D’Airvault à Vouillé
26 avril 2015
Airvault (79), départ 7h30.
J’ouvre mon portable. Jacques est décédé.
Airvault est jumelée avec Wicznice en Pologne. C’est certainement lié au camp de Velucé, proche. Sous un abri-bus, un carton de livres offerts au passant. Une excellente idée. Dans la région la roche est le calcaire. De nombreuses personnes téléphonent en voiture. Pour rencontrer Dieu rapidement, prenez votre voiture, roulez, et téléphonez de votre portable. Il ne devrait pas tarder à vous recevoir. Des irresponsables.
Près d’une ferme, au lieu-dit Le Fouilloux, il y a d’énormes tas de pierres, des rognons de silex. Ils ont été ramassés dans les champs avec un engin adapté. Ce sont de petits rognons d’environ dix centimètres de diamètre. Est-ce utile ? N’est-ce pas antiproductif ? Dans la journée, le soleil chauffe le sol et les roches qui emmagasinent la chaleur, la nuit elles la restituent. Sans roches, cet effet positif est supprimé. Je prends à droite et passe devant un moulin qui n’a plus de toiture ni d’ailes. Je traverse des bois, c’est agréable. Le paysage me rappelle la Brie de mon enfance au sud de Provins, 77. La pluie s’est mise à tomber, des escargots traversent la route, des jaunes, des marrons, des multi-couleurs.
J’ai enfilé mon poncho acheté au Puy du Fou. Il est jaune, comme le colza qui m’environne. J’arrive à Thénezay. Au bar-tabac, le serveur, chauve, barbu, âgé de 37 ans, est très aimable. Un chocolat chaud, un café, et une grenadine. Il ne faut pas se déshydrater. La presse, la Nouvelle République, signale qu’à Niort, des squelettes ont été découverts, elle ne dit pas de quelle époque ils datent. Une photo montre un crâne, bouche ouverte, avec une cuillère dedans. Mauvais goût. Je regarde mon horoscope : « Des changements surviennent. Cela n’affecte pas votre dynamisme inventif et créatif, au contraire. Santé : tonus en dents de scie ». Il pleut toujours.
J’avance vers Cherves, c’est un très joli village, avec une forteresse, un donjon du 12e, trois tours du 14e, une église, un musée-paysan. C’est simple et propre, pause, 20 kilomètres depuis ce matin. A 13 heures, je rechausse les chaussures. A la sortie de Cherves, le moulin Tol, un moulin à vent restauré avec l’aide de la Fondation du Patrimoine.
Un monsieur cueille des asperges dans son jardin. Je voudrai bien connaître l’inventeur de la tôle ondulée. Une vraie catastrophe. Il mérite la taule. C’est aussi le cas de l’inventeur du PVC, il mérite l’AVC. Sévère. Il y a également les inventeurs du ciment, des parpaings et du crépi. Les villages sont défigurés avec ces matériaux. Qu’en diraient les anciens qui ont disposé méthodiquement les pierres, une à une, avec de la terre et sans joints ? Certainement pas du bien.
A Maillé, les équipes de foot se préparent pour le match de 15 heures. Le capitaine me donne de l’eau fraîche. Les murets de pierre sèche qui longent la route tombent en ruines. A Beauvais, c’est la Beauce. Des champs immenses, quasiment plus d’arbres, pas de haies. Un parfum de colza monte dans l’air. La pluie, suivie maintenant par le soleil, exhale des senteurs. Un gros vent nord-ouest m’aide à avancer. J’arrive sur le territoire de la Communauté des Communes du Vouglaisien. Un peu de détente, blagues : « J’arrête l’alcool, je ne bois plus que du vin »,« Donner une baffe à une dactylo, c’est une faute de frappe ». De petite frappe. Encore 10 kilomètres et je suis à Vouillé. Ici on trouve des tuiles-canal sur les toitures .
A Frozes, de nombreuses maisons sont de belle taille, imposantes, bien entretenues. Une commune chic. La région est mollement vallonnée à l’approche de Vouillé. Longer la 4 voies est une galère, je n’ai pas trouvé mieux. Ce nom devrait vous dire quelque chose, en effet ici s’est déroulé un évènement important de l’Histoire de France.
Clovis, en 507, bat les Wisigoths d’Alaric II, sur ces terres. Ces évènements sont inscrits sur le château d’eau. Bonne idée. A 17 heures, je suis dans Vouillé. Je prends une chambre au Cheval Blanc. Dans le restaurant huppé, il y a une très belle cheminée. Vouillé est baignée par l’Auxances, qui se dit Aussances, comme Ausserre. Encore une mauvaise blague pour ce soir, « faites un don d’orgasme, c’est bon pour tous les deux ».
L’église préconise à ses ouailles d’être bons, généreux, sympathiques avec son prochain. A voir comment les gens se comportent, ont-ils bien compris les termes « son prochain » ? Il semble bien qu’ils ont interprété comme « le prochain ». Avec lui, je n’ai pas été bon, avec le « prochain », je le serai. Et toujours le « prochain ». Mappy affiche 290 kilomètres entre Vouillé et Monteneuf, en 8 jours. Pas mal, non ? Je suis chez les Gaulois Pictaves, ou Pictons, ce qui donnera ensuite Poitiers et Poitou. A la Maison de la Presse, je découvre que le mot « pierre » se dit « chall » dans la région.
Voir et savoir
- Cherves,86 : Le château du 11e, 12e. Le duc de Montpensier rase une partie du donjon. Il devient la propriété d’une famille d’occupants anglais, les Alliday, pendant la guerre de Cent Ans. Le moulin Tol est du 18e.
- Vouillé : Au début du 5e siècle, les Wisigoths occupent l’Aquitaine de Toulouse à Bordeaux et de Bordeaux à Poitiers. Poitiers est la capitale provisoire d’Alaric II. Clovis, roi des Francs, entreprend une « croisade » contre l’hérésie arienne soutenue par Alaric, elle s’achève à la bataille de Vouillé en 507. Rivière Auxances. Argile à silex. Seuil du Poitou. Menhirs. Le château de Chiré-en-Montreuil est du 14e. Moulin de Gadiot.
Ma collection de tampons
- Le Progrès : Bar, tabac, presse. 1.3, rue du général de Gaulle. 79390. Thénezay.
- Le Cheval Blanc et Clovis : Hôtel ***, restaurant. 86190. Vouillé. Soirée-étape.