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1342. Bertrand du Guesclin a 22 ans

Jeanne de Flandre a 47 ans. Louis d’Espagne a 51 ans. Olivier IV de Clisson a 42 ans. Charles de Blois reconquiert une grande partie de la Bretagne. Naissance de Louis de Sancerre.

Bertrand du Guesclin est à Nantes et Hennebont

Pour Guyard de Berville Bertrand du Guesclin est à Nantes et Hennebont.
1342. Nantes.

Ce fut à ce siège que Bertrand du Guésclin, âgé de vingt-un à vingt-deux ans, commença à donner des preuves d’une valeur héroïque.

1342. Hennebont.

Le bonheur des assiégeans voulut que cette attaque se fit justement au quartier de du Guesclin qui fut d’abord sur pied, prit vingt soldats bretons, la plupart des gentilshommes, et à leur tète fondit comme un lion sur les Anglois, les arrêta tout court, et les repoussa eux-mêmes jusque dans leur camp, et tout cela en si peu de temps, qu’avant que les officiers fussent armés , il n’y avoit plus personne à combattre, et par ce trait de valeur il sauva peut-être la fortune de son parti.
L’histoire du connétable du Guesclin s’interrompt ici, jusqu’en l’année 1351, c’est-à-dire, huit ans. 1

Olivier IV de Clisson se range du côté de Blois-Penthièvre

Tandis que son frère Amaury de Clisson embrasse le parti de Montfort, Olivier IV se range du côté de Charles de Blois-Penthièvre auquel il fait hommage à Rennes en 1342. Au mois de janvier 1342, son château de Blain est choisi comme quartier-général par Robert Bertrand de Bricquebec, lieutenant du roi, envoyé par Philippe VI de Valois pour aider Charles de Blois à ramener les fidèles partisans de Jean de Montfort à l’obéissance envers Jeanne de Penthièvre la duchesse légitime. 2

Du Guesclin. Blain. 44
Photo : 05/06/2020.

22 janvier. Duc de Bourbon et comte de la Marche

Pierre (1311-1356) devient duc de Bourbon. Jacques Ier, (1314-1362) devient comte de la Marche. 3

Jeanne de Flandre reprend le flambeau des Montfortistes

Privé de son chef et du soutien des grandes familles bretonnes, le parti monfortiste doit s’effondrer. Avec l’hiver, le duc de Normandie, futur Jean Le Bon, achève la campagne sans avoir éliminé les derniers obstacles. Pensant avoir réglé l’affaire en s’assurant de la personne de Jean de Montfort, il rentre à Paris. C’est compter sans Jeanne de Flandre, épouse de Jean de Montfort, qui ranime la flamme de la résistance et rallie ses partisans à Vannes. Elle se retranche à Hennebont, 4 envoie son fils Jean 5 en Angleterre et conclut un traité d’alliance avec Édouard III en janvier 1342. 6

Du Guesclin. Hennebont. 56
Vestiges des remparts. Photo : 16/05/2017.

Les quatre sièges de Vannes

En début d’année 1342, Charles de Blois se présente devant les murs de la ville, après avoir pillé et détruit une partie des faubourgs, extra muros. Le Conseil de ville entame des discussions avec celui-ci qui aboutissent à la reddition de la ville et au départ de Geoffroi de Malestroit, gouverneur de la cité, devenu favorable à Jean de Montfort. Geoffroi de Malestroit s’échappe vers Hennebont alors que Charles de Blois entre dans la ville. Il y reste cinq jours avant de repartir vers Carhaix. 7

En 1341, Geoffroi de Malestroit défend Auray contre Jean de Montfort, le reconnait ensuite pour duc, et ensuite commande la garnison du Conquet. Assiégé à Vannes en 1342, il doit sortir et se retirer à Hennebont. 8

Jean de Malestroit, fils aîné de Geoffroi, participe à la défense de Rennes en 1342 et périt avec son père à Paris en 1343. 9

Henri de Malestroit, conseiller du Roi et maître des requêtes, fut chargé en 1342 de gagner les partisans de Montfort : mais il se laissa au contraire entraîner par eux, fut ensuite arrêté, conduit, à Paris, et lapidé par la populace en 1345. 10

Du Guesclin. Vannes. 56
Les remparts. Photo : 22/04/2017.

Jeanne de Flandre se retranche à Hennebont

Elle envoie son fils Jean, en Angleterre et conclut un traité d’alliance avec Édouard III en janvier 1342. Soucieux d’ouvrir un nouveau front susceptible d’alléger la pression française en Guyenne et de limiter le nombre de troupes qu’ils peuvent envoyer en soutien des Écossais, Édouard III se décide à répondre favorablement aux demandes d’assistance militaire de Jeanne de Flandre. Le roi d’Angleterre n’a pas un sou pour payer une expédition : c’est donc le trésor ducal breton qui va la financer. Il ne peut envoyer en avril 1342 que 34 hommes d’armes et 200 archers. Entretemps les Français ont pris Rennes et assiègent Hennebont, Vannes et Auray qui résistent. 11

Jeanne de Flandre attend le renfort d’Amaury de Clisson et des troupes anglaises. 12 Suite à une ruse, elle parvient à sortir de la ville assiégée, et à se rendre à Auray pour y trouver des renforts. Ceux-ci rentrent à Hennebont 5 jours plus tard, toujours grâce à une ruse. Le siège se poursuit jusqu’à l’arrivée des renforts anglais, qui pénètrent dans le Blavet 13 en juin. Le siège est alors levé, et les assiégeants prennent la route d’Auray pour aller prêter main-forte à Charles de Blois qui y tient alors le siège. 14

Du Guesclin. Auray. 56
Les vestiges du château. Photo : 12/09/2018.

Édouard III soutient Jeanne de Flandre

Au printemps 1342, Édouard III envoie une flotte qui traverse sans problème le Manche et débarque 6 000 hommes à Hennebont puis défait les Hispanos-Génois et capture leurs navires.

En juillet 1342, une deuxième flotte anglaise quitte Southampton à destination de la Bretagne. Elle compte 46 navires et transporte une grosse troupe de 10 000 hommes. Elle est interceptée par les galères génoises au large de Guernesey, mais quatre ou cinq bâtiments anglais sont capturés seulement, le reste arrivant tranquillement à Brest qui tombe ainsi dans l’escarcelle d’Édouard III.

Avril. Regnault, capitaine de Guingamp 15 compte parmi les plus notables gens de guerre qui répondent au premier appel de Jean de Montfort. Il est dans Hennebont lorsque l’arrivée des troupes anglaises force les partisans de Charles de Blois à lever le siège, et son fils commande à sa place au château de Guingamp. 16

Du Guesclin. Guingamp. 22
Les vestiges des remparts du dernier château. Photo : 11/05/2017.

Louis d’Espagne assiège Guingamp

Le roi de France l’avait envoyé soutenir la cause de Charles, il quitte Hennebont et commence à faire des courses dans le pays. Il prend le château du Conquet, 17 et met le siège devant Guingamp, laquelle ville, dit d’Argentré,

« n’estoit encore close de fossez et de palissades. Il commença à faire ses approches. Il y avoit un capitaine dedans, appelé messire Regnaut le fils, lequel (comme homme de bien) délibéroit se deffendre et soustenir. Mais les habitants craignant d’estre prins par force et perdre la vie ou les biens, la voulurent rendre, et, parce que le capitaine n’y vouloit entendre, se mutinèrent contre luy, et le tuèrent en plein marché : alors leur fut aisé de la rendre en moins de cinq jours, après le siége mis. D’Espaigne trouva en icelle messire Pierre Porteboeuf et messire Gérard de Malain, deux capitaines bourguignons, lesquels de naguères le capitaine messire Regnaut avoit prins prisonniers, et d’Espaigne laissa capitaine de la ville le dict Porteboeuf ». C’était l’an 1342. 18

Louis d’Espagne ravage les environs de Quimper et de Quimperlé

Ils soutiennent Jean de Montfort. A cette nouvelle, les capitaines de la garnison de Hennebont, et parmi eux Regnaut le père, se jettent dans les vaisseaux anglais, tombent à l’improviste sur les troupes génoises et espagnoles, dispersées pour le pillage, et les taillent en pièces, après s’être emparés de leurs barques et leur avoir rendu la fuite impossible. Les paysans achèvent les blessés à coups de bâton. Dom Louis, avec une poignée d’hommes, se sauve à grand peine dans un bateau de hasard. Les ennemis le poursuivirent jusqu’à Rennes, sans pouvoir l’atteindre. 19

Du Guesclin. Quimper. 29
Remparts et Cathédrale Saint-Corentin. Photo : 29/04/2017.

Les environs de Quimperlé sont ravagés par Louis d’Espagne et sa troupe de 6 000 hommes. Louis d’Espagne est battu par les partisans de Jean de Montfort dirigés par Gauthier du Mauny, Amaury de Clisson, Yves de Treziguidi et Landrecan de Cadoudal. Edouard III d’Angleterre installe alors une garnison en ville de Quimperlé. 20

Louis de La Cerda

Ou Louis d’Espagne, est l’arrière-petit-fils de Louis IX de France par sa grand-mère paternelle Blanche de France. C’est le troisième fils d’Alphonse de la Cerda et de Mathilde de Brienne. Il sert d’abord Alphonse XI, roi de Castille, et participe à l’expédition de Gibraltar contre les Maures.

Passé ensuite au service du roi Philippe VI de France, ce dernier le fait comte de Clermont, de Talmont et de l’ile d’Oléron en 1339, puis le nomme amiral de France le 13 mars 1341, en remplacement de Hugues Quiéret, tué lors du désastre naval de l’Écluse, le 23 juin 1340.

Louis de la Cerda démissionne de sa charge d’amiral dès le 28 décembre 1341. Aux côtés des Français, il se distingue sur les champs de bataille en combattant les Anglais.

Il meurt le 5 juillet 1348 à la Lamotte-du-Rhône. 21

Gauthier de Masny

Wauthier de Masny naît dans le Nord de la France à Masny. Wauthier de Masny († 13 janvier 1372, à Londres), 1er baron Masny est un amiral de la flotte et un chevalier de renom. Il est également dénommé Gautier de Mauni, Gautiers de Mauni, Gauthier de Mauny, Wauthier de Mauny et en Angleterre Walter de Manny. 22

Il délivre Jeanne de Flandre assiégée dans sa forteresse de Hennebont, avec 50 archers, 50 hommes de pied et 12 chevaliers. Il se sert de ce château comme base de repli et prend Vannes avec l’aide de Robert III d’Artois.

En 1346 il défend Aiguillon contre Jean de Normandie qui abandonnera le siège mais qui lors de son repli sur Paris se verra attaquer par les gens de Masny. 23

Amaury de Clisson

Messire Amaury de Clisson fut, suivant Froissart et d’Argentré, un des principaux capitaines du comte de Montfort, ainsi que tuteur et curateur de son fils, comme nous l’apprend un mandement du roi d’Angleterre du 15 mars 1342. La même année, la comtesse de Montfort envoya Amaury de Clisson en Angleterre pour obtenir des secours d’hommes et d’argent.

Il en revint avec six mille hommes, dont le roi Édouard lui donna le commandement, ainsi qu’à Gautier de Mauny. Ces deux capitaines, ayant appris que Louis d’Espagne était entré dans la rivière de Quimperlé et avait mis à terre des troupes considérables, allèrent avec un grand nombre de chevaliers et trois mille archers les attaquer, s’emparèrent de sa flotte et taillèrent ses troupes en pièces.

Quelque temps après, deux chevaliers nommés Jean le Bouteiller et Hubert de Fresnay tombèrent entre les mains de Louis d’Espagne, qui, furieux d’avoir été défait et blessé à Quimperlé, résolut de leur faire trancher la tête. Dès que Gautier de Mauny et Amaury de Clisson eurent appris cette triste nouvelle, ils rassemblèrent un grand nombre de chevaliers et d’écuyers, ainsi que trois cents hommes d’armes, soutenus par trois mille archers, et allèrent attaquer le camp de Louis d’Espagne. Ils renversèrent et tuèrent tout ce qui se présenta devant eux, pénétrèrent jusqu’à l’endroit où étaient gardés les deux chevaliers, les délivrèrent et rentrèrent à Hennebont, où la comtesse de Montfort leur fit l’accueil qu’ils méritaient.

Dans la suite, Amaury de Clisson s’attacha au service du roi, ainsi que nous l’apprend une quittance de ses gages du 13 juin 1363, dans laquelle il prend la qualité de chevalier, et à laquelle est apposé son sceau, qui représente une fasce, accompagnée de trois molettes d’éperons. 24

Charles de Blois assiège Hennebont

A quelque temps de là, Charles de Blois assiégeait, pour la seconde fois, cette inexpugnable forteresse d’Hennebont, où la gloire de la comtesse de Montfort s’éleva à un degré qui ne put être égalé que par l’héroïsme de la comtesse de Penthièvre.

Louis d’Espagne s’oppose à Charles de Blois.

« Quatre jours après le siége posé, y arriva messire Louys d’Espaigne, lequel, depuis son désastre receu à Kemperlé, s’estoit toujours tenu à Rennes, n’osant se mettre aux champs, pour ce qu’il avoit esté fort blessé ».

En le voyant reparaître, les assiégés se prirent à le gouailler du haut de leurs remparts, en lui criant d’aller réveiller ses compagnons génois qui dormaient à Quimperlé. Ces railleries poussèrent jusqu’à la rage le dépit de Dom Louis, naturellement cruel et sanguinaire. Il alla vers Charles de Blois, et lui dit qu’il quitterait l’armée, si le prince ne jurait pas de lui accorder tout ce qu’il demanderait. Charles engagea sa parole.

La faveur que demanda l’Espagnol, ce n’était rien moins que la tête des deux prisonniers du Faouët. Charles fut saisi d’horreur ; mais ses observations et ses reproches n’y purent rien, et, lié par son serment, il n’eut pas d’autre moyen de sauver les prisonniers, que de les faire enlever par les assiégés. Pendant qu’une partie des troupes de la comtesse faisait une vigoureuse sortie, une autre bande, secrètement prévenue, pénétrait sans obstacle jusqu’à la tente même du prince, et délivrait les chevaliers captifs.

Du Guesclin. Le Faouët. 56
Sainte-Barbe. photo : 01/04/2017.

Mais deux autres capitaines furent pris dans cette escarmouche : c’étaient le sire de Landerneau et le brave Regnaut, le père, ancien capitaine de Guingamp.

« D’Espaigne se voyant frustré de son intention, passionnoit ».

Mais ce fut vainement qu’il réclama les deux capitaines pour compenser les deux prisonniers du Faouët ; Charles, qui n’était plus tenu par un serment imprudent, refusa avec une fermeté digne de sa position et de son caractère. Les capitaines, pénétrés de reconnaissance, se donnèrent au prince et embrassèrent son parti. 25

Olivier de Spinefort capitaine d’Hennebont

D’abord partisans de Jeanne de Penthièvre, Henry de Spinefort, capitaine de la ville de Rennes, et son frère Olivier, capitaine de la ville d’Hennebont, rallient peu de temps après Jean de Montfort. Ils défendent notamment la ville d’Hennebont durant le siège de Charles de Blois ; les campagnes languidiciennes sont alors pillées par les soldats bretons et français. 26

Henri et Olivier de l’Espinefort, 27 furent, suivant Froissart et les historiens de Bretagne, deux vaillants chevaliers, qui prirent une grande part à la guerre de la succession pour le duché de Bretagne.

La ville de Rennes avait, en 1342, pour capitaine Henri de l’Espinefort, homme fort aimé du peuple et connu par sa valeur, qui y commandait pour Charles de Blois. Dans une sortie, l’Espinefort fut fait prisonnier et conduit au comte de Montfort. Le prince, sachant combien était grande l’affection que les habitants de Rennes portaient à leur capitaine, le fit conduire au bord du fossé de la ville et lui ordonna de dire aux assiégés que, s’ils ne se rendaient pas promptement, il serait pendu devant leur porte.

Pour sauver la vie de l’Espinefort et aussi parce qu’ils étaient pressés par la famine, les habitants de Rennes se soumirent au duc et lui rendirent hommage. L’Espinefort suivit leur exemple, et fut admis dans le conseil du duc. Quelque temps après, craignant pour son frère Olivier, qui était capitaine d’Hennebont pour Charles de Blois, il promit au comte de Montfort de lui livrer cette place sans coup férir, s’il voulait lui donner cinq cents hommes d’armes, et lui jurer sur la foi de son corps, qu’il ne ferait aucun mal à son frère. Le comte le lui promit, et lui accorda le nombre d’hommes qu’il lui avait demandés.

Avec cette escorte, Henri de l’Espinefort s’approcha d’Hennebont et arbora la bannière de Bretagne. Son frère, ayant appris son arrivée, lui fit ouvrir les portes de la ville, dans la persuasion qu’il venait à son secours. Aussitôt que les troupes furent entrées dans la ville, Henri joignit son frère, et le saisit en lui disant : Olivier, vous êtes mon prisonnier. Olivier lui reprocha son action et lui dit tout ce que la colère lui suggéra dans ce moment. Alors Henri lui représenta que la majeure partie des Bretons reconnaissait le comte pour duc, qu’il valait mieux se rendre de bonne grâce que d’y être contraint par la force, et que le prince n’oublierait jamais un service aussi signalé que celui-là.

Olivier, vaincu par les instances de son frère, livra Hennebont au comte, qui lui en laissa la garde. Les deux frères prirent part ensuite au combat de Quimperlé, où fut défait Louis d’Espagne, dont la flotte fut capturée.

On voit par une lettre du roi d’Angleterre, de l’an 1343, qu’Olivier de l’Espinefort était encore, à cette époque, capitaine d’Hennebont. Cette maison remonte à Alain de l’Espinefort, de Spinaforti, chevalier, mentionné dans des comptes rendus au duc Jean le Roux, en 1272. 28

Printemps 1342, le sac de Guérande

Le territoire de Guérande est envahi par les troupes espagnoles de Louis d’Espagne (accompagné d’un capitaine genevois Othon Ardone), alliées de Charles de Blois. Il met le siège devant la ville de Guérande qui ne possède pas encore de remparts. Louis d’Espagne s’en empare facilement et

« tua tout ce qu’il trouva dedans, ils bruslèrent ses soldats cinq églises en la ville : dont Louis d’Espagne fut si déplaisant qu’il fist pendre et étrangler vingt cinq d’iceux. Cette ville estoit pleine de biens : et y firent les genevois et espagnols un très grand butin. » (d’Argentré).

De Guérande, Louis d’Espagne marche ensuite sur le Croisic où il sème la ruine et l’incendie. 29

Printemps 1342, c’est le sac de Guérande, par les troupes espagnoles, génoises et françaises sous le commandement de Louis de la Cerda, dit Louis d’Espagne, Amiral de France, du parti de Charles de Blois, dont il est le cousin. Après un bref siège, au motif que la ville serait tenue par des troupes anglaises (ce qui est très probablement faux à ce moment du conflit), la ville et les cinq églises sont pillées et incendiées, si l’on en croit le récit de Jean Froissart.

Selon la chronique du siège, le pillage permit de collecter un grand butin, plus que les hommes n’en purent porter. La population aurait été passée au fil de l’épée ; il y aurait eu 8 000 morts selon d’autres sources, proches de Louis d’Espagne, mais probablement excessives, puisqu’il n’y avait que 3 000 à 4 000 habitants dans la cité et les faubourgs. Dans une autre version, les bourgeois de la ville furent mis à la rançon, et les incendiaires des églises pendus. Les troupes franco-espagnoles démantèlent les fortifications.

Du Guesclin. Guérande. 44
Photo : 05/06/2020.

Cette chronique du siège nous fournit indirectement des informations sur la ville : elle est décrite comme une place fortifiée stratégique du fait de son contrôle de la côte, peuplée, riche et commerçante, productrice de vin, avec des navires en grève. Curieusement, le sel n’est pas signalé comme une source de richesse. Les Croniques et ystoires des Bretons de Pierre le Baud confirme l’ampleur du butin des assiègeants. 30

L’amiral de France, Louis de La Cerda s’empare en 1342 de Dynant puis d’« une moult grosse et forte ville séant sur mer, qu’on nomme Garlande, et l’[assiège] par terre ». S’ensuit, ainsi que mentionné dans les Chroniques de Jean Froissart, la description d’une ville riche conquise dans la violence pour le compte de Charles de Blois. L’année suivante, le pays guérandais soutient le camp de Jean de Montfort. 31

Renaud de Guingamp capitaine de Dinan

Messire Renaud de Guingamp « vaillant chevalier et hardi durement », suivant Froissart, fit prisonnier, en 1332, Girard de Maulain, gentilhomme bourguignon, qui était au service de Charles de Blois. Renaud de Guingamp était, en 1342, capitaine de Dinan pour le comte de Montfort. Il fut tué par les bourgeois de cette ville, parce qu’il refusait de se rendre. 32

Clément VI succède à Benoît XII, Jean de Valois est à Avignon

Jacques Fournier (vers 1285 - 25 avril 1342), issu d’une famille modeste du comté de Foix, il est le 197e pape de l’Église catholique sous le nom de Benoît XII. 33

Benoît XII est pape depuis décembre 1334. Dès qu’il eut connaissance du décès de Benoît XII, Philippe VI de Valois dépêcha Jean de Normandie pour influencer la Sacré Collège en faveur de son candidat le cardinal Pierre Roger. Malgré l’urgence, le prince héritier n’arriva que le 7 mai 1342 à Avignon au moment même où les portes du conclave se refermaient sur les cardinaux. Tout à son inquiétude, le duc de Normandie dut attendre. Mais le choix des princes de l’Église se révéla être identique à celui de la maison de France.

19 mai. L’élection se fit en une journée et à l’unanimité. Le protégé du Valois, le cardinal Pierre Roger venait d’être élevé sur le trône apostolique. À peine élu, il déclara :

« Praedecessores nostri nesciverunt esse papa, Nos prédécesseurs ne surent pas être pape. »

Et en ce sens, le nouveau pontife était à l’opposé de l’ascétique Benoît XII, à tel point que son règne lui donnerait le surnom de Clément VI le Magnifique. Il le démontra dès le 19 mai, jour de son couronnement, par un sacre se déroulant devant des milliers d’invités et en présence des princes du sang, en tête se trouvaient Jean de Normandie et Eudes IV, duc de Bourgogne, suivis de Pierre Ier de Bourbon, cousin du roi de France, et d’Humbert II. 34

27 mai. Philippe VI de Valois généreux avec Guillaume II Roger

En 1340, fut instituée, la sénéchaussée royale de Beaufort-en-Anjou. Elle relevait directement du Parlement de Paris. Le 27 mai, Philippe de Valois accorda 1 000 livres de rente à Guillaume II Roger dans les comtés du Maine et d’Anjou. Le frère du pape se vit attribuer, la même année, le fief de Beaufort-en-Vallée. Jean de Normandie, duc d’Anjou, ayant transformé ce fief en vicomté en 1344, Guillaume fit restaurer le château dès 1345. Puis la faveur royale en fit un comté en 1347, tout en exemptant de chevauchée le nouveau comte. Durant la guerre de Cent Ans les Anglais s’établissent dans les principaux châteaux de la région : Beaufort, Sablé, le Louroux… Il fallut attendre Du Guesclin et le seigneur de Maillé pour reprendre ses positions. 35

Du Guesclin. Beaufort-en-Vallée. 49
Photo : 16/05/2014.

Mi-mai : siège et prise de Rennes par Charles de Blois

Bertrand du Guesclin commence sa carrière militaire au service de Charles de Blois, duc de Bretagne. 36

Rennes est assiégée pendant quelques jours par Charles de Blois qui prend rapidement la ville, les bourgeois, qui lui étaient favorables, ayant forcé le capitaine de la ville Guillaume Cadoudal à ouvrir les portes. Ceci n’empêche pas une grande partie des faubourgs ainsi que les abbayes de Saint-Melaine et de Saint-Georges, alors situés hors les murs, d’être détruits. 37

Comment la ville de Rennes se rend à Charles de Blois

"Il faut savoir que Charles de Blois assiégea Rennes et que les assiégeants causèrent de grands dommages aux bourgeois et aux habitants de la ville : ceux-ci ne voyant venir aucun secours se prononcèrent pour la reddition de la ville mais le capitaine, messire Guillaume de Cadoudal ne fut pas d’accord. Toutefois quand les bourgeois et habitants en eurent assez de souffrir sans espoir de secours et voyant de jour en jour s’accroître l’armée du siège, ils se saisirent de leur capitaine et le mirent en prison. Ils négocièrent avec Charles de Blois la reddition de la place le lendemain à condition que personne ne soit inquiété dans sa personne ou dans ses biens et que les partisans du comte de Montfort puissent se rendre librement où bon leur semblerait. Et c’est ainsi que la ville de Rennes se rendit au début du mois de mai. Mais le capitaine de Cadoudal et plusieurs autres ne voulant pas se ranger au parti de Blois se rendirent finalement chez la comtesse qui n’avait eu aucune nouvelle de ses émissaires en Angleterre, ce qui la tracassait beaucoup. » 38

Even Charuel est défenseur de Rennes en 1342

Il se distingue aussi à la bataille de Cocherel, sous les ordres de Bertrand Duguesclin, en 1364. Cette famille semble s’être éteinte avec Marguerite Charuel, dame du Menez-Charuel et de Guerlesquin, femme de Jean de Penhoët, amiral de Bretagne, au début du XVème siècle. Blason : De gueules à une fasce d’argent. 39

Girard de Rochefort est à Rennes

Girard de Rochefort, que Froissart appelle un chevalier « moult gentilhomme », commandait avec Gautier de Mauny, pour Jean de Montfort, un corps d’armée de cinq cents hommes d’armes et de mille archers, pour faire le siège de Rennes. 40

Du Guesclin. Rennes. 35
Les Portes Mordelaises. Photo : 08/03/2005.

Charles de Blois reprend Carhaix

En 1341, Yves de Treziguidy, évêque de Léon, qui tient le château de Carhaix pour Charles de Blois, doit capituler face aux troupes de Jean de Montfort.

La forteresse de Carhaix est assiégée par Charles de Blois. Le 5 Juin 1342 Charles de Blois et Jeanne de Penthièvre occupent Carhaix avant le rejoindre dès le 13 juin le siège d’Hennebont. Louis Le Maître est ensuite cité comme capitaine pour Charles de Blois. 41

Hervé VII de Léon assiège Hennebont et Carhaix

Les reproches fait à Nantes par Jean de Montfort sont à l’origine du revirement d’Hervé VII de Léon pour le parti de Charles de Blois. Il assiège notamment pour le compte de ce dernier les villes d’Hennebont et de Carhaix. Retiré au manoir épiscopal de Trégarantec, Hervé VII de Léon est surpris par Gautier de Mauni et Tanguy du Châtel qui le font prisonnier et l’envoient en Angleterre. 42

Hennebont résiste à Charles de Blois

Mai 1342. La place forte d’Hennebont, sur le point de se rendre, est délivrée in-extrémis par la flotte anglaise venu au secours des assiégés après avoir remonté le cours du Blavet. Lors de ce siège, Jeanne de Flandre y gagne son surnom de « Jeanne La Flamme » pour son intrépidité au combat. 43

Siège de Hennebont par Charles de Blois
Chroniques de Jean Froissart, Paris, Bibliothèque nationale de France. Jean Froissart : 1337-1410.

Juin 1342. Charles de Blois est contraint de lever le camp devant l’arrivée de Wauthier de Masny et Robert d’Artois à la tête des troupes anglaises. 44

Les Anglais tiennent Brest

Le roi d’Angleterre Édouard III contrôle la route maritime qu’empruntent leurs convois militaires et les flottes de commerce vers l’Aquitaine de 1342 à 1397. Guillaume de Rohan, comte de Northampton, occupe la place avec le titre de lieutenant général de Bretagne. Édouard III les rejoint à Brest deux mois plus tard pour soutenir les droits de Jean de Montfort. Le 20 novembre, il désigne un capitaine anglais, nommé Gatesden, pour devenir capitaine de Brest et gouverneur du comté de Léon. 45

En juillet 1342, des renforts français arrivent et Jeanne de Flandre doit fuir et se retrouve assiégée dans Brest. Tanneguy ou Tanguy 1er du Chastel, né vers 1300, seigneur du Chastel et Trémazan, est capitaine de Brest en 1341-42. 46

Le 15 août, le gros des troupes anglaises arrive enfin à Brest avec 260 bateaux et 1350 combattants. Charles de Blois se replie vers Morlaix et s’y retrouve assiégé par Robert d’Artois qui espère ouvrir aux Anglais un deuxième port au nord de la Bretagne. Les Anglais tentent de prendre Rennes et Nantes, mais ils doivent se contenter de saccager Dinan et de mettre le siège devant Vannes, ville devant laquelle Robert d’Artois est gravement blessé.

Du Guesclin. Brest. 29
1373. Juin. Photo : 02/04/2006.

14 août. Arrivée de Robert III d’Artois en Bretagne à la tête de troupes anglaises. 47

Gaultier de Clisson tué à Brest

Un frère d’Olivier IV, Amaury de Clisson, remplissait, dans le même temps, les hautes fonctions de tuteur du jeune Montfort, et un de ses parents, Garnier ou Gaultier de Clisson, « pieux et hardi chevalier », dit Le Baud, défendait vertueusement Brest contre les troupes de ce même Montfort ; « il tombait même navré de plusieurs playes sous leurs coups. » 48

Gautier de Clisson, capitaine du château de Brest pour Charles de Blois, était, suivant Dom Morice, un chevalier de beaucoup de mérite. Il mourut des blessures qu’il reçut au siège de Brest, dont le château ne fut remis qu’après sa mort, au comte de Montfort. Froissart l’appelle Garnier de Clisson.

« Et estait de garde, dit-il, du château de Brest, un gentil chevalier qu’on appelait messire Garnier de Clisson, cousin du duc, qui mort estait, et cousin à messire Olivier de Clisson, un noble chevalier et des plus hauts barons de Bretagne ». 49

Louis d’Espagne assiège Guémené

Le capitaine de la place forte de Guémené est alors un nommé Raynaud. En juillet 1342, sur ordre de Charles de Blois, Louis d’Espagne assiège Guémené qui se rend. Louis d’Espagne nomme alors Gérard de Malin, capitaine de Guémené et Pierre Porteboeuf lui succède un peu plus tard.

En décembre 1342, se sont les Anglais, alliés de Montfort, qui mettent le siège devant Guémené. Les Anglais finissent par quitter Guémené en 1369. 50

Du Guesclin. Guéméné-sur-Scorff. 56
Vestiges de l’enceinte. Photo : 01/04/2017.

Le château de Lesneven est rasé

En 1342, la ville tomba entre les mains des partisans de Montfort et le château fut rasé pour la deuxième fois. 51

Galeran, sire de Landerneau, rejoint Charles de Blois

Galeran, sire de Landerneau, se range d’abord dans le clan de Jean de Montfort, avant de rejoindre, en 1342, le parti de Charles de Blois. Assiégée dès 1342, la ville est prise, reprise et mise à sac plusieurs fois durant les conflits. 52

Messire Galeran de Landerneau,, appelé ordinairement le sire de Landerneau, souvent cité par Froissart, embrassa le parti du comte de Montfort et se trouva avec lui au siège de Rennes, en 1342. Fait prisonnier à celui d’Hennebont, il céda aux sollicitations de Charles de Blois et entra au service de ce prince.

La ville de Landerneau était la capitale de la principauté de Léon. A l’exception de Galeran de Landerneau et de Jean de Landerneau, un des écuyers de la compagnie d’Olivier de Clisson en 1379, nous n’avons trouvé rien de relatif à la maison de Landerneau dans les histoires de Bretagne. 53

Landerneau. 29
Le pont de Rohan. Photo : 24/07/2020.

30 septembre. La bataille de Morlaix

Initialement, Édouard III d’Angleterre ne peut rien faire pour aider les de Montfort ; il a ses propres problèmes dans son royaume, mais finalement il se sent en mesure d’envoyer une petite armée sous les ordres de Sir Walter Mauny pour les aider. À la suite des premiers succès de Mauny, le roi Edward décide d’envoyer une force de chevaliers et archers plus importante, sous le commandement de Guillaume de Bohun, comte de Northampton. Pendant un moment, son départ est retardé et au moment où ils arrivent en Bretagne, Jean de Montfort est fait prisonnier des Français ; la lutte est menée par sa femme Jeanne de Montfort.

Lorsque Northampton arrive le 18 août 1342, la comtesse, ses hommes et le reste de forces de Mauny sont assiégés à Brest par une grande armée française sous le commandement de Charles de Blois ainsi qu’une force de navires génois. À l’arrivée de Northampton, les Français semblent avoir fui sans se soucier d’engager la plus petite force anglaise et le siège de Brest est levé.

De Brest, Northampton gagne l’intérieur des terres : il y a peu de détails sur ce qui s’est passé au cours de ce voyage, mais finalement, il atteint Morlaix, 54 un des bastions de Charles de Blois. Sa première attaque sur la ville échoue et est repoussée avec de légères pertes ; il installe le siège de la ville.

Depuis que les forces de Charles de Blois ont fui le siège de Brest, leur nombre augmente atteignant 5 000 hommes. Informé du fait que les forces de Northampton sont considérablement plus faibles que les siennes Charles commence à avancer sur Morlaix avec pour intention de lever le siège de Northampton. Informé, par ses espions, de l’avance de Blois, Northampton, ne voulant pas être pris au piège entre les forces de Blois et la sortie de la garnison de Morlaix, il fait une nuit de marche afin de l’intercepter.

Morlaix. 29
Vestiges des remparts. Photo : 24/07/2020.

Seuls trois chroniqueurs rendent compte de la bataille et ils sont tous anglais : Geoffrey le Baker, Adam Murimuth et Henry Knighton. Cette absence d’intérêt contemporain est peut-être due au fait que la bataille fut indécise mais aussi parce que la Bretagne est une région éloignée des principaux champs de bataille, des cours et des armées d’Edouard III et de Philippe VI. 55

Morlaix. 29
Vue de l’emplacement du château disparu. Photo : 24/07/2020.

30 septembre. Charles de Blois battu à Lanmeur

L’un des premiers combats de cette terrible guerre de succession, qui pendant vingt ans, écrasa la Bretagne sous les pieds des routiers et des hommes d’armes bardés de fer, se livra près de Lanmeur.

En 1342, Robert d’Artois, commandant une armée anglaise de 5.000 hommes, assiégeait Morlaix, que défendait vigoureusement Bizien de Keranrais, capitaine de la ville, pour Charles de Blois.

Charles de Blois réunit à Guingamp plus de 20.000 soldats et marcha à leur tête au secours de la place. Le 20 septembre, les Anglais, informés de son approche, levèrent le siège pendant la nuit, et allèrent s’établir entre Morlaix et Lanmeur, dans les landes au sud du Boiséon.

Lanmeur. 22
Le Boiséon. Photo : 24/07/2020.

Robert d’Artois adossa ses troupes à un bois, et fit creuser devant son front de bataille une profonde tranchée dissimulée sous une couche d’herbes et de branchages. Le lendemain, l’armée franco-bretonne parut et attaqua aussitôt les Anglais. Son premier corps, formé de Gallois, 56 dût bientôt se replier sous une grêle de traits ; alors les chevaliers français se ruèrent au galop, avec leur habituelle et folle bravoure, sur les lignes ennemies et vinrent s’engloutir et se fracasser dans la perfide douve.

Lanmeur. 22
Le Boiséon, bien isolé dans les bois. Photo : 24/07/2020.

Cinquante y périrent, deux cents furent faits prisonniers. Mais, malgré ces succès, les Anglais étaient si inférieurs en nombre qu’ils durent plier devant la masse des Franco-Bretons et se réfugier dans le bois voisin, où ceux-ci les cernèrent. Enfin, dépourvus de vivres, Robert d’Artois fit une sortie et perça, après un rude combat, les rangs des Blaisiens, qui n’essayèrent même pas de le poursuivre et se dirigèrent vers Hennebont. 57

Les Français attendent les Anglais à Calais

Ils ont retiré leurs forces de Bretagne du fait des succès de Charles de Blois.

Henry de Grosmond

Il participe à la bataille de l’Écluse en 1340, retourne combattre en Écosse, puis en Bretagne en octobre 1342.

Novembre. Regnaut attaque La Roche-Piriou et le Faouët

En revenant de cette chasse acharnée, Regnaut et ses compagnons furent jetés par les vents contraires sur la côte opposée, où ils débarquèrent pour rentrer par terre à Hennebont. Ils s’avisèrent, en passant, d’assaillir un château que Froissart appelle La Rocheperio, et qui n’est autre que le célèbre château de La Roche-Derrien. 58

Gérard de Malain, ce capitaine bourguignon que nous avons vu délivré à Guingamp par Louis d’Espagne, y commandait alors. L’assaut fut bravement soutenu, et deux chevaliers du parti de Montfort y furent blessés, et

« contraincts se remettre au requoy, et se retirer en un pré, là près, le long des bayes, pour se faire traicter ».

René de Malain, frère de Gérard, était capitaine du château du Faouët. 59 Il accourut au secours de son frère, et trouvant d’aventure les deux chevaliers blessés, il les fit prisonniers et les amena au Faouët. A cette nouvelle, les assaillants abandonnent La Roche, et vont attaquer le Faouët, pour délivrer leurs compagnons ; Gérard de Malain profite de cette diversion pour courir en toute hâte près de son ami Portebœuf, le capitaine de Guingamp, et réclamer son secours.

Portebœuf se mit en campagne avec une troupe de six mille hommes environ ; mais leur marche ne put être si secrète que les ennemis n’en fussent avertis par un espion, et n’eussent le temps d’échapper, en abandonnant leurs prisonniers.

« C’est chose à plaindre, dit le patriotique d’Argentré, que tout le menu de test endroit d’histoire soit deu à messire Jean Froissart, et que nul des nostres n’en ait tant apprins ny rapporté que luy ». 60

Novembre. La seigneurie de la Roche Piriou. Le Faouët

Elle doit son origine à un dénommé Piriou, fils cadet de Budic comte de Cornouaille. Ce dernier fit bâtir sur une colline escarpée au confluent de l’Ellé et de l’Aër une forteresse imprenable, la Roche-Piriou. 61

Le château devient la propriété de la famille Beaumer - de 1251 à 1354 - par le mariage de Robert de Baumetz ou Beaumer avec Mabille de Rohan, fille du vicomte Alain. Robert de Beaumer meurt sans postérité en 1280 et le domaine est alors cédé à Thomas de Beaumetz. La place subit un premier siège au mois de juin 1341. Le 15 ou 16 novembre 1342, les troupes anglaises du roi Edouard III enlèvent Le Faouët et La Roche-Périou, avant de prendre Pont-Scorff, le 19 novembre. Les Anglais occupent La Roche-Périou jusqu’en 1354. 62

En novembre 1342, le château qui était aux mains des partisans de Charles de Blois fut assiégé par Gautier de Mauny, partisan de Jean de Montfort. Gautier de Mauny sortit d’Hennebont avec une petite troupe pour battre la campagne. En passant près de La Roche-Piriou, qui tenait pour Charles de Blois, il eut envie de l’attaquer. Gérard de Malin, qui était dans la place avec une petite garnison, se défendit avec courage. L’assaut fut vif et périlleux. Jean Le Bouteiller et Mathieu du Fresnay entre autres chevaliers y furent dangereusement blessés de coups de grosses pierres reçus sur la tête, et il fallut les apporter au bas de la montagne et les coucher dans un pré, pendant que la lutte continuait.

Gérard de Malin avait un frère du nom de René, qui était capitaine du Faouët, également pour le compte de Charles de Blois. René, ayant appris le danger où était son frère, partit du Faouët avec quarante hommes d’armes, pour lui porter secours. Il trouva dans le pré les deux chevaliers blessés et un certain nombre de valets. Il les fit tous prisonniers et, sans avoir été vu des assaillants, il les emmena vers le Faouët. A mi-chemin, il remit en liberté les valets, et quelques-uns de ceux-ci revinrent en toute hâte à la Roche-Piriou, pour annoncer l’enlèvement des blessés. Aussitôt Gautier de Mauny fit cesser l’attaque, pour courir après les ravisseurs. Mais il arriva trop tard ; les prisonniers étaient en cage et trop bien gardé pour être enlevé d’un coup de main. Le lendemain, des renforts recrutés par le capitaine de la Roche-Piriou, se mettaient en marche pour secourir le Faouët, et Mauny, craignant d’être enveloppé par des forces supérieures repris la route d’Hennebont. De l’antique château il ne subsiste plus le moindre vestige aujourd’hui.

Priziac. Le premier château érigé au Dréors fut détruit pendant la guerre de Succession. La famille Le Scanff édifia un second château à la fin du XIVe siècle. La seigneurie du Dréors était une juveigneurie de Guémené, fondée en faveur d’un cadet des Beaumetz. Elle jouissait des droits de haute, moyenne et basse justice. Les armes du Dréors étaient celles de Beaumetz : « de sable à la croix engreslée d’argent ». Dès avant 1362, la famille de Beaumetz était fondue dans celle des Le Scanff, la lignée mâle s’étant éteinte. 63

Le château fort des Boutteville au Faouët, que le chroniqueur médiéval Jean Froissart qualifie de « petit fort », fut assiégé en 1342 par les troupes du roi d’Angleterre Édouard III pendant la guerre de Succession de Bretagne. Une garnison anglaise s’y installa mais le château fut successivement repris par les partisans de Charles de Blois et de Jean de Montfort. À la fin de la guerre, le château était ruiné et les seigneurs du Faouët firent de leur manoir à Le Saint leur résidence principale. 64

Fin 1342, Vannes redevient blésiste

En octobre, Robert III d’Artois débarque à proximité de Vannes à la tête de 10 000 soldats. Il est gravement blessé en octobre 1342. 65

Edouard III et Robert III d’Artois

Dans le même temps, Jeanne de Flandre, accompagnée de Gautier de Mauny, Guillaume de Cadoudal 66, Yves de Trésiguidy 67, de cent hommes d’armes et de cent archers, quitte Hennebont pour rejoindre Robert III d’Artois.

Du Guesclin. Vannes. 56
Les remparts. Photo : 22/04/2017.

L’assaut de la cité est donné sur trois côtés par Robert III d’Artois, Gautier de Mauny et Yves de Tréziguidy. Les assiégeants doivent se replier devant la résistance menée par Olivier IV de Clisson. À la nuit tombée, Robert III d’Artois accompagné de William Montagu, comte de Salisbury, fait allumer des feux devant deux des portes de la ville et y attire la garnison de la ville. Pendant ce temps-là, une petite troupe menée par Gautier de Mauny et le comte de Quenfort 68 attaque un pan de muraille abandonné de ses défenseurs. La troupe fait du tapage pour faire croire que la ville est envahie. La garnison vannetaise est prise à revers, une partie des défenseurs de la cité réussit à s’échapper tandis que l’autre est massacrée. La ville est revenue au giron montfortiste.

Le lendemain de la prise de la ville, la comtesse de Montfort arrive avec tous ses capitaines. Elle y reste cinq jours puis retourne à Hennebont avec Gauthier de Mauny laissant Robert III d’Artois à la tête de la garnison anglo-bretonne. De leur côté, William Montagu et Yves de Trésiguidy partent vers Rennes.

Olivier IV de Clisson choisit le camp de Charles de Blois et du roi de France. Il est gouverneur militaire de Vannes lorsque les Anglais prennent la ville après le quatrième siège. 69

Du Guesclin. Clisson. 44
Photo : 19/02/2017.

Olivier IV de Clisson, absent lors de la prise de la cité par d’Artois est piqué au vif. Le parti franco-breton veut reprendre la place perdue pour le compte de Charles de Blois.

Olivier IV de Clisson lève une troupe de 12 600 hommes, augmentée de celle de Robert II de Beaumanoir, maréchal de Bretagne, et font route vers la ville de Vannes. Robert d’Artois n’a pas le temps de réunir des renforts et doit combattre avec les forces qu’il lui reste, en novembre. Malgré ces efforts, il ne peut empêcher la perte de la ville, les troupes blésistes entrant dans les brèches qui avaient servi au siège précédent et qui ne purent être réparées à temps. La ville est une nouvelle fois pillée. Robert d’Artois reçoit, lors de ce siège, une blessure dont il mourra après quelque temps, après avoir été convoyé à Londres pour y être soigné. Vannes est redevenue blésiste.

Le roi d’Angleterre Édouard III décide de venger Robert d’Artois. Il se rend en personne vers la Bretagne et met le siège devant trois villes bretonnes, Rennes, Vannes et Nantes. Dans le même temps, Louis d’Espagne et Antonio Doria, amiraux de France à la tête de cent galères et de trente navires, s’attaquent à tous les vaisseaux transportant armes et vivres aux Anglais. Après avoir perdu plusieurs vaisseaux, Édouard III, afin de sauvegarder sa flotte, la disperse : une partie est envoyée vers Brest et l’autre vers Hennebont.

En l’an 1343, Edouard III, roi d’Angleterre, se résolut à venir en personne en Bretagne pour venger la mort de Robert d’Artois, son favori et son conseiller.

« Je jure, disait-il, de tourner si mal ce pays félon, que, dans quarante ans, ne sera pas recouvré ! ». Il débarqua à Brest, « avec un grand amas d’hommes et de vaisseaux ».

Son armée, divisée en trois bandes, assiégea à la fois Vannes, Rennes et Nantes, et lui-même,

« retenant neuf cents hommes d’armes et quatre mille archers, s’en alla destruisant et fourrageant le pays jusques à Guingamp. Messire Pierre Porteboeuf estoit capitaine dedans. Le roy d’Angleterre fist donner quelques assaux à la ville, qui n’estoit fermée que de palis par devers la rivière du Trieu, qui est petite, passant le long de la ville : et fist charger en ceste rivière des nasselles plaines d’hommes qui tiroient à couvert, tandis que les autres rompoient les paillis de la closture, par quoy il y eut bientost brèche, et entrèrent les Anglois dedans. Les habitans soudain s’enfuirent et retirèrent en la place publique qui est au milieu de la ville, pour aider à s’allier et mettre en deffence. Mais ce fut pour néant : car ceux qui entrèrent, allèrent incontinent aux portes, s’en saisirent et les ouvrirent, et fut la ville occupée de toutes parts : ainsi fut-elle prinse, pillée et les biens des habitans ravaigéz, y ayant les Anglois trouvé un grand butin, car elle estoit riche et les marchans tous trafiquans sur mer. Messire Pierre Porteboeuf y fut prins prisonnier. Ceste ville sembla de peu de conséquence, par quoy le roy d’Angleterre ne fut d’advis de la tenir ; car il n’y avoit nulle seureté, ny fort dedans : par quoy de ce pas il retourna à Vannes, où le siége avoit toujours continué depuis son partement ». 70

Tous les efforts des Anglais sont concentrés sur Vannes dont le siège débute à partir du 5 décembre 1342. Dans une lettre à son fils, il décrit la ville comme étant la « meilleure ville de Bretagne après la ville de Nantes […], sur la mer et bien fermée ». En arrivant devant les remparts, il lance un assaut, soutenu par les défenseurs pendant six heures. Le siège s’installe dans la durée et les environs de la ville sont systématiquement pillés. Lors d’une des sorties journalières des assiégés, Olivier de Clisson est fait prisonnier. Du côté des anglais, Ralph, baron de Stafford, est tenu prisonnier par les défenseurs de la ville.

Olivier IV de Clisson prisonnier des Anglais

Olivier IV de Clisson, père du connétable, prend la qualité de chevalier, dans des lettres datées du dimanche après la Toussaint, l’an 1342, par lesquelles il établit Macé Brindeau capitaine de son château de Châteauceaux. 71 Olivier de Clisson fut un des principaux capitaines de Charles de Blois, qui lui confia la garde du château de la Roche-Derrien. 72 Fait prisonnier, en 1342, au siège de Vannes, dont il était capitaine, il fut conduit en Angleterre, et n’en sortit qu’après avoir été échangé contre le baron de Stanfort.

Fait prisonnier lors du quatrième siège de Vannes en décembre 1342, Olivier demeure quelque temps prisonnier des Anglais. Il ne tarde pas à tomber en disgrâce auprès du roi de France. 73

Bertrand du Guesclin est-il au siège de Vannes ? Pour Louis Honoré de Bérard, il n’y a aucun doute, Bertrand du Guesclin est à Vannes. 74

Le roi de France Philippe VI rassemble une armée de 50 000 hommes sous les ordres de son fils, le futur Jean II. Celui-ci s’avançant en Bretagne, s’arrête du côté de Ploërmel. 75

L’intervention de deux légats du pape Clément VI évite la confrontation entre les deux armées : ils obtiennent une trêve de trois ans, signée à Malestroit le 19 janvier 1343. Le siège de Vannes est alors levé et la ville remise de manière provisoire aux légats. 76

Jean de Montfort est prisonnier au Louvre et son épouse Jeanne de Flandre sombre dans la folie.

De fait les Anglais occupent et administrent les places fortes encore fidèles à Jean de Montfort. Une importante garnison anglaise va occuper Brest. Vannes est administrée par le pape. Le conflit nullement réglé va se prolonger 22 ans et permettre aux Anglais de prendre durablement pied en Bretagne. 77

Rohan est partiellement détruit par les Anglais

Le château originel est constitué d’une

"motte féodale surmontée d’une tour carrée, avec bâtiments accessoires, talus ou mur d’enceinte, et douves profondes, ou pénètre l’eau de la rivière... Plus tard, des tours rondes sont ajoutées à l’enceinte".
"L’an 1342, le roi Edouard vient en personne venger la mort de Robert d’Artois. Il prend Rohan, Pontivy et forme en même temps les sièges de Vannes et de Nantes" 78

Le château de Rohan est partiellement détruit par les Anglais sous les ordres du comte de Northampton en 1342, puis restauré ou reconstruit. Alain VII, vicomte de Rohan en 1326, marié à Jeanne de Rostrenen, se déclare pour Charles de Blois, prend part aux sièges d’Hennebont, d’Auray, de Vannes, et voit ses châteaux de Pontivy et de Rohan ruinés par les Anglais. Il périt au combat de Mauron le 14 août 1352. 79

Le château de Pontivy près de la rive gauche du Blavet est détruit par les Anglais en 1342. Il n’est pas à l’emplacement de l’actuel, construit 1ère moitié du 15ème siècle. 80

La ville de Redon est reprise et pillée par des troupes commandées par le comte de Northampton au nom de Jean de Montfort. 81

Du Guesclin. Redon. 35
Abbaye Saint-Sauveur. Photo : 19/07/2003.

Naissance de Jean II sire de Rieux

Jean Ier de Rieux, est le fils aîné de Guillaume et de Louise de Machecoul. Il épouse Isabeau de Clisson morte en 1343 (elle-même fille d’Olivier IV de Clisson, mort décapité sur ordre du roi Philippe VI de Valois, et de Jeanne de Belleville) et commence avec elle l’établissement définitif des Trinitaires auprès de son château.

En 1341, il embrassa le parti de Charles de Blois, servit ensuite le roi de France dans le Midi, et reçut en Languedoc des domaines qui furent remplacés par une somme d’argent en 1343. En cette même année, le 5 avril, il perdit sa femme, la fit inhumer dans l’église des Trinitaires et fixa en 1345 la dotation de ces religieux (Dom Morice, Preuves Tome 1er, 1456). Il se remaria à Jeanne de Sion, veuve de Jean de Kergorlay, et en eut des enfants. Jean de Rieux était chevalier banneret ; il reçut du roi en 1350 le gouvernement de Redon et puis diverses gratifications (Dom Morice, Preuves Tome 1er, 1473, 1484, 1497). Son sceau portait dix besants, rangés 4, 3, 2, 1. En 1352 il prit part à la bataille de Mauron, et contribua ensuite à envoyer une ambassade à Londres (Dom Morice, Preuves Tome 1er, 1486). Il mourut à Paris le 11 août 1357 et fut inhumé chez les Trinitaires de Rieux, dans le tombeau de sa première femme.

Du Guesclin. Rieux. 56
Photo : 05/06/02020.

Guillaume de Rieux, son frère, servit aussi Charles de Blois, fut tué au siège de la Roche-Derrien en 1347, et inhumé chez les Trinitaires de Rieux. 82

Guillaume de Rieux, fils aîné de Jean 1er et d’Isabeau de Clisson, vit confirmer par le Pape en 1359 la fondation des Trinitaires de Rieux. Fidèle à Charles de Blois, il fut l’un des otages du traité conclu en 1363 dans les landes d’Evran. En 1364, il alla rejoindre Charles à Nantes, et le suivit à Auray, où il eut à commander une partie de l’arrière-garde. Il y fut fait prisonnier suivant les Bénédictins (Dom Morice, Preuves Tome 1er, 308, 310, 311), où plutôt il y fut tué, puisqu’on n’en trouve plus désormais la trace. Il ne laissa aucune postérité.

Jean II de Rieux, son frère, recueillit son héritage en 1364, et commença la série des puissants seigneurs de Rieux-Rochefort par son mariage avec l’héritière de Rochefort.

Jean II, sire de Rieux et de Rochefort, baron d’Ancenis, (né vers 1342 - 1417 - Rochefort), est marié le 16 février 1374 à Jeanne de Rochefort (1341- 3 mai 1423), vicomtesse de Donges, baronne d’Ancenis, dame de Rochefort, d’Assérac, de Châteauneuf-en-Saint-Malo et de Ranrouët. 83

En succédant aux seigneurs de Rochefort, les sires de Rieux acquirent une importance considérable. Leur écusson, au lieu d’être simplement d’azur à 10 besants d’or, 4, 3, 2, 1, fut désormais écartelé de Rieux et de Rochefort : c’est ainsi qu’on le trouve dans plusieurs églises et chapelles du diocèse de Vannes : les besants furent habituellement rangés en sautoir, 2, 1, 2. 84

Charles de Blois porte la châsse de saint Goueznou

Goueznou établit un monastère en un lieu appelé Landa, latinisation du vieux-breton lann « ermitage ». L’emplacement, situé à trois stades au sud d’Antel (aujourd’hui Lantel, village de Gouesnou), lui fut donné par le comte Comore, alias Conomor, qui y possédait une demeure, dont on voyait encore les vestiges en 1019, aux dires de son biographe.

C’est sans doute ce même endroit, vraisemblablement près du cimetière, qu’occupa la « bastille » ou « bastide », fortification mentionnée au XIVème siècle. Le bourg de Gouesnou avait attiré aussi l’attention des ducs de Bretagne, car il possédait jadis une forteresse, située derrière l’église, souvent désignée dans les anciens titres, sous la dénomination de Bastille de saint Gouesnou.

M. Cariou (voir "Propre du diocèse de Dol") prétend que c’est à Langoueznou (Saint Gouesnou) que Charles de Blois (en 1342), Jean V (en 1417), le Prince Pierre (en 1455), revendiquaient l’honneur de porter la châsse de saint Goueznou, autour de son "minihi" et venaient en pèlerinage au sanctuaire élevé sur le lieu du décès de saint Thudon (survenu, en 665, à 85 ans). Saint-Goueznou a produit : Jean, abbé de Landévennec, en 1344. 85

Alain II de Coëtivy décède

Il est né en 1260 à Ploequin, diocèse de Léon en Basse-Bretagne. Ses terres sont confisquées le 4 février 1342 car il a pris le parti de Charles de Blois. 86

Aliénor de Bretagne décède le 16 mai

Elle est née en 1275, c’est la fille du duc Jean II de Bretagne et de Béatrice d’Angleterre, c’est la seizième abbesse de Fontevraud. Elle lègue à son abbaye le Graduel d’Aliénor de Bretagne87

Naissance du futur pape Clément VII

Naissance de Philippe II de Bourgogne

Philippe II de Bourgogne est né à Pontoise en 1342. La ville, située sur la route de Compiègne et des Flandres, est alors l’une des plus peuplées et des plus riches du royaume. 88

C’est le quatrième et dernier fils du roi Jean II de France, dit « Jean le Bon », et de Bonne de Luxembourg. Duc de Bourgogne à partir de 1364, 89 il épouse Marguerite, fille de Louis de Maele, comte de Flandre en 1369. Il incorpore à ses domaines les comtés de Bourgogne, de Flandre, de Rethel et de Nevers en 1384. 90

Naissance de Louis de Champagne Sancerre

Louis de Sancerre est le deuxième fils du comte Louis II de Sancerre et de Béatrix de Roucy. Orphelin de père, tué à la bataille de Crécy en 1346, il fut élevé, par l’ordre du roi Philippe de Valois, avec les enfants du duc de Normandie. Il est nommé connétable de France en 1397 et décède en 1402. 91

L’Honneur de Richmond passe à Jean de Gand

D’après le Domesday Book, à la fin du XIe siècle, le premier titulaire du comté de Richmond est Alain le Roux, fils cadet d’Eudes de Penthièvre : Guillaume le Conquérant lui accorde l’ « honneur de Richmond », en récompense de sa participation à la conquête de l’Angleterre. Ce fut alors le troisième plus riche baron laïc d’Angleterre. 92

Alain le Roux installa ses quartiers à Richmond et y construisit un château. Ses possessions s’étendaient bien au-delà des limites du comté actuel. Après la mort d’Alain, son frère Étienne Ier de Penthièvre en hérita. Ensuite, le comté de Richmond a longtemps été une possession des ducs de Bretagne.

En effet, les Penthièvre devenus ducs de Bretagne au milieu du XIIe siècle, le titre de comte de Richmond resta en possession des souverains bretons jusqu’en 1399. Cependant de 1342 à 1372, le titre passera provisoirement entre les mains de Jean de Gand, fils d’Édouard III.

Puis en 1414, il tombe définitivement dans la famille royale d’Angleterre par l’intermédiaire de Jean de Lancastre, troisième fils d’Henri IV. 93

La terre de Brélidy donnée à Ayton Daire

Après avoir été un promontoire d’observation au confluent de Théoulas et du Jaudy, puis un poste de défense fortifié sous la forme d’une motte féodale entourée de fossés, le site a été doté d’une forteresse connue dans le haut-moyen âge sous l’appellation de « Château du Mur ». C’est ce que le chevalier Ayton Doire reçoit en 1342.

La terre de Brélidy a été donnée en 1342 à Ayton Daire par Charles de Blois en même temps que celles de Pontrieux et de Châteaulin-sur-Trieux. 94

La seigneurie de Brélidy, très étendue et puissante, appartenait à Eon (Yvon) de Trésiguidy ; on ignore comment cette famille avait hérité de ce fief. C’est une vieille lignée aristocratique remontant aux Francs de Charlemagne, dont le fief principal est la baronnie de Pleyben en Finistère. Eon d’abord favorable à Charles de Blois change brusquement d’avis, peut-être sous l’influence de son frère Maurice, et se range dans le camp de Montfort.

Charles de Blois en profite pour confisquer la seigneurie de Brélidy, château fortifié et terres, et la donner à l’un de ses fidèles lieutenants nommé Ayton Daire en 1342 :

"pour ses bons et agréables services en nos guerres de Bretaigne... et les painnes et grans travaulx quil a euz soufferts et soutenuz pour cause de nos dictes guerres... a ycelui Ayton, pour lui,pour ses hoirs et successeurs... donne et octroie au tiltre de pur et perpetuel don, sanz esperance de james rappeler... notre chastel et chastelerie de Chastiaulin sur Trieu, derechief le chastel de Brelledi et toute la terre qui fu Eon de Treseguidy."

Cinq années plus tard, à quelques kilomètres de Brélidy la victoire change de camp ; le 18 Juin 1347 les troupes de Charles de Blois sont vaincues par le clan des Montfort et ses alliés anglais sous les remparts de La Roche Derrien. 95

Pontrieux, le pont sur le Trieux

Implantée à la frontière du Trégor et du Goëlo près d’une ancienne voie qui reliait les cités de Tréguier et de Saint-Brieuc, la ville de Pontrieux s’étend dans une vallée, en fond d’estuaire, à l’endroit où les effets de la marée se font moins ressentir. À marée basse, un gué permettait le franchissement du fleuve à pied.

La ville se développe autour d’un pont : il est le premier point de passage en fond d’estuaire permettant de relier les diocèses de Tréguier et de Saint-Brieuc. Ce pont et le fleuve donnent naturellement son nom à la ville mentionnée dès 1317. 96

Châteaulin-sur-Trieux

À deux kilomètres en amont de la cité de Pontrieux se trouvait la forteresse de Châteaulin-sur-Trieux construite par les comtes de Penthièvre. Lors de la guerre de Succession de Bretagne de 1341 à 1420, les deux villes Châteaulin-sur-Trieux et Pontrieux sont victimes de plusieurs pillages.

La forteresse est détruite, Châteaulin-sur-Trieux périclite au profit de Pontrieux qui devient alors l’unique centre de la seigneurie. Pontrieux se développe grâce à son port et devient un carrefour marchand incontournable. C’est par ce port que transite une grande partie des marchandises destinées à Guingamp et ses alentours. 97

Paul Le Bourlais décrit bien ce qui se passe à Guéméné et à La Roche-Piriou en 1342. Les Rohan sont à l’honneur. 98

Guéméné-sur-Scorff
Paul Le Bourlais. Guéméné-sur-Scorff. 1964. 160 pages.