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1369. Bertrand du Guesclin a 49 ans

Bertrand du Guesclin gagne la bataille de Montiel. Charles V reprend l’Aquitaine et la Normandie. John Chandos, 55 ans, est mortellement blessé.

Bertrand du Guesclin passe en Espagne fin 1368

Il n’est pas à Chagny en 1369. Bertrand Du Guesclin, connétable en 1370, vient à Chagny pour décider les chefs des "Grandes compagnies", basées au château, à partir pour la Castille où ils participeront à la guerre entre les deux compétiteurs au trône, Pierre le Cruel et Henri de Transtamare. Ce faisant, il débarrasse la province de ces bandes de routiers qui la mettaient en coupe réglée. La rencontre entre Du Guesclin et les Grandes compagnies eut lieu au lieu-dit Saint-Jacques prés de Rully. 1

15 janvier. Cahors se soulève contre l’occupation anglaise

Le 5 février, les consuls de Cahors jurent de porter secours au roi de France Charles V déclarant que, « même sous la domination anglaise, ils n’avaient jamais cessé d’avoir le cœur français ». 2

Du Guesclin. Cahors. 46
Le pont Valentré. Photo : 18/07/2009.

17 janvier. La bataille de Mondalazac

Suite du traité de Brétigny (8 mai 1360) le Rouergue tombe aux mains d’Édouard III d’Angleterre. Ses troupes occuperont Rodez jusqu’à la bataille de Mondalazac, le 17 janvier 1369, près du Puech de La Garde. Jean Ier d’Armagnac fait reculer les Anglais vers la Vallée de Cruou. Puis arrive de Mondalazac les troupes du comte Jean de La Panouse qui transforme la victoire en triomphe. 3

25 janvier. Le roi d’Angleterre, Édouard III est cité à comparaitre devant le roi de France à Paris. 4

Bertrand du Guesclin en 1366, 1367, 1369
Les chevauchées en péninsule ibérique.

1er février. Montre de Jean de Beaumanoir à Saint-Lô

Marin des Grées, « attaché au Connétable du Guesclin par l’estime et par le sang », qui suivit toujours son sort et abandonna même pendant quelque temps avec lui le service du duc de Bretagne pour passer à celui du roi de France ; il parut comme Ecuyer à la Montre de Jean de Beaumanoir, à Saint-Lô, le 1er février 1369, et assista, également comme Ecuyer, au siège de Brest en 1373. 5

Yvon de Plumaugat figure à la montre.

13-14 mars. Bertrand du Guesclin gagne la bataille de Montiel

Henri de Trastamare et Bertrand du Guesclin remportent la victoire de Montiel, dans le sud-est de la Castille, sur une coalition pro-anglaise, conduite par le Portugal et les partisans de Pierre Ier le Cruel, abandonné par le Prince Noir. 6

Du Guesclin. Montiel. Espagne
Les vestiges du château. Photo : 02/06/2019.

Pierre le Cruel arrive au secours de Tolède avec une armée composée essentiellement de Maures et de Juifs. Il affronte son demi-frère à Calatrava la Nueva (Castille-La Manche) et y subit une lourde défaite le 13 mars 1369. 7

Du Guesclin. Tolède. Espagne
L’aigle bicéphale, emblème de la ville. Photo : 03/06/2019.

Il se réfugie dans le château de l’Étoile avec quelques fidèles mais est fait prisonnier par Le Besque de Vilaines, lieutenant de Du Guesclin, alors qu’il essaye de s’enfuir du château en cachette. Informé de la capture de son ennemi et de sa rétention dans la tente de Le Besque où l’état-major français est réuni, Henri de Trastamare s’y précipite. Malgré les protestations des généraux français, il taillade le visage du prisonnier et tente en vain de percer sa cote de maille avec son poignard. L’autre cherchant à se défendre, les deux demi-frères ennemis roulent à terre, remplis de haine et de fureur. Relevé par l’un de ses fidèles, le bâtard d’Anisse, Henri fait signe à l’un de ses cavaliers de trancher la tête de son frère. 8

Pierre (III) de Villaines dit « le Bègue de Villaines », Pedro el Vesque de Vilaines en espagnol (né dans la Beauce - mort entre 1401 et 1413), prince d’Yvetot, comte de Ribedieux (Ribadeo) (1369), de Tourny, seigneur de Malicorne, de Vive Dieu, de Lanville, Villaines, de Verneuil et de Villiers-Cul-de-Sac. Le Bègue de Villaines est connu pour être un banneret dans les Grandes Compagnies, compagnon de Bertrand du Guesclin, général des armées en France et en Espagne et général des armées des rois de Castille et Léon. Il fut sous le règne de Charles VI un Grand écuyer de France (v.1382). 9

Plantée au bout d’une pique, la tête de Pierre est promenée de ville en ville pour obtenir la reddition sans combat de celles qui lui sont demeurées loyales. 10

Jean Froissart décrit la fuite à Montiel

Comment le roi Dan Piètre et toutes ses gens furent déconfits ; et comment le dit roi s’enfuit au châtel de Montiel. 11

Bertrand du Guesclin rétablit Henri de Trastamare sur le trône et, en récompense, il est fait duc de Molina. Encore aujourd’hui, les enfants de la famille royale portent le titre de princes des Asturies depuis l’arrivée sur le trône de Castille de la dynastie Trastamare. 12

Du Guesclin. Molina d’Aragon, Espagne
Un beau cadeau ! Photo : 03/06/2019.

Charte conférant le duché de Molina et ses dépendances à Bertrand du Guesclin

La villa de Molina con el título de Duque, y las villas de Soria, Almazán, Morón, Monteagudo, Deza, Cihuela, Serón, Cervera, y Arnedo.
Rennes. 35. Charte
Bertrand du Guesclin reçoit le duché de Molina.

Cette Charte est à Rennes. 13

En 1369, une fois proclamé roi Enrique II de Trastamara, il donna Almazan à son principal appui le chevalier français Bertrand Du Guesclin (de qui on raconte qu’il fit un croche pied à Pedro I au cours de la bagarre avec son demi frère Enrique dans la quelle il mourut) Du Guesclin vendrait la place plus tard. 14

Pierre Ier de Castille a 35 ans

Il est né le 30 août 1334 à Burgos et mort le 23 mars 1369 à Montiel. C’est le seul fils légitime du roi Alphonse XI et de Marie-Constance de Portugal (fille du roi Alphonse IV de Portugal), connu comme Pierre le Cruel, mais également pour certains comme Pierre le Justicier. Il fut roi de Castille et León de 1350 à 1369. 15

Pierre 1er de Castille, l’homme

1369. Ainsi périt don Pèdre par la main de son frère à l’âge de trente-cinq ans et sept mois. Il était d’une taille avantageuse, robuste et bien proportionné. Ses traits étaient réguliers, et son teint clair et frais. Si l’on en juge par sa statue peinte, qui existe encore à Madrid dans le couvent des religieuses de Saint-Dominique, il avait les yeux et les cheveux noirs, contrairement à la tradition qui lui donne des yeux bleus et une chevelure d’un blond ardent. Il était prodigieusement actif et passionné pour tous les exercices violents ; d’une sobriété extraordinaire, même dans son pays, où les excès de la table sont inconnus. Quelques heures de sommeil lui suffisaient. Il parlait facilement et avec grâce, mais il conserva toujours cette prononciation un peu mignarde, particulière aux Sévillans. Élevé sous le soleil brûlant de l’Andalousie, entouré de séductions dès ses premières années, il aima les femmes avec fureur ; mais, à l’exception de Marie de Padilla, aucune de ses maîtresses n’obtint quelque empire sur son esprit. On l’accusa d’avarice, et l’on cite comme preuve le soin qu’il prit toute sa vie d’amasser des trésors, et les pierreries et les sommes considérables trouvées après sa mort dans le château de Carmona. 16

Les compagnons de Bertrand du Guesclin

  • Olivier du Guesclin, son frère.
  • Gérard Chabot dit « Gérard VI de Retz ». Gérard Chabot dit « Gérard VI de Retz » (1344 -1370), baron héritier de Retz, suivit Bertrand du Guesclin en Espagne en 1369. 17
  • Guillaume Boitel. Il dirige un corps à la bataille et au siège de Montiel.
  • Hervé du Juch. Les seigneurs du Juch tirent leur nom du château éponyme situé sur un éperon dominant la vallée du ruisseau du Ris (ou rivière de Névet). Abusivement appelés barons, ils ont le rang de banneret. Ils agrandirent leurs possessions par mariage et se hissèrent au plus haut dans la hiérarchie du duché de Bretagne, en devenant hommes de confiance, successivement de Jean IV et de Jean V, au début et au milieu du XVème siècle. Jean II du Juch fut évêque de Léon en 1369-1370. Plusieurs membres de la famille ont été inhumés au couvent des Cordeliers de Quimper, le premier étant le chevalier Hervé du Juch, mort en Espagne, en 1369.

Cet Hervé du Juch, un cadet de famille fondateur de la lignée des Juch de Pratanroux, faisait partie des troupes de du Guesclin qui participèrent notamment à la bataille de Montiel. 18

  • Le Bègue de Vilaines devient seigneur de Ribadeo.
  • Olivier de Mauny devient seigneur d’ Agrida.
  • Eustache de la Houssaye devient seigneur d’Aguiléra del Campo.
  • Thibaut du Pont devient seigneur de Villalpan.

Mort de Guillaume du Guesclin à Soria

Une ville rivalise plus que les autres : Soria. Bertrand du Guesclin envoie une troupe commandée par son frère Guillaume du Guesclin et Alain de Beaumont. Mais la ville se défend ardemment. Lors d’un combat au corps à corps, Guillaume meurt. Apprenant la nouvelle, affligé et furieux, Bertrand arrive en toute hâte avec un gros corps d’armée. Les villageois sont apeurés en le voyant arriver. Ils demandent au gouverneur, Diego de la Roncal, de capituler. La bataille cesse. La ville se rend. Par lettre de donation du 09 avril 1369, pour récompenser Alain de Beaumont, Bertrand du Guesclin lui donne à vie la seigneurie d’Anneville, possession de son frère, mort au combat. 19

Du Guesclin. Soria. Espagne
Le Duero et les murailles de la ville vues du monastère San Juan de Duero. 04062019 17

Bertrand du Guesclin prend un fragment d’un clou de la vraie croix

M. Siméon Luce, dans une note intitulée : Du Guesclin et les ducs de Berry et de Bourgogne, à propos d’une relique de la Passion, expose l’histoire d’un fragment d’un clou de la vraie croix, jadis conservé à la Sainte-Chapelle de Bourges. Cette relique, portée par Pierre le Cruel à la bataille de Montiel (1369), fut prise par le connétable Du Guesclin, vainqueur du roi de Castille. Le connétable la donna, en 1373, à Jean, duc de Berry, qui à son tour en fit présent, en 1376, à son frère Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. 20

Pierre le Cérémonieux cherche l’appui de Bertrand du Guesclin

Henri de Trastamare lui conféra, à titre de récompense, le duché de Molina qui relevait de la Castille depuis la fin du XIIIe siècle. La nouvelle parvint aux oreilles de Pierre le Cérémonieux par le truchement du vicomte de Rocabertí, Felip Dalmau Ier, qu’il avait dépêché auprès du capitaine breton afin de fixer la date de son transfert en Sardaigne. Le roi d’Aragon ne s’opposa pas, sur le moment, à cette donation en raison de l’engagement de Du Guesclin à combattre sous sa bannière avant le mois de septembre 1369. La situation évolua quand l’écuyer Pascual Martínez Cotiello négocia le rattachement de la ville de Molina à la Couronne d’Aragon, par peur de voir les Français dévaster son territoire. Du Guesclin apprit la nouvelle pendant qu’une partie de ses troupes assiégeait le château de Soria, dont Henri de Trasmatare venait de lui céder la seigneurie. Le comte de Longueville rejoignit à la fin du mois de mai 1369 ses cousins Jean et Alain de Beaumont qui se heurtaient à une forte résistance de la population locale.

Pierre le Cérémonieux jouait à un jeu serré avec le comte de Longueville, dont il appréciait la valeur militaire aussi sûrement qu’il redoutait les ambitions territoriales.

Le roi d’Aragon jugeait la situation critique à la suite du déploiement des grandes compagnies en direction de Valence, où il avait établi sa cour. Les troupes de Du Guesclin avaient en effet envahi les districts de Tarazona, Calatayud, Daroca et Teruel. C’est dans ces conditions que Pierre le Cérémonieux transmit au duc de Gérone, le 16 décembre 1369, une série de mesures susceptibles d’assurer la sécurité de la Couronne d’Aragon. Le capitaine breton n’attaqua en effet jamais Barcelone, même s’il troubla le sommeil de Pierre le Cérémonieux jusqu’à la fin du mois d’avril 1370.

Du Guesclin regagna la France par le col du Somport en juin 1370, après avoir accepté de diviser ses troupes en compagnie de 100 lances et de ne commettre aucune violence. 21

1er mars. Raoul Tesson a la garde et capitainerie des ville et château de Vire. 22

Charles V reprend le pouvoir en Aquitaine et en Normandie

18 mars. Plus de huit cents villes ou châteaux de la principauté d’Aquitaine en ont appelé au roi de France et se sont soustrait à la domination anglaise.

Avril. Les deux capitaines Knolles et Chandos à Duravel

La rupture du traité de Brétigny-Calais par Charles V, roi de France, (fin janvier 1369), avait relancé les hostilités franco-anglaises. Les capitaines des « routiers » avaient repris les « chevauchées » dans le Quercy réfractaire à la domination anglaise.

Duravel 23 qui avait la réputation d’être une bourgade mal défendue, était devenu un objectif stratégique à l’entrée de la vallée du Lot, pouvant servir de base arrière pour envahir et soumettre les places fortes jusqu’à Cahors. Le roi Édouard III d’Angleterre avait décidé d’envoyer les troupes basées à Agen (début mars 1369). Celles-ci, composées de 500 hommes d’armes, 500 archers et 500 fantassins, étaient commandées par Robert Knolles auquel s’était rallié le redoutable Bertrucat d’Albret à la tête de sa compagnie de 300 hommes.

La garnison venue de Cahors, sous le commandement des chefs de compagnies restés fidèles au roi de France, Petit Meschin, Amanieu d’Ortigue, Perrot de Savoie, Jacques de Bray, Ernaudon de Pans, renforcée par les habitants, repousse les assiégeants qui piétinent devant les murailles.

« Forte de 2 000 hommes, l’armée de Jean Chandos soumet au passage la ville de Moissac et arrive au pied des murailles de Duravel. Duravel ne cède pas. De guerre lasse, les deux capitaines Knolles et Chandos décident de lever le camp pour marcher sur Domme, une autre place forte qui domine la Dordogne. Nous sommes en avril 1369 ».

Du Guesclin. Moissac. 87
Cloître de l’abbaye Saint-Pierre. Photo : 20/11/2004.

Ville peuplée alors de 6000 habitants, elle résiste pendant six semaines et met les attaquants en déroute. En remerciement, le roi lui octroie des armoiries : De gueules, à une couronne fermée d’or, au chef d’azur, chargé de trois fleurs de Lis d’or. 24

Louis d’Anjou est lieutenant du roi de France, Charles V, en Languedoc. 25

9 mai. Les États généraux de France

Réunis à Paris, ils approuvent les hostilités contre l’Angleterre. La France reprend la majeure partie de l’Aquitaine et de la Normandie.

Louis d’Anjou en campagne de 1369 à 1377

A l’activité diplomatique va succéder l’action militaire et, chaque été, de 1369 à 1377, le duc mènera campagne. Entre 1364 et 1380, il ne viendra pas moins de vingt et une fois à Avignon et très souvent avec son épouse. 26

Du Guesclin. Avignon. 84
Le Palais des Papes. Photo : 08/2016.

11 mai. Louis duc d’Anjou fait décapiter et écarteler Amanieu d’Ortigue, Noli Pavalhon et Guyonnet de Pau, qui ont conspiré avec Le Petit Meschin et Perrin de Savoie, pour livrer le duc leur maitre aux Anglais. Amanieu d’Ortigue ou Amanieu de l’Artigue est un aventurier d’origine gasconne, peut-être du hameau d’Ortigues dans la commune de Cézac. 27

L’armée anglaise arrive à Saumur

L’Anjou va dès lors voir les affrontements armés se multiplier. En 1369, Jean Chandos s’avance avec plus de 500 hommes, pillant la région et ses abbayes sans rencontrer de résistance. Juste après son départ, le comte de Pembroke s’abat à son tour sur l’Anjou avec 300 chevaliers, recrutant les retardataires de l’armée de Chandos, pillant les champs et rançonnant les villages que Chandos avait épargnés. Pembroke revient une seconde fois avec Hugues de Calveley et avec plus de 2000 hommes ainsi que du matériel de siège dans le but de faire main basse sur les villes du duché. L’armée anglaise arrive bientôt à Saumur, où elle se fait repousser, non sans avoir dévasté les environs. 28

Fin mai. Jean de Kerlouët et Jean de Bueil battent les troupes de Simon de Burley. 29

3 juin. Le roi d’Angleterre, Édouard III se proclame à nouveau roi de France

19 juin. Philippe II le Hardi, duc de Bourgogne, épouse Marguerite de Mâle

Philippe II le Hardi est le frère du roi Charles V. Philippe II le Hardi combat les Anglais en Normandie et dans le Poitou, jusqu’en 1373.

Son mariage, dans l’église Saint-Bavon de Gand avec Marguerite III de Flandre, riche héritière présomptive des comtés de Flandre, d’Artois, de Rethel, de Nevers et du comté de Bourgogne, et veuve du précédent duc de Bourgogne Philippe de Rouvres (décédé sans descendance à l’âge de 15 ans), puis la mort de son beau-père en 1384, Louis de Mâle, le rendent maître des territoires apportés en dot par sa femme. 30

1er juillet. Jean de Kerlouet prend La Roche-Posay

La citadelle de La Roche-Posay est reprise par une troupe armée commandée par Jean de Kerlouet. Charles V le nomme gouverneur de la Ville et lui alloue armes et or pour continuer le combat. Il répare les fortifications, agrandit la garnison (700 h) et se dote d’artillerie. C’est maintenant une place forte face au Berry et à la Touraine et ses troupes mènent la vie dure aux Anglais entre Vienne et Creuse. La Roche-Posay joue un rôle important au Moyen Âge. Les rues Du Guesclin et Jean de Kerlouet évoquent encore ce passé. 31

Du Guesclin. La Roche-Posay. 86
Donjon du 11ème siècle, seul vestige de l’ancien château. Église Notre-Dame du 12ème siècle. Photo : 30/12/ 2009.

Dès l’an mil, La Roche-Posay appartient à la seigneurie de Preuilly-sur-Claise et ce, jusqu’au début du 15ème siècle. Ce fief fût offert à Eschivard, seigneur de Preuilly, par l’évêque Hugues de Poitiers, celui-ci, possédant de nombreux biens à l’est du Poitou tels que les édifices d’Angles-sur-Anglin et de Chauvigny. Toutefois, il faudra attendre le 13ème siècle pour que le château de La Roche-Posay soit mentionné dans les écrits.

Pendant la Guerre de Cent Ans, après la défaite de Nouaillé-Maupertuis en 1356, entre Poitiers et Châtellerault, le Roi de France Jean II le Bon cède la forteresse de La Roche-Posay aux Anglais vainqueurs. Cependant, en 1369, Kerlouët, lieutenant de Du Guesclin reprend la cité aux Anglais pendant la nuit et est nommé gouverneur de La Roche-Posay. La cité devient alors le point de départ de nombreuses attaques en Poitou dont celle qui libéra la ville de Châtellerault.

La légende raconte que Bertrand Du Guesclin découvrit les sources de la Roche-Posay à la fin du XIVème siècle, à son retour des campagnes d’Espagne. Le comte s’y arrêta pour boire. Son cheval souffrant d’eczéma se serait plongé dans l’eau et en serait ressorti guéri… 32

Outre Hervé de Kerlouët, croisé en 1248, le manoir de Kerlouët eut pour possesseur l’illustre Jehan de Kerlouët, capitaine de la Roche-Porzay en Poitou, « escuyer de vaillance », digne compagnon de du Guesclin, qu’il suivit sur tous les champs de bataille, et particulièrement en Espagne, en 1367, dans la rencontre où il vainquit Pierre le Cruel, dans la personne du loyal et magnanime Chandos, le plus brave de ses chevaliers, qui y trouva la mort. De la maison de Kerlouët, la seigneurie de ce nom passa aux Canaber, par le mariage de Constance, dame de Kerlouët, fille de Jehan de Kerlouët, qui épousa, en 1372, Yvon Canaber, de la maison des Canaber, d’ancienne extraction chevaleresque portant, après cette alliance : « D’argent au greslier de sable accompagné de trois merlettes de même, qui est Kerlouët, au chef de gueules chargé de trois quintefeuilles d’argent, qui est Canaber ». (J. Baudry). 33

Guy II de Chauvigny compagnon de Bertrand du Guesclin

Guy II combat sous la bannière de Charles V et sous le commandement de Bertrand du Guesclin dès 1369. C’est aussi un familier du duc Jean de Berry. 34

Du Guesclin. Chauvigny. 86
Photo : 15/06/2003.

24 juin. Cri de « Guienne ! Saint Georges ! » au château de Valady

Le château de Valady appartient au xive siècle à Pons de Cardaillac, vicomte de Murat. Il passe ensuite par mariage dans la famille de Lévis, des seigneurs de Caylus, puis dans celle des Izarn de Freyssinet.

Un autre usage de ce cri nous est exposé lors de la prise de Valady (24 juin1369), une localité du Rouergue qui s’était rangée dans le parti français peu après l’appel du comte d’Armagnac au roi de France Charles V. Une armée anglo-gasconne fit le siège de cette place qui arborait la bannière aux fleurs de lis des rois de France. Après sa reddition, les Anglo-Gascons obligèrent les habitants à rétablir la bannière du Prince Noir au cri de « Guienne ! Saint Georges ! ».

Ce témoignage confirme de nouveau que « Guienne ! » était toujours crié avant « Saint Georges ! » ce qui nous montre l’importance de l’existence d’un duché de Guyenne (ou d’Aquitaine) autonome pour ceux qui l’utilisaient. 35

29 juin. Raymond de Mareuil « tourne Français »

C’était un bon, vrai et loyal Français. Raymond servit honorablement sous le connétable Charles d’Espagne et guerroya avec Du Guesclin. Lorsque Charles V fit appel aux sympathies de la noblesse d’Aquitaine, il n’hésita pas à se tourner français ouvertement, avec son oncle Louis sire de Malval en Limousin. Voici le texte de l’acte d’adhésion daté de Paris le vendredi 29 juin 1369 :

« A tous ceulz qui ces lettres verront, Raymon de Marueil, chevalier du pais de Guyenne, salut. Comme, pour cause de plusieurs griefs et oppressions à nous faiz par Edwart, le prince de Galles, duc de Guyenne, et ses genz et officiers, indeuement et contre raison, nous nous soions adhers aus appellacions faites par le conte d’Armignac et plusieurs autres nobles du dit pais de Guyenne à l’encontre du dit prince pardevant le roy de France nostre souverain seigneur ou sa court de parlement et par ainsi ayens pris et recongneu, prenons et recongnoissons le dit roy de France a nostre souverain seigneur, savoir faisons que nous avons promis et juré, promettons et jurons aus saintes Evangiles que a nostre dite adhésion nous ne renoncerons en aucune manière senz la licence et exprès commandement du roy nostre souverain seigneur, mais la poursievrons par devant luy ou sa dite court de parlement. Et avecques ce, promettons et jurons estre bons, vrais et loyaux françois, et servir le roy nostre dit seigneur de tout nostre povoir ; et se nous faisions le contraire, nous voulons et nous consentons estre tenuz et reputez par devant tout homme, faux, mauvais, parjure et traître chevalier. En tesmoing de ce, nous avons fait mettre nostre seel a ces présentes.
Donné à Paris le penultime jour de juing l’an mil ccc soixante et neuf. »

Un tel ralliement n’était point sans périls : il provoqua naturellement la colère des « Englès... et ils ardirent le terre de monsigneur Raimmon de Maruel, pour tant qu’il s’estoit tourné franchois » . Il donna lieu aussi, au retour de Raymond, à une aventure qui risqua de devenir tragique et que Froissart nous a contée.

Du Guesclin. Mareuil-sur-Belle. 24
Photo : 06/08/2020.

Messire Raymond, chevalier périgourdin, avait quitté Paris pour rentrer à Mareuil, lorsqu’il fut pris par les gens de Hugh de Calverly, sénéchal du Limousin, et enfermé dans une forteresse sous la garde de Thomas Percy, sénéchal de Poitou. Edouard III, qui l’apprit en Angleterre, fut moult joieant de cette capture. Désireux de punir Raymond de sa courageuse répudiation et de faire un exemple, il offrit une forte somme (6,000 fr.) à celui qui l’avait pris, sous la condition qu’on remettrait le prisonnier entre ses mains. Informé, Raymond en eut grande détresse de cœur ; il put néanmoins séduire l’un de ses gardiens, écuyer anglais, en lui promettant « moitié à moitié » toute sa terre. Celui-ci, un pauvre homme, facilita son évasion et lui ouvrit la poterne de sortie. Tous deux s’enfuirent par une nuit d’hiver dans les bois, sur le sol gelé ; poursuivis, ils atteignirent, transis et les pieds déchirés, le fort de La Roche-Posay distant de plus de sept lieues. Revenu à Mareuil, après avoir fait quérir gens et chevaux, Raymond voulut tenir sa promesse et donner à son sauveur la moitié de ses biens ; mais l’écuyer anglais n’accepta que 200 livres de rente, demeura avec lui en son château, et dès lors fut bon Français.

Raymond de Mareuil avait épousé Joyde de Montenaude, qui lui porta la seigneurie de Vibrac , dont l’histoire va être intimement liée à celle des Mareuil-Villebois. 36

9 juillet. Jeanne de Penthièvre et Limoges sous la coupe de Charles V

Jeanne de Penthièvre mit la vicomté de Limoges, que du Guesclin avait affranchie de la domination anglaise, sous la coupe de Charles V, qui lui en rendit l’investiture le jour même, puis le 13 janvier 1380 par lettre patente ; certains disent qu’elle la récupéra dès 1371, en fait elle n’en reçut alors que quelques terrains à Limoges, place de la Motte, à la suite de la soumission du château de Limoges à Charles V. 37

Du Guesclin. Limoges. 87
Pont Saint-Martial sur la Vienne. Photo : 04/09/2017.

L’évêque et les habitants de Limoges las du joug anglais appelaient le Roi de France ; le 25 mars 1369, à la prière du Roi, Jeanne de Penthièvre leur accorda le pardon de leur défection plus ou moins contrainte ; et, désespérant de pouvoir garder la ville, donna la vicomté à Charles V, lui remettant en même temps le soin de la défendre (9 juillet). Les ducs de Berri, de Bourbon et du Guesclin se joignirent bientôt sous les murs de la place, dont les portes leur furent ouvertes ; mais, eux partis, le prince de Galles l’emporta de vive force et la livra au pillage et au feu. 38

En 1369, Jeanne cède ses droits au roi Charles V et l’administration vicomtale semble dès lors contrôlée par la couronne : à Ségur, en particulier, les capitaines du château sont tous nommés par le roi (à partir de la libération de la place, vers 1373) et le juge de la cour seigneuriale du lieu exerce la juridiction gracieuse au nom du roi de France (jusqu’en 1422 au moins). Le roi restitue officiellement la vicomté à Jeanne en 1378, laquelle transmet ensuite ses droits à son fils Jean [IV], dont il se réclame après la mort de sa mère en 1384. 39

Mort de Philippa de Hainaut, Jehan Froissart change de protecteur

Philippe de Hainaut, dite aujourd’hui Philippa ou Philippine (24 juin ? 1310/1315 – peu avant le 14 août 1369), fut reine consort d’Angleterre, en tant qu’épouse du roi Édouard III d’Angleterre. Après la publication d’un premier livre, et après la mort de Philippa, Jehan Froissart bénéficie de la protection du duc Venceslas et de Jeanne de Brabant, puis du comte de Blois jusqu’en 1391, ou encore d’Aubert de Bavière et de Guillaume IV de Hainaut qui lui permet de poursuivre le travail touchant aux Chroniques. Il reçoit en récompense le bénéfice ecclésiastique d’Estinnes, un village près de Binche et devient ensuite chanoine de Chimay, ce qui le libère des soucis financiers. Mettant en valeur les prouesses des chevaliers de ses protecteurs, il espère par là atteindre à une renommée comparable à la leur. 40

Été. Une compagnie assiège La Roche-sur-Yon

Une des compagnies revenue de Castille pille Vire en 1368, puis conduite par Jehan Cercle et Folcquin Lallemant s’empare de Château-Gontier. En été 1369, la même troupe part assiéger La Roche-sur-Yon. Charles V demande au sire de Craon de s’y opposer. Ce dernier réunit une troupe nombreuse autour de Baugé, composée de nombreux seigneurs de Laval et des environs dont Guy de Laval-Loué et Brumor de Laval.

On y remarquait Pierre de Craon, Guillaume de Craon, Pierre sire de Mathefelon, Jean sire de Montjehan, Amaury de Clisson, Brumor de Laval, Guy de Laval sire de Loué, Olivier sire d’Usée, Jean de Champagne, Geoffroy sire de la Grésille, Briant de la Haye, Guillaume sire de Sillé, Geoffroy Février, Geoffroy des Vaux, Guillaume de Tusse, Brandelis de Champaigne, Jean du Vergier, Guillaume du Bourcneuf, Jean de Vandervant, Jean de la Haye, Henry de Saint-Aubin, Guy Oudart, Jean Le Chapelaiz, tous chevaliers, la plupart bannerets et accompagnés d’une élite de chevaliers, de bacheliers et d’écuyers. Les deux seigneurs de Laval avaient avec eux, indépendamment d’une suite d’écuyers et d’archers, l’un trois chevaliers, l’autre deux. 41

Guillaume l’Archevesque, seigneur de Parthenay était au nombre ,des seigneurs qui se trouvaient au siège de la Roche-sur-Yon, et accompagnait Chandos à l’expédition de Saint-Savin, à l’issue de laquelle ce grand homme trouva la mort, au pont de Lussac. Il était aussi l’un des cinq juges laïques établis en Aquitaine par le roi d’Angleterre. 42

12 août. Geoffroy de Kermoysan est nommé évêque de Dol

Geoffroy de Kermoysan prend le parti de Charles de Blois : Quimper est assiégé en 1344 par Jean de Montfort. Geoffroy rassemble les habitants pour délibérer et la résolution unanime est prise d’ouvrir les portes au vainqueur. À la suite de la prise de position de l’évêque de Quimper en faveur de Jean de Montfort, Quimper est mis à sac par Charles de Blois. C’est vraisemblablement à cette période que l’ancien château de Kermoisan est démantelé. Geoffroy de Kermoysan (Pommerit-Le-Vicomte 1310 - 1380) est entré dans l’ordre savant de Saint Benoît et devient abbé de la Couture (abbaye fondée fin VIe siècle au Mans par Saint Bernard), puis est nommé évêque de Cornouaille (Quimper) en 1358 et de Dol (12 août 1369). 43

Mi-août. Isabelle de Valois, retenue prisonnière par des routiers gascons

Isabelle de Valois est la fille de Charles de France, comte de Valois, et de sa 3e épouse, Mahaut de Châtillon. C’est la belle-mère de Charles V, roi de France.

En 1337, elle épouse Pierre Ier (1311-1356), duc de Bourbon, et eut :

  • Louis II (1337-1410), duc de Bourbon ;
  • Jeanne (1338-1378), mariée en 1350 à Charles V (1337-1380), roi de France ;
  • Blanche (1339-1361), mariée en 1353 à Pierre Ier le Cruel, roi de Castille ;
  • Bonne (1341-1402), mariée en 1355 à Amédée VI (mort en 1383), comte de Savoie ;
  • Catherine (1342-1427), mariée en 1359 Jean VI (mort en 1388), comte d’Harcourt ;
  • Marguerite, (1344-1416), mariée en 1368 avec Arnaud-Amanieu d’Albret (1338-1401) ;
  • Isabelle (née en 1345). 44

Belleperche fut le théâtre d’un épisode important : Louis II, duc de Bourbon, fit le siège de la forteresse pour essayer de délivrer sa mère, Isabelle de Valois, retenue prisonnière par des routiers gascons. Au cours de l’été ou de l’automne 1369, un petit groupe d’une trentaine de "routiers" gascons, du parti des Anglais, réussit à s’emparer par ruse du château, où résidait la duchesse douairière de Bourbon, Isabelle de Valois. Louis II, qui se trouvait alors à la cour, accourut, réunit des troupes et mit le siège devant Belleperche. Le siège dura trois mois ; le duc fit installer quatre grands engins de sièges qui envoyaient nuit et jour des pierres sur la forteresse, faisant de gros dégâts. Mais une troupe de routiers poitevins et aquitains commandée par deux princes anglais, le comte de Cambridge, fils du roi Édouard III, et le comte de Pembroke vint au secours des assiégés et retarda la prise du château.

Du Guesclin. Bagneux.03
Photo : 26/05/2019.

Louis II réussit finalement à prendre Belleperche, mais ne put empêcher les routiers, Bernardon de la Salle, Bernard de Wisk et Hortingo de la Salle de s’échapper en emmenant la duchesse en otage ; elle ne fut libérée que deux ans plus tard contre rançon. Cet épisode contribua grandement à la gloire du duc. 45

En la mi-août 1369, toujours pour le compte du Prince Noir, Bernardon de la Salle s’empare avec Bernard de Wisk et Hortingo de la Salle, du château de Belleperche, ou réside Isabelle de Valois, belle-mère de Charles V de France. Il est assiégé en septembre 1369, par Pierre Ier de Bourbon, Louis de Sancerre et Édouard de Beaujeu mais ne se rend qu’en mai 1370. Isabelle de Valois demeure leur prisonnière jusqu’en 1372. 46

21 août. Début du siège de Saint-Sauveur-le-Vicomte

Il est mené par Jean de Vienne. Jean de Vienne a 28 ans. 47

Du Guesclin. Saint-Sauveur-le-Vicomte. 50
Photo : 02/06/2006.

12 septembre. Décès de Blanche de Lancastre

Blanche de Lancastre, née le 25 mars 1345 et morte le 12 septembre 1368, est la seconde fille et, en définitive, l’unique héritière d’Henri de Grosmont, 1er duc de Lancastre, et de son épouse Isabelle de Beaumont. Elle joue historiquement un rôle important en tant que première épouse de Jean de Gand, fils du roi Édouard III d’Angleterre. 48

Septembre. Les Anglais sont à Saumur

Partie d’Angoulême, une forte armée anglaise, renforcée par des seigneurs poitevins, vient attaquer l’Anjou, commandée par le comte de Pembroke et Hugh Calveley ; elle regroupe 600 cavaliers et 1800 fantassins. 49

Selon les dires de Froissart, les environs de Saumur sont aussitôt « pris, brûlés, détruits et dévastés ». Le village de Bagneux est en ruines. Il en est de même du prieuré de Distré, mais lui, il a été détruit par les Français, parce qu’il était fortifié et qu’il aurait pu servir d’abri aux adversaires.

Du Guesclin. Saumur. 49
Le château domine la Loire. Photo : 29/10/2016

L’abbaye de Saint-Florent, sous le coup d’une menace immédiate, se renforce en urgence : des lettres patentes de Charles V, du 24 novembre 1369, l’autorisent à se fortifier, mais elles viennent en réalité légaliser un état de fait un peu plus ancien.

Le 24 novembre 1369, des lettres patentes de Charles V autorisent l’abbaye de Saint-Florent, sous le coup d’une menace immédiate, en raison de l’avance en Anjou des troupes anglaises commandées par le comte de Pembroke et Hugues de Calveley, à se fortifier en urgence. 50

Vers l’ouest, des bandes bretonnes sont installées à Cunault ; plus loin, dans l’abbaye de Saint-Maur fortifiée, s’est établie une petite troupe anglaise commandée par Cresswell, qui rançonne les alentours.

Au nord, dans la forêt de Monnaye, l’abbaye du Loroux est occupée depuis 1357 par une autre bande d’Anglais.

Ces menaces sur le flanc septentrional donnent un rôle important à la bastille qui surveille l’entrée du pont de la Croix Verte et qui est commandée par Olivier Joudouin. Ce dernier consolide le fortin en faisant abattre une maison appartenant à l’abbé de Saint-Florent et en la remplaçant par d’autres murs ( Procès du 31 janvier 1368, A.D.M.L., H 2111 ).

La ville est confiée à Robert de Sancerre, qui a reçu d’importants renforts, environ 600 hommes, amenés en particulier par le capitaine Jean III de Bueil, un parent de la famille des comtes de Sancerre. Jean III de Bueil est né vers 1340, il a 29 ans. 51

Robert de Sancerre

Chevalier, capitaine d’une compagnie de gendarmes, seigneur de Menetou, est le fils cadet du comte Louis II et de Béatrix fille de Jean V de Roucy. C’est le frère du futur comte Jean III et de Louis de Sancerre, futur Connétable de France. Il meurt entre septembre 1371 et janvier 1372. 52

Des gens d’armes sont hébergés dans la basse-cour du château : pour se chauffer, ils brûlent les boiseries de l’auditoire de justice. Le château est alors en plein chantier : en catastrophe, une de ses tours en cours d’aménagement est transformée en barbacane. Finalement, malgré leur supériorité numérique, les troupes anglaises, éparpillées, ne lancent pas d’attaque frontale contre Saumur ; elles préfèrent mettre la région en coupe réglée.

Apprenant que le comte de Pembroke s’est installé avec 500 hommes dans un village non fortifié, à Verrue, près de Monts-sur-Guesne, les Français lancent à partir de Saumur une expédition nocturne et surprennent la bande ennemie dispersée dans ses logis. Les combats se déroulent en pleine rue. L’effet de surprise joue en faveur des Français. Le comte de Pembroke ne peut sauver que 80 des siens et se réfugie avec eux dans une maison forte. 53

En 1369-1370, alors que l’Anjou est saccagée, il commande Saumur encerclée par les troupes anglaises. Il reçut environ 600 hommes en renfort, amenés par le capitaine Jean III de Bueil, famille qui sera plus tard parente des comtes de Sancerre. Avec ses derniers, Robert repoussa les Anglais, mais Les Ponts-de-Cé et l’abbaye de Saint-Maur-sur-Loire tombèrent en leur pouvoir. En 1369, il se trouve à La Roche-Posay en Poitou, avec Jean de Vienne, Jean de Bueil, Guillaume des Bordes, ..., et sept cents combattants, lorsque son frère le maréchal Louis de Sancerre y vint pour préparer l’attaque surprise de la troupe du comte de Pembroke. 54

14 novembre. Jeanne de Harpedanne fortifie Fontenay

Jeanne de Clisson est la sœur d’Olivier V de Clisson. Jeanne a épousé Jean Ier Harpedanne en 1361. 55

A l’instar de Jeanne de Blois et de Jeanne de Montfort, conduisant elles-mêmes des armées et des flottes, Jeanne de Harpedanne fait réparer les fortifications de la ville, protéger les moulins du château par un mur fort épais, et recreuser le fossé qui garantissait les Loges contre un coup de main.

Dès le 14 novembre 1369, elle avait mis les, habitants des paroisses de Doix, Puissec, Saint-Médard-des-Prés, Chaix, Montreuil, Gué-de-Velluire, Sainte-Radégonde-la-Vineuse, Serigné, Saint-Maurice-des-Nouhes, Notre-Dame-de-Coussay, Denant, Bouneuil, Fontaines, en demeure de venir faire le guet à la dite ville de Fontenay, et de réparer les douves, murs, etc., et de faire les charrois nécessaires. Mais les habitants n’ayant pas répondu à l’invitation, le prévôt Thomas Brandin avait, le 27 novembre, donné l’ordre de requérir les , serfs des paroisses dont nous venons de parler pour les travaux de fortification de la ville.

Pour interdire l’entrée du port principal, elle fait construire une poterne défendue par la tour de la Lamproie et bâtir un fort au milieu de la Vendée. N’ayant qu’une confiance fort limitée dans la fidélité des bourgeois, elle confie la garde de la ville à la noblesse du pays, aux paysans dépendant de la châtellenie, et dirige elle-même la défense, montrant au milieu des plus grands dangers une bravoure et une intrépidité chevaleresques. Mais la ville ne pouvait résister longtemps aux assauts furieux que lui livrait le capitaine " pitoyable aux petits, mais moins courtois à l’ennemi ". Le 12 octobre 1372, la garnison de Fontenay se rendait avec tous les honneurs dus au courage malheureux et à l’héroïsme d’une femme. 56

30 novembre. Charles V prononce la confiscation de l’Aquitaine

7 décembre. Nouvelle convocation des États généraux à Paris

Elle permet la levée de nouveaux impôts pour faire face à la guerre.

31 décembre. Siège de Saint-Savin-sur-Gartempe 57

31 décembre. Jean Chandos, 55 ans, est tué, par qui ?

Au cours d’une escarmouche près de Lussac-Les-Châteaux, la lance de Guillaume Boitel, revenu d’Espagne, transperce le capitaine anglais sir Jean Chandos, sénéchal du Poitou, qui meurt le lendemain. 58

Du Guesclin. Lussac-les-Châteaux. 86
Piles du pont qui mène au château. Photo : 05/09/2019.

Jean Froissart, appointé par la cour d’Angleterre, a écrit que l’auteur du coup de lance mortel était le seigneur de Saint-Martin que les Anglais ont blessé mortellement en représailles alors qu’il s’était constitué prisonnier. Mais les autres historiens attribuent la mort de John Chandos à Guillaume Boitel. Il semblerait que Jean Froissart n’ait pas voulu froisser le roi d’Angleterre son seigneur, en rapportant que John Chandos, ami du monarque, avait été tué par un simple chevalier sans fief d’importance. Il fallait aussi justifier l’assassinat de Saint-Martin par un motif autre qu’une simple erreur sur la personne. 59

Le chevalier de Saint-Martin est l’ancêtre des Bagnac. Bagnac est sur la commune de Saint-Bonnet-de-Bellac. Dans le château Pierre de Bagnac est né en 1330, grand cardinal qui fut célébré à Rome. 60

John Chandos est transporté à Morthemer où il meurt le 1er janvier 1370. Regretté par Édouard III, il l’est aussi par Bertrand du Guesclin, qui admirait son courage et son talent militaire. 61

Du Guesclin. Valvidienne-Morthemer. 86
Collégiale Notre-Dame, église romane des XIe et XIIe siècles, crypte du XIVe siècle. Photo : 04/09/2017.

John Chandos, connétable du Prince Noir, sénéchal du Poitou, et Bertrand du Guesclin se connaissent bien. Bertrand du Guesclin a été son prisonnier à Auray et à Nájera. 62

Du Guesclin. Mazerolles. 86
Le cénotaphe de John Chandos. Photo : 05/2015.
Du Guesclin. Mazerolles.86
Le cénotaphe de John Chandos. Photo : 05/2015.

Jean de Kerloüet et Alain de Saisy sont fait prisonniers par les Anglais, lors du combat au pont de Lussac et délivrés quelque temps après rançons.

Alain de Saisy de Kerampuil

Ollivier et Roland de Saisy figurent dans les montres de 1351. Alain de Saisy, fils d’Ollivier ou de Roland, est écuyer, homme d’arme et compagnon de Bertrand du Guesclin. Originaire du Nivernais, la famille De Saisy n’apparaît en Bretagne que vers le milieu du XIVe siècle. Elle s’y implante par suite d’un mariage avec l’héritière de Kerampuil. Frère d’arme de Jean de Kerloüet (le fameux Carlonnet), il est peut-être son beau-frère. Alain de Saisy meurt en 1379.

Alain de Saisy prêta serment au duc en 1371 et 1372. Il faut également parler des lettres du roi Charles V à Du Guesclin, son connétable, pour accorder sur sa demande les récompenses les plus considérables à son écuyer de renom. Il reçut ainsi les terres, châteaux et forteresses de Mortemart, de Vivonne, de Saint-Victurien et autres lieux, en rémunération « de partie des bons et agréables services », le roi ayant confisqué les dits biens à Aimery de Rochechouart, « rebelle ennemie et désobéissant du Roi monseigneur ». On a lieu de croire qu’à la mort d’Alain de Saisy, ces biens furent restitués, moyennant compensation.

Charles V récompense Kerloüet par dix-huit cents livres d’or et Alain de Saisy de mille livres d’or. « Ce qu’il y a de probable, c’est que d’après la chronique anonyme et celle de Cuvellier, après la mort de Kerloüet [en 1371], Alain de Saisy était devenu le principal instrument de la conquête du Poitou, et c’est pour cela sans doute que le Roi voulut lui créer une situation considérable. » 63

1372. Tel fut l’éclat de ses services que le connétable le gratifia d’abord de la châtellenie de Mortemar, puis des châteaux de Saint-Ventriquen, et Cerceigné, de la ville de Vivoune, et de « toutes les terres possessions, etc. que soulait tenir en Poitou, Limousin et Guyenne Aymar de Rochechouart, chevalier », qui s’était rangé au parti anglais. 64

Fin décembre. Jean de Bueil bat Pembroke à Purnon 65

Jacques de Surgères accompagne le comte de Pembroke à Purnon

Jacques de Surgères accompagna le comte de Pembroke dans la chevauchée qu’il fit, en 1369, contre le vicomte de Rochechouart et lorsqu’il fut surpris à Purnon par le comte de Sancerre. 66

Louis de Sancerre força le comte de Pembroke à se retirer avec ses gens dans un village du Poitou nommé Puy Néron. Surpris par les Français du maréchal Louis de Sancerre, le comte n’eut que le temps de se barricader à l’Hôpitault. Jacques de Surgères accompagna le comte de Pembroke dans la chevauchée qu’il fit, en 1369, contre le vicomte Louis de Rochechouart et lorsqu’il fut surpris à Purnon par le comte de Sancerre. 67

Najac et le château de La Roque-Valsergue restent anglais

On vit même les moines de Bonnecombe incendier le fort de Bonnefont plutôt que de le laisser au pouvoir des Anglais, qui, à la fin de 1369, ne possèdent que Najac et le château de La Roque-Valsergue. La ville ne tarde pas à leur être enlevée, et Du Guesclin les chasse de La Roque-Valsergue en 1371. 68

Les Anglais assiègent Tulle

Ils prennent de nouveau la ville avant d’en être à nouveau chassé, définitivement, par la milice locale. 69

Gilbert de Domme est de nouveau nommé sénéchal de Périgord

Gilbert de Domme est révoqué de sa charge de sénéchal le 7 juillet 1360. Le vol de biens appartenant aux consuls de Cahors lui a valu d’être excommunié. Cependant ayant repris le combat contre les Anglais à la demande du régent de France, Charles d’Anjou, futur Charles V, il est de nouveau nommé sénéchal de Périgord en 1369. Il a participé à de multiples actes de bravoures et de brigandages. Il n’est plus sénéchal de Périgord quand Du Guesclin est venu à Sarlat, ni en 1383 quand le château de Domme-Vieille est assiégé par les Anglais, sans qu’on en connaisse les raisons. Il finit excommunié, ruiné, il a dû vendre ses biens, dont le château de Domme-Vieille, avant de mourir dans la misère. Mort excommunié après 1388, l’église lui a refusé l’enterrement en terre consacrée et son corps repose dans le jardin des pères de Saint-Augustin de Domme. Il a eu comme compagnons d’armes Pons de Beynac, sire de Comarque, et Renaud de Pons. 70

Naissance de Isabeau de Bavière

Elle deviendra reine de France par son mariage à Charles VI de France, fils de Charles V.

Bertrand du Guesclin perd son oncle

Seigneur du Vau Ruzé, également dénommé Bertrand, il est né vers 1290 julien et décédé en 1369 julien, à l’âge d’environ 79 ans. 71

Le vicomte de Rohan reprend Châteaulin-sur-Trieux

Plouëc-du-Trieux était primitivement occupé par une garnison romaine. En 1034, le territoire et la forteresse "Castellum super Triticum" sont attribués par le duc Alain III à son frère cadet Eudon. Celui-ci reçut en apanage de son frère, le pays situé entre la Rance et le Trieux (c’est-à-dire le comté de Penthièvre). La châtellenie de Pont Treu est mentionnée en 1160, de Pontreu en 1308, et Pontrieu en 1317. En 1332, le 5 décembre, le duc de Bretagne, Jean III, dit le Bon, cède à Jean de Rais ou Rays, la châtellenie de Châteaulin-sur-Trieux, en échange de la baronnie de Rais. En 1343, les soldats d’Edouard, roi d’Angleterre, mettent le siège devant Châteaulin-sur-Trieux, prennent le château et le pillent. En 1345, le comte de Northampton, lieutenant général du roi d’Angleterre, prend à nouveau le château pour le compte de Jean de Montfort, le pille et l’incendie. En 1369, le vicomte de Rohan reprend Châteaulin-sur-Trieux. 72

Début de la construction de la tour Solidor

Elle est édifiée (1369-1382) sur ordre du duc de Bretagne Jean IV pour bloquer Saint-Malo 73 qui soutient la France. Bâtie sur une avancée rocheuse, la tour Solidor est un donjon fortifié composé de trois tours réunies par de petites courtines. Elle est située au débouché de la Rance et permet de surveiller la navigation de l’estuaire. 74

Du Guesclin. Saint-Servan. 35
La tour Solidor contrôle la Rance et la mer. Photo : 08/02/2020.

Robert Knowles prend Roye ?

Le commandant anglais Robert Knowles à la tête de 12 000 hommes dévaste la région, prend la ville de Roye, la livre aux Flamands qui la réduisent en cendres. 75 En juillet 1370, Robert Knowles débarque à Calais avec 3 000 hommes dans le but de mener une nouvelle chevauchée afin de forcer le roi Charles V à accepter les termes du traité de Brétigny-Calais.

Thomas de Percin gouverneur de la Rochelle

Thomas de Percin, dit Northumberland est né en 1310, co-seigneur de Céran, chevalier-banneret, il suit le Prince Noir au siège de Toulouse en 1355. En 1356, il est à la bataille de Poitiers. Il est gouverneur de la Rochelle en 1369. 76

Le château de Javerlhac est ruiné

Dés 1248 le nom du seigneur Bernard Ramnulphi est connu. Ensuite par mariage, en 1298 le château appartiendra aux seigneurs Aymeric Vigier, puis Louis de Rochechouart en 1355. La guerre de cent ans en Guyenne bat son plein et en 1369 le château est ruiné et incendié par Edmond de Langley, Comte de Cambridge. 77

Le château de Carlat est pris par les Anglais

Le château de Carlat, siège de la vicomté du Carladès, était un château fort situé sur la commune éponyme dans le département du Cantal. En 1050 le château, mentionné depuis le Xe siècle, passe par mariage au vicomte de Millau et du Gévaudan, puis par héritage au roi d’Aragon. Ce dernier le cède avant 1196 au comte de Rodez. Il est pris par les Anglais en 1369. Le roi de France Charles VI le confisque en 1386 et le donne au duc Jean de Berry. 78

Saint-Antonin reçoit des nouveaux privilèges

En 1351 les Anglais envahissent Saint-Antonin. En 1369, des nouveaux privilèges sont accordés à la ville par Charles V le Sage, avec une amnistie pour les habitants qui ont pris le parti anglais, et par le duc Louis d’Anjou, lieutenant du roi en Languedoc, alors résidant à Toulouse. 79

Bertrand du Guesclin ? et Jean de Bueil prennent le château de Preuilly

Le château est reconstruit autour de 1130 par Pierre I Montrabel mais il est à nouveau saccagé au XIVème siècle car Preuilly était dans une zone où Français et Anglais s’opposaient en permanence. Occupé par les Anglais il est enlevé en 1369 par Bertrand du Guesclin et Jean de Bueil. Eschivard VI de Preuilly puis son successeur Gilles commencent sa restauration qui est achevée par Pierre Frotier à partir de 1422. 80

Le château de Cherveux est donné à Guillaume de Felton

Il fut saisi par les Anglais en 1363 et donné à Guillaume de Felton, sénéchal du Poitou. Mais après la victoire de Du Guesclin en 1369, la seigneurie de Cherveux revient à son ancien propriétaire, Amaury de Craon. 81

Jean de Berry reçoit de son frère Charles V, les comtés d’Auvergne et de Boulogne. 82

Archambaud de Grailly est captal de Buch et comte de Benauges

Archambaud de Grailly (v. 1329-1330 † 1412) est captal de Buch et comte de Benauges de 1369 à 1412, comte de Foix, coprince d’Andorre, vicomte de Béarn et de Marsan de 1398 à 1412 et vicomte de Castelbon de 1400 à 1412. Il est fils de Pierre II de Grailly, captal de Buch, et de sa 2ème épouse Erembourg de Périgord (fille d’Hélie VII). Il devient vicomte de Castillon et de Gurson à la mort de son père en 1356. La même année, il combat à Poitiers aux côtés du Prince Noir. En 1364, il est capturé dans un autre engagement contre les Français de Bertrand du Guesclin à Cocherel. Il reste prisonnier jusqu’en 1372, date à laquelle il verse une rançon de 500 francs or. Entre-temps son neveu Jean III de Grailly décède, en 1369, lui laissant ses biens. Il devient ainsi seigneur de Grailly, de Rolle, de Ville-la-Grand, de Lavaux, captal de Buch, comte de Benauges, de Lavaux et de Longueville. Le 2 mars 1377, il devient sénéchal de la Gascogne pour le compte du roi d’Angleterre. 83