1345. Bertrand du Guesclin a 25 ans
Le comte de Northampton pille la Roche-Derrien. Fuite de Jean de Montfort en Angleterre. Mort de Jean de Montfort, il a 51 ans. Bataille de Cadoret. Jean le Bon est défait à Auberoche.
Crise économique en Europe
Elle est provoquée par la faillite des banques de Florence (1345-1347).
Janvier. 10. Un arrêt rejette les prétentions émises par Jean de Montfort
Le mariage d’Arthur, petit-fils de Jean Ier, duc de Bretagne, avec Marie, unique héritière de Gui VI et Marguerite de Bourgogne, vicomte et vicomtesse de Limoges, le 22 juillet 1275, fit entrer la vicomté dans le domaine des ducs de Bretagne. ...et la mention du trésor, comprenant une somme assez importante d’argent frappé à Limoges (1 980 livres monnaie de Limoges sur un total de 6 045 livres 15 sous), trouvé par les exécuteurs du testament du duc Jean III dans la sacristie de la cathédrale Saint-Pierre de Nantes en juin 1341, mention qui est peut-être à l’origine du récit de Froissart de la saisie prétendue par Jean de Montfort du trésor du feu duc Jean III à Limoges. La mort [1344] de Jeanne de Savoie fit que Charles de Blois ainsi que Jean de Montfort firent valoir leurs droits sur la vicomté devant le parlement de Paris qui, par un arrêt du 10 janvier 1345, rejeta « les prétensions émises par Jean de Montfort » et autorisa Charles de Blois « à prêter hommage au roi de France pour la dite vicomté » comme il l’avait déjà fait pour la Bretagne... Aymeri de Bonneval, receveur ou prévôt de la châtellenie de Ségur[-le-Château] pour les années 1345-1346. 1
Janvier, Philippe épouse Blanche de France
Philippe de France, premier duc d’Orléans, comte de Valois et de Beaumont-le-Roger puis de Beaumont-sur-Oise, seigneur de Conches, Breteuil et Orbec, est plus connu sous le nom de Philippe d’Orléans. C’est un fils puîné de Philippe VI de Valois, roi de France, et de sa première épouse Jeanne de Bourgogne.
Le 8 janvier 1345, Philippe épouse la princesse Blanche de France, fille posthume du roi Charles IV le Bel et de Jeanne d’Évreux, avec qui il n’a pas d’enfants.
Le mariage laisse un goût amer aux invités puisque c’est pendant les joutes qui suivent les festivités que le connétable Raoul Ier de Brienne, comte d’Eu, meurt transpercé accidentellement par une lance.
C’est surtout sous le règne de son frère Jean II le Bon, que Philippe participe activement dans la guerre contre les Anglais. Lors de la bataille de Poitiers en 1356, il est aux côtés du roi Jean II. Il est l’un des otages du roi d’Angleterre au traité de Brétigny (1360) et est envoyé à ce titre en Angleterre. Il est libéré en 1365 par Édouard III. 2
Février. Naissance de Jean Ier de Châtillon
Il est né le 5 février 1345 à Jugon et mort le 16 janvier 1404 à Lamballe. Il est comte de Penthièvre et vicomte de Limoges. 3
Sa mère est Jeanne de Penthièvre, épouse de Charles de Châtillon-Blois, sire de Guise.
Ils auront d’autres enfants :
- Gui, envoyé en otage en Angleterre, où il meurt,
- Henri, décédé en 1400,
- Marie (1345 † 1404), comtesse de Guise, mariée en 1360 avec Louis duc d’Anjou (1339 † 1384), comte du Maine, comte de Provence et de Forcalquier,
- Marguerite, mariée en 1351 avec Charles de La Cerda († 1354), comte d’Angoulême et connétable de France. 4
Mars. Henry de Lancastre meurt
Henry de Lancastre (1281, château de Grosmont, Pays de Galles – 25 mars 1345) est un noble anglais, l’un des principaux responsables de la déposition d’Édouard II d’Angleterre. Il est le 3ème comte de Leicester et de Lancastre. Son fils, Henry également, lui succède. 5
27 mars. Jean de Montfort se retire en Angleterre
Il part de Brest accompagné de son épouse, Jeanne de Flandre. Son retour dans la lutte, avec des renforts fournis par le roi Édouard III d’Angleterre, met fin à la trêve.
En janvier 1343, par l’entremise du pape Clément VI, la trêve de Malestroit doit apporter la paix et la libération de Jean de Montfort. Ce dernier n’est cependant pas libéré mais parvient à s’échapper le 27 mars 1345. 6
Pour certains Jean de Montfort s’est évadé.
Pour Élie Durel, c’est Jeanne de Belleville et Jeanne de Flandre qui organisent l’évasion. Jean de Montfort, le père, est prisonnier depuis décembre 1341, plus de trois ans. Il est enfermé dans une tour du palais, et non au Châtelet, et peut sortir dans la cour. C’est déguisé en marchand de vin qu’il s’échappe. Il rejoint Le Crotoy où sont Jeanne de Belleville et Olivier, Jeanne de Flandre et Jean, le fils.
Mi-avril, ils sont en Angleterre. Le 20 mai Jean de Montfort reconnaît Édouard III comme suzerain. 7
28 mars. Pierre Flote, dit Floton de Revel, succède à Charles d’Espagne comme amiral. Il perd son office le 19 octobre 1347. 8
Printemps. Édouard III d’Angleterre est déterminé à attaquer la France sur trois fronts. Le comte de Northampton doit débarquer en Bretagne, le comte de Derby doit s’avancer en Gascogne et enfin Édouard III débarquera lui-même en Flandre.
20 mai. L’alliance Jean de Montfort - Édouard III
Elle est réaffirmée le 20 mai 1345 par la reconnaissance d’Édouard III comme suzerain, avec cette fois un hommage lige. En récompense, elle est assortie du comté de Richemont, fief anglais entrant alors dans le patrimoine des ducs de Bretagne. 9
Juin. Geoffroy d’Harcourt passe en Angleterre
Geoffroy d’Harcourt, vicomte de Saint-Sauveur, passe en Angleterre, il se met au service du roi Édouard III auquel il rend hommage comme roi de France. Par lettres patentes données à Westminster le 13 juin 1345, Édouard III promet de lui procurer en Angleterre des terres, en dédommagement de celles qu’il a quittées en Brabant, et de le remettre en possession de ses fiefs normands.
17 juin. Victoire de Thomas Dagworth à Cadoret
Thomas Dagworth, né en 1276 à Bradwell Juxta Coggeshall dans le Essex et mort en 1350 ou 1352 en Bretagne, est un chevalier qui dirige les troupes anglaises. Le Parlement d’Angleterre l’élève au rang de baron en 1347.
L’Anglais Thomas Dagworth, en route vers Ploërmel, traverse l’Oust à Cadoret. En face, Charles de Blois et son armée arrivent par les landes de Cadoret. Les deux forces s’engagent et le combat dure tout l’après-midi. Pris sous une pluie de flèches des archers gallois, l’armée de Charles de Blois subit de nombreuses pertes. Les capitaines français Galois de la Heuse et Péan de Fontenay sont faits prisonniers et Charles de Blois abandonne le terrain. Le terrain de la bataille est mollement ondulé, il surplombe la vallée de l’Oust à l’ouest, cependant il n’y a plus de landes. 10
Cadoret est à environ 50 kilomètres de Broons. Bertrand du Guesclin n’est pas cité à cette bataille. Que fait-il ?
24 juin. Une lettre missive du prétendant Jean de Bretagne, comte de Montfort à Édouard III
Jen de Montfort était alors en Angleterre, où il s’était réfugié après Pâques.
Le 20 mai 1345, Jean de Montfort se rendait près de Westminster au château de Lambeth, et là, dans la chambre de l’archevêque de Cantorbery, où se trouvait assemblé le conseil de la couronne, devant le chancelier, le trésorier, il prêtait au roi d’Angleterre l’hommage lige que maître Jean de Thoresby, gardien des rôles de la chancellerie, ne négligea pas d’enregistrer. 11
17 ou 24 juillet. Jacob van Artevelde est assassiné
Jacques ou Jacob van Artevelde, né à Gand vers 1287 et mort à Gand, est un homme d’État flamand. Il est le père de Philippe van Artevelde. Il désavoue le comte de Flandre et suggère à Édouard III d’offrir le comté à son fils Édouard, le futur Prince Noir. Il est cependant déjà trop tard pour lui. Contesté dans sa ville même de Gand, il est assassiné lors d’une émeute. La Flandre abandonne Édouard III et se rallie à la France. 12
Août. Henry de Grosmont débarque à Bayonne
Henry de Grosmont, vers 1300 – 1361, fils d’Henry de Lancastre, est duc de Lancastre et comte de Derby. Il est nommé lieutenant du roi et capitaine en Aquitaine en mai, il a 45 ans. Il débarque à Bayonne avec 500 chevaliers et 2 000 archers, se dirige vers le nord par Bordeaux et remporte la victoire d’Auberoche. Il gagne quelques combats à Meilhan, (Landes, 40.) Monségur (Gironde, 33.) et La Réole (Gironde, 33.). 13
Début août, Henry de Grosmont est à Bordeaux avec 500 hommes d’armes, 1 000 archers et 500 fantassins gallois. Il a le titre de lieutenant pour l’Aquitaine et toute liberté d’action.
24 Août. Bergerac est aux mains des Anglais
Son premier objectif : neutraliser Bergerac d’où partent régulièrement des raids dévastateurs. La ville est prise dès le 24 août. 14
La bataille de Bergerac est un affrontement qui eut lieu en août 1345. Une armée anglo-gasconne commandée par Henri de Grosmont défait les forces françaises du sénéchal Henri de Montigny en dehors de la ville de Bergerac, conduisant à la chute de la ville. Les prisonniers furent nombreux comme Henri de Montigny, dix autres nobles ainsi qu’un grand nombre de soldats du commun. Les gains accumulés par le comte de Derby à la suite du paiement des rançons exigées s’élevèrent à 34 000 £, soit le quadruple de son revenu annuel en Angleterre. 15
Bérard de Vayres est à Bergerac
Il participe très probablement à la prise de Bergerac le 24 août 1345 par l’armée conduite par Henri de Grosmont, puisque ce dernier nomme les deux frères Bernard Ezi V d’Albret et Bérard capitaines de Bergerac le 11 septembre 1345. Cette ville avait été revendiquée par leur sœur Mathe d’Albret, avant qu’elle cède ses droits à Édouard III. 16 envoie le comte de Valentinois, Louis de Poitiers, avec 3 000 hommes d’armes et 6 000 fantassins secourir la ville.
A Auberoche, Louis de Poitiers s’arrête pour assiéger le château. Auberoche est à quinze kilomètres à l’est de Périgueux. Il y est surpris par Henry de Lancastre le 21 octobre, l’armée française est défaite et les Anglais font une nouvelle fois de nombreux prisonniers.
Louis 1er de Poitiers meurt au siège le 21 octobre. Il est né à Poitiers, 86, Vienne, Poitou-Charentes, et décédé le 21 octobre 1345 (jeudi) à Le Change, 24, Dordogne. Louis est un fils d’Aymar V de Valentinois et de Sibylle de Baux. Il succède à son père en tant que comte de Valentinois à partir de 1339. Derby lance l’assaut du camp français sur trois fronts, alors que les Français prennent leur repas du soir, et la surprise est totale. Parmi les prisonniers survivants figurent le commandant en second, Bertrand de l’Isle-Jourdain, deux chefs, sept vicomtes, trois barons, les sénéchaux de Clermont et de Toulouse, un neveu du pape et tellement de chevaliers qu’ils ne furent pas comptés.
Son fils, Aymar VI de Poitiers, comte de Valentinois et Diois, seigneur de Taulignan et de Saint-Vallier, épouse Alix Roger de Beaufort, nièce du pape Clément VI et sœur du pape Grégoire XI, ils n’ont aucun enfant.
17
23 octobre. La défaite d’Auberoche
La châtellenie d’Auberoche « castellana de Alba Rupe » est mentionnée en 1287 lors d’un hommage à Arthur II de Bretagne devenu vicomte de Limoges par son mariage avec Marie de Comborn, fille de Guy VI, vicomte de Limoges de la Maison de Comborn.
Le château fut sans doute construit pour parer aux invasions normandes qui dévastèrent le pays au 9e siècle. Cette châtellenie était placée sous la suzeraineté des évêques de Périgueux. La plus ancienne mention remonte aux guerres de Cent ans, relatée par Froissard qui raconte la défaite du roi de France face aux troupes anglaises de Lancastre.
Le château occupe un site élevé et escarpé. La tour-maîtresse, qui est le premier élément de ce castrum, se dresse sur la rive droite de l’Auvézère, dans la courbe du premier méandre. Il n’en subsiste qu’une chapelle.
Le site d’Auberoche en Périgord est bien connu de tous les historiens de la guerre de Cent Ans pour le combat décisif qui s’y déroula en octobre 1345. La bataille d’Auberoche est le terme victorieux de la première campagne en Guyenne du corps expéditionnaire anglo-gascon, placé sous le commandement d’Henry de Grosmont dit Henri de Lancaster, comte de Derby, qui avait débuté par la prise de Bergerac, dans la vallée de la Dordogne en août de la même année. 18
La nouvelle du siège d’Auberoche par le comte Bertrand de l’Isle Jourdain et la situation critique de la garnison anglaise arrivent jusqu’au comte de Derby. Celui-ci et messire Gautier de Mauny sont d’accord pour tenter de desserrer l’étau français autour du château. Le comte de Derby se met en route et fait demander à Richard de Stafford et Étienne de Tombey qui sont à Libourne, ainsi qu’au comte de Pembroke qui est à Bergerac de le rejoindre pour marcher vers Auberoche. Le comte de Pembroke ne rejoint pas le comte de Derby. Bien qu’inférieure en nombre, l’armée anglaise réussit à surprendre à l’heure du dîner les comtes et vicomtes, qui commandent l’armée française, et à les faire prisonniers. Les soldats français cessent le combat. Cette bataille d’Auberoche eut lieu le 23 octobre. Auberoche reste possession anglaise et le commandement de sa garnison est confié à messire Alexandre de Caumont. 19
On constate que les deux sources ne donnent pas le même effectif pour les troupes, ni la même date pour la défaite d’Auberoche.
Le commandant de la garnison d’Auberoche est Franck van Hallen.
Fort de ce succès, Henry de Lancastre prend plusieurs bastides, nettoyant de ses garnisons françaises l’espace compris entre la Dordogne et la Garonne, puis il met le siège devant la Réole.
La Réole est prise dès le 8 novembre, mais la citadelle résiste : elle promet de se rendre si aucun secours n’arrive dans les cinq semaines. Jean le Bon, lui, ne bouge pas, une grande partie de son armée a été défaite à Auberoche 20 et il a licencié le reste. La Réole mais aussi Langon et Sainte-Bazeille font de même, en janvier 1346. 21
Novembre 1345. Le Comte de Derby occupe la ville d’Aiguillon qui lui est livrée sans combattre par les deux coseigneurs de Lunac, Astorg de Lunac et Rainfroid de Montpezat. Pour prix de leur trahison, il leur accorde divers privilèges fiscaux facilitant les échanges commerciaux.
Le comte de Derby se réjouit de détenir, selon Froissart : " une des plus fortes places de l’Europe en la pointe de deux grosses rivières portans (sic) navires". Il y entasse aussitôt une grande quantité de vivres et matériels divers. L’espace étant restreint, la garnison n’est que de 600 archers, 300 hommes d’armes et 40 chevaliers sous les ordres de Gautier de Mauny et d’Alexandre de Caumont. En récompense, Derby reçoit d’Édouard III, 10 000 florins. 22
18 septembre. André de Hongrie est assassiné à Aversa. La reine Jeanne est mise en cause par le roi Louis Ier de Hongrie.
Le comte de Northampton débarque en Bretagne
Le titre de comte de Northampton fut créé pour la première fois dans la pairie d’Angleterre en 1070, par Guillaume le Conquérant pour le comte Waltheof.
- 1337-1360 : William de Bohun (vers 1310-1360) ;
- 1360-1373 : Humphrey (IX) de Bohun (1341-1373), 7e comte de Hereford et d’Essex. 23
William de Bohun ( vers 1312 – 16 septembre 1360), 1er comte de Northampton, est un homme de guerre et diplomate anglais. Né à Caldecot près de Northampton, William de Bohun est issu d’une famille anglo-normande originaire du Cotentin. William de Bohun est le fils d’Humphrey (VII) de Bohun (1276-1322), 4e comte d’Hereford et 3e comte d’Essex, et d’Élisabeth de Rhuddlan (1282-1316), fille du roi Édouard Ier et d’Éléonore de Castille. Il a un frère jumeau nommé Edward, mort en 1334. Il est créé comte de Northampton le 16 mars 1337.
En 1339, il accompagne le roi Édouard III en Flandre et participe en France et en Écosse à de nombreuses campagnes militaires, ainsi qu’à la victoire anglaise de L’Écluse, le 24 juin 1340. À Crécy, le 26 août 1346, il commande des troupes avec succès. 24
Il prend Carhaix. Les Anglais, commandés par le comte de Northampton et qui soutiennent Jean de Montfort pour ses prétentions à la couronne ducale, reprennent la ville et y prennent garnison. La ville subit une demi-douzaine de sièges en 20 ans. 25
Northampton tenta ensuite de surprendre Guingamp et, repoussé, brûla les faubourgs sans insister.
« Une place forte avec un port près de la mer, faisait bien mieux l’affaire de ces Anglais ; ils trouvaient tout cela à la Roche-Derrien, ville petite, mais bien située, bien fortifiée et avec un fort château. Ils y allèrent et mirent le siège devant la ville, qui devint, nous dit l’historien la Borderie, la base, la racine, le point d’attache et, en même temps, le rempart de cette invasion. »
Les Rochois repoussèrent vigoureusement le premier assaut et résistèrent non moins vaillamment pendant deux jours à un second assaut. Mais l’incendie d’une des portes de la ville par les Anglais, les mit dans la nécessité de capituler. Ils députèrent vers Northampton Hue Cassiel, le Commandant de la Place. 26
Northampton, qui avait été frappé de la bravoure de cet officier, consentit à ce qu’il sortit de la ville avec toute sa garnison. La même faveur fut accordée à Hue Arrel, à l’évêque de Tréguier, qui se trouvait dans la Place, à Raoul de la Roche et à tous ceux qui se trouvaient dans la ville qui fut ensuite livrée au pillage.
Les Anglais trouvèrent à la Roche un très riche butin. Ils s’emparèrent notamment de 300 à 400 tonneaux de vins de France et de 1 à 14 tonneaux de vins d’Espagne qui appartenaient à des marchands de ces nations, car, à l’époque qui nous occupe, notre bras de mer n’était pas envasé comme il l’est de nos jours et les navires y abordaient pour y apporter les marchandises de l’étranger.
Dans l’assaut livré à la Roche par Northampton, l’église, dédiée alors à Notre-Dame, fut fort endommagée. Une bulle de 1389, indique qu’elle avait alors besoin de grosses réparations et accordait des indulgences à cet effet.
Northampton, après avoir pillé la Roche-Derrien, y laissa une garnison anglaise et se dirigea sur Lannion dans l’espoir de prendre Morlaix et d’entrer dans le Léon pour en faire la conquête.
La garnison anglaise de la Roche, après la reddition de la ville à Northampton, était commandée par Richard Toussaint, qui est le même, il me semble, que Froissard nomme Tassard de Guînes ; mais il semble avoir été mal renseigné sur la prise de la Roche-Derrien. Ce Toussaint, après avoir tenté à plusieurs reprises de prendre Lannion, traita avec deux soldats de la garnison qui lui en ouvrirent les portes.
1345-1346. Les Anglais entrent dans Lannion, la pillent et massacrent un grand nombre d’habitants, dont Geoffroy de Pontblanc, qui, surpris dans la nuit, est poursuivi pendant qu’il s’enfuyait en chemise et lâchement tué au coin d’une rue. Ce meurtre déplut à Toussaint. 27
Les Anglais tuèrent aussi Geoffroy de Kerrimel avec plusieurs autres chevaliers.
« Ils prirent les sires de Coëtuhan, Rolland Philippe, sénéchal de Bretagne pour Chartes de Blois et Thibaud Méran, docteur en droit, lesquels ils firent marcher, chargés de vin, en cotte et nus-pieds jusqu’à la Roche-Derrien, emmenant avec eux un grand nombre d’habitants, nobles et roturiers, avec un riche butin. »
Cependant, Geffroy Tournemine qui commandait à Guingamp, au nom de Charles de Blois, ayant appris qu’une partie de la garnison anglaise de la Roche en était sortie, crut le moment favorable pour aller attaquer la ville et la reprendre. Mais ce projet fut découvert, les Anglais de Tréguier avertis, revinrent précipitamment, passèrent la rivière au gué au Provost, se jetèrent entre Tournemine et la ville, tuèrent un grand nombre de ses soldats, le battirent et le contraignirent à regagner Guingamp. 28
Jean de Montfort et Jeanne de Flandre reviennent à Brest, puis à Hennebont
Septembre. Jean de Montfort met vainement le siège devant Quimper puis tombe malade 29 et meurt à Hennebont le 26 30 septembre 1345. Il a environ 51 ans. Il est inhumé dans le couvent des Dominicains de Quimperlé où son tombeau, déjà violé, a été retrouvé en décembre 1883. Ses restes se trouvent désormais dans l’abbaye Sainte-Croix de Quimperlé. 31
Jean de Bretagne, dit Jean II de Montfort (vers 1294, Hennebont - 26 septembre 1345, Hennebont), est fils d’Arthur II, duc de Bretagne, et de Yolande de Dreux, comtesse de Montfort l’Amaury. Il fut comte de Montfort-l’Amaury (1330-1345), comte de Richmond (1341-1342), puis duc de Bretagne (1341-1345). 32
Son fils Jean III de Montfort n’a que 6 ans. 33 C’est sa mère, Jeanne de Flandre, dite la Flamme, qui poursuit la guerre, remportant des succès. Jean commence à prendre part aux opérations militaires en 1357. 34
1345. Il devient comte de Richmond et de Montfort.
Guillaume et Amaury de Clisson reprennent la guerre contre Charles de Blois. Jeanne de Flandre s’embarque pour l’Angleterre en octobre.
26 septembre. Décès de Guillaume II de Hainaut, comte de Hollande
Guillaume II d’Avesnes, dit le Hardi, né en 1307, mort à Staveren le 26 septembre 1345, fut comte de Hainaut, de Hollande et de Zélande (sous le nom de Guillaume IV) de 1337 à 1345. Il était fils de Guillaume Ier, comte de Hainaut, de Hollande et de Zélande, et de Jeanne de Valois.
Il chercha à se ménager les deux suzerains mais les mécontenta tous les deux. Finalement, il rejoint les forces anglaises, par rejet de la conduite de Philippe VI de Valois à son égard. Il s’engagea alors pleinement dans la guerre et reçut le surnom de Hardi. Le roi de France, Philippe VI de Valois par l’entremise de sa sœur qui était également la mère du comte, obtint une trêve avec le comte de Hainaut. Guillaume de Hainaut était à la fois vassal du roi de France et de l’empereur Louis IV de Bavière. 35
Marguerite d’Avesnes, « Madame de Hainaut »
Le mariage de Marguerite, le 25 février 1324 à Cologne, avec le roi des Romains Louis IV de Bavière, déjà veuf, la fait entrer dans la grande famille des Wittelsbach. Elle est duchesse de Bavière.
Selon quel processus Marguerite parvient-elle pleinement au pouvoir ? Au départ, une circonstance fortuite : la mort sans postérité, en novembre 1345, de son frère le comte Guillaume (II en Hainaut, IV en Hollande–Zélande) propulse Marguerite, à l’âge de 25 ans, sur une scène qui ne lui était pas destinée de prime abord. 36
Qui est cette femme, située, par sa naissance vers 1310, son mariage et ses liens de parenté, au carrefour de l’Europe ?
Son père est le comte Guillaume d’Avesnes, dit « le Bon », Ier du nom en Hainaut et IIIe en Hollande–Zélande, également comte d’Ostrevant, également seigneur de Frise (1304–1337). Sa mère est Jeanne de Valois, nièce du roi de France Philippe IV le Bel, sœur du roi Philippe VI de Valois. Marguerite est donc la cousine germaine de Jean II le Bon.
Elle est aussi la première des sœurs cadettes de Guillaume II d’Avesnes (IV en Hollande–Zélande), dit « le Hardi », donc la belle-sœur de Jeanne de Brabant, fille du duc Jean III, et plus tard la belle-sœur par alliance du duc Wenceslas de Luxembourg, second époux de Jeanne.
Le mariage anglais de sa sœur Philippa fait de Marguerite la belle-sœur du roi d’Angleterre Édouard III, celui-là même qui revendique le trône des Capétiens comme petit-fils de Philippe le Bel.
Sans compter le lien qui unit la jeune femme au comte Robert de Namur, époux de sa sœur Isabelle de Hainaut.
Elle décède le 23 juin 1356 dans sa résidence du Quesnoy. 37
En 1356, au décès de sa mère Marguerite, Guillaume III devint comte de Hainaut. 38
Les troupes guérandaises restent fidèles au parti Montfort, bien que l’évêque de Nantes soit passé au parti de Charles de Blois.
Septembre. Clément VI lance un nouvel appel à se croiser
Seul répond Humbert II de la Tour-du-Pin, dauphin de Viennois. Le pape, avec une certaine répugnance, accepte de le nommer, le 26 mai 1345, capitaine général du Siège Apostolique, commandant l’armée chrétienne.
Le Dauphin embarque à Marseille le 2 septembre en compagnie de Jean Ier le Meingre, dit Boucicaut, qui s’est déjà illustré à Smyrne. Sur place, il privilégie la négociation avec les Turcs.
Guy II de Nesle est nommé maréchal de France
C’est le fils de Jean Ier de Nesle (1288 - 3 mai 1352) et de Marguerite de Mello. Il est fait maréchal de France suivant un titre de la Chambre des comptes mentionnant qu’il reçut du roi une pension de 100 livre à cette occasion. Il est tué au combat de Mauron le 14 août 1352.
Jean de Derval perd la seigneurie de Pont-Callec
Jean, second fils de Guillaume de Derval, reçoit la seigneurie de Pont-Callec en 1332. Le duc Jean III précise dans l’acte de donation que Jean peut porter les armes de Bretagne. En 1341, Jean préside à l’inventaire des monnaies trouvées au trésor de l’église de Nantes, il choisit le parti de Charles de Blois. En 1345, Jean de Montfort, en représailles, lui retire la seigneurie de Pont-Callec et la donne à Jeanne de Belleville, dame de Clisson. 39
Hervé II de Mauny, seigneur de Thorigny, est né vers 1345.
Hervé Ier de Mauny, sire de Thorigny épouse vers 1320 Marie du Guesclin, fille de Guillaume du Guesclin, oncle du connétable Bertrand du Guesclin, dont il eut :
- Olivier 1er de Mauny, marié à Marie de Roye puis à Marguerite de Québriac,
- Hervé II de Mauny, seigneur de Thorigny, né vers 1345, décédé vers 1411, chambellan du roi Charles VI en 1406, marié le 26 août 1373 avec Marie de Craon fille de Guillaume Ier. 40
Olivier 1er de Mauny ou Olivier de Miniac, né vers 1320 et mort le 9 juillet 1389, est comte, baron de Thorigny (ou Torigny), seigneur de Marcé, seigneur de Lesnen, chambellan du duc d’Orléans et chambellan du roi. C’est un cousin de Bertrand du Guesclin. 41 Il est compagnon d’armes de Bertrand du Guesclin dont il a le même âge.
Le site de Baron est détruit par les Anglais
Le site de Baron est une motte féodale. Située désormais en pleine forêt, cette butte de terre était le socle d’une forteresse en bois ayant servi au début du Moyen Âge. Il permettait de surveiller le passage fluvial et ainsi de prévenir un éventuel danger. Elle fut détruite par les Anglais en 1345. 42
Que fait Bertrand du Guesclin ?
Est-ce qu’il suit les troupes de Charles de Blois ? Est-il à Guingamp, la Roche-Derrien, Cadoret, proches de Broons ?
Gaston Phébus de Foix-Béarn est majeur
Il succède à son père. Il va en Andalousie venger la mort de son père en 1343.
Michaël Jones examine de manière très précise les finances, la fiscalité et l’administration du duc. Il montre comment Jean IV ménage et manipule les Anglais et les Français dans le but de gagner en indépendance. Michaël Jones, preuves en main, explique et défend les décisions de Jean IV. Bertrand du Guesclin est cité une bonne dizaine de fois. 43

















