Le Néolithique et les mégalithes
Le Néolithique se caractérise par la sédentarisation, l’agriculture, l’élevage, la poterie, la hache polie, l’arc, et de nouvelles pratiques funéraires.
Correspondant à une mutation culturelle sensible dès le début du Néolithique (vers - 5 000 avant J.-C.), le mégalithisme va se développer et évoluer durant toute cette période pour réduire son impact à l’arrivée de la métallurgie, vers - 2 200 avant J.C.
Les recherches entreprises autour des cairns de la Table des Marchand et d’Er Grah en Locmariaquer, Morbihan, ont mis en évidence la présence de grandes stèles-menhirs associées au grand menhir restant, actuellement couché, dès les premiers moments du Néolithique. Elles furent abattues et tronçonnées dans le courant du Vème millénaire avant J.-C. pour servir à la construction d’autres monuments voisins comme Mane Rutual, Mane Lud, Er Grah, la Table des Marchand ainsi que le cairn de l’île de Gavrinis situés sur la commune de Larmor-Baden.
Les populations néolithiques, sédentarisées par l’agriculture naissante organisent leur territoire. On y distingue les lieux de vie, village, camps, maisons collectives, les lieux funéraires, dolmens, allées couvertes, et les lieux cultuels, groupes de menhirs ou menhir isolé.
Tous ces monuments aménagés le plus souvent à partir de la roche locale tendent à démontrer la présence de sociétés structurées, capables de planifier une réalisation demandant des moyens, des hommes et un savoir-faire.
Bien souvent, les blocs mis en œuvre sont ornés de gravures. Certains mégalithes de Bourgogne ou du Portugal portent encore des traces de peintures. Ayant évolué durant tout le Néolithique, autant dans leur architecture que dans leur organisation, les réalisations mégalithiques n’ont pas encore livré tous leurs mystères.
Si les fouilles confirment la fonction funéraire de la plupart des dolmens, certains d’entre eux richement ornés invitent plus à les regarder comme des sanctuaires (Gavrinis).
Les menhirs suscitent de nombreuses interrogations. Parmi toutes les hypothèses proposées au fil du temps, on peut distinguer deux catégories
- La première qui concerne les menhirs isolés leur voit un rôle de bornage : ils marquent les limites d’un territoire, ils indiquent des chemins de transhumances ancestrales, ou ils positionnent un point d’eau.
- La seconde qui veut expliquer les groupes de menhirs, les présente comme des systèmes calendaires fondés sur des observations astrales. Certains n’hésitent pas à y voir des repères astronomiques rythmant la vie des premiers agriculteurs au Néolithique.
A cela s’ajoute une multitude de propositions au fondement incertain : marqueur de courants telluriques, de rivières souterraines, de forces magnétiques. Toutes ces propositions faites sur les observations hors sol de sites souvent réaménagés de façon outrancière ont besoin d’être confirmées.
Si nous ne pouvons affirmer que le mégalithisme s’est développé à partir de la façade atlantique, c’est assurément là qu’il a le plus marqué le territoire.
Il révèle la présence de sociétés structurées suffisamment productives pour entretenir un groupe constructeur accaparé par une tâche importante dénuée de toute rentabilité. Ici le spirituel a prévalu sur le matériel.
Le mégalithisme du XXIème siècle, qui voit s’ériger menhirs et dolmens sur des fines pelouses de jardin, a oublié les motivations de nos ancêtres.
Mais, il faut savoir que des ethnies comme les Mérinas de Madagascar ou les habitants des îles Sumba en Indonésie continuent à pratiquer les traditions mégalithiques.
Yannick Lecerfraconte le mégalithisme en Bretagne.
Serge Cassen :La Parure néolithique dans l’Ouest de la France.