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D’Eymoutiers à Pérols-sur-Vézère

6 mai 2015

Eymoutiers (87), départ 7h30.

Petit déjeuner copieux. Isa m’a préparé un méga-sandwich et deux pommes pour la route. Le tout pour un bon prix. Isa est très fière de sa fille et de son garçon. Sa fille est une « championne » de VTT. Elle a compétitionné à Oslo. Départ vers les Monédières et le Plateau des Millevaches. Il parait qu’il y a quelques cultivateurs de chanvre. Mais pas pour faire des cordes. La forêt est partout. L’eau bouillonne, cascades sur les flancs de la route et dans les fossés, ruisseaux et rivières. Je prends la D 94 car je n’ai pas trouvé de petites routes parallèles. Le bas-côté est gravillonné, enherbé et plat. Comme un chemin de rando tout le long de la route. C’est rare et bien pensé. Il y a peu de circulation. Quelques prairies, quasiment pas de terres labourées. Les ardoises réapparaissent sur les toitures. Il fait frisquet ce matin. Le granit de la région est joli, très clair. Du granit de Pérols-sur-Vézère, très réputé. J’espère y être ce soir.

Forêts, vallons, ruisseaux

La rivière me suit, en contrebas. Au cours de ce périple, je fais des rencontres rapides, quelques mots, des gens intéressants qui se lâchent vite, on se quitte, je regrette de ne pas avoir échangé plus longtemps. Je me dis que j’aimerais bien les revoir, certainement que nous ne nous reverrons jamais. C’est la règle du jeu. Quand le courant passe, c’est vraiment sympathique. Isa m’a donné du tulle-gras pour mon ampoule, normal j’arrive en Corrèze. Un produit local ? Une belle montée en sortant d’Eymoutiers, ensuite le plat jusqu’à Planartige, comme son nom aurait dû m’y faire penser. Une pause près de la rivière, le ronronnement de l’eau pousse à l’endormissement. Le ciel est couvert, des nuages, des apparitions du soleil de temps en temps. Voilà une quinzaine de jours que je suis parti, j’arrive à mi-parcours. L’eau ruisselle de partout, ruisseaux, rivières, torrents, biefs, moulins, étangs. Les rivières sont sauvages, fougueuses. Rien ne résiste à cette eau qui dévale la pente. Tiens, un camion Barrat de Gannat. L’eau me fascine. Je passe des heures à la regarder couler, lorsque j’en ai l’occasion. Je franchis une frontière, j’entre en Corrèze. 17. La Corrèze, ce sont des souvenirs des années 1970, Stéphane, notre fils, était petit, nous étions venus en vacances à Cornil, près d’Aubazine et de Tulle, avec Marcelle et Pierre, mes beaux-parents. De très bons souvenirs. Surtout Catherine et son lavabo, trop intime, je ne vous raconte pas. Je ne sais plus pour quelles raisons nous avons atterris à Cornil, il faudra que je le demande à Catherine.

Pause-café à Lacelle, où coule la Celle. Lacelle est sur la « Voie de Rocamadour » vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Par ici on ne trouve plus autant de croix et calvaires qu’en Bretagne et en sud de Loire. J’économise les photos. J’en ai déjà 600, 1 minute par photo, ça fait 10 heures que j’ai l’œil dans le viseur. A l’époque des pellicules, comptez pour combien j’en aurais actuellement, une petite fortune. Un camion Rouxel, de Vannes. Marlboro joint dans ses paquets de cigarettes une pochette où est inscrit « Pour sauvegarder votre environnement, un sachet pour 3 mégots ». Ils sont bons chez Marlboro. Ok pour vous pourrir la santé mais ne salissons pas la nature ! Un camion chargé de sapins, quelle bonne odeur de résine. La roche locale est le granit.

Le lac de Viam, du haut du belvédère

Le lac de Viam est impressionnant. C’est une retenue sur la Vézère, un barrage, avec une usine hydro-électrique. Il couvre 183 hectares, il est construit entre 1940 et 1946. Ici les paysages ne sont pas pollués par des bâtiments agricoles ou d’élevage. Je pense à ceux de Bretagne pour nos précieux cochons. C’est vrai qu’il y en a beaucoup. Vraiment, des efforts pourraient être faits pour les dissimuler derrière des haies.

J’arrive à Bugeat vers 15 heures. C’est une ville encaissée, proche de la Vézère. Je vais à l’Office de Tourisme, une dame compétente et motivée me déniche une chambre d’hôte à Pérols-sur-Vézère. Elle me raconte une histoire locale liée à la Guerre de Cent Ans, qui, en fait, a duré un peu plus de 100 ans, de 1337 à 1453. Le duc de Lancastre, revenant d’une chevauchée dans le Limousin, arrive à Bugeat où il doit passer la Vézère pour aller à Bordeaux. Il veut traverser au lieu-dit « Les trois chênes », des chênes sacrés, dit aussi « Les trois ponts ». Pour construire un pont de fortune il faut couper un chêne. Des hommes passent mais pas assez rapidement. Le duc de Lancastre va à Viam où il y a un ancien pont gallo-romain. Mais le chêne coupé arrive à Viam et empêche l’armée de passer. C’est bien la preuve qu’il ne faut pas toucher aux chênes sacrés. Sacrés chênes. Elle me confirme que Bertrand du Guesclin a sillonné toute la région dont Treignac. Je ferai des recherches. Dans Bugeat, de nombreuses sculptures de granit sont installées en décoration.

Petite route et grands hêtres

Je prends la « Route des Hêtres » pour m’y rendre. Quel bonheur, un chemin boisé, enfin une route pas un chemin, une petite route, des hêtres partout. La Vézère à gauche, des méandres, des cours d’eau parallèles, des îlots, de la mousse, des fleurs, des joncs. Que demande le peuple ? C’est superbe. Des rochers érodés en boule.

La carrière de Pérols

Une carrière de granit. Et le but de la journée est atteint, Pérols-sur-Vézère. Une trentaine de kilomètres aujourd’hui. Je tiens la cadence. Je suis dans le « Parc Naturel Régional de Millevaches en Limousin ». La chambre d’hôte est dans un bâtiment sobre mais classe, de 1850 environ. C’est un ancien hôtel-restaurant. Les propriétaires ont arrêté leurs activités et continuent maintenant sous cette forme. Ils veulent vendre. Pas facile en ce moment. Ils rentrent de vacances en Espagne, 25 degrés, ici, 14 degrés. Ils m’offrent un porto, 20 ans d’âge, une petite merveille. Je dîne, pâté de sanglier maison, magret de canard, fromage. Une équipe de bûcherons et les enfants des propriétaires prennent l’apéritif, des apéritifs. Un des jeunes s’appelle Barrat. Des motards doivent arriver vers minuit, ils dîneront et boiront, me dit-on. Ils feront certainement un peu de bruit. « On va leur laisser un mot » me dit le propriétaire, « Mais ce n’est pas certain que cela fasse de l’effet ». Ils peuvent être bruyants. A demain, bonne nuit. Merci pour le Porto.


Voir et savoir

  • Tulle,19 : 1346 et 1369, les Anglais prennent Tulle, la milice locale les chasse. 1346, début de l’épidémie de la peste noire. 1372, Bertrand Du Guesclin est en campagne dans le Poitou, le Berry, l’Aunis, le Limousin et la Saintonge. De 1373 à 1375, famine et peste en Corrèze. 1374, Louis de Bourbon reprend Tulle.
  • Millevaches : Vient du latin « aqua », eau, et signifie mille ruisseaux.
  • Bugeat : Arrosée par la Vézère. Tumulus dans le bois de Chaleix, autres tertres et tumuli. Villa gallo-romaine du « Champ du Palais ». André Larquetoux, inventeur d’un procédé de béton sous-marin, participe à la restauration de la citadelle de Belle-Île-en-Mer.
  • Pérols-sur-Vézère : La Corrèze y prend sa source. Pérols vient du latin « pétrariolum », les rochers.

Ma collection de tampons

  • Bar, restaurant : 19170. Lacelle.
  • Office de Tourisme : Canton en Fête. 35, Place du Champ de Foire. 19170. Bugeat.