société de la Folie » qui sévit dans les environs de Nîmes ou encore les bandes anglaises ou bretonnes non soldées qui rançonnent les populations et enfoncent du même coup le duché de Bretagne dans l’anarchie. 7

Vannes est remise aux cardinaux légats de Clément VI qui y installent des gouverneurs, conformément aux stipulations de la trêve de Malestroit. Pour Philippe VI, l’arrêt de Conflans de 1342 règle la question de la succession du duc Jean III. La trêve est donc pour la cour de France et celle de Rome favorable à Charles de Blois. Les légats s’engagent donc à remettre ultérieurement la cité au roi de France. Favorables à Jean de Montfort, les Vannetais ainsi que le clergé, se révoltent et chassent les agents pontificaux quelques mois après la signature de la trêve. Les troupes anglaises réoccupent la ville à partir de septembre 1343. Elles y restent pendant 20 ans, jusqu’au traité de Guérande de 1365.

20 mars. La gabelle

Une ordonnance du roi Philippe VI de Valois institue le monopole et un impôt sur le sel, elle est ratifiée par les États généraux. 8

Avril. Conspiration de Godefroi d’Harcourt

Godefroi d’Harcourt, seigneur de Saint-Sauveur, occupe Carentan, renforce ses forteresses, et pactise avec les Anglais. Il a un différend avec Robert Bertrand, seigneur de Bricquebec, proche du roi, et il attaque les terres de l’évêque de Bayeux, qui est le frère de Robert. L’évêque se venge en rasant la château de Saint-Sauveur. Godefroi se réfugie en Brabant. 9

Du Guesclin. Saint-Sauveur-le-Vicomte. 50
Le château. Photo : 06/04/2017.

Godefroi d’Harcourt veut épouser Jeanne Bacon, fille de Roger V Bacon et héritière unique du riche fief de Molay Bacon. Geoffroy d’Harcourt s’oppose à Guillaume Bertrand, descendant des Tancarville qui sont les fidèles soutiens de la couronne de France dans la province et les rivaux héréditaires des Harcourt. Le roi Philippe VI appuie les prétentions du fils du maréchal Robert Bertrand, le vicomte de Saint-Sauveur, Godefroi d’Harcourt s’estime lésé et entreprend vers 1343 une véritable guerre privée contre la famille Tancarville. 10

Jeanne Bacon épouse en premières noces en 1340, Guillaume Bertran(d), Vicomte de Rocheville, second fils de Robert VIII Bertrand de Bricquebec et de Laurence du Merle, sœur du maréchal Foulques du Merle. Son époux meurt au cours de la bataille de Mauron en Bretagne le 14 août 1352. 11

23 avril. Vincennes. Acquisition du Dauphiné par Philippe VI de France. La province passe au royaume de France en 1349.

Du Guesclin. Vincennes. 94
Le château. Photo : 26/10/2016.

7 juin. Le père de Gaston dit Fébus décède

Gaston IX de Béarn, Gaston II de Foix, comte de Foix, vicomte de Béarn, et d’Aliénor de Comminges décède en combattant les Maures en Andalousie, son fils l’accompagne. Gaston IX est mort à Séville, Gaston X a 12 ans. Sa mère Eléonore de Comminges assure la régence. Il succède à son père en 1345 sur des territoires morcelés : à l’ouest, les vicomtés de Béarn (situé de nos jours dans l’est des Pyrénées-Atlantiques), de Marsan et de Gabardan (actuellement dans les Landes et le Gers) ; à l’est, le comté de Foix (actuellement l’Ariège), les Basses-terres albigeoises (une partie du Tarn actuel) et le Lautrec ; au milieu, le Nébouzan, autour de Saint-Gaudens (dans la Haute-Garonne).

On [Qui ?] lui attribue la construction du château de Losenac (il est vicomte de Marsan) en 1344, afin de renforcer les défenses de Mont-de-Marsan. 12

Du Guesclin. Orthez. 64
Le Pont Vieux. Photo : 24/08/2010.

24 juin. Naissance de Jeanne de France, ou de Valois, à Châteauneuf-sur-Loire. 13 Elle est fille du futur roi Jean II le Bon, alors duc de Normandie, et de sa première épouse, Bonne de Luxembourg. Elle devient reine consort de Navarre par son mariage avec le roi Charles II de Navarre, dit le Mauvais. Elle décède le 3 novembre 1373 à Évreux. 14

26 juillet. Gautier VI de Brienne est chassé de Florence par un soulèvement populaire. Il s’empare en 1342 du pouvoir à Florence, mais il y commet toutes sortes d’exactions et s’en fait chasser au bout d’un an. Il se réfugie en France. 15

Gautier VI de Brienne (1302 – 19 septembre 1356), est comte de Brienne, de Lecce et de Conversano, et connétable de France le 9 mai 1356.

2 août. Olivier IV de Clisson exécuté par décapitation

Le roi Philippe de Valois l’ayant soupçonné d’avoir, pendant son séjour en Angleterre, traité secrètement avec les Anglais et d’avoir embrassé le parti du comte de Montfort, le fait arrêter à Paris, en 1343, dans un tournoi, et, sans forme de procès, lui fait trancher la tête. Dix 16 seigneurs bretons subissent le même sort quelque temps après.

On voit dans les chroniques de Flandre, que le comte de Salisbury, outré de la violence que le roi Édouard avait faite à la comtesse pendant son absence, livre pour se venger au roi de France les engagements pris avec le roi d’Angleterre par plusieurs chevaliers, parmi lesquels se trouve celui d’Olivier de Clisson.

En réalité Edouard III est l’amant de la comtesse de Salisbury et les « engagements » d’Olivier de Clisson sont faux. Edouard III a proposé à Olivier de Clisson d’en faire son vice-roi en Bretagne.

Mais Froissart, qui vivait au milieu des seigneurs de France et d’Angleterre, recueillant leurs récits, étant à même de savoir ce qu’ils pensaient, a de grands doutes au sujet de cette trahison :

« Je ne sais, dit-il, s’il était coupable ou non : mais je croirai moult envis que un si noble et si gentilhomme, comme il estait, et si riche homme, dut penser ni pourchasser fausseté ni trahison, etc. ».

Le supplice de Clisson fut la raison qui rendit pendant longtemps son fils, qui devint connétable, ennemi des Français. 17

Pour le professeur Jean-Marie Moeglin, le viol de la comtesse de Salisbury par Édouard III n’est pas avéré, de même que la dénonciation d’Olivier de Clisson et d’autres seigneurs par le comte auprès de Philippe de Valois. 18

Olivier de Clisson se rend à Paris pour participer à des tournois, mais il y est arrêté pour son soutien à Jean de Montfort contre Charles de Blois, neveu du roi de France, Philippe VI, et prétendant au trône ducal Il est condamné en août 1343 à la décapitation pour félonie par Philippe VI. En décembre 1343, Jeanne est condamnée au bannissement du royaume et à la confiscation de ses biens.

En janvier 1343, la trêve de Malestroit met fin temporairement aux hostilités entre Blois et Montfort, Clisson est échangé contre le comte de Stanford. Cependant

« on prétend que, pendant que les armées françaises et anglaises étaient en présence près de Vannes, Clisson suivit l’exemple de plusieurs autres seigneurs et traita avec l’Angleterre »,

avoue Armand Désiré de La Fontenelle de Vaudoré, historien et conseiller à la cour royale de Poitiers, qui, lui aussi, publie une histoire du fils d’Olivier de Clisson en 1825. 19

Olivier IV de Clisson est gouverneur militaire de Vannes pour Charles de Blois et le roi de France lorsque les Anglais prennent la ville après le quatrième siège de Vannes en 1342. Prisonnier, Olivier IV est conduit en Angleterre et libéré contre une somme relativement peu élevée. Du fait du montant selon eux anormalement faible de cette rançon, le roi de France Philippe VI et ses conseillers soupçonnent Olivier de Clisson d’avoir intrigué avec le roi Édouard III d’Angleterre.

Attiré par traîtrise à Paris, Olivier IV est exécuté par décapitation sur ordre du souverain français le 2 août 1343. Cette exécution expéditive choque la noblesse, la culpabilité de trahison n’étant à l’époque pas publiquement démontrée, puisque la décision a été le fait du roi, sans procès. De plus la notion de trahison ne s’entend pas à l’époque de la même manière pour les nobles : ils revendiquent le droit de choisir à qui rendre hommage, sans pour autant être indigne. Or l’exécution d’Olivier de Clisson s’accompagne d’une humiliation posthume : son corps est pendu par les aisselles à des fourches patibulaires au gibet de Montfaucon à Paris, puis sa tête exposée à la porte Sauvetout à Nantes, tandis que le reste de son cadavre est exposé aux portes de Paris, outrages réservés aux dépouilles des grands criminels. 20

Exécution d’Olivier IV de Clisson
Exécution d’Olivier IV de Clisson par Loyset Liédet.

Le sire de Clisson, ayant été soupçonné, ainsi que plusieurs autres chevaliers bretons, d’avoir traité secrètement avec le roi d’Angleterre, fut arrêté avec eux à Paris, en 1344, 21 au milieu d’un tournoi, par ordre de Philippe de Valois. De là on les conduisit aussitôt aux Halles de Paris, où ils eurent la tête tranchée. Cette exécution barbare, et qu’on ne saurait trop flétrir, fut cause que le jeune Olivier embrassa le parti du comte de Montfort, soutenu par les Anglais. 22

Du Guesclin. Clisson. 44
Le château. Photo : 19/02/2017.

La veuve d’Olivier IV, Jeanne de Belleville, fait jurer ses fils Olivier et Guillaume de venger leur père. Un grand nombre de seigneurs de Bretagne épousent sa cause, et, avec eux, elle livre une guerre sans merci au roi et à Charles de Blois. Elle consacre sa fortune à lever une armée pour assaillir les troupes favorables à la France stationnées en Bretagne. Menacée sur terre, elle fait armer deux navires et accompagnée de ses deux fils, mène une guerre de piraterie contre les bateaux français. Cette épopée s’achève lorsque des vaisseaux du roi de France s’emparent des navires de Jeanne de Belleville qui peut s’échapper avec ses deux fils à bord d’une barque. Les cinq jours de dérive suivants sont fatals à Guillaume, qui meurt de soif, de froid et d’épuisement. Olivier et sa mère sont recueillis à Morlaix par des partisans des Montfort, ennemis du roi de France. 23

Isabeau de Clisson meurt. Elle est l’épouse de Jean Ier de Rieux, et fille d’Olivier IV de Clisson et de Jeanne de Belleville. 24

Olivier IV de Clisson est très vite libéré (échange avec le baron de Strafford). Il aurait traité secrètement avec le roi d’Angleterre afin de terminer la guerre au plus tôt (Morice p 267). Ayant appris par une trahison le rôle d’Olivier de Clisson auprès du roi d’Angleterre, Philippe VI décide du sort réservé à son capitaine. Sous le prétexte d’un tournoi, Olivier est convoqué à Paris par le roi qui le fait décapiter aux Halles le 2 août 1343. Ses biens sont confisqués. L’épouse d’Olivier, Jeanne-Louise de Belleville, ayant essayé de faire libérer son mari, est condamnée au bannissement. Amaury de Clisson, frère d’Olivier, se rallie rapidement aux Blois-Penthièvre. Il reçoit, dès le 31 décembre 1344, des lettres de rémission de Charles de Blois qui lui permettent d’obtenir sa grâce. Olivier IV s’unit à Blanche de Bouville par un contrat ratifié en mai 1320 par le roi Philippe le long (Lachaud p 757). Puis, en 1328, Olivier épouse Jeanne-Louise de Belleville (fille de Maurice de Montaigu et de Létice de Parthenay), veuve de Geoffroy VIII de Châteaubriant. 25

Jeanne de Belleville, la tigresse bretonne

Née vers 1300 dans le Poitou, elle décède en 1359, probablement en Angleterre. Dite « la Tigresse bretonne », malgré ses origines poitevines, elle devient corsaire par vengeance. Elle est la fille de Maurice IV de Montaigu, seigneur de Belleville et Palluau (1263-1304) et de Létice de Parthenay (1276 - ?). A quatorze ans, elle est d’abord l’épouse de Geoffroy (1293-1326), seigneur de Châteaubriant, puis celle d’Olivier IV de Clisson. Ce dernier se rend à Paris pour participer à des tournois, mais il y est arrêté pour son soutien à Jean de Montfort contre Charles de Blois, neveu du roi de France, Philippe VI, et prétendant au trône ducal. Il est condamné en août 1343 à la décapitation pour félonie par Philippe VI. En décembre 1343, Jeanne est condamnée au bannissement du royaume et à la confiscation de ses biens. 26

Elle a été mariée quatre fois :

  • 1ère union : Aux environs de 1312, à 13 ans, elle est mariée à Geoffroy VIII de Châteaubriant veuve d’une première union avec Alix de Thouars. Ils auront deux enfants :
     Geoffroy IX né en 1314 et décédé le 20 juin 1347 au cours de la bataille de la Roche-Derrien, mari d’Ysabeau d’Avaugour, fille d’Henry IV d’Avaugour et de Jeanne d’Harcourt.
     Louise née vers 1316 et décédée en 1383 sans descendance de son époux Guy XII de Laval.
  • 2 ème union : On la marie vers 1328 à Guy de Penthièvre devenu veuf de Jeanne d’Avaugour. L’union sera de courte durée car après une enquête, le mariage est annulé par le pape Jean XXII en 1330.
  • 3ème union : Elle épouse en 1330 Olivier IV de Clisson. Il apparait qu’ils ont eu cinq enfants dont une fille aînée née hors mariage :
     Ysabeau née hors mariage vers 1325 et décédée le 5 avril 1343 épouse de Jean 1er de Rieux et mère de Jean II de Rieux,
     Maurice seigneur de Blain né vers 1333 et décédé en 1334,
     Olivier V surnommé le Boucher, L’Éborgné D’Auray, né le 24 avril 1336 et décédé le 23 avril 1407, mari de Marguerite de Rohan fille d’Alain VII de Rohan et de Jeanne de Rostrenen,
     Guillaume seigneur de la Trouvière, né vers 1338 et mort dans les bras de sa mère vers 1345, six jours après le naufrage de "Ma Vengeance" le vaisseau amiral de sa mère,
     Jeanne née vers 1340 Dame de Belleville épouse de Jean Harpedenne, Sénéchal de Saintonge, seigneur de Raine dans le Devonshire, de Montendre, de Fontenay-le-Comte (1361), et Vicomte d’Aunay. Originaire du Devonshire en Angleterre, il fut un lieutenant de Jean Chandos.
  • 4ème union : veuve en 1343, elle épouse vers 1349 Walter (Gauthier) de Bentley, Lieutenant du roi d’Angleterre en Bretagne.

Durant le temps de la « course », on lui prête aussi une liaison avec son fidèle lieutenant Raoul de la Guérinière. Ce dernier meurt en mer au cours d’un abordage avant la mise à sac du bourg de l’Epieu27

Jeanne de Belleville se marie en 1328 avec Guy de Penthièvre dont la 1ère épouse Jeanne d’Avaugour vient de mourir. Guy de Penthièvre et Jeanne d’Avaugour ont une fille Jeanne de Penthièvre. Elle a 9 ans. On comprend pourquoi Jeanne de Belleville soutient le parti de Jeanne de Penthièvre-Blois avant la décapitation de son époux, Olivier IV.

29 novembre. Quatorze seigneurs bretons exécutés

Ils accompagnent Olivier IV de Clisson et sont aussi exécutés : les sires d’Avaugour et de Laval, Geoffroy et Jean de Malestroit père et fils, Jean de Montauban, Alain de Quédillac, Guillaume, Jean et Olivier de Brieux, Denis du Plessis, Jean Malart, Jean de Senadavy, Thibaut de Morillon, Denis de Callac. 28

  • Le sire d’Avaugour

Qui est ce sire d’Avaugour ? Est-ce Jean Tesson ? Marie d’Avaugour (+ avant 1340) épouse en 1313 Jean Tesson seigneur de La Roche-Tesson en Cinglais, décapité aux Halles de Paris le 3 avril 1344. 29

Du Guesclin. Avaugour. 22
Chapelle. Photo : 12/11/2005.
  • Le sire de Laval

Qui est ce sire de Laval ? Les Laval soutiennent Charles de Blois. Guy X de Laval, né vers 1300 est mort le 18 juin 1347 à la bataille de La Roche-Derrien. 30

  • Geoffroy et Jean de Malestroit

Il défend Auray pour Charles de Blois en 1341, puis se rallie à Jean de Montfort. Jean de Malestroit, fils aîné de Geoffroi, contribue à la défense de Rennes contre les Anglais en 1342 et périt avec son père, décapités à Paris. 31

  • Jean de Montauban

La maison de Montauban est une famille féodale bretonne qui contrôlait la seigneurie de Montauban-de-Bretagne, s’étendant sur huit paroisses, de la fin du XIIe siècle au XVe siècle. 32

  • Alain de Quédillac

Alain, chevalier, fut un des seigneurs bretons que Philippe de Valois fit arrêter à Paris dans un tournoi, en 1343, et exécuter sans jugement. On trouve plusieurs gentilshommes de ce nom dans les montres d’hommes d’armes. 33

Du Guesclin. Quédillac. 35
Photo : 24/05/2020.
Du Guesclin. Quédillac. 35
Église. Amice de Quédillac, morte en 1274. Photo : 24/05/2020.
  • Thibaud de Morillon,

Il a la tête tranchée, probablement sur ordre du roi Philippe VI. Il avait eu le malheur d’assister à un tournoi organisé par le duc de Normandie, fils aîné du roi de France. Au cours de ce tournoi lui et d’autres chevaliers bretons furent arrêtés puis décapités. Leur unique tort était d’avoir pris parti pour Jean de Montfort, dans le conflit qui l’opposait à Charles de Blois pour la possession du duché de Bretagne. 34

  • Guillaume des Brieux

La seigneurie des Brieux, châtellenie d’ancienneté, se trouvait dans la paroisse de Plélan. Ce fut le berceau d’une race, distinguée de chevaliers, portant pour armoiries : d’argent à trois tourteaux de sable, écusson qu’on voyait encore en 1623 dans le vitrail de la chapelle Notre-Dame de Bovel en Maure. 35

Guillaume des Brieux, témoin dans une vente du vicomte de Léon au duc Jean le Roux, en 1275, fut père d’autre Guillaume des Brieux arrêté à Paris en 1343, au milieu d’un tournoi, avec quelques autres seigneurs bretons, par ordre du roi Philippe de Valois ; ce prince, au mépris du droit des gens, les fit conduire aux halles et exécuter immédiatement. Cette noble victime laissait un fils, nommé également Guillaume des Brieux, qui figure en 1371 parmi les chevaliers de la compagnie du connétable du Guesclin. 36

Du Guesclin. Plélan. 35
Photo : 24/05/2020.
  • Denis du Plessis

Jehan I, sire du Plessis, épouse en 1335 Raoullette de Montfort fille de Raoul, sire de Montfort et de Gaël, et d’Aliénor d’Ancenis. Capitaine du château de Mauron, il est tué dans un combat devant son château le 4 août 1352. Son frère Geoffroy fut abbé de Paimpont.

Denys du Plessis, son second frère, fut l’un des quatorze seigneurs bretons que le roi de France fit arrêter en 1343, et auxquels il fit subir, à Paris, un supplice ignominieux et cruel parce qu’ils s’étaient attachés au comte de Montfort. 37

  • Jean Malart, Jean de Senadavy Qui sont-ils ?
  • Denis de Callac

Cette terre de Callac est située dans la paroisse de Guéméné-Penfao ; mais il en existe une autre du même nom, dans celle de Plumelec, qui a donné son nom à une autre maison de Callac, à laquelle appartenait Denis de Callac, décapité à Paris en 1343 avec quelques autres seigneurs bretons, par ordre de Philippe de Valois, qui, les soupçonnant d’avoir traité avec les Anglais, alliés du comte de Montfort, les fit arrêter traîtreusement à Paris, dans un tournoi, et, exécuter sans jugement. 38

Du Guesclin. Plumelec. 56
Château de Callac. Photo : 18/04/2005.

Ces jugements sans procès et sur simple décision du roi engendrent du ressentiment chez les Bretons. Plusieurs seigneurs quittent le camp de Charles de Blois pour celui de Jean de Montfort. Charles de Blois n’a pas fait un geste pour éviter ces « assassinats ». Les Bretons sont partagés entre la haine du « Roi Trouvé » et les Anglais.

Girard de Rochefort capitaine de Jugon

Il fut, en 1343, capitaine du château de Jugon pour le comte de Montfort ; mais, assiégé par Charles de Blois, il capitula et remit le château à ce prince, qui lui en laissa la garde, après avoir reçu son serment de fidélité, et changé la garnison. 39

2 août. Philippe VI rompt la Trêve de Malestroit

C’est le roi de France, Philippe VI, qui met fin à la trêve en faisant exécuter, sans jugement et au mépris des termes de l’accord à Paris, le 2 août Olivier IV de Clisson puis le 29 novembre quatorze seigneurs bretons. 40

1er septembre. Libération de Jean de Montfort par le roi de France. 41 Il y a d’autres sources différentes qui disent qu’il s’échappe du Louvre. A creuser.

16 septembre. Décès de Philippe III le Bon

Il a 37 ans, aussi appelé Philippe d’Évreux, comte d’Évreux de 1319 à 1343 et roi de Navarre de 1328 à 1343, fils de Louis de France et de Marguerite d’Artois, neveu du roi de France Philippe IV le Bel. C’est le père de Charles II, dit le Mauvais.

En 1316, Mantes est donnée par le roi Philippe V à son oncle Louis de France, comte d’Evreux, dernier fils de Philippe III le Hardi, avec Montchauvet, Bréval et d’autres lieux. À sa mort, la ville passe à son fils Philippe III, roi de Navarre et comte d’Evreux puis en 1343, à la mort de ce dernier, à son fils Charles II de Navarre dit Le Mauvais. 42

Philippe de Valois offre a son fils Jean, duc de Normandie la châtellenie de Torcy. 43 Étant devenu roi sous le nom de Jean II de France, il offre cette terre a son chambellan Robert de Lorris en 1350. En 1352, Jean II de France consacre douze arpents et demi d’herbages situés près de Torcy pour la nourriture des animaux que le roi a fait amener au bois de Vincennes. 44

Hervé VII de Léon meurt en 1343

Henri III d’Avaugour est le fils d’Henri II d’Avaugour et de Marie de Brienne. Il est seigneur d’Avaugour en Goëllo. L’union de sa fille aînée Jeanne avec Guy, le frère du duc de Jean III de Bretagne permet la reconstitution de l’apanage de Penthièvre. Henri IV d’Avaugour épouse en 1305 Jeanne d’Harcourt (morte en 1346). Ils ont des enfants :

  • Jeanne d’Avaugour épouse en 1318 Guy de Penthièvre et meurt le 28 juillet 1327,
  • Marguerite épouse d’Hervé VII de Léon, mort en 1343, puis de Geoffroi des Vaux,
  • Isabeau épouse de Geoffroi VIII de Châteaubriant mort en 1347 puis du vicomte de Thouars,
  • Louis Ier mort en 1370. 45

Échangé en 1340 contre le comte de Salisbury, Hervé VII de Léon participe ensuite au siège de Vannes en 1342. Fait de nouveau prisonnier, reconduit en Angleterre, il n’obtient sa délivrance qu’au prix d’une rançon de 100 000 écus. Il décède « en allant en son pays en la cité d’Angiers », probablement à la fin de l’année 1344. 46

Hervé VII de Léon possède une maison à Paris, la « Maison d’Ardoise », située rue Saint-Denis, provenant des biens de son épouse Marguerite d’Avaugour, qui la vend en 1343 ou 1344 à la confrérie Saint-Jacques aux pèlerins pour la modique somme de 620 livres

« pour la delivrance de la personne du dit mons. Hervieu de Léon qui, si comme ils disoient, estoit prisonnier du roy d’Angleterre en la ville de Londres ».

Naissance de Marie de Blois

Marie de Blois naît autour de 1340, sans doute en 1343 ? C’est la fille de Charles de Blois et de Jeanne de Penthièvre. 47

Henry de Grosmond est nommé ambassadeur de l’Angleterre auprès du pape Clément VI, puis des rois d’Espagne, il se distingue au siège d’Algésiras (1343).

Mort de Bernard de Sistre (129.-1343).

Nommé en 1335 par le pape avignonnais Benoît XII collecteur d’impôt dans les iles britanniques, il est archidiacre de Canterbury en 1338.

Henri V de Joinville, sire de Joinville de 1343 à 1365 et comte de Vaudémont de 1348 à 1365. Il est né en 1327, et mort en 1365. Il est fils d’Anseau de Joinville, sire de Joinville et de Marguerite de Vaudémont. Il hérite de la terre de Joinville à la mort de son père en 1343 et du comté de Vaudémont à la mort de son grand-père maternel, en 1348 il est aussi l’héritier de la charge de sénéchal de Champagne de 1342 à 1365. 48

Mort de Jean II de Grailly, Johan II de Grailly

Fils d’Assalhide et de Pierre II, il est Captal de Buch de 1328 à 1343, il a pour épouse Blanche de Foix. Leur fils Jean III de Grailly a 13 ans. C’est un fidèle vassal du roi d’Angleterre, duc d’Aquitaine. En 1356, il est à Poitiers. En 1364, il est à Cocherel face à Bertrand du Guesclin. 49

Renaud V de Pons, vicomte de Carlat

Le château de Conros est un château médiéval située à Arpajon-sur-Cère dans le Cantal. De fait, Conros, ou plutôt l’ancien château de Montal, était le siège d’une viguerie de l’abbaye dont les Astorg étaient titulaires, et c’est sans doute à ce titre, et non pour leurs fiefs, qu’ils devaient hommage à l’abbé pour le territoire de la viguerie d’Arpajon correspondant à la vallée de la Cère depuis Aurillac jusqu’à Laroquebrou. Conros était aussi une place permettant de surveiller le pont de Cabrières sur lequel ils percevaient un péage.

En effet, on constate que par la suite, ils rendent toujours hommage à Carlat, et donc que cette partie de la vallée de la Cère appartenait au Carladez :

  • En 1343, Renaud V de Pons, vicomte de Carlat, cède à Astorg d’Aurillac, seignaur de Conros, tous les péages de la rivière de Cère, depuis l’Oradoux-de-Vezac jusqu’à Laroquebrou, sous la réserve de la justice. Le prix de cette vente devait être employé au rachat du château de Blaye (à Blaye, Gironde).
  • Le 1er mars 1343, Astorg d’Aurillac rend hommage à Renaud V de Pons, à cause des châteaux de Conros, Labastide, Viescamp et dépendances.

Cet acte fut passé à Aurillac, en présence de Guy de Ganhac, bourgeois de ladite ville ; de Guillaume Rolland, sénéchal du Rouergue ; d’Arnaud Vigier, Amblard de Dienne, Vézian de Montal, Henri de Vixouze, Pierre de Ferrières, chevaliers ; Eustache Fabry, seigneur de Broussette, Amblard de Montamat, Raymond de Folholes, Geraud de Carlat, Rigald de Tourtoulou, Adhémard de Montjoui, damoiseaux ; Rigald Lavergne, discrets hommes maîtres ; Jean de Ceriers, Jean du Crozet (de Bellestat), Durand Dumoulin et Hugues Lageneste, jurisconsultes, témoins spécialement appelés.

  • En 1357, Astorg IX d’Aurillac vend le domaine de la Condamine à Guillaume Rolland, seigneur de Vieillevie. 50
Du Guesclin. Laroquebrou. 15
Les châteaux. Photo : 15/10/2007.

Olivier 1er de Tinténiac épouse Amice de Léon 51

Guillaume-Sanche de Pommiers en Castille

Au XIVe siècle, le sire de Pommiers, Guillaume-Sanche de Pommiers (1315-1367) devient vicomte de Fronsac en épousant Jeanne de Fronsac (1324-1353), héritière de la vicomté de Fronsac, fille de Raymond V (1303-1363), vicomte de Fronsac et d’Assalide d’Albret.

En 1343, Guillaume-Sanche de Pommiers effectue pour le compte du roi d’Angleterre, des missions diplomatiques en Castille avec Jean de Brocas, responsable des écuries royales du roi d’Angleterre. Ils ramenèrent en Angleterre des Genêts.

Guillaume-Sanche de Pommiers vicomte de Fronsac, maria une de ses filles, Livie de Pommiers (dite de Fronsac) à Louis Achard qui reçut alors en dot la sirerie de Pommiers. Ce dernier accompagna Guillaume-Sanche de Pommiers, vicomte de Fronsac en Espagne avec l’armée du Prince Noir qui séjourna à Pommiers. Cette armée comptait de nombreux chevaliers gascons familiers du Prince Noir, comme Bernard de Brocas, chevalier et connétable d’Aquitaine.

Charles Achard, fils de Louis Achard, rendit un hommage féodal au duc de Guyenne en 1373 pour la seigneurie de Pommiers. La famille Achard, à travers plusieurs branches familiales en Saintonge, Angoumois, Périgord et Bordelais (pays), conserva les seigneuries de Pommiers, de Vérac et les maisons nobles de Literie (Leyterie) à Vérac durant plusieurs siècles.

Ce château, qui existait déjà au XIIIe siècle, agrandi au XIVe siècle, était entouré de larges fossés creusés dans le roc. Son enceinte était d’une grande étendue. Au milieu du XIVe siècle, la branche de la famille de Pommiers, vicomte de Fronsac et sire de Pommiers, faisait partie des plus puissantes familles d’Aquitaine. 52

Bertrand du Guesclin. Vérac. 33
Chapelle du château de Pommiers. Photo : 18/11/2023.

Jean de Brocas accompagne Guillaume-Sanche de Pommiers en Castille

Sir Jean de Brocas (c.a. 1298-1365), chevalier, sera Maître de la Cavalerie du roi (Master of the Horse). Sir Jean de Brocas-Clewer sera adoubé Chevalier par le roi d’Angleterre pour actes chevaleresques, lors de la Bataille de L’Écluse (1340). Il était possessionné dans le Berkshire, Hampshire, Surrey, Kent et Sussex. Il sera également connétable de la prison de Nottingham entre 1336 et 1344, charge qu’il ne gardera pas. 53

Elie Durel, dans son roman agréable à lire, décrit bien le contexte historique, la guerre de Succession de Bretagne, l’arrivée de Philippe VI de Valois sur le trône de France et les prétentions d’Édouard III à devenir le suzerain du duc de bretagne et le roi de France.

L’histoire commence vers 1340, puis 1342 avec Olivier IV à Vannes fait prisonnier des Anglais, puis 1343 sa libération en février, et enfin son arrestation et décapitation à Paris en été 1343.

Elle se poursuit avec les réactions de Jeanne de Belleville qui choisit le camp de Montfort, l’achat de trois bateaux, la guerre aux navires marchands pro-français, les pillages sur terre, ses relations avec Édouard III, et finalement ses bateaux détruits par la flotte française. Jeanne de Belleville et Jeanne de Montfort échafaudent un plan pour permettre l’évasion de Jean de Montfort prisonnier de Philippe VI.

Son fils Olivier V de Clisson passe son adolescence en Angleterre avec Jean de Montfort. Olivier V de Clisson revient en Poitou reconquérir ses biens en 1359. Il apprend que c’est Édouard III et le comte de Salisbury qui ont favorisé l’arrestation de son père, il perd confiance en Edouard III. En 1364, il se bat à Auray. Ses relations avec Jean de Montfort se dégradent. Le 23 octobre 1370, Olivier V de Clisson signe le serment de Pontorson avec Bertrand du Guesclin. 54

Jeanne de Belleville
Elie Durel. Jeanne de Belleville. Gestes Editions. 280 pages. 2010.
Jeanne de Belleville
Elie Durel. Jeanne de Belleville. Gestes Editions. 280 pages. 2010.