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1357. Bertrand du Guesclin a 37 ans

Le tournoi de Dinan. Fin du siège de Rennes. Charles de France a 19 ans. Charles II de Navarre a 25 ans. Tiphaine Raguenel a 22 ans. La Grande Ordonnance.

5 janvier. La baronnie de La Roche-Moysan donnée à Gautier de Bentley

Le 8 juin 1323, Gauvin de la Roche-Moysan vend à Hervé de Léon "la ville de Pont-Scorf". A la même date, suite à un accord entre Hervé de Léon et Gauvin de La Roche-Moysan, Gauvin cède à Hervé "le manoir de La Roche-Moisan" en échange d’une rente de 400 livres.

Le domaine de La Roche-Moysan est ensuite confisqué vers 1355 par le duc de Bretagne et le 5 janvier 1357, Jean IV fait donation de

"la baronnie de La Roche Moysan o ses appartenances à nostre très cher et très bien amé monsour Gautier de Bentelé et a notre tres chère et très amée cousine, la damme de Beleville et de Cliczon, sa compaigne et espouse, et à nostre très cher et très amé cousin monsour Olivier, sire de Cliczon (leur fils) et aux hoirs qui ystront de luy".

Gautier de Bentley participe à la bataille de Mauron le 14 août 1352.

La seigneurie passe ensuite à Jean de Vendôme. Puis, à l’occasion du remariage du vicomte Jean Ier de Rohan (veuf de Jeanne de Léon) avec Jeanne, fille du roi de Navarre, et de la naissance de leurs fils Charles (duquel est issue la branche des Rohan-Guémené), le duc de Bretagne Jean IV donne (par lettres signées à Vannes le 14 avril 1380) à son

"cousin le chatiel et toute la chatellainie de Rochemoisan o toutes les appartenances sises au pais et terroir de Kemenethe-boays",

saisis sur Bouchard de Vendosme (ou Vendôme). La donation est confirmée par le duc le 27 novembre 1381. La châtellenie comprend alors 10 paroisses, parmi lesquelles : Meslan, Guilligomarch, Arzano, Redené, Guidel, Ploemeur, plus la moitié de l’île de Groix.

Le 14 mai 1380, le duc distrait les châtellenies de Guémené et de la Rochemoisan de la juridiction d’Auray et les attribue à celle d’Hennebont. Par acte, signé à Chartres le 2 février 1382, Jean de Vendosme, seigneur du Foillet, vend à Charles, fils du vicomte Jean Ier de Rohan et de son épouse Jeanne de Navarre,

"le chastelet et la chatelenie de la Roche-Moysan, o les moulins, bois et apartenances d’icelle chasteleni, en la paroisse d’Arzenou ou diocèse de Vannes".

Cette vente comprend aussi la ville de Pont-Scorff (Pontscorff). 1

Les frontières du Kemenet Héboé

Guillaume de Texue accompagne Charles de Blois

Texue était au Moyen âge un manoir qui donna son nom à une noble famille portant pour armoiries : d’argent au chef de sinople. Le premier auteur connu de cette maison fut Guillaume de Texue, mentionné dans un sauf-conduit délivré en 1357 par le roi d’Angleterre à certains écuyers de la suite de Charles de Blois. Il épousa Marie de la Roche-Epine. Robert de Texue, fils de ce Guillaume et son héritier, servit également comme écuyer, en 1371, sous les ordres de du Guesclin. 2

Rennes, le duc de Lancastre continue le siège

En février, des habitants de Rennes entendent des bruits souterrains qui leur font comprendre que le duc de Lancastre a ordonné le percement d’une galerie sous les remparts, espérant pouvoir faire discrètement déboucher des troupes au cœur de la ville.

Guillaume Penhoët, mis au courant, ordonne aux habitants des maisons proches des remparts de suspendre chez eux des bassines de cuivre contenant des boules métalliques, afin de déterminer l’emplacement exact de la galerie grâce aux vibrations causées par le travail de mine. Une fois l’emplacement déterminé, une contre-mine est creusée, et une troupe de soldats commandée par Bertrand de Saint-Pern massacre les sapeurs avant de mettre le feu aux poutres soutenant le boyau. 3

Du Guesclin. Rennes. 35
Photo : 04/09/2018.

Le « miracle » de l’église Saint-Sauveur.

L’endroit de la contre-mine est à l’intérieur de l’église Saint-Sauveur, juste sous le crucifix. Une légende apparue plus tard, affirme que la statue d’une Vierge à l’Enfant située dans une chapelle de l’église se serait miraculeusement animée, montrant du doigt l’endroit où il fallait creuser. Un culte est depuis rendu à cette statue, nommée Notre-Dame des Miracles et des Vertus. 4

Le troupeau de porcs, légende ou réalité ?

Un épisode encore plus célèbre de ce siège est celui ayant trait au troupeau de porcs (2 000 à 4 000 selon Michel de Mauny) que Lancastre, connaissant l’état de famine à l’intérieur des murs, fait paître devant les portes Mordelaises pour attirer les Rennais hors de la ville. Le capitaine de Penhoët s’illustre à nouveau en faisant suspendre à une poterne de la porte une truie dont les cris attirent les cochons, qui pénètrent dans la ville avant que les Anglais puissent réagir. Les bourgeois, éclatant de rire en haut des remparts, profitent de l’occasion pour se moquer de leurs assiégeants restés bouche bée devant la ruse :

« Vous nous devez des gages, car nous sommes maintenant vos porchers ! »

Bertrand du Guesclin vole les vivres des Anglais

Peu après, un autre ravitaillement est apporté par Bertrand Du Guesclin, qui entre dans la ville avec de pleines charrettes de vivres, en détournant par la ruse l’attention du duc anglais, lui ayant fait croire à l’approche d’une troupe de mercenaires allemands. Son arrivée galvanise les assiégés, et les semaines suivantes voient se produire une série de coups de main et de duels, Du Guesclin s’illustrant à nouveau durant l’un d’entre eux, contre l’Anglais Bramborc. 5

Le siège de Dinan et le combat avec Thomas de Cantorbéry

Dinan est aux mains de Charles Blois et c’est de là que Bertrand du Guesclin agit. Le duc de Lancastre voyant le siège de Rennes s’éterniser décide d’attaquer Dinan. Dinan prise il pourra se consacrer uniquement au siège de Rennes.

Dès le 8 janvier 1357, Thibaud sire de Rochefort arrive à Dinan, où se trouve Bertrand du Guesclin, avec son armée française de 1 500 personnes. En février ou mars 1357, le duc de Lancastre vient mettre le siège devant la ville de Dinan. Le siège est levé à la suite de la trêve du 23 mars 1357. 6

Bertrand du Guesclin et son frère Olivier défendent avec succès la ville assiégée par les troupes anglaises et les Bretons fidèles à Jean de Montfort. Lors d’une trêve, Thomas de Cantorbéry prend Olivier en otage. Bertrand affronte Thomas de Cantorbery en combat singulier et en sort vainqueur. 7

Du Guesclin. Dinan. 22
Saint-Sauveur. Photo : 08/01/2016.

Février-mars. Lors du célèbre duel de Bertrand du Guesclin contre Thomas de Cantorbéry on connaît le nom du capitaine de la place : Hervé de Penhouet qui commande le ban et l’arrière ban du Poudouvre. A cette époque les deux places, « Duguesclin et Champ-Clos », n’en forment qu’une : Le Champ es Chevaux. 8

Nous sommes en février 1357. Une foule immense a envahi le cœur de la cité médiévale de Dinan. Sur la place du marché, un champ clos a été délimité : seuls en lice, Bertrand Du Guesclin et Thomas de Cantorbery vont s’affronter en combat singulier... 9

Le duc de Lancastre assiste au combat gagné par Bertrand du Guesclin. Le siège de Dinan est levé. Le duc de Lancastre revient à Rennes.

Bertrand du Guesclin rencontre Tiphaine Raguenel

C’est la fille de Robin III Raguenel, seigneur de Châtel-Oger, héros du combat des Trente, et de Jeanne de Dinan, vicomtesse de La Bellière. 10 Elle est née vers 1335. Elle a la réputation d’une femme savante, l’astrologie est une de ses passions. Elle prédit sa victoire contre Thomas de Cantorbéry. 11

Elle aurait vue en songe un aigle noir déchirer les entrailles et arracher les yeux à un léopard terrassé. On rapporte à Bertrand les paroles de la vision de Tiphaine, celui ci aurait répondu, avec l’humour caustique qui le caractérise " fol est celui qui se fie à paroles de femmes, il n’est guère plus subtil et n’a pas plus de sens qu’une brebis ". 12

Guillaume Raguenel, frère de Tiphaine, lutte pour Charles de Blois et périt en 1364 à la bataille d’Auray. Il épouse Jeanne de Montfort.

Ce site présente La Bellière et le combat de Bertrand du Guesclin avec Thomas de Cantorbéry à Dinan.

5 juillet. Le duc de Lancastre lève le siège de Rennes

Une trêve est signée entre Edouard III et Jean le Bon. Edouard III demande au duc de Lancastre de cesser le siège, il fait la sourde oreille et continue.

Des sources s’accordent à dire que la ville est rançonnée par le duc de Lancastre. Elles divergent cependant sur la conclusion à en tirer. Est-ce que les Rennais ont payé ? Ont-ils organisé une parodie de prise de Rennes pour que l’honneur du duc de Lancastre soit sauvé ?

Du Guesclin. Rochefort-en-Terre. 56
Vestiges du château. Photo : 19/07/2020.

L’Histoire de Bretagne d’Henri Poisson et Jean-Pierre le Mat précise que le siège est levé à la suite d’un traité entre la France et l’Angleterre, mais n’indique ni date, ni le montant pris par le duc aux habitants.

Jean-Pierre Leguay précise quant à lui l’un et l’autre : le 5 juillet 1357, le siège est levé au prix d’une rançon de 100 000 écus dont 20 000 comptant. Il indique également qu’il s’agit là d’un compromis entre Lancastre et les Rennais.

L’Histoire de Rennes parue en 2006 y voit en revanche une capitulation pure et simple, seule sa défense honorable lui épargnant un pillage en règle.

Olivier de Mauny s’illustre au siège de Rennes en 1357 aux côtés de son cousin germain Bertrand du Guesclin. 13

Maurice de Trésiguidy, participant au Combat des Trente, est au siège de Rennes. Les Preuves de Dom Morice nous apprennent, en outre, qu’il donnait, en 1357 à Vitré, et en 1363 à Châteaugontier, quittances scellées de ses armes, du payement de ses gages et de ceux des archers de sa compagnie. 14

Jehan III de Beaumanoir reçoit les clefs de Rennes

Il prit part, en 1352, à la malheureuse bataille de Mauron. Il fut envoyé en ambassade en Angleterre, la même année, reçut, comme gouverneur de Bretagne, les clefs de Rennes, en 1357, servit d’otage de Charles de Blois au traité d’Evran, en 1363, et représenta Jeanne de Penthièvre, à Guérande, en 1365. Sa tombe se voit encore au prieuré de Léhon, près Dinan. 15

Guillaume Poulart est évêque de Rennes de 1357 à 1359 puis évêque de Saint-Malo de 1360 à 1374. Il est né vers 1329 et mort le 17 septembre 1384. 16

Bertrand du Guesclin reçoit la châtellenie de La Roche-Derrien

Après avoir fait lever le siège de Rennes (5 juillet 1357), Bertrand du Guesclin reçoit en remerciement de Charles de Blois la ville et la châtellenie de La Roche-Derrien. 17

L’annonce du départ des anglais a bientôt fait le tour de Bretagne et de Normandie, mais aussi de la France. Et chacun d’admirer le courage des Rennais, mais surtout celui de Bertrand du Guesclin, qui gravit ainsi la première marche de l’escalier qui le mènera à la gloire. Sa renommée va parvenir jusqu’au Dauphin.

Le futur Charles V ordonne à ses trésoriers de verser une rente annuelle et viagère de 200 livres tournois à messire Bertrand du Guesclin, chevalier et sire de Broons, pour le remercier de sa vaillance durant le siège de Rennes. 18

Jean de Montfort sur les champs de bataille

Son père meurt en 1345, alors qu’il n’a que six ans, c’est sa mère « Jeanne la Flamme » qui poursuit la guerre, remportant des succès. Il commence à prendre part aux opérations militaires en 1357. 19

Bertrand du Guesclin capitaine de Pontorson

Auteur d’une Vie du vaillant Du Guesclin, un trouvère du XIVe siècle, Cuvelier, nous rappelle en ces termes que le fils de Jeanne Malemains est institué capitaine de Pontorson en 1357 par le duc d’Orléans :

- Li ducs fist moult grant joie à Bertrand, ce dit-on,
- Capitaine le fist adonc de Pontorson. 20

Bertrand du Guesclin fait chevalier par Charles de Blois

Dans le volume qu’il a consacré à la Jeunesse de Bertrand, M. Luce, s’appuyant sur une tradition rapportée par un historien breton du XVIe siècle, d’Argentré, a cru devoir fixer cette date au 10 avril 1354. D’ailleurs, s’il fallait absolument fournir une explication de la légende à laquelle d’Argentré a prêté l’autorité de son nom, on la trouverait peut-être dans ce fait que, du Guesclin ayant plus tard épousé Jeanne de Laval, héritière de Montmuran, la famille de Laval aurait trouvé flatteur de rattacher à ce château l’entrée de Bertrand dans la chevalerie.

Le duc de Lancastre, qui a déjà eu plus d’une fois à souffrir des attaques et des ruses de du Guesclin et qui ne peut s’empêcher d’admirer son courage, s’efforce de l’attirer dans son parti. Or, entre autres promesses qu’il lui fait, il lui propose de le faire chevalier :

« Bertran, se demourer volez avec mi,
Bien vous porriez vanter, pour certain le vous di,
Qu’en moi ariez trouvé.i. bon loial ami ;
Chevalier vous ferai et vous donrai ausi
Terres et grant avoir du tout a vostre otri. »

Ainsi donc, à la fin de 1356 ou au commencement de 1357, du Guesclin n’était pas encore chevalier.

Charles de Blois, qui suivait avec un vif intérêt les péripéties de la lutte, mais ne pouvait y prendre part à cause de ses engagements avec le roi d’Angleterre, vint à Rennes peu de temps après le départ du duc de Lancastre et, pour témoigner à Bertrand sa reconnaissance, lui confia la garde de la Roche-Derrien et le fit chevalier.

« En Bretaigne regna Bertran li posteiz
Tant pour Charles de Bloiz à qui il fu subgiz
Qui le fist chevalier, ce nous dit li escrips. »

… du Guesclin doit attendre jusqu’en 1362 pour abandonner le pennon de simple chevalier et devenir banneret.

Les lettres du 6 décembre 1357, par lesquelles le dauphin Charles accorde à Bertrand du Guesclin une rente de deux cents livres tournois pour les services par lui rendus au siège de Rennes, sont le premier acte authentique connu jusqu’ici où le futur connétable de Charles V soit qualifié de chevalier. 21

Charles de Blois, duc de Bretagne, adoube Bertrand du Guesclin

« Comes vero Blesensis, audiens que facta fuerant et Bertrannum multis laudibus commendans, eidem concessit custodiam Rupis Deriani et eum accinxit noviter baltheo militari » 22

Bertrand du Guesclin, seigneur de la Roche-Derrien

Et, une question se pose ici tout naturellement : « Qu’est venu faire ce siège de Rennes dans l’histoire de la Roche-Derrien ? »

II a avec elle un corrélation très étroite, car ce fut pour avoir ravitaillé Rennes, lui avoir permis de tenir si longtemps et en avoir ensuite fait lever le siège, que Duguesclin reçut de Charles de Blois, en récompense de ses services, la seigneurie de la Roche-Derrien, avec le titre de vicomte de cette ville et que nous eûmes l’honneur de le compter au nombre de nos concitoyens. 23

Du Guesclin. La Roche-Derrien. 22
Vue de l’emplacement du château détruit. Photo : 28/01/2017.

Bertrand du Guesclin capitaine de Sacey

Le château de Charuel, 24 disparu, élevé face au territoire breton par le duc de Normandie Robert le Magnifique, père de Guillaume le Conquérant, se situait sur une crête dominant la rivière, à l’ouest du bourg. 25

Bertrand du Guesclin, 27ème Grand Maître du Temple

Il l’aurait été jusqu’à sa mort. Jean d’Armagnac lui succède en 1381, selon cette source. 26

Y a t-il vraiment eu des successeurs à la tête de l’Ordre du Temple ? Pourquoi Bertrand du Guesclin qui n’est pas très connu en 1357 ? 27

Pour Jean-Christophe Cassard, Bertrand du Guesclin n’a jamais été Grand Maître du Temple.

En 1841, un érudit finistérien, le chevalier de Fréminville (1787-1848), laissait aller son imagination généralement fertile, encore aiguillonnée par la consultation d’un parchemin acquis par lui auprès d’un éditeur indélicat qui le tenait soi-disant de la dispersion des archives de l’évêché de Quimper à la Révolution : une "charte de 1324, sur laquelle figure la signature de notre héros", à savoir Bertrand du Guesclin devenu en 1357 le grand maître occulte du temple continué. 28

Nicolas Bouchart est nommé amiral de Bretagne

Nicolas Bouchart soutient le parti de Jean de Montfort. 29

3 février. Les États généraux sont prorogés et sont convoqués de nouveau

A Paris, le dauphin doit accepter de composer avec les États généraux qui lui imposent la Grande Ordonnance de 1357. Cette ordonnance instaure une monarchie contrôlée. Proche de longue date des milieux réformateurs il parvient cependant à rester à la tête de l’État.

Deux conseils cohabitent : celui du Dauphin et celui des États. Mais pour les réformateurs et particulièrement les Navarrais cela ne suffit pas : le retour du roi de captivité peut mettre fin à cet essai institutionnel. D’autre part, le Dauphin prend de l’aplomb et n’hésite pas en août à rappeler les conseillers sacrifiés et à demander au prévôt des Marchands de ne se préoccuper que des seules affaires municipales. 30

Du Guesclin. Paris
Notre-Dame. Photo : 21/04/2003.

A Metz, le dauphin rend hommage à son oncle l’empereur Charles IV pour le Dauphiné

Cela lui permet d’obtenir son soutien diplomatique. À son retour en mars 1357, il accepte le 3 mars la promulgation de la « grande ordonnance », esquisse d’une monarchie contrôlée et vaste plan de réorganisation administrative, mais obtient le maintien en captivité de Charles de Navarre. Une commission d’épuration doit destituer et condamner les fonctionnaires fautifs (et particulièrement les collecteurs d’impôts indélicats) et confisquer leurs biens.

Neuf conseillers du dauphin sont révoqués : Étienne Marcel tient sa vengeance contre Robert de Lorris. Six représentants des États entrent au conseil du roi, qui devient un conseil de tutelle. L’administration royale est surveillée de près : les finances, et particulièrement les mutations monétaires et les subsides extraordinaires, sont contrôlées par les États. 31

Charles de Blois, lui, a retrouvé une place auprès de ce prince de dix-huit ans, le futur Charles V, sur qui pèse le poids des affaires du royaume dans une conjoncture particulièrement dramatique, puisque les historiens n’hésitent pas à parler de révolution en évoquant les troubles qui agitent alors Paris et la province.

Le duc « participe de façon active aux affaires politiques ; il tient un rôle important lors de la réunion des États généraux au début de mars 1357, intègre le groupe de la noblesse réformatrice », et, en toutes ses actions et conseils, fait preuve de lucidité et de modération. 32

Pierre d’Orgemont est destitué le 3 mars.

Pierre 1er d’Orgemont est né à Lagny-sur-Marne vers 1315 et mort à Paris en 1389. Il semble être le fils de Jean d’Orgemont, bourgeois de Lagny qui possédait des immeubles à Paris, rue Saint-Antoine. À moins qu’il soit le fils du Pierre d’Orgemont qui figure dans les testaments de Louis X et de Philippe le Long.

Pierre d’Orgemont fait des études de juriste et commence sa carrière en 1340 comme simple avocat au Parlement de Paris où il est nommé maître clerc en mai 1347, puis premier président en 1355. Durant la captivité en Angleterre du roi Jean le Bon, fait prisonnier à la bataille de Poitiers (1356), il sait faire preuve, malgré les périls, d’une loyauté sans faille envers la couronne, notamment pendant la révolte des États généraux de 1357 conduite par Étienne Marcel, ce qui lui vaudra la reconnaissance du dauphin, le futur Charles V. Le 20 novembre 1373, il est le premier et le dernier chancelier de France à être élu par un collège d’électeurs réuni par Charles V. Au Noël 1373, Pierre d’Orgemont est fait chevalier. Il reste chancelier de France jusqu’à sa démission en 1380, à la suite de la mort du roi dont il est l’exécuteur testamentaire. À cette date, il devient maître des requêtes au parlement de Paris.

En 1384, il est nommé chancelier du Dauphiné par Charles VI. Il contribue à la rédaction des Grandes Chroniques de France pour la période 1350-1380. 33

22 mars. Le traité de Bordeaux

Les transactions durent trois mois. Elles aboutissent à une trêve d’un an, le « traité de Bordeaux », le prince de Galles n’étant pas autorisé à signer un vrai traité de paix.

17 mai. Le régent ordonne à Ingelger Ier de se constituer prisonnier

À peine rentré en France, Ingelger Ier reçoit une lettre du régent et futur roi de France Charles V qui lui écrit de Vincennes, (le dix-sept mai 1357) et lui donne l’ordre de se constituer prisonnier, une nouvelle fois, pour aller prendre la place de Guy II de Châtillon, comte de Blois, prisonnier, lui aussi, d’Édouard III.

Dans cette lettre, il menace Ingelger Ier d’Amboise de lui confisquer ses biens, s’il refuse de repartir.

Malgré la menace Ingelger Ier refuse de repartir comme prisonnier en Angleterre. Ingelger Ier d’Amboise mourut dans son château d’Amboise, en 1373. 34

6 avril. Jean II le Bon annule l’Ordonnance

Le roi Jean II le Bon, gardant un grand prestige et venant de signer une trêve de deux ans avec les procureurs du prince de Galles, désavoue le dauphin et depuis sa prison de Bordeaux, interdit l’application de l’ordonnance de réformation. 35

11 avril. Jean II le Bon quitte Bordeaux

Le 22 mai, il fait son entrée solennelle à Londres. 36

Juin. La famiglia Malabayla, des banquiers, prête à Charles Blois

Clément VI était devenu le conseiller financier éclairé des banquiers Malabayla.

En juin 1343, il avait fait prêter 20 000 florins à Alfonse XI de Castille pour une croiserie contre le royaume maure de Grenade.

Le 20 février 1345, les Malabayla avançaient 32 000 florins à Charles de Blois, prétendant au duché de Bretagne.

La même année, l’emprunt de 2 000 florins fait par Aymar de Poitiers, comte de Valentinois, fut gagé par la Révérende Chambre Apostolique.

Le Valentinois, son épouse Sybille des Baux, ainsi que Guillaume de Mornas et Arnaud de Château-Arnoux, empruntèrent, le 26 novembre 1346, 10 400 florins.

Le duc de Bourgogne, Philippe de Rouvres, se fit prêter par la compagnie avignonnaise 10 000 florins le 24 juin 1347.

Enfin, en 1348, lors de leur séjour à Avignon, la Reine Jeanne et Louis de Tarente engagèrent leurs joyaux auprès du pape qui leur fit avancer 18 000 florins par les Malabayla.

Il est à noter qu’en juin 1357, en remerciement du prêt de 32 000 florins fait au prétendant de Bretagne, Jeanne de Penthièvre, vicomtesse de Limoges, et son époux Charles de Blois firent donation à Guillaume II Roger de Beaufort, frère du pape, de la seigneurie de Salon-la-Tour et des fiefs de Saint-Germain et de Groselle.
Dix ans plus tard, cette donation fut revendue par le vicomte de Turenne à l’exécuteur testamentaire du cardinal Hugues Roger pour y fonder un chapitre. 37

Charles II de Navarre, libéré ou évadé, est à Paris

Les États organisent donc la libération de Charles de Navarre, qui peut prétendre à la couronne et est toujours enfermé dans la forteresse d’Arleux. Cependant, pour se dédouaner face au dauphin, on fournit à cette libération un caractère spontané, lui donnant l’aspect d’un coup de main de fidèles navarrais (les frères de Picquigny).

Arleux. Le roi Charles II de Navarre dit "le Mauvais", arrêté à Rouen par le roi de France Jean II, y fut incarcéré. Il fut libéré le 9 novembre 1357 par des partisans picards et navarrais qui escaladèrent les murailles. 38

Le retour de Charles de Navarre est méticuleusement organisé : il est libéré le 9 novembre, il est reçu avec le protocole réservé au roi dans les villes qu’il traverse, accueilli par les notables et la foule réunie par les États. Le même cérémonial se reproduit dans chaque ville depuis Amiens jusqu’à Paris : il entre avec une magnifique escorte, est reçu par le clergé et les bourgeois en procession, puis il harangue une foule toute acquise, expliquant qu’il a été spolié et injustement incarcéré par Jean le Bon alors qu’il est de droite lignée royale.

Mis devant le fait accompli, le dauphin ne peut refuser la demande d’Étienne Marcel et de Robert le Coq. Il signe donc des lettres de rémissions pour le Navarrais, qui effectue tranquillement son triomphal retour. Le 30 novembre, il harangue 10 000 Parisiens réunis par Étienne Marcel au Pré-aux-Clercs. Le 3 décembre, Étienne Marcel s’invite avec un fort parti bourgeois au Conseil qui doit décider de la réhabilitation de Charles de Navarre, sous prétexte d’annoncer que les États réunis aux Cordeliers ont consenti à lever l’impôt demandé par le dauphin et qu’il ne reste que l’accord de la noblesse (qui se réunit séparément des autres États) à obtenir. Le dauphin ne peut encore qu’acquiescer et réhabiliter Charles le Mauvais. 39

Un coup de main combiné par le prévôt des marchands fit sortir le roi de Navarre du château d’Ailleux où il était détenu, et le dauphin, revenu à Paris sans argent, dut une fois encore convoquer les états pour le 7 novembre ; sous la pression des chefs populaires, il accorda à son beau-frère un sauf-conduit et l’autorisation de rentrer à Paris. 40

9 novembre. Il arrive à Amiens. Accueilli favorablement par le maïeur Firmin de Cocquerel et le capitaine de la ville, Jean de Saint-Fuscien, il demeure quinze jours dans la ville. Les échevins d’Amiens lui décernent même le titre de « bourgeois d’Amiens », ce qui ne s’était jamais vu pour un prince de sang royal, ils proclament le roi de Navarre, capitaine de la ville et de ses faubourgs. Charles le Mauvais peut ensuite regagner Paris et comploter avec le prévôt des marchands, Étienne Marcel. 41

Du Guesclin. Amiens. 80
Au fond, la cathédrale Notre-Dame d’Amiens. Photo : 05/04/2018.

Jean de Picquigny délivre Charles II de Navarre

Jean de Picquigny est un noble picard, de la Maison de Picquigny, il joue un rôle au service du roi de France puis du roi de Navarre. 42

C’est le fils de Robert de Picquigny, conseiller du roi, et de Jeanne de Fluy. Il sert dans l’armée du roi en 1346 et partage, avec Jean de Gonnelieu, le gouvernement de l’Artois pour le compte du roi Jean le Bon.

Jean de Picquigny, seigneur de Fluy, est député de la noblesse du bailliage d’Amiens, aux Etats généraux de 1355 et 1356. En mars 1357, il entre au Grand Conseil.

Son frère Mathieu, chanoine d’Amiens, devient collecteur de subsides ordonnés par les états.

En 1356, Jean de Picquigny, agit de concert avec Étienne Marcel, prévôt des marchands de Paris. Profitant de la défaite de Poitiers et de la captivité du roi de France, Jean de Picquigny, à la demande la noblesse partisane de réforme, délivre avec l’aide de ses frères Robert et Philippe, le roi de Navarre, Charles le Mauvais.

Il emmène Charles le Mauvais à Amiens où il est désigné « bourgeois d’Amiens » par les échevins, ce qui était incongru pour un prince de sang royal. Il accompagne ensuite le roi de Navarre à Paris. Mahy, frère de Jean, prit une part active à ces événements. 43

Étienne Marcel et la crise des institutions

Il se retrouve à la tête du mouvement réformateur qui cherche à instaurer une monarchie française contrôlée, en affrontant le pouvoir royal exercé par le dauphin. Délégué du Tiers-Etat, il joue un rôle considérable au cours des états généraux tenus en pleine guerre : ceux de 1355 avaient pour objectif le contrôle de la fiscalité, ceux de 1356 demandaient le prélèvement de nouveaux impôts et ceux de 1357 devaient régler le paiement de la rançon du roi Jean.

Étienne Marcel est une personnalité issue du grand patriciat urbain proche du pouvoir qui s’est illustrée par la défense des petits artisans et compagnons qui forment le gros des citadins. Le grand patriciat commerçant possède des ressources financières très abondantes qu’il prête aux princes et aux ecclésiastiques : il devient un acteur incontournable.

Pour obtenir le rôle politique que leur importance croissante dans la société devrait leur donner, de nombreux bourgeois tentent d’être anoblis. C’est la voie que choisit par exemple Robert de Lorris qui, devenu proche conseiller de Jean le Bon, use de son soutien ou d’alliances matrimoniales judicieuses pour promouvoir ses proches.

La noblesse doit compenser la diminution de ses revenus fonciers ; la guerre en est un excellent moyen : par les rançons perçues après capture d’un adversaire, le pillage et l’augmentation des impôts justifiée par la guerre. C’est ainsi que la noblesse pousse à la guerre.

Édouard III et Charles de Navarre voient donc l’occasion de faire valoir leurs revendications respectives à la couronne de France et en profitent pour séduire les villes en laissant espérer l’institution d’une monarchie contrôlée.

Le pays rechigne à payer les taxes nécessaires au fonctionnement de l’État : depuis Philippe le Bel les souverains recourent à des mutations monétaires qui affaiblissent le cours de la monnaie et entraînent une forte inflation mais qui permettent d’importantes recettes. Dans les villes naît le sentiment que le royaume serait mieux géré par les Etats généraux.

Charles de Navarre, auréolé de son sang royal, est un brillant orateur et sait se faire le champion du parti réformateur. Paris est à la fois le siège de la Cour et de l’administration (palais de la Cité), de l’université en même temps qu’un énorme centre marchand et artisanal. L’essentiel des représentants des trois ordres y vit. 44

Étienne Marcel prévôt des marchands de Paris

Étienne Marcel, né entre 1302 et 1310 et mort à Paris le 31 juillet 1358, est prévôt des marchands de Paris sous le règne de Jean le Bon.

La famille Marcel est l’une des plus puissantes de la bourgeoisie parisienne. Cette famille de drapiers, très étendue, forme un réseau solidaire. Cependant, Étienne, s’il n’est pas issu de la branche la plus aisée de la famille, est « rejeton par sa mère d’une lignée d’officiers de l’hôtel royal et par son père de fournisseurs de la cour. » Il se marie avec Jeanne de Dammartin, fille d’un riche échevin parisien, puis avec Marguerite des Essarts, fille du banquier Pierre des Essarts († 1349), dont les relations lui permettent d’entrer en politique et de créer de nouveaux liens avec les riches marchands des communes flamandes. Propriétaire dans Paris de nombreux bâtiments, il habite rue de la Vieille-Draperie, dans l’île de la Cité.

Ses alliés, Pierre des Essarts, son beau-père, ou Jean Poilevillain, sont régulièrement employés par le roi pour des mutations monétaires. En 1346, à la suite de la bataille de Crécy, ils sont rendus responsables du mauvais gouvernement et sont jetés en prison. Étienne Marcel aurait intercédé auprès du comte de Flandre Louis de Male pour faire libérer Pierre des Essarts.

Robert de Lorris, un autre puissant bourgeois, est lui aussi l’un des gendres de Pierre des Essarts. Il a su revenir dans l’entourage royal dès 1347, à tel point qu’il est l’un des proches conseillers de Jean le Bon, dont il obtient le 7 février 1352 la réhabilitation de Pierre des Essarts. Ce grand patriciat, proche du pouvoir et associé aux diverses spéculations monétaires et immobilières, est honni par la rue et Étienne Marcel, en rupture avec son milieu d’origine choisit en 1357 de devenir le champion du petit peuple urbain.

Étienne Marcel appartient aux deux plus prestigieuses confréries parisiennes : la grande Confrérie de Notre-Dame aux prêtres et bourgeois de Paris et la Confrérie Saint-Jacques-aux-Pèlerins. Charles le Mauvais, est aussi membre de cette confrérie. Étienne Marcel prend un rôle prééminent dans ces confréries et, en 1350, il est cité comme prévôt de la Grande Confrérie de Notre-Dame.

Fort de son influence grandissante, il succède en 1354 à Jean de Pacy comme prévôt des marchands de Paris. La compétence du prévôt des marchands est théoriquement limitée aux affaires commerciales, mais la charge acquiert vite un rôle politique. Le prévôt peut même avoir un rôle militaire : les villes doivent pouvoir se défendre et peuvent, le cas échéant, lever des troupes pour le service du roi. Ainsi, en novembre 1355, Étienne Marcel conduit en Picardie le contingent parisien de l’ost royal lancé à la poursuite de la chevauchée du duc de Lancastre. En 1356, à la reprise du conflit, Étienne Marcel est en mesure de faire réparer les fortifications de Paris et construire un nouveau mur rive droite. 45

Robert de Lorris beau-frère d’Étienne Marcel

En 1343, Philippe de Valois offre à son fils Jean, duc de Normandie, la chatellenie de Torcy. Étant devenu roi sous le nom de Jean II de France, il offre cette terre à son chambellan Robert de Lorris en 1350.

Par son mariage avec Pernelle des Essarts, fille de Pierre des Essarts, il devient beau-frère d’Étienne Marcel, dont il se fait un ennemi mortel en restaurant la mémoire et la fortune de son beau-père, alors qu’Étienne Marcel avait renoncé à tout droit sur l’héritage. Anobli, lors de la Jacquerie, il dut "renier gentilesse". Il se retire du service après le décès du roi Jean II le Bon pendant sa captivité à Londres. 46

Robert Le Coq se range aux côtés de Charles II de Navarre

Robert Le Coq (v. 1310 à Montdidier - 1373) est évêque de Laon de 1351 à 1358. Fils d’un officier royal anobli, il fait des études de droit à l’Université d’Orléans, puis il entre au Parlement, devient membre du Grand Conseil de Jean le Bon qu’il accompagne à Avignon.

Du Guesclin. Laon. 02
Basilique. Photo : 12/05/2004.

Il se range aux côtés de Charles II de Navarre contre Pierre de la Forêt dont il convoite le poste de chancelier de Normandie. Assimilé au parti navarrais, il est l’objet en 1356 des articles contre Robert Le Coq. Lors de la réunion des états généraux de 1356 et de 1357, il joue un rôle très important ainsi que dans le soulèvement parisien provoqué par Étienne Marcel. Il contribue avec ce dernier à imposer au régent (futur Charles V de France) la grande ordonnance de 1357. 47

7 novembre. Convocation des États

Le dauphin, revenu à Paris sans argent, doit une fois encore convoquer les États.

Pierre de Villiers et Bertrand du Guesclin se connaissent bien

Pierre de Villiers, seigneur de Domont, est en 1352 aux côtés de Guy II de Nesle, maréchal de France, en Bretagne, lors de la bataille de Mauron. Fait prisonnier, sa rançon est payée par Jean II le Bon qui le nomme capitaine des places-fortes de Pontorson et du Mont-Saint-Michel.

En compagnie d’Arnoul d’Audrehem, maréchal de France, en 1354 il est sauvé d’une embuscade à Montmuran par Bertrand du Guesclin. Pierre de Villiers le prend alors sous son aile et lui fournit des troupes. Avant d’être rappelé par le dauphin et régent Charles en tant que chevalier du Guet à Paris, il laisse à Bertrand du Guesclin son poste à Pontorson.

À Paris, sous les ordres, notamment, d’Étienne Marcel, il échoue à contenir une bande de pillards aux portes de la capitale. En 1357, il prend les forteresses de Chartres et d’Étampes. 48

Arnaud de Cervole lève plusieurs compagnies de Routiers

Il ravage la Provence en 1357-1358, rançonne le pape à Avignon et pille la Bourgogne. L’année suivante, le Conseil du Roi lui confie la garde du Berry. Il devient administrateur de la baronnie de Graçay, seigneur de Levroux. Les bandes de Routiers, conduites par Arnaud de Cervola dit l’Archiprêtre sont appelées par les comtes des Baux.

Elles franchissent le Rhône le 13 juillet 1357 et ne repartent de Provence qu’en octobre 1358. Dès le 1er octobre 1357, pour lutter contre ces Routiers, le sénéchal de Provence fait appel au comte d’Armagnac qui amène mille sergents entre Arles et Tarascon. Leur intervention est aussi terrible que celle des Routiers. 49

Juillet. Arnaud de Cervol (dit l’Archiprêtre) sillonne les terres du Comtat avec 16 000 hommes. Ils prennent Pont Saint Esprit, mettent le siège devant Carpentras, détruisent Loriol, Serres, Durban et Velorgues. 50

On peut admettre que notre archiprêtre fut un brigand. S’il fut, et personne ne peut le nier, un "voleur pilleur et robleur", c’est à l’imitation de tous les gens de guerre de l’époque, tels Du Guesclin ou Jean Chandos. La guerre de Cent Ans permet à Du Guesclin de s’enrichir et d’accumuler des titres.

Le roi lui donne la seigneurie de Châteauneuf-sur-Charente en 1354, le nomme capitaine de Beaumont-le-Roger et chambellan de France.

Dès 1355, il est chevalier, vassal du roi et touche une pension en échange de certaines "besognes secrètes".

Il lève, après la bataille de Poitiers, plusieurs compagnies de Routiers, ravage la Provence en 1357-1358, rançonne le pape à Avignon et pille la Bourgogne.

L’année suivante, le conseil du roi lui confie la garde du Berry. Il devient administrateur de la baronnie de Graçay, seigneur de Levroux.

En 1357, Arnaud de Cervole se marie avec Jeanne de Graçay (-1360), veuve d’André de Chauvigny, seigneur de Levroux, sans postérité. 51

Comme quoi chez les puissants la malhonnêteté et la violence est de tout temps récompensée. 52

Les Anglais occupent Brioude et viennent piller Murat

Murat est située au pied des contreforts orientaux des monts du Cantal, dans la vallée de l’Alagnon, qui est le principal lieu de passage au travers du Massif central. La vicomté de Murat est très vaste et dépend de la vicomté de Carlat. Les Anglais, venus piller Murat en 1357, essaient en vain de prendre le château. 53

Du Guesclin. Brioude. 43
La basilique Saint-Julien. Photo : 06/07/2009.
Du Guesclin. Murat. 15
Orgues du rocher de Bonnevie. Photo : 11/05/2015.

Robert de Clermont nommé maréchal de Normandie

Le dauphin Charles, futur Charles V de France, le nomme maréchal de Normandie en 1357. Il est assassiné en 1358 avec Jean de Conflans, le maréchal de Champagne au Palais de la Cité, sous les yeux du dauphin lors de l’émeute provoquée par Étienne Marcel. 54

Mouton de Blainville est à Honfleur

Jean IV de Mauquenchy (vers 1322 - 1391), appelé aussi Mouton de Blainville, est sire de Blainville et maréchal de France en 1368. Il participe au siège de Honfleur. Il devient, avec Bertrand du Guesclin, un des premiers proches du futur roi Charles V. 55

Du Guesclin. Honfleur. 14
Le port. Photo : 19/07/2013.

Mathieu II de Roye en Beauvaisis

Fils de Jean II de Roye, seigneur de Roye, Guerbigny, Becquigny, Vespillières et Monchy-le-Perreux, il commande l’armée en 1348, sert en Picardie sous le duc de Bourbon en 1351, puis sous le roi de Navarre en 1352, en Normandie en 1353, en Gascogne, Poitou et Saintonge sous le connétable, Charles d’Espagne, en Beauvaisis en 1357, en Champagne en 1359, à Paris (04/1360), otage pour la délivrance du Roi Jean II captif en Angleterre, épouse en troisièmes noces en septembre 1363, Isabeau de Châtillon. † après 1377. 56

Jean III de Sancerre épouse Marguerite de Marmande

En 1357, Jean III épouse Marguerite (vers 1335 - vers 1371), fille unique de Pierre de Marmande.

Jean III de Sancerre (1334 - mars 1402 ou 1403) est comte de Sancerre (1346-1402), seigneur de Charenton, (du chef de sa femme) de Saint-Michel-sur-Loire, et (par acquisition) de Boisgibault (1383-1402), conseiller et chambellan du roi Charles VI. C’est le fils aîné du comte Louis II et de Béatrix, fille de Jean V de Pierrepont de Roucy. En 1346, Jean III devient comte de Sancerre à 12 ans à la mort de son père au cours de la bataille de Crécy. Il obtint, en 1348, du roi Philippe de Valois des lettres de dispense pour administrer ses domaines.

Sa compagnie et Louis de Sancerre, son frère, firent montre devant Saint-Jean-d’Angély, le 29 avril 1351. Jean III et ses vingt-deux écuyers en firent le siège. Une ancienne chronique manuscrite, conservée à Saint-Victor, dit que cette même année, il fut battu par les Anglais en 1355, avec le comte de Joigny et le sire de Châtillon-sur-Marne. L’année suivante, il combattit à la bataille de Poitiers et y fut fait prisonnier. 57

Marguerite de Marmande, la dernière héritière du nom, est dame de Marmande, La Haye, Cravant les Côteaux, La Roche Clermault, Saint Michel sur Loire, Chezelles, Savary, Faye la Vineuse et Bizay. 58

11 novembre. Bernard de Kermoysan est à Pont-Audemer

Bernard de Kermoysan, chevalier, donne à Pont Audemer, le 11 novembre 1357, quittance de ses gages et de ceux des gens d’armes de sa compagnie pendant les guerres de Normandie (sous le gouvernement de Louis de Harcourt, lieutenant du duc de Normandie). 59

Du Guesclin. Pont-Audemer. 27
L’église Saint-Ouen, 15ème siècle. Photo : 31/08/2023.

Gaston Fébus contre les païens baltes

En 1357-1358, Jean de Grailly, captal de Buch, participe aux côtés de son cousin germain Gaston Fébus, comte de Foix et vicomte de Béarn (1343-1391), à la "croisade" annuelle des chevaliers teutoniques contre les païens baltes. 60

10 août. Barcelone, les impôts augmentent

Pierre le Cérémonieux profite de l’arrêt des hostilités négocié entre le printemps 1357 et l’été 1358 pour améliorer les défenses de Barcelone. La pression fiscale est étouffante pour la capitale catalane, qui livre pour la seule année 1357 plus d’un tiers des 70 000 livres promises par les représentants des villes (ou « bras royal ») aux Corts de Catalogne.

Le roi concède, le 10 août 1357, à la cité de Barcelone le droit de réparer ses redoutes, remparts et ravins, en détruisant les habitations qui compromettent sa sécurité. Cette opération implique un dédommagement des propriétaires qui seraient expropriés pour fait de guerre. Le monarque catalan autorise, dix jours plus tard, les conseillers et prud’hommes de Barcelone à augmenter le degré d’imposition des contribuables afin d’accélérer la procédure. 61

Du Guesclin. Barcelone. Espagne
Photo : 28/05/2019.

3 décembre. Le dauphin se réconcilie avec Charles le Mauvais

Le dauphin Charles scelle un accord de réconciliation avec Charles le Mauvais qui comporte la réhabilitation de Jean V d’Harcourt et des trois autres victimes du Champ du Pardon. Cette réhabilitation se manifeste de manière spectaculaire le 10 et le 11 janvier 1358 par une procession à travers les rues de Rouen conduite par le roi de Navarre qui chevauche derrière le catafalque du comte d’Harcourt. « Grand nombre de noblesse, de peuple et de bourgeois de Rouen » assistent à ces funérailles solennelles.

Conscient du caractère injuste, maladroit et impopulaire de l’exécution de Jean V d’Harcourt par son père, le dauphin Charles restitue au même moment à Jean VI d’Harcourt, fils aîné de Jean V, le comté d’Harcourt ainsi que les terres saisies par le roi. 62

Geoffroy Le Marhec ou le Marec est nommé évêque de Cornouaille

Geoffroy Le Marhec natif du Penthièvre, docteur en théologie de l’université de Paris, chanoine du chapitre de Coutances est très favorable à Charles de Blois dont il devient le conseiller lorsqu’il est nommé évêque de Cornouaille le 20 mars 1357. Pendant qu’il se trouve à la Curie le chapitre de chanoines de Quimper menace le duc d’excommunication s’il lève de nouveaux impôts. Après la bataille d’Auray lorsque le vainqueur Jean IV de Bretagne se présente devant Quimper en novembre 1364 l’évêque tente d’organiser la résistance de la ville mais les bourgeois et le peuple protestent soutenus par une partie au moins du chapitre et la petite aristocratie locale. L’évêque doit entrer en négociations avec le nouveau duc après s’être fait délivrer une attestation notariée spécifiant qu’il avait agi sous la pression des habitants de sa cité épiscopale. 63

Jacques Castelnau précise

Ce ne sera qu’en avril 1357, après avoir conclu une trêve de deux ans, que Jean le Bon et le Prince Noir s’embarqueront pour l’Angleterre. Le 25 mai seulement , le roi de France fera son entrée dans Londres « monté sur un blanc coursier, le plus beau et le plus grand qui fut dans toute l’Angleterre, très bien armé et appareillé de tous points, et le prince de Galles sur une petite hacquenée à côté de lui ». Il s’installera à l’hôtel de Savoy et mènera vie joyeuse et insouciante. 64
Etienne Marcel
Jacques Castelnau. LAP. 1973.
Etienne Marcel
Jacques Castelnau. LAP. 1973.

Jean Urvoy fait l’historique de la ville sans oublier le combat de Bertrand du Guesclin et de Thomas de Cantorbéry, et sa rencontre avec le duc de Lancastre et Jean Chandos. Bertrand du Guesclin est cité une dizaine de fois. 65

Dinan
Jean Urvoy. Dinan. Imprimerie Peigné. Dinan. 170 pages. 1959.