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1368. Bertrand du Guesclin a 48 ans

Bertrand du Guesclin combat avec le duc Louis d’Anjou en Provence. Il est excommunié par Urbain V. Naissance de Charles, futur Charles VI. Charles V reprend la guerre contre les Anglais. Louis de Sancerre a environ 36 ans.

Janvier. Bertrand du Guesclin reprend du service

Bertrand du Guesclin, après avoir été fait prisonnier en Espagne à la bataille de Navaretta, avait amassé l’argent nécessaire pour payer sa rançon. En passant par La Rochelle, il y trouva beaucoup de ses anciens compagnons d’armes qui, ne pouvant se racheter, étaient durement traités par les Anglais, leurs vainqueurs, et réduits à la plus grande misère. Il employa à les délivrer l’argent qu’il avait apporté, et revint ensuite se remettre entre les mains du prince de Galles, dont il était prisonnier, et qui le traita avec la plus grande courtoisie. Chandos et Caverlé voulurent contribuer à payer sa rançon, qui, peu de jours après, fut acquittée par le roi de France. 1

Bertrand du Guesclin quitte Bordeaux et rejoint Louis d’Anjou à Nîmes en compagnie du maréchal Arnould d’Audrehem. 2

Bertrand du Guesclin est avec le duc Louis d’Anjou en Provence

En 1368, Louis d’Anjou, lieutenant du roi Charles V en Languedoc, finance Henri de Transtamare afin qu’il remobilise les routiers partis vers le Languedoc pour qu’il puisse reprendre sa couronne. Il en utilise le plus grand nombre pour attaquer la Provence, sur laquelle il a des vues et pour faire pression sur le pape qui vient de réinstaller le Saint-Siège à Rome à la fureur de Charles V qui perd ainsi un de ses plus puissants relais diplomatiques. La Provence ayant fait front contre l’assaut, et Jeanne de Naples ayant fait miroiter au duc d’Anjou une éventuelle adoption, ce dernier renvoie les compagnies avec Bertrand du Guesclin à leur tête soutenir Henri de Trastamare. 3

Jeanne Ière de Naples
Dite la Reine Jeanne, comtesse de Provence. Source : Wikipédia.

3 février. L’affront de Dinan : le miracle de l’image

Au début du mois de février 1368, Jean IV, nouveau maître du duché, se trouvait à Dinan pour accueillir la noblesse bretonne qu’il avait convoquée (témoignage LXXVIII). Hébergé à cette occasion par les frères mineurs de la cité, il fut irrité de voir dans leur église le portrait magnifié de son ancien adversaire, cela d’autant plus que le vaincu d’Auray arborait les armes de Bretagne (témoignage CXXI). Le mardi 1er février 1368, sans tarder, le duc dépêcha un cordelier anglais, de ses familiers, auprès du gardien du couvent pour lui intimer l’ordre de faire au plus vite disparaître l’objet litigieux.

L’affaire ne devait pourtant pas en rester là. En effet, le jeudi 3 février, à l’issue de l’office de prime, un cordelier nommé Raoul de Kerguiniou demanda au frère Payen de Kelen, comme lui franciscain à Guingamp, d’approcher du maître-autel pour constater un fait étrange : du sang coulait du portrait effacé.

Jean IV, qui déjeunait avec Robert Knolles dans une hôtellerie voisine, fut aussitôt prévenu des événements qui se déroulaient à l’église du couvent. Le chevalier Geoffroy Budes, d’Uzel, lui aussi attablé, s’y rendit immédiatement... 4

7 février. Bertrand du Guesclin est à Montpellier 5

26 février. L’attaque est déclenchée quand Louis d’Anjou donne ordre aux troupes placées sous le commandement de Bertrand du Guesclin d’envahir la Provence.

En 1368-1369, des bandes opéraient sur l’initiative, cette fois, du duc Louis d’Anjou, frère de Charles V et son lieutenant en Languedoc. Du Guesclin menait la principale offensive. 6

Avignon est rapidement rançonnée. Le Sénéchal de Provence, Raymond d’Agoult, a enfin levé des troupes et se porte au secours de Tarascon et d’Arles.

Mars. Avril. Bertrand du Guesclin prend Tarascon

Bertrand du Guesclin se met en marche le 26 février avec 2 000 hommes et met le siège devant Tarascon le 4 mars. La ville est bloquée de toute part. Les trébuchets font plusieurs victimes dont le clavaire Martin Champsaur. La ville de Tarascon capitule le 20 ou 22 mars, mais sera reprise en septembre 1368. 7

Du Guesclin. Tarascon. 13
La porte de la Condamine. Photo : 26/05/2022.

Un château s’élève sur le rocher qui borde le Rhône. Bientôt il subit un siège violent. Bertrand Du Guesclin, « Bertrandis de Cliquino » comme l’appellent en dérision les gens du Midi qui lui en veulent d’avoir fait passer les grandes compagnies chez eux...Louis d’Anjou est en train de faire le siège de Tarascon et ne parvient pas à emporter la place, pour faire reconnaître son autorité.
Du Guesclin prend les choses en main. Les catapultes claquent, la peur grandit chez les défenseurs du château avant que le foudre de guerre ne demande à parlementer. Il menace de couper la tête à tout le monde, de leur faire les pires misères. Devant ces menaces, les Tarasconnais résistent encore quelques heures puis se rendent le 8 avril8

Du Guesclin. Tarascon. 13
Le château du Roi René. Photo : 26/05/2022.

Au cours du siège de Tarascon, Béranger de Raymond, chevalier d’Avignon, fut tué, tandis que Louis de Trian, vicomte de Tallard, Bernard d’Anduze, seigneur de la Voulte, et Foulques d’Agoult, furent fait prisonniers. 9

Du Guesclin. Tarascon. 13
Le château du Roi René sur le Rhône. Photo : 26/05/2022.

Mars. Raymond VIII de Turenne fait ses armes contre Bertrand du Guesclin à Tarascon qui est prise le 22 mai. 10

Raymond-Louis Roger de Beaufort, vicomte de Turenne, dit Raymond de Turenne (1352-1413), est le fils de Guillaume III Roger, comte de Beaufort et vicomte de Turenne, et d’Aliénor de Comminges. Petit-neveu de Clément VI et du cardinal Hugues Roger, neveu de Grégoire XI et de Nicolas Roger de Beaufort, il fut Capitaine des Armes du Comtat Venaissin, Capitaine pontifical en Italie et se rendit célèbre sous le nom de Fléau de Provence en luttant contre Marie de Blois, comtesse de Provence et les deux antipapes d’Avignon, Clément VII et Benoît XIII. Outre la vicomté de Turenne et Châlus que son père lui remit en usufruit lors de son mariage en octobre 1375, la famille de Raymond de Turenne possède de nombreux fiefs en Provence. 11

Bertrand du Guesclin écrit au sire de la Voute 12

11 avril. La rencontre des deux armées a lieu devant Arles et l’affrontement se solde par la déroute des troupes fidèles à la reine Jeanne. Arles isolée doit alors faire face seule à l’adversité, retranchée derrière ses murailles blanches qui donnaient à la ville son surnom de l’époque : Arles, la blanche. 13

D’après le chroniqueur arlésien Bertrand Boysset, ce siège sanglant se termine le 1er mai :

L’an du seigneur 1368, le 11 avril, qui fut le 3e jour de Pâques, le seigneur Louis, duc d’Anjou, frère du roi de France, assiégea la cité d’Arles et le seigneur Bertrand Duguesclin, comte de Longueville, mena pour lui le siège ; il dura jusqu’au 1er mai. Ce jour-là, ils s’en allèrent sauf les morts qui restèrent. 14

Un autre chroniqueur, Cuvelier, dans sa Chronique de Bertran Duguesclin, suggère que la ville paye comme Avignon, une rançon :

Et puis de là alla droit en Arles le blanc
Aux champs si se logean et myt l siege grand ;
Mais parlement y ot et duc et de Bertan
Et tant, qu’il est avis, selon mon essiant,
Qu’ils firent leur accort par monnaie païent. 15

Bertrand du Guesclin remonte ensuite vers Apt. Poursuivi par les troupes du Sénéchal de Provence, il se replie à Céreste. Le choc entre les deux armées voit la lourde défaite des Provençaux. 16

Du Guesclin. Apt. 84
Le blason de la ville, l’aigle à deux têtes ! Photo : 28/06/2018.

Raymond d’Agoult a à ses côtés Raymond VIII de Turenne et son père Guillaume III Roger de Beaufort, il est le petit-neveu du pape Clément VI et le neveu de Grégoire XI ! Raymond VIII de Turenne a 16 ans.

1er septembre. Cet exploit vaut à Bertrand du Guesclin d’être excommunié par le pape Urbain V.

Du Guesclin. Céreste. 04
Vestiges des remparts envahis par la végétation. Photo : 28/06/2018.

Olivier du Guesclin s’installe dans les Baronnies

Les Baronnies sont une région historique et naturelle du Dauphiné. Elle s’étend entre le sud-est de la Drôme et l’ouest des Hautes-Alpes. 17

Les Bretons, tout en continuant à ravager la province convoitée par le frère du roi, envisageaient une jonction avec les troupes de Grimaldi à Nice. Certaines compagnies se dirigèrent déjà vers la côte. De plus, on disait qu’Olivier du Guesclin, le frère de Bertrand, s’en allait vers les Baronnies pour s’installer dans cette région où s’entremêlaient les terres adjacentes dauphinoises et provençales. Il installa, en effet, ses troupes dans les fiefs baronniards de la maison des Baux. 18

Le village de Châtillon-en-Diois est au sud du Vercors, à 12 km de la ville de Die. D’abord frappé par la peste en 1347, puis détruit par les troupes d’Olivier du Guesclin (le frère de Bertrand), les habitants se protègent par de nouveaux remparts qui viennent renforcer l’enceinte déjà construite en 1242. 19

20 juin. Louis de Sancerre est nommé maréchal de France

Il a 26-27 ans. Il rend de grands services au roi Charles V qui le nomme maréchal de France pour protéger Paris menacée par des compagnies gasconnes et anglaises. Il seconde Bertrand du Guesclin dans la reconquête de la Guyenne. Le roi le nomme ensuite commandant de l’armée de Guyenne. 20

20 juin. Jean de Mauquenchy de Blainville est nommé maréchal de France

Jean de Mauquenchy de Blainville (vers 1322 - 1391), appelé aussi Mouton de Blainville, est sire de Blainville et maréchal de France. Il est élevé à la dignité de maréchal de France à la mort du maréchal Boucicaut. 21

Jean de Mauquenchy de Blainville
3ème en bas à droite.

30 juin : Charles V de France décide de reprendre la guerre contre les Anglais à l’appel du comte Jean Ier d’Armagnac et du sire d’Albret. 22

23 juillet. Mort de Guy de Chauliac

Guy de Chauliac, ou Gui de Chauliac, ou encore Gui de Chaulhac, né vers 1298 à Chaulhac (Lozère) est mort le 23 juillet 1368 est un chirurgien français. 23

1er septembre. Bertrand du Guesclin est excommunié

...cette opération, difficilement justifiable, attire, sur les assaillants, les foudres d’Urbain V, rentré à Rome qui lance, le 1er septembre 1368, une bulle d’excommunication « contre tous les gens de guerre qui osent attaquer la Provence sans motif légitime et sans déclaration de guerre ». Cette sentence atteint durement la fille de « saint Charles de Blois », elle en sollicitera l’absolution, reconnaissant ses fautes « parce qu’elle, ses dames et les nobles de son entourage étaient en relations amicales avec les capitaines dont elle agréait les hommages et que en dépit de l’excommunication, elle avait maintenu ces relations ». L’échec du coup de force de Louis d’Anjou écourte le séjour à Beaucaire et, en décembre 1368, le duc et sa femme se retrouvent à Toulouse où le 14, le duc préside à une grande cérémonie : le transfert des reliques de Saint Thomas d’Aquin dans le couvent des dominicains... 24

Bien que coincé entre sa sympathie pour la cause française et son écœurement face aux exactions commises par le frère du roi en Provence, Urbain V ne balança point. Une bulle datée du 1er septembre 1368 excommunia Bertrand du Guesclin et sa clique. Elle fut totalement occultée en France. Immédiatement Charles V fit intervenir les cardinaux du parti français pour la faire annuler. Urbain V ne céda pas et l’excommunication fut rendue publique le 14 septembre. 25

Une réaction d’Urbain V devant les excès des mendiants

En effet, après que Jean IV lui eut révélé ses inquiétudes devant l’importance que prenait le culte de son ancien adversaire, Urbain V expédia aux évêques bretons, le 15 septembre 1368 exactement, un bref fustigeant les pratiques abusives des mendiants : proclamant Charles de Blois « dans leurs sermons saint et martyr de la justice, ils lui offrent le saint sacrifice à son jour anniversaire comme à un saint approuvé par l’Église, ils distribuent aux pèlerins qui viennent prier sur sa tombe des statuettes de plomb à son effigie », affirmait-il. Le pape leur reprochait en fait de donner au culte du défunt comte de Penthièvre l’aspect de la légalité, alors que ce dernier n’avait pas été officiellement reconnu digne de rejoindre la cohorte des saints. 26

20 novembre. Traité d’alliance contre l’Angleterre signé à Tolède entre les ambassadeurs du roi de France et Henri de Trastamare. Négocié pendant le siège de Tolède par les troupes franco-castillanes d’Henri II et de Bertrand du Guesclin, il confirme celui signé en août 1367 à Aigues-Mortes. Le traité prévoit non seulement une paix durable entre la Castille et la France mais surtout une alliance navale entre les deux pays contre l’Angleterre.

Du Guesclin. Tolède. Espagne
Photo : 03/06/2019.

3 décembre. Charles V reprend la guerre

Rentré ruiné de Castille, le Prince noir doit lever un impôt en Aquitaine, ce qui est très mal perçu dans les territoires récemment passés sous contrôle anglais et qui subissent de sa faute le retour des Compagnies.

Jean d’Armagnac conteste cet impôt devant la cour de Justice de Paris. En acceptant de répondre à son appel, le 3 décembre 1368, Charles V fait acte de souveraineté sur la Guyenne. Il ouvre la porte au ralliement des terres octroyées aux Anglais au traité de Brétigny : la reconquête s’effectue grandement par le retournement des villes d’Aquitaine souvent monnayé contre des promesses de fiscalité plus légère.

Les Anglais n’ont pas les moyens financiers pour s’opposer à la guerre de siège et de retournements qu’ils doivent subir sur tous les fronts face à des armées coordonnées au niveau de chaque apanage et rodées par la guerre contre les Compagnies : les places fortes anglaises tombent les unes après les autres. 27

3 décembre. Naissance de Charles, futur Charles VI, roi de France

3 décembre. Jean de Dormans est nommé cardinal par le pape Urbain V

Jean de Dormans est évêque de Beauvais. 28

Décembre. Bertrand du Guesclin repart en Castille

Malgré le versement d’un acompte de 12 000 doublons, Du Guesclin prit la route en décembre 1368 de la Castille où Henri de Trastamare assiégeait la ville de Tolède depuis huit mois. Le capitaine breton emprunta les cols du Val d’Aran pour atteindre le comté de Borja avec plusieurs milliers de cavaliers. Son irruption dans la péninsule Ibérique terrifia le roi de Navarre, Charles le Mauvais (1349-1387), qui lui accorda deux châtellenies dotées de 4 000 livres tournois de rente afin d’épargner ses domaines. 29

Arnoul, sire d’Audrehem se démet de sa charge de maréchal de France

Il aura été jusqu’à sa fin en 1370 à Saumur l’un des compagnons de l’entourage immédiat de Bertrand du Guesclin avec Pierre le Bègue de Villaines, Olivier de Mauny, Eustache de La Houssaye, Guillaume Boitel et Guillaume de Launoy, d’abord dans la lutte contre les Anglais sous le règne de Jean le Bon jusqu’en 1364 puis de Charles V jusqu’en 1380. 30

Pierre de Villiers, seigneur de L’Isle-Adam

Charles V, le prend à son service et le nomme en 1368 grand maître de l’Hôtel du roi, poste qu’il occupe jusqu’à sa mort. En 1351 Bertrand du Guesclin est à Pontorson, auprès du maréchal de France, Arnoul d’Audrehem et de Pierre de Villiers, gouverneur de la ville. Les deux hommes se connaissent bien. 31

Saumur renforce ses défenses

Alors que les troupes anglaises commencent à menacer Saumur, 32 que la vieille ville est enclose derrière un nouveau mur, les nouveaux travaux ont pour objectif premier de renforcer le château.

L’ancien mur du Boile est surélevé et doublé sur le flanc oriental, du côté de l’actuel parking. Une palissade de bois est édifiée en avant de la courtine du XIIIe siècle.

L’accès à la haute cour est renforcé par un dispositif en chicane comprenant deux fossés et deux ponts-levis. La poterne d’entrée de la basse-cour, " le portail du Baile vers les Champs ", est, en 1368, rehaussée par trois rangées ( "trois ornes" ) et demie de pierres.

Du Guesclin. Saumur. 49
Le château, les remparts. Photo : 29/12/07.

Les textes décrivent les travaux qui suivent : trois cheminées, un toit d’ardoise, des hourds en bois, une échelle et un double pont-levis. La figuration des Très Riches Heures correspond parfaitement. Le pont-levis double contrôlant l’accès au châtelet (qui était d’un type plus ancien que celui des Très Riches Heures) est réparé et ses chaînes remplacées, en 1370-1371.

Ces derniers renseignements proviennent des comptes de Macé Darne, un bourgeois de Saumur qui joue un grand rôle comme financier et surtout comme maître des œuvres ( maître des travaux ) du duc Louis 1er pour l’Anjou et le Maine. Il a été commis dans sa charge le 5 mai 1367 et il meurt le 7 mai 1376, sans avoir pu mettre en ordre ses affaires. 33

500 Anglais déguisés en paysans entrent dans Château-Gontier

C’est le jour de marché, ils s’emparent de la ville ainsi que plusieurs villages aux alentours. 34

Après la défaite de Navarette les grandes compagnies rentrent en France. Une des compagnies pille Vire, puis conduite par Jehan Cercle et Folcquin Lallemant s’empare de Château-Gontier. 35

Début de la construction de la cathédrale de Mende

C’est à cette époque que le pape Urbain V fait commencer les travaux de la cathédrale de Mende. 36

Du Guesclin. Mende. 48
La cathédrale. Photo : 23/04/2019.

Démolition de la cathédrale Saint-Pierre de Condom

La première cathédrale Saint-Pierre de Condom est complètement démolie en 1368 et rebâtie par l’évêque Bernard Alamand, qui achève les travaux vers 1400. 37

Du Guesclin. Condom. 32
Cloître et cathédrale. Photo : 30/12/2019.

Montauban est à nouveau française

À la guerre de Cent Ans vient s’ajouter la grande épidémie de peste de 1348, et le petit Âge glaciaire porte un grave coup au développement de la France dont Montauban. Le Prince de Galles, Édouard de Woodstock, fait édifier un château au bord des rives du Tarn, vers 1363. Dès 1368, la ville est à nouveau française et ne garde plus qu’un souvenir de l’occupation anglaise avec la salle du Prince Noir aux immenses voûtes d’ogives situées dans l’actuel musée Ingres-Bourdelle. 38

Du Guesclin. Montauban. 82
La salle basse du château, 14ème. Photo : 29/12/2019.
Du Guesclin. Montauban. 82
Musée Ingres-Bourdelle. Photo : 29/12/2019.

Mariage d’Arnaud-Amanieu et de Marguerite de Bourbon

Après près de deux siècles de fidélité, échaudé par l’attitude d’Édouard II à son égard, Amanieu VII se rangea aux côtés du roi de France lors de la guerre de Saint-Sardos en 1324. Son fils, Bernard Ez V ne redevint vassal du roi d’Angleterre qu’en 1340. La réalité faillit rattraper la légende lorsqu’en 1351, Édouard III offrit la main de sa fille, Isabelle d’Angleterre, au fils aîné du sire d’Albret, Bernard Ez. Appelé à succéder à son père, il aurait fondé une lignée ayant effectivement le sang des rois d’Angleterre dans ses veines. Cependant, il mourut avant la conclusion du mariage. Le frère du défunt, Arnaud-Amanieu, qui devint sire d’Albret en 1359, réorienta complètement la stratégie familiale, puisqu’il épousa en 1368 Marguerite de Bourbon, belle-sœur du roi Charles V, quittant du même coup l’obédience anglaise, cette fois-ci de manière définitive.

... grâce au mariage de son père Arnaud-Amanieu et de Marguerite de Bourbon en 1368, Charles Ier était le premier de tous les Albret à intégrer le cercle des princes de sang du royaume de France.

...Jean III de Grailly, captal de Buch, épousa en 1350 Rose d’Albret, sœur d’Arnaud-Amanieu. 39

Mort du chroniqueur Jean de Venette

Jean de Venette, né à Venette, Oise, vers 1307 et mort après 1368, est un chroniqueur français. D’origine paysanne, il devient prieur en 1339, au couvent de l’Ordre du Carmel qui se trouve sur la place Maubert à Paris et devient supérieur de cet ordre pour la France de 1341 à 1366.

Ses Chroniques latines, couvrant les années 1340 à 1368, sont publiées par Achery (Spicilegium, vol. iii), comme suite des chroniques de Guillaume de Nangis. Homme du peuple, il a de la sympathie pour les paysans et est assez hostile aux nobles et aux Anglais ; pour cette raison, il est particulièrement opposé, dans ses dites chroniques, aux prétentions d’Edouard III au trône de France.

Par ailleurs, il a été un témoin important de la peste qui s’est abattue en 1348 en France. Il décrit de manière précise les aspects de la maladie dans ses chroniques. Il ne faut cependant pas oublier le fait que Jean de Venette est seulement supposé être l’auteur de ces fameuses chroniques, ne les ayant pas signées. 40

Anne, dame de Masny, est mariée à Jean de Hastings

Wauthier de Masny naît à Masny dans le Comté de Flandre. Il laisse une fille Anne, dame de Masny mariée en 1368 à Jean de Hastings, comte de Pembroke et gouverneur du Poitou, veuf en premières noces de Marguerite d’Angleterre († 1361), fille du roi Édouard III d’Angleterre. 41

Le blason du Saint-Empire romain germanique

Après 1368 il devient d’or, à l’aigle bicéphale de sable, membrée, becquée et armée de gueules. 42

Saint empire romain germanique
Blason adopté en 1368.