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1355. Bertrand du Guesclin a 35 ans

Jean de Montfort épouse Marie d’Angleterre. Charles IV de Luxembourg, empereur romain germanique. La chevauchée d’Edouard de Woodstock. Étienne Marcel.

5 janvier. Le traité de Paris

Signé entre le roi de France Jean II le Bon et le comte de Savoie Amédée VI, il établit la limite entre la Savoie et le Dauphiné.

La position privilégiée de Cluses explique le positionnement géographique des sires de Faucigny au centre de leurs terres.

Plusieurs évènements importants marquent le lieu : en 1234, Pierre de Savoie, futur comte Pierre II, se fiance à Agnès de Faucigny au château ; la même année, Aymon II de Faucigny y rédige son testament et quelques années plus tard, c’est également à Châtillon que Béatrice de Savoie-Faucigny, fille de Pierre II de Savoie et d’Agnès de Faucigny, épouse Guigues, dauphin du Viennois.

En 1268, le site passe sous régence dauphinoise et se trouve au centre du conflit delphino-savoyard, opposant le comte de Savoie au Dauphiné et à Béatrice de Savoie-Faucigny.

Presque un siècle plus tard, le Dauphiné rend les armes ruiné par la guerre et, le traité de Paris signé en 1355, donne la Savoie comme victorieuse. Châtillon devient alors une possession des comtes de Savoie. En raison de sa position et de l’absence de conflits armés, la forteresse perd son importance au profit de Cluses et du château de Bonneville, situé plus près des centres économiques. 1

6 janvier. Charles IV de Luxembourg

Il se fait couronner roi des Romains. Il a 39 ans.

Il est le fils de Jean l’Aveugle, roi de Bohême, comte de Luxembourg, et d’Élisabeth de Bohême, héritière par son père Venceslas II de la couronne de Bohême. 2

Jean ler de Bohême
Jean ler de Bohême, dit l’Aveugle. Roi de Bohême, comte de Luxembourg, roi titulaire de Pologne. Par Jacques Le Boucq. Wikimedia Commons.

Charles IV (en allemand : Karl IV, en tchèque : Karel IV., 14 mai 1316 - 29 novembre 1378) de la maison de Luxembourg est empereur des Romains de 1355 à sa mort.

Baptisé Venceslas (Václav en tchèque), il choisit de prendre le nom de son oncle par alliance et parrain, le roi de France Charles IV, lors de sa confirmation.

Il est ensuite envoyé parfaire son éducation chevaleresque à la cour de son parrain où il arrive le 4 avril 1323 et où il reste sept ans.

Encore enfant, il épouse Blanche de Valois, le 15 mai 1323. Il obtient une dérogation du pape Jean XXII. D’autres auteurs mentionnent 1329 et le 28 juillet 1332. Blanche de Valois (1317-1348) est demi-sœur de Philippe VI de France.

Blanche de Valois (1317 - 1er août 1348) est la fille du comte Charles de Valois (1270-1325) et de Mahaut de Châtillon (1293-†1358), et la sœur de Philippe VI de France. Dès 1323 le mariage des enfants est conclu à Paris, mais n’est consommé que sept ans plus tard. 3

En 1323, Blanche a 8 ans et Charles 7 ans !

La sœur aînée de Charles IV, Bonne de Luxembourg, épouse en 1331 Jean II de France, le fils de Philippe VI de France. 4

Liens entre les familles régnantes
Wikimedia Commons.

Grâce à cette éducation cosmopolite, il parle couramment cinq langues : le latin, l’allemand, le tchèque, le français et l’italien.

En 1330, il quitte la France avec son épouse, tout d’abord pour son comté de Luxembourg (où reste Blanche de Valois) puis l’Italie.

Le 11 juillet 1346, Charles est élu roi des Romains (rex romanorum) par cinq princes électeurs avec l’appui du pape Clément VI (ce qui lui vaut le surnom de rex clericorum) contre Louis IV et couronné à Bonn le 26 novembre 1346.

A la suite du décès de son père, Jean l’Aveugle, à la bataille de Crécy, le 26 août 1346, Charles est couronné roi de Bohême le 2 septembre 1347.

Il devient également comte de Luxembourg, et ce jusqu’en 1353, quand il laisse le comté à son demi-frère cadet, Venceslas Ier de Luxembourg.

Son ambassade auprès du pape aboutit au couronnement de Charles de Bohême en tant que roi des Romains le 6 janvier 1355, puis empereur romain germanique le 5 avril (jour de Pâques) de la même année, à Rome en l’archibasilique Saint-Jean de Latran par le cardinal d’Ostie. 5

Charles IV de Luxembourg
Portrait de Charles IV. Détail du couronnement, par Maître Théodoric. Wikimedia Commons.

La ville de Prague connaît son apogée avec Charles IV. La ville connaît son apogée avec le roi de Bohême et futur empereur germanique Charles IV. Il fait édifier la cathédrale Saint-Guy de Prague en 1344, étend la ville à l’est et au sud pour créer la Nouvelle Ville, en 1347, ce qui double la superficie de la Vieille-Ville, fonde en avril 1348 l’université Charles, la première université germanophone. En 1357, il entreprend la construction du pont Charles, Karlův most, pour relier Malá Strana et le château de Prague avec la Vieille Ville, Staré Město, de Prague et ce afin de remplacer un pont plus ancien, en bois, détruit par une inondation en 1342.Il sera le seul pont sur la Vltava, la Moldau, jusqu’en 1741. 6

Charles IV, roi de Bohème et empereur d’Allemagne, apporte des changements radicaux au Château dont les embellissements reflètent l’âge d’or que vit alors la Bohême. Outre l’attention portée à l’édification de la cathédrale, Charles IV fait édifier la Chapelle de Tous-les-Saints, dans le prolongement du palais impérial, où repose saint Procope de Sázava. 7

Du Guesclin. Prague. République tchèque
La cathédrale Saint-Guy, gothique et néogothique, située dans le Château de Prague. Photo : 04/09/2016.
Du Guesclin. Prague. République tchèque
Le pont Charles relie la Vieille-Ville au quartier de Malá Strana. Il est construit au 14ème siècle. Photo : 04/09/2016.

En 1355, Charles IV fait de Prague la capitale du Saint-Empire romain germanique. En 1378, dernière année du règne de Charles IV, Prague compte 40 000 habitants, ce qui en fait la troisième ville la plus peuplée d’Europe. 8

Du Guesclin. Prague. République tchèque
Une animation médiévale. Le blason et l’aigle à 2 têtes ! Photo : 04/09/2016.

7 janvier. Naissance de Thomas de Woodstock

Thomas de Woodstock est né le 7 janvier 1355 et mort le 8 septembre (ou 9) 1397 à Calais. Il est le douzième et dernier enfant du roi d’Angleterre Édouard III et de la reine Philippa de Hainaut. 9

Jeanne de Provence rend hommage à Charles IV du Saint-Empire

Le royaume d’Arles n’entend plus parler des empereurs germaniques jusqu’à ce que Charles IV du Saint-Empire retrouve en 1355, le chemin de la Provence et confirme une fois encore, tous les privilèges de l’Église d’Arles.

Jeanne d’Anjou et son mari Louis de Tarente, mis en danger à Naples par Louis le Grand, le roi de Hongrie, reviennent en Provence. Jeanne consent à rendre hommage à Charles IV, pour le gouvernement de la Provence, et ce dernier lui accorde par diplôme daté du 1er février 1355 à Aix-en-Provence, l’investiture du comté. 10

Du Guesclin. Salon-de-Provence. 13
Le château de l’Empéri, résidence des archevêques d’Arles et des empereurs germaniques. Photo : 11/11/2017.

5 février. Robert de Sicile-Duras ravage la Provence

Robert de Sicile-Duras (1326 - 1356, Poitiers), prétendant au titre de prince de Morée, est seigneur de Cappacio, Muro, et Montalbano dans le royaume de Naples.

En 1352, il se réfugie auprès de son oncle Hélie de Talleyrand-Périgord à Avignon.

5 février. A la tête de nobles révoltés contre la reine Jeanne, il entre par trahison dans le château des Baux et ravage la Provence.

Au Moyen Âge, le château des Baux devient la place forte d’un domaine féodal contrôlant 79 villes et villages des alentours. La forteresse fut construite du XIe au XIIIe siècle sur une vaste étendue de sept hectares. Les princes de Baux contrôlèrent la Provence pendant de nombreuses années et y gagnèrent une forte réputation. Ils disaient descendre du roi mage Balthazar, ajoutant à leurs armoiries une étoile d’argent à seize branches pour rappeler celle qui, selon l’Évangile, guida les trois mages vers Bethléem. Leur devise était : « Au hasard, Balthazar. » 11

Du Guesclin. Les Baux-de-Provence. 13
Le château des Baux. Photo : 20/05/2016.

Assiégé par le sénéchal Fouquet d’Agoult en juin, Robert de Sicile-Duras capitule en août et entre au service du roi de France. Il est tué l’année suivante à la bataille de Poitiers. 12

1er avril. Fin du Traité de Guînes

Le 22 janvier 1352, le château de Guînes est livré par trahison aux Anglais. Le 6 avril 1354, à Guînes, au terme de longues négociations le cardinal diplomate Guy de Boulogne, envoyé par le pape Innocent VI, parvint à mettre d’accord les représentants du roi de France et d’Angleterre sur un projet de traité de paix, qui était censé être signé par la suite en Avignon et qui n’aboutit finalement pas. 13

Le traité de Guînes doit être confirmé et solennisé à Avignon à l’automne et une trêve jusqu’au 1er avril 1355 est conclue. 14

5 avril. Pâques. L’empereur Charles IV de Luxembourg se fait sacrer à Rome

Il devient empereur romain germanique et renonce à toute prétention sur les États de l’Église et le royaume de Naples.

Depuis 1347, Charles de Blois est prisonnier d’Edouard III

Jeanne de Blois-Penthièvre tente de marier son fils Jean avec Marguerite d’Angleterre

Jean Ier de Châtillon (5 février 1345, Jugon - 16 janvier 1404, Lamballe), est comte de Penthièvre, et vicomte de Limoges. Sa mère Jeanne de Penthièvre, épouse de Charles de Châtillon-Blois, tente de le marier avec Marguerite d’Angleterre, fille du roi Édouard III d’Angleterre, mais Henry de Grosmont, comte de Derby et de Lancastre, allié des Montfort, fait rompre les négociations.

Le roi d’Angleterre lui propose une autre alliance prestigieuse avec Philippa de Lancastre, mais il préfère rester fidèle à la France.

Le 20 janvier 1387, il épouse Marguerite de Clisson dite Margot la Boiteuse à Moncontour. 15

Juin. Charles de Blois regagne sa prison

Il est alors enfermé « avec ses deux fils au château de Devises et plus sévèrement gardé que précédemment ».

Edouard III a renoncé à s’allier avec lui et a donné sa fille à Jean de Montfort, l’adversaire qui, du coup, reprend avantage. Le texte qui parle du château de Devises ne mentionne pas la fille du duc et pourtant elle doit être présente, puisque elle apparaît, en 1356, dans le nouveau sauf conduit, obtenu par Charles de Blois : cet acte du 7 août 1356, qui règle les modalités de la libération de Charles de Blois, (paiement d’une énorme rançon de 700000 florins d’or, maintien en prison de Jean et de Guy de Blois, le premier devant être libéré après le premier versement de la rançon, – clause jamais respectée par le roi d’Angleterre – cet acte donc précise que le roi d’Angleterre garantit

« audit Mgr Charles de Blois qu’il puisse aller par tout là où il vouldra pourchasser sa rançon et mener sa fille ovesque luy en Bretagne ». Et le sauf-conduit en latin répète que le duc partira « cum filia sua »

et ses familiers pour se rendre en Bretagne.

Du Guesclin figure parmi ces familiers et escorte le duc dont il est un fidèle. 16

10 juillet. Le château de Pestivien tenu par le roi d’Angleterre

Le château de Pestivien, propriété de la famille Pestivien, est tenu le 10 juillet 1355 par le roi d’Angleterre (capitaine Roger David). Roger David (ou Davy) est l’époux de Jeanne de Rostrenen, veuve du vicomte de Rohan qui avait été tué au combat de la Roche-Derrien auprès de Charles de Blois. 17

Juillet. Jean de Montfort épouse Marie d’Angleterre

Le futur duc de Bretagne, Jean IV, épouse en premières noces à Londres Marie d’Angleterre (1344 † 1361), fille d’Édouard III d’Angleterre et de Philippa de Hainaut.

Marie d’Angleterre, Marie de Waltham

Lorsque Marie naît le 10 octobre 1344 à Waltham, son futur époux vit à la cour du roi Édouard III. En 1345, le jeune Jean de Montfort est laissé à la cour d’Angleterre par sa mère Jeanne de Flandre, qui poursuit le combat en son nom.

Marie et Jean passent leur enfance ensemble à la Tour de Londres, à Kings Langley, à Eltham, à Woodstock et d’autres palais royaux. Il semble que Marie ne quitte qu’une fois la cour lorsqu’elle rend visite à son frère Jean de Gand et son épouse Blanche de Lancastre. Cependant, sa visite est abrégée par la mort d’Henry de Grosmont, père de Blanche.

Henri de Grosmont est né vers 1310 et mort le 23 mars 1361, il est également appelé Henri de Lancastre.

Marie épouse Jean au palais de Woodstock autour du 3 juillet 1355. Elle a 11 ans. Il a 16 ans.

Elle meurt avant le 13 septembre 1361, sans avoir jamais rejoint la Bretagne. 18

13 juillet. Une ambassade négocie la rançon de Charles de Blois

Etienne Goyon en fait partie. Etienne Goyon est qualifié chevalier dans un sauf-conduit donné le 13 juillet 1355 à Westminster, par le roi d’Angleterre, à des chevaliers bretons chargés de traiter de la rançon de Charles de Blois. Le petit-fils d’Etienne Goyon, nommé aussi Etienne, est amiral de Bretagne en 1398. 19

Du Guesclin. Plévenon. 22
Le château de la Roche-Gouyon ou Fort La Latte. Photo : 29/04/2007.

Robert de Saint-Père en fait partie. Robert de Saint-Père 20 fut institué par le duc Jean III, dans son testament, daté du 29 avril 1341, un de ses exécuteurs testamentaires. Dans cet acte le duc appelle Robert de Saint-Père « son amé et féal bachelier et conseiller monsieur Robert de Saint-Père. » Après la mort de ce prince, Robert de Saint-Père suivit le parti de Charles de Blois, qui disputait le duché de Bretagne au comte de Montfort. En 1355, Robert de Saint-Père passa en Angleterre, pour traiter de la rançon de Charles de Blois. Le roi d’Angleterre lui fit délivrer à cette occasion, le 13 mai de la même année, un sauf-conduit dans lequel il le qualifie de « miles Britanniœ ». 21

10 septembre. Traité de Valognes entre Jean le Bon et Charles le Mauvais

Jean II rend à Charles II de Navarre tous ses privilèges et lui pardonne.

15-16 septembre. Édouard de Woodstock débarque à Bordeaux

La trêve conclue depuis 1347 avec Édouard III est rompue en 1355. Appelé par les barons de la Gascogne anglaise, Édouard de Woodstock, le prince de Galles débarque à Bordeaux. 22

Édouard III accorde la Guyenne à son fils Édouard de Woodstock, dit le Prince Noir

En 1355, cela faisait donc à peu près 67 ans que les Gascons « anglais » ne connaissaient que les sénéchaux de Gascogne ou les lieutenants du roi en Gascogne, mais aucun roi-duc en personne ou même un fils aîné de ce dernier. De plus, la situation militaire du duché nécessitait l’envoi de secours pour contrer les récentes offensives vigoureuses (1353–1354) du lieutenant en « la langue d’oc » pour le roi de France qui n’était autre alors que le Gascon Jean Ier, comte d’Armagnac.

Édouard de Woodstock a 25 ans. Le surnom de « Prince Noir » pour désigner Édouard de Woodstock n’est documenté qu’à partir du 16ème siècle. 23

Blason d’Edouard de Woodstock
Prince de Galles, dit le Prince Noir, fils d’Edouard III, roi d’Angleterre. Wikimedia Commons.

La chevauchée est un raid dévastateur conduit de Bordeaux au Languedoc pendant les mois d’octobre à décembre 1355 par Édouard de Woodstock, plus connu sous le nom de Prince Noir, prince de Galles et fils aîné du roi d’Angleterre Édouard III.

Le captal de Buch, Jean de Grailly, a 25 ans

Il commande les Gascons et réclame des secours à l’Angleterre. Le 8 septembre le roi Édouard III nomme son fils, Édouard de Woodstock, lieutenant de Gascogne et l’envoie sur le continent. Jean de Grailly entre dans l’histoire quand il va en Angleterre à la tête d’une délégation de nobles gascons pour demander de l’aide contre les Français (1355) et que le prince de Galles Édouard (surnommé au XVIe siècle le Prince Noir) soit mis à la tête de l’expédition. 24 Il est cousin germain de Gaston Phébus.

15-16 septembre. Le prince débarque à Bordeaux avec 1 000 hommes d’armes et 11 000 archers. Les « plus célèbres nobles d’Angleterre » l’accompagnent : les comtes William de Salisbury, Robert de Suffolk, John d’Oxford, Ralph de Stafford, Thomas de Warwick, les sirs Bartholomew de Burghersh et Reginald de Cobham, les capitaines James Audley et John Chandos sont du voyage. 25

William Montagu, 2e comte de Salisbury, fut un noble anglais, commandant de l’armée anglaise durant les campagnes en France du roi Édouard III d’Angleterre. Fils aîné de William Montagu, 1er comte de Salisbury, et de Catherine Grandisson, il naquit à Donyatt dans le Somerset. (25 juin 1328 – 3 juin 1397).

Il hérita du titre de comte à la mort de son père, en 1344.

Il épousa Jeanne de Kent, sans savoir qu’elle avait déjà été secrètement mariée à Thomas Holland. Après plusieurs années de vie commune, le contrat de mariage avec Montagu fut annulé par le Pape (1349).

En 1350, William Montagu était chevalier de l’Ordre de la Jarretière. Au cours des années qui suivirent, il commanda plusieurs armées anglaises lors d’expéditions en France, notamment la chevauchée vers le Languedoc (1355) et la bataille de Poitiers (1356). En 1360, il était du nombre des émissaires qui négocièrent lors du traité de Brétigny. 26

Édouard de Woodstock a 1 500 lances, 11 000 archers et 3 000 bidaus, sans les varlets que les gascons menaient avec eux. 27

Pour desserrer l’étau autour de la Guyenne, Édouard de Woodstock entend lancer une campagne vers l’est dont l’objectif est de piller les villes et les campagnes fidèles à l’ennemi, ravageant autant que possible les possessions du commandant des forces françaises qui assaillent la Guyenne, Jean Ier d’Armagnac. Le but n’est pas de soumettre à la couronne anglaise les terres conquises, mais de les dévaster pour affaiblir et ruiner le camp français : c’est une stratégie fondamentale de la guerre de Cent Ans, basée sur ces chevauchées et non sur une guerre de position.

21 septembre. Dans l’église Saint Seurin, puis dans la cathédrale
Saint-André, le prince fait lire ses lettres de mission et prête serment. 28

Du Guesclin. Bordeaux. 33
Eglise Saint-Seurin. Photo : 02/01/2019.
Du Guesclin. Bordeaux. 33
Saint-Seurin. Photo : 31/12/2019.

Il rassemble ses troupes avec ses alliés locaux, des seigneurs gascons comme Jean de Grailly, Arnaud-Amanieu d’Albret. 29 Il s’installe au Palais de l’Ombrière.

Du Guesclin. Bordeaux. 33
Photo : 17/11/2017.

5 octobre. Édouard quitte Bordeaux à la tête d’une armée de 14 000 hommes (1 500 lances - groupe de six combattants - , 2 000 archers et 3 000 "bidauts", des soldats armés d’une lance, de dards et d’un poignard). Parmi eux de très nombreux corps béarnais et gascons, à tel point qu’il est probable que la communication entre les soldats n’est pas aisée, puisqu’on y parle Gascon, Français, Anglais, Gallois et même un peu Espagnol ou Allemand.

La chevauchée du Prince Noir
Dans le sud. En pointillé jaune. Wikimedia Commons.

Arnoul, sire d’Audrehem, bataille contre Edouard III

En 1355, il perd ses précédentes lieutenances au profit de celles d’Artois, Picardie et « Boulonnois ». Il défend le Boulonnais contre la chevauchée d’Édouard III en octobre 1355. 30

La chevauchée d’Édouard de Woodstock

Le Prince Noir prend par le sud, évitant les Français qui l’attendent à l’est, jusqu’à Villenave d’Ornon, probable point de rassemblement convenu pour les troupes, et où il passe la première nuit. L’armée longe la Garonne par le sud, passe à Langon le 6 pour faire étape le soir à Castets-en-Dorthe. On poursuit au rythme d’environ 45 km par jour jusqu’à Bazas 31 et Saint-Michel-de-Castelnau, dernier bastion anglais.

Du Guesclin. Bazas. 33
Tour appuyée à la cathédrale Saint-Jean-Baptiste. Photo : 01/06/2017.

11 octobre. C’est l’entrée dans le comté d’Armagnac par les villages de Vielle-Soubiran et d’Arouille.

Le pillage commence, les provisions peuvent être prises sur l’ennemi. Il divise l’armée en trois colonnes, qui progressent en parallèle sur un large front, suffisamment espacées pour des ravages maximaux, mais assez proches pour s’épauler en cas d’attaque française.

A l’approche des Anglo-gascons, la plupart des places-fortes offrent une rançon pour leur salut, qui est généralement acceptée. Celles qui refusent de plier sont prises, pillées, brûlées et rasées jusqu’aux fondations, ou encore occupées par un détachement du Prince Noir qui les fortifie pour l’Angleterre.

14 et 15. L’armée campe à Monclar, détruit Estang puis rejoint la vallée du Midour jusqu’à la place-forte de Nogaro. L’étape suivante est Plaisance, dont la population a fui : le captal de Buch et le seigneur de Montferrand s’emparent facilement de la forteresse de bois, et capturent les nobles qui la défendent. A proximité, le château de Galiax est anéanti.

19-21. La marche reprend vers Bassoues, sur un front de plus de dix kilomètres de large. L’abbaye de Case-Dieu et le bourg de Beaumarchés sont détruits. La ville se rend le 20, mais est épargnée, en tant que possession ecclésiastique de l’archevêque d’Auch. Le 21, Edouard de Woodstock et ses hommes quittent l’Armagnac pour entrer en Astarac, où ils dévastent les alentours du chef-lieu, Mirande, une ville fortifiée tenue par Pierre-Raymond IV de Comminges.

24-26. Les colonnes font étape à Villefranche et Tournan, qu’elles détruisent. Le lendemain, Simorre et Sauveterre connaissent le même sort, avant qu’ Edouard de Woodstock ne s’arrête pour la nuit à Samatan, la ville la plus prospère du Comminges que ses habitants ont quittée pour se réfugier dans le château voisin de Lombez. Au petit matin, Samatan, son couvent et son château ne sont que ruines fumantes. Le 26, la chevauchée reprend vers l’est en direction de Toulouse : Sainte-Foy-de Peyrolières, Salvetat et Saint-Lys sont rasées.

27 octobre. Les Anglais sont devant Toulouse. La population de la ville est alors d’environ 30 000 habitants. A cheval sur la Garonne, elle est entourée de remparts puissants. Jean d’Armagnac, le maréchal de France Jean de Clermont et le connétable de France Jacques de Bourbon s’y sont réfugiés, et refusent un combat frontal malgré un rapport numérique favorable (au moins 50 % de plus que les Anglais), considérant que les milices toulousaines dont ils disposent sont insuffisamment aguerries. Aussi les chefs français ont-ils fait consolider les murailles et détruire les forts extérieurs pour ne pas laisser aux Anglais de points d’ancrage, et consigne a été donnée à la population de se réfugier dans les places-fortes, Toulouse ou Montauban.

Évitant Toulouse, défendue par Jean Ier d’Armagnac, il marche jusque Narbonne en passant par Montgiscard, Avignonet, Castelnaudary, Carcassonne, Trèbes, ... pillant rançonnant les villes et villages ouverts et

« ardant et exillant ce gras pays du Languedoc ». « Les habitants, bonnes et simples gens, ne savaient pas que c’était la guerre, car oncques ne furent guerroyes, avant que le prince de Galles n’y conversât. Les Anglais et Gascons avaient trouvés le pays plein et dru, les chambres parées de tapis et de draps, les écrins et les coffres remplis de bons joyaux. Mais rien ne demeurait de bon devant ces pillards. Ils emportaient tout et par espécial les Gascons qui sont moult convoiteux ».

Narbonne repoussa 6 assauts, et l’expédition repue de pillage, rentra à Bordeaux avec 1 000 charrettes de butin. 32

Edouard de Woodstock n’a aucune intention de mener un siège  : ce n’est pas sa stratégie, il n’a de toutes façons pas emmené les machines adéquates, et l’hiver qui s’approche contrarierait un tel plan.

28 octobre. L’armée franchit la Garonne, probablement à Pinsaguel, puis l’Ariège. Le soir, le Prince noir couche à Lacroix-Falgarde. Cette poursuite de l’expédition vers l’est, par laquelle il s’enfonce encore plus profondément en territoire ennemi et s’isole singulièrement de ses bases arrière (les guets sur la Garonne sont rares), est probablement une grande surprise pour le comte d’Armagnac, qui s’attendait à un siège ou à une dispersion des colonnes anglo-gasconnes pour ravager la région.

30 octobre. Le Prince Noir ravage Montgiscard, Montbrun-Lauraguais, pille et détruit les châteaux de Castanet et de Clermont-le-Fort, rase Baziège, Villefranche et leurs environs : Ayiguesvives, Villenouvelle, Montesquieu et Gardouch.

31 octobre. Les Anglo-gascons quittent Avignonet, alors une ville de 1500 maisons, où ils passent la nuit, après l’avoir mise à sac. Par Mas-Saintes-Puelles, Castelnaudary — où il fait incendier les archives de la collégiale et l’église Saint-Michel, dans laquelle la population affolée s’était réfugiée —, Montclar, Saint-Martin-Lalande, Lasbordes, Villepinte, Alzonne et Alzau, qu’il brûle et où il passe la nuit du 2 novembre.

3 novembre. Il atteint Carcassonne. Une petite résistance les y attend, les habitants ayant tendu des chaînes dans les rues qui mènent à la ville (7 000 maisons). La troupe anglaise commandée par Eustache d’Abrichecourt se contente d’en brûler les faubourgs et le consul Davilla trouve la mort en défendant le bourg aux côtés du sénéchal Thiébault de Barbazan. Après quelques jours de sac, sans qu’il ne parvienne à pénétrer dans les murailles, Woodstock lève le camp le 6 novembre, remontant la rive gauche de l’Aude.

Eustache d’Auberchicourt a 21 ans.

Du Guesclin. Carcassonne. 11
Photo : 15/11/2017.

En 1348, Carcassonne est touchée par la peste comme le reste du pays et l’épidémie est récurrente jusqu’au siècle suivant.

Du Guesclin. Carcassonne. 11
L’entrée de la forteresse. Photo : 15/11/2017.

Le Prince Noir dévaste par le feu la ville basse mais épargne la cité. Un siège aurait été trop long et l’aurait ralenti dans son entreprise de pillage. La bastide est reconstruite, mais seulement la moitié, et fortifiée en 1359. L’industrie du drap reprend et se développe.

7-12 novembre. Il passe l’Aude, dévaste Trèbes, Puichéric, Castelnau d’Aude, Millan et Sérame à Lézignan-Corbières, et loge à Canet. Le 8, l’armée atteint « la mer de Grèce » en arrivant à Narbonne, une ville de 30 000 habitants, où le vicomte Aimery de Narbonne et 500 hommes d’armes lui opposent toute la nuit et la journée du 9 une résistance si farouche que le prince n’insiste pas et se retire le 10. 33

Du Guesclin. Narbonne. 11
Place de l’Hôtel de Ville et façade du palais des archevêques. Photo : 24/06/2018.

11 novembre. Après avoir pillé Ouveillan, l’armée du Prince noir fait jonction avec la colonne que commande Arnaud-Amanieu d’Albret, occupée à assiéger Capestang, près de Béziers. Là, ils rompent l’engagement à l’approche de milices qui arrivent en renfort de Beaucaire. Les troupes anglaises rançonnent alors Homps et dévastent Pépieux, La Redorte et Azille, où le prince passe la nuit du 12.

Nîmes. 34

Jean d’Armagnac et Jean de Clermont se contentent de suivre à distance sa progression en se gardant d’intervenir et ont pris position le long de l’Aude, à quelques distances de là ; les milices de la sénéchaussée de Beaucaire ne sont plus qu’à quelques jours de marche.

Pour éviter l’étau, il semble qu’Edouard de Woodstock conduise alors son armée vers le nord, anéantissant Siran, La Livinière et le château de Ventajou à Félines-Minervois. Mais le 14, il replonge vers la Montagne d’Alaric à la poursuite de troupes de Jean d’Armagnac, et saccage Peyriac-Minervois, Buadelle à Badens, Villepeyroux à Malves-en-Minervois, Conques, Pennautier, Villalier et Pezens.

Il est maintenant temps de prendre le chemin du retour, avant que les pluies d’automne ne gonflent trop la Garonne, seul obstacle significatif avant la Gascogne. Le 15, les colonnes se déploient et incendient Limoux, 15 000 habitants, Routier, Montréal, Villar-Saint-Anselme, Fanjeaux, Lasserre et Villasavary.

16-19 novembre. Edouard de Woodstock prend d’assaut Belpech après une longue défense. Le prince épargne le château, fief du comte de Foix et présumé allié Gaston Fébus. Le 17, l’armée franchit l’Herms, et le Prince Noir est reçu en ami par Gaston Fébus, qui vient de s’échapper d’un emprisonnement de deux ans à Paris. Par égard pour le comte, Mazères, Calmont, Cintegabelle et le château d’Auterive sont laissés indemnes. Le 18 les troupes, escortant les chariots chargés de butin, passent la Garonne à gué ou sur des ponts de fortune à Montaut. La ville de Noé est détruite, et son château livré à l’arrière-garde qui y passe la nuit. Le 19, quelques centaines de combattants emmenés par John Chandos se heurtent à une force équivalente du comte d’Armagnac ; celle-ci s’esquive rapidement, provoquant une retraite désordonnée de toute l’armée française.

28 novembre. L’armée anglo-gasconne rentre en Guyenne à Mézin.

9 décembre. Édouard de Woodstock est de retour à Bordeaux, avec un millier de chariots chargés du fruit des pillages et quelque cinq mille prisonniers. Cette campagne, tout comme celle qui suit à l’été 1356, renforce la fortune de la ville. C’est une véritable manne, dont profitent toutes les couches de la société : butin, rançons payées pour la libération des otages, présence en nombre de soldats à nourrir, loger, etc.

Près de cinq cents villes et villages ont été dévastés. La noblesse française crie vengeance, et le Prince Noir consacre la pause hivernale à préparer la reprise des hostilités. Il profite d’un début d’hiver clément pour répartir une partie de ses troupes sur les frontières afin d’y harceler les Français, tout en bénéficiant de la protection des places-fortes fidèles.

Édouard de Woodstock lui-même se porte à Libourne, tandis que John Chandos, James Audley et Reginald Cobhan sont envoyés vers Barsac, Castelsagrat et Agen.

Du Guesclin. Agen. 47
Cathédrale Saint-Caprais édifiée au 12ème siècle. Photo : 08/09/2017.

Le seigneur de Mussidan, Louis Achard de Pommiers, les comtes de Suffolk, Oxford et Salisbury partent combattre vers Rocamadour, et il échoit au captal de Buch, au seigneur de Montferrand et à Bartholomew Burghersh de monter vers l’Anjou et le Poitou.

En un mois, cinq villes-fortes et dix-sept châteaux supplémentaires tombent dans l’escarcelle du Prince.

Ce mode de combat, basé sur la terreur et le pillage systématique des populations civiles, échappe bientôt au contrôle des deux royaumes avec le développement des Grandes Compagnies.

Après ce succès, le Prince noir lance une nouvelle chevauchée en 1356. 35

Robert Knolles s’empare du château de l’île d’Yeu

Libéré après une rançon, Robert Knolles réussit en 1355 à s’emparer du château de l’île d’Yeu. Les Anglais occupent l’île pendant 37 ans. 36
C’est au XIe siècle qu’un château est construit, mais en bois. Il faut attendre le XIVe siècle (1356) pour voir l’apparition du château de pierre bâti sur un rocher séparé de la falaise sud par un large fossé et qui subsiste encore de nos jours. Sa construction serait imputable au connétable Olivier V de Clisson. 37

L’Ile-Dieu, défendue par Jean Dorca, se rendait à une bande d’Anglais, et cette même année le prince de Galles débarquait à Bordeaux et attaquait l’Aunis, malgré l’énergie de Jean, duc d’Harcourt, envoyé à la Rochelle par le roi de France, avec le seigneur de Pouzauges, Hugues, pour garder les côtes et s’opposer aux Anglais. 38

2 décembre. Les États généraux de langue d’oïl sont réunis à Paris

A la demande du roi Jean II le Bon qui souhaite obtenir des subsides dans la guerre contre les Anglais. Les États généraux accordent une subvention exceptionnelle.

5 décembre. Extinction de la famille régnante de Brabant à la mort de Jean III de Brabant.

Jean III de Brabant, né en 1300, mort à Bruxelles le 5 décembre 1355, est duc de Brabant et de Limbourg de 1312 à 1355.

Au début de la guerre de Cent Ans, il se range aux côtés de l’Angleterre et accompagne Édouard III dans ses expéditions. En représailles, Philippe VI de Valois fait saisir les biens des Brabançons en France, et les bourgeois de Bruxelles se révoltent alors contre leur duc. Jean III intervient énergiquement et fait décapiter un meneur.

À partir de 1340, il s’éloigne de l’alliance anglaise, préférant s’allier à la France et mariant ses filles à des alliés du royaume de France : le duc de Luxembourg, le comte de Flandre et le duc de Gueldre.

Il épouse en 1311 Marie d’Évreux († 1335), fille de Louis, comte d’Évreux et de Marguerite d’Artois. Ils ont :

  • Jean, duc de Limbourg, décédé en 1335 ;
  • Henri, seigneur de Malines, puis duc de Limbourg (à la mort de son frère Jean), fiancé en 1347 avec Jeanne, fille du futur roi de France Jean II le Bon3 ; décédé le 29 novembre 1349 ;
  • Godefroy, seigneur d’Aerschot, puis seigneur de Malines et duc de Limbourg (à la mort de son frère Henri), décédé en 1352 ;
  • Jeanne (1322 † 1406), duchesse de Brabant et de Limbourg (à la mort de son frère Godefroy), mariée en 1334 à Guillaume II d’Avesnes (1307 † 1345), comte de Hainaut et de Hollande, puis en 1352 avec Venceslas Ier de Bohême (1337 † 1383), duc de Luxembourg ;
  • Marguerite (1323 † 1380), mariée en 1347 à Louis II de Male (1330 † 1384), comte de Flandre ;
  • Marie (1325 † 1399), mariée en 1347 à Renaud III (1333 † 1371), duc de Gueldre.
    Il laisse également de nombreux enfants illégitimes dont Jean Brant de Brabant et Jean van Veen. 39

28 décembre. France. Les États généraux votent la Grande Ordonnance

Sur le modèle de la Grande Charte anglaise de 1215, elle limite les pouvoirs royaux et marque un renforcement du Parlement. Elle sera promulguée le 3 mars 1357.

Le Prévôt des marchands de Paris, Étienne Marcel, et Robert Le Coq, sont les chefs de la bourgeoisie d’opposition.

Charles de Valois et Geoffroy d’Harcourt

Lorsque le dauphin Charles, duc de Normandie, futur Charles V, convoque ses vassaux à Rouen, le dimanche de l’Épiphanie 1355, Geoffroy d’Harcourt, qui fait alors figure de chef de file de la noblesse normande, se présente à lui en brandissant la Charte aux Normands et lui déclare :

« Monseigneur naturel, voici la charte aux Normands, si vous consentez à jurer et observer ce qui y est contenu, je suis tout prêt à vous faire hommage ».
Du Guesclin. Rouen. 76
Abbaye Saint-Ouen. Incendiée en 1248, les travaux de l’église abbatiale gothique actuelle commencent en 1318. Photo : 23/10/2016.

Le dauphin, pris de court par cette audace, ne s’engage pas à respecter la charte et le vicomte de Saint-Sauveur repart donc sans lui prêter hommage.

Charles a 17 ans

Malgré cette audace, le jeune dauphin semble particulièrement apprécier Geoffroy d’Harcourt au point de vouloir le faire entrer dans son Conseil :

« moult volontiers le duc l’écoutait parler et il aurait eu grand plaisir qu’il fût demeuré de sa retenue de son Conseil pour le très grand sens de lui. » 40

Décembre. Institution de la gabelle

Taxe frappant le sel , la gabelle est instituée en décembre 1355. La ville de Saumur reçoit une copie spéciale de l’ordonnance, frappée du Grand Sceau. 41

Du Guesclin. Saumur. 49
Le château. Photo : 29/12/2007.

Le système fort complexe du transport, du stockage du sel, venu habituellement de Noirmoutier, via Nantes, a demandé un certain temps pour se mettre en place. En tout cas, Saumur devient le siège d’un grenier à sel qui était installé au cœur de la vieille ville, dans l’actuelle rue Lecoy. Jehan Chasteigner est le premier grenetier connu (années 1436-1460).

Avec la gabelle apparaissent les faux-sauniers. Le premier connu est un clerc, Jean Regnart, emprisonné au château de Saumur, d’où il s’évade. En 1399, il obtient une lettre de rémission 42

A partir de 1355 également, toute vente de marchandise est frappée d’une aide de 8 deniers par livre, ce qui ne représente encore que 3,33 %, mais des " crues " viendront augmenter ce pourcentage. La perception, assez complexe, est confiée à des fermiers nommés par la population, en principe " élus ", c’est du moins le nom qu’on leur donne.

Edouard III, roi d’Angleterre et tuteur du futur Jean IV de Bretagne prescrit la remise des places fortes au Duc de Lancastre.

Saint-Brieuc. Le chœur de la cathédrale est détruit par un incendie

La cathédrale est construite du 13ème siècle au 18ème siècle. Elle sert de place forte, au cœur du « fort » de Saint-Brieuc, enceinte fortifiée de la cité. 1355, détruit dans un incendie, le chœur de la cathédrale est reconstruit en deux ans sous les épiscopats de Guy de Montfort et de Hugues de Montrelais.

Du Guesclin. Saint-Brieuc. 22
Cathédrale Saint-Étienne. Photo : 10/05/2017.

Cathédrale-forteresse, elle sert souvent de dernier refuge aux habitants de la ville face aux agresseurs. Cette cathédrale est l’une des neuf cathédrales historiques de Bretagne. La tour nord est construite au début du 13ème siècle. Après un incendie, le chœur et la nef sont reconstruits entre 1354 et 1357.

Au Moyen Âge, en l’absence d’égouts, des rues étaient destinées à l’évacuation des déchets et eaux usées à l’air libre, les « ingoguets ». Leurs flux se mêlaient à ceux des ruisseaux et rivières aussi appelés « merderons », comme le Jouallan, la Grenouillère et le ru de Saint-Gouëno.

L’absence d’urbanisme pensé et respecté se manifeste aussi dans les constructions parasitaires adossées à la cathédrale favorisant les incendies. Les modes de construction favorisaient les incendies : cela va du mode de couverture le plus répandu, les roz ou roseaux séchés, à l’utilisation de panneaux de bois, abondant, et dont les qualités d’isolation thermique et esthétique (notamment quand ils sont sculptés) étaient recherchées. Saint-Brieuc a de vieilles maisons en pans-de-bois.

Lieu de marchés et ville épiscopale, Saint-Brieuc fut en effet pendant sept siècles un lieu de rencontre de populations originaires des campagnes francophones et bretonnantes. Les évêques et les nobles du Penthièvre étaient probablement quant à eux déjà francophones à la fin du XIIIe siècle, tout comme les ducs de Bretagne. 43

Arnaud de Cervole

Dès 1355, Arnaud de Cervole est chevalier, vassal du roi de France et touche une pension en échange de certaines « besognes secrètes ». Il participe en 1356 à la bataille de Poitiers, où il est fait prisonnier et discrètement libéré. 44

Nicolas Bouchart capitaine de Batz-sur-Mer et du Croisic

Nicolas Bouchart ou Bouchard, est né à Batz. Il est capitaine de Batz-sur-Mer et du Croisic, puis capitaine de la forteresse de Pirmil et amiral de Bretagne.

En 1355, il est chargé par Édouard III de défendre Le Croisic contre les attaques de Charles de Blois, poste clé en tant que principale base navale du parti de Montfort.

Un rempart de pierres de taille protège au lieu-dit La Barrière l’accès à la péninsule.

Le château était vraisemblablement situé sur l’actuelle place de Dinan, et selon, Henri Moret, constitué d’« un corps de bâtiment circonscrivant une cour intérieure, flanqué de tours en saillie ». 45

Il construit le fort de la Barrière du Croisic, ainsi que le château de Pirmil en 1365 qui permet de défendre l’accès à Nantes par la rive gauche de la Loire. 46

Naissance de Marguerite de Champagne

Née vers 1355 - † 1418, elle est comtesse de Sancerre (1403-1418), dame de Sagonne, de Marmande, de Charenton-du-Cher, de Meillant et de Faye-la-Vineuse, etc., fille du comte Jean III de Sancerre et nièce de Louis de Sancerre, connétable de France après Olivier V de Clisson.

Naissance de Nicolas de Clamanges

Nicolas de Clamanges (1355 ?-1437) a surtout écrit en latin. Il est recteur de l’Université de Paris et secrétaire du pape Benoit XIII puis de Martin V. 47

Le château de Peyrepertuse est remis en état

En 1355, le château fut remis en état de défense et Henri de Transtamare, prétendant au trône de Castille, défait à Navarrete en 1367, fut autorisé par le roi de France Charles V à s’y réfugier. 48

Du Guesclin. Peyrepertuse. 11
Le château. Photo : 19.07.2004.

Jean Ier de la Jaille avec le maréchal de Clermont

La maison de la Jaille connue au nord de la Touraine au XIIème siècle, en Loudunois au XIIIème, au sud de la Touraine au XVème, n’est pas étrangère à la maison de la Jaille d’Anjou-Bretagne. Elle en est une branche cadette, c’est un fait certain, authentiquement prouvé.

1344 : Jean Ier de la Jaille (frère de Jeanne épouse de Guy de Bournay) est né en 1324 de l’union d’Aimery IV (fils d’Aimery III et petit-fils d’Aimery II) et d’Eustache de Parthenay. A 16 ans, il commande une petite unité tactique aux frontières des Flandres (1340).

Avant 1345, Jean avait épousé Jeanne Gourmont, dame de Ranton, fille de Guillaume, seigneur de la Tour-du-Bois-Gourmont (en Loudun).

Il fait bientôt partie de la compagnie d’élite du maréchal de Clermont (vers 1355). Prisonnier à Poitiers (1356), il paie rançon et entre au service du duc d’Anjou, frère de Charles V, qui lui donne la garde de Loudun (1360). 49

Jean de Clermont. Il est fait maréchal de France en novembre 1352. En 1352, il est envoyé en Flandre pour négocier la paix avec les Anglais. La paix fut signée, ce qui lui valut d’être nommé lieutenant du roi en Poitou, Saintonge, Angoumois, Périgord, Limousin et une partie de l’Auvergne par lettres du 1er janvier 1355. En 1354, il est envoyé sur les frontières de Picardie et de Flandre pour la paix qui se discutait avec les Anglais. Il suivit le duc de Normandie à Avignon et en Languedoc. A la bataille de Poitiers le 19 septembre 1356, il se trouva exposé au feu des Anglais, à la sortie d’un défilé. Son cheval s’étant abattu sous lui, il ne put se relever et perdit la vie. 50

Joseph Moisant décrit en détail les années 1355 et 1356, la chevauchée en Languedoc et la Bataille de Poitiers. Il montre qu’à Poitiers Édouard de Woodstock a essayé d’éviter le combat malheureux pour Jean II. Pages 191 à 255 figure un extrait de J-M Tourneur-Aumont sur la bataille. Bertrand du Guesclin est cité une quinzaine de fois. 51

Le Prince Noir
J. Moisant. Le Prince Noir en Aquitaine. 1355-1356. Ed. Puremonde. 2008. 260 pages.
Le Prince Noir
J. Moisant. Le Prince Noir en Aquitaine. 1355-1356. Ed. Puremonde. 2008. 260 pages.