Les voies gallo-romaines
On distingue plusieurs catégories de voies gallo-romaines.
On distingue plusieurs catégories de voies :
- les via publica, via militaris, voies publiques qui forment les grands axes de circulation. Elles relient les grandes villes de l’empire les civitates. La largeur moyenne de ce type de voie varie de 6 à 12 mètres.
- les via vicinalis, voies vicinales : elles permettent la liaison entre un bourg, le vicus, et la voie publique. C’est cette catégorie qui représente l’essentiel du réseau. La largeur moyenne est de 4 mètres.
- les via privata, voies privées, qui permettent aux particuliers et aux propriétaires des grandes villas rurales de sortir de leur domaine et d’accéder au réseau principal. Cela va du chemin de terre aménagé à des voies de qualité.
- les via terrenae, chemins de terre.
Au point de raccord entre deux voies peut être établi un monument au nom des propriétaires fonciers.
La première fonction des voies est de faciliter le déplacement des armées et des messagers.
Évidemment les Néolithiques puis les Gaulois ont des voies de communication. Les Romains les modifient et les améliorent. Lors de la conquête de la Gaule, Jules César parvient à parcourir des distances de 25 à 50 kilomètres par jour, cela montre que les voies gauloises sont nombreuses et en bon état.
Une route revêtue est appelée en latin (via) strata. De là sont issus l’ancien français estrée (toponyme fréquent), l’allemand Straße, le néerlandais straat et l’anglais street.
Des bornes milliaires jalonnent la voie
Des bornes milliaires, installées tous les milles romains - environ 1478,5 mètres - indiquent les distances parcourues, entre les villes les plus proches et commémorent les travaux des différents magistrats ou empereurs. Les inscriptions sont généralement peintes en rouge. Dans certaines régions c’est la leuga, lieue gauloise, qui sert de mesure. Alors figure « LVG » ou« L » tout simplement. Elle correspond à un mille romain et demi, soit 2222 mètres. On les dénomme bornes leugaires.
Les distances se calculent depuis Rome, ou de la capitale de la province, ou de la cité d’où elles partent.
Une cinquantaine de bornes milliaires ont été retrouvées en Bretagne. La plus imposante mesure 1,85 mètre de hauteur. Elle a été découverte à Kernilis, Finistère, en 1873.
Le transport des marchandises et matériaux se fait dans des chariots tirés par des bœufs. Les armées doivent se déplacer rapidement. 1
Ces voies gallo-romaines apparaissent souvent avec un tracé rectiligne et des noms de lieux caractéristiques comme La Chaussée, Estrées, Maison-Rouge. 2
La technique du tracé rectiligne est parfaitement adaptée aux régions de relief horizontal comme les plaines et les plateaux.
Là où les pentes sont fortes, les Gallo-romains préfèrent le tracé à mi-pente. Les virages sont élargis afin de faciliter le passage des chariots qui n’ont pas de train avant tournant.
Ils installent leurs routes sur la crête des reliefs, les points les plus hauts, et évitent les fonds de vallée et les zones marécageuses où ils doivent construire sur un remblai.
Les cours d’eau sont franchis par des gués le plus souvent empierrés ou par des ponts en bois ou en pierre.
Il existe aussi des tunnels équipés de puits d’aération. Contrairement à une idée répandue, les voies romaines, sur la plus grande partie de leur tracé, n’étaient pas pavées.
Ce n’est qu’aux abords des villes qu’elles sont recouvertes de dalles ou de pavés de différentes tailles.
Dans les passages difficiles, des rainures parallèles guidaient les chariots, par exemple sur les ponts ou dans les sections étroites, pentues ou sinueuses. L’écartement des roues et des rainures était standardisé à environ) 1,43 m, du moins en plaine.
L’écartement des roues des chars n’est pas uniformisé, on le sait grâce à de nombreuses traces sur des voies romaines.
Des géomètres, gromatici ou agrimensores, décident du tracé au moyen de la groma, une équerre d’arpenteur, du chorobate, un niveau, du dioptre, un rapporteur.
La voie est composée de plusieurs couches, les strates :
On procède d’abord au débroussaillage et on décape jusqu’à atteindre de la terre ferme.
- une couche de drainage et de stabilisation, faite de gros blocs de pierre, installée après décapage des sols meubles superficiels. On le dénomme aussi par le terme de hérisson. En construction, un hérisson est une couche de moellons placés sur chant, ou de pierres concassées ou roulées sur une épaisseur avoisinant les 25 cm, posée sur un sol en terre battue recouvert d’un centimètre de chaux hydraulique. Il sert d’assise et bloque les remontées d’humidité, en remplacement d’un vide sanitaire.
- une (ou plusieurs) couche(s) de matériau meuble, sable, gravier, cailloux concassés, en alternance. Dans le Berry, près d’Argentomagus ce sont des scories de fer qui ont été utilisées. Les constructeurs ont su s’adapter et mettre en œuvre toutes les ressources locales. 3
Des fossés latéraux sont souvent réalisés, permettant l’écoulement de l’eau issue de la route dont le revêtement est en général bombé, ou pour éviter l’envahissement de la route par l’eau des terrains alentour.
La route classique avait une largeur utilisable de 4,5 à 7 m pour permettre le croisement de 2 voitures, mais son emprise au sol pouvait atteindre 7 à 10 mètres, avec des fossés et des murs de soutènement.
Surtout en ville des blocs de parement peuvent être installés de chaque côté de la voie. Ces bordures, margines ou crepides, permettent de bien consolider la bande de roulement.
Longeant cette partie empierrée où circule surtout les véhicules à roues, on trouve des bas-côtés aménagés, en herbe, plus souple, empruntés par les piétons, cavaliers, troupeaux, litières.
En bordure des voies, pour des haltes, il y a :
- la mutatio, un relais, environ tous les 10 km. Distantes de 10 à 15 kilomètres, les mutationes permettaient de s’abreuver ou de changer de monture.
- la mansio, un gîte d’étape. Toutes les trois mutationes, soit environ tous les 30 à 45 km, on trouvait une mansio, lieu d’étape bien équipé et permettant éventuellement d’y passer la nuit. On y trouve une auberge pour le repas, un service d’écuries – le stabulum – pour le repos des montures, un maréchal-ferrant, voire un charron chargé de l’entretien des véhicules. 4
Il y a en général trois mutationes entre deux mansiones.
- Les tabernae, des auberges, font partie des établissements cités.
- Les cauponae, des bars.
L’emplacement de ces haltes devint souvent le site des agglomérations actuelles. 5
Les voyageurs disposent de cartes qui se présentent sous forme de rouleaux en papyrus ou en parchemin. La plus célèbre et la Table de Peutinger. Il n’est pas facile de s’y repérer. 6
Les amphores font partie des objets transportés. Le transport par chariot est pratiqué. Pour ce matériau fragile le bon état des voies est indispensable.
Selon leur importance les voies sont entretenues par l’État romain, la province, la cité ou le particulier qu’elle dessert. 7
Les Gallo-romains utilisent également les voies fluviales.