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De Javols à Châteauneuf-de-Randon

13 mai 2016

Javols (48), départ 8h.

Un bon petit-déjeuner, je ne finis pas le gâteau. La propriétaire me l’emballe et me l’offre pour la route. Et c’est parti pour le sentier du Guesclin, destination Châteauneuf-de-Randon.

Bonjour Bertrand, direction Châteauneuf-de-Randon

Un chemin agréable, du sable, de l’herbe. Une bonne grimpette qui nettoie les poumons, recharge les batteries, augmente les souvenirs de paysages. Comme sur l’autoroute, une pause toutes les 2 heures. J’arrive à la Gazelle, lieu-dit sur la commune de Ribennes.

Ribennes. La voute de l’église

Dans la petite église, toute la voûte est en pierre. Par la route, j’atteins Chassagnes, un manoir sobre, des ruines aux belles pierres taillées dans le granit, un joli pont sur la Colagne. La marche fait découvrir les originalités et richesses locales, le bâti, les clôtures, qui font le charme et l’identité. Je suis à 1088 mètres d’altitude. A gauche, la rivière court parmi les boules de granit. Voici le lac de Grandvallet, il est 11 heures. Petite pause, sous une cabane d’enfants, en branches de sapin. Le vent fait des vaguelettes et des clapotis sur la berge. Le ciel est gris, quelques gouttes. Pas méchant.

Intégration parfaite dans l’environnement

Au Ganivet, il y a un camping et des chalets. Le GR traverse une prairie à brebis, il faut ouvrir et fermer les clôtures. La rivière est à ma droite. Le chemin est enherbé. Les Pigeyres Basses, je rencontre une dame, assise sur un billot de bois, qui papote avec ses lapins. « Ils me tiennent compagnie » me dit-elle. « J’ai eu un cancer du sein, j’ai été opérée, c’est revenu, je vais avoir de la chimio, j’ai perdu mon mari, la vie est dure ». J’essaie en quelques mots de lui remonter le moral. Un pêcheur. Les Pigeyres Hautes, une belle croix, un fût de 3 mètres environ. Un joli pont. Sur le chemin, je constate que les agriculteurs regroupent les boules de granit des champs, souvent avec des souches d’arbres. Les engins actuels le permettent, de véritables tumuli modernes sont en cours de construction. Tromperont ils les archéologues futurs ? Carrefour, 10 kilomètres depuis Javols, je n’ai pas pris le chemin le plus court. Rieutort-de-Randon, 5 kilomètres, il est 12h30. Je suis sur un point haut. Une petite pluie fine commence à tomber. Progressivement je suis entièrement mouillé. Je dois sortir le poncho de protection. Je fais la pause sous un hangar d’agriculteur. Je me trompe à nouveau, je vais vers la D1. Une voiture s’arrête, c’est une jeune femme de Mallesagne. Je suis à Rieutort-de-Randon à 14h. Déjà 6 heures depuis le départ. Un petit café au bar-tabac tenu par une jolie blonde qui parle plus à son chien qu’à ses clients. C’est sympa tout de même. Je pars vers le Monteil. Encore une fois je rate le GR et vais par la route à Coulagnes-Hautes. A la sortie du village, je fais une petite pause sous un hangar agricole. Je prends la direction du Lac de Charpal, à deux kilomètres me dit-on. Coulagnes est qualifiée de « haute » alors que le chemin qui suit ne cesse de monter, bizarre.

Le barrage du lac de Charpal

Au lac de Charpal pas d’indications claires sur le chemin à suivre pour rejoindre Châteauneuf-de-Randon. Il bruine. Une voiture sur le parking, ça ne peut être qu’un pêcheur. Je tourne un peu, je fais quelques photos du barrage, de la cascade, et effectivement un pêcheur arrive. Je lui demande s’il sait quel chemin prendre pour Châteauneuf-de-Randon. Il ne sait pas. On discute, il vient de prendre 2 brochets dont 1 de 90 cm, une belle prise qui a nécessité 10 minutes pour l’amener sur la berge. Il me propose de me conduire à Châteauneuf-de-Randon. D’abord je refuse, et puis je craque et lui dit oui. Il se dévêt de sa combinaison de pêcheur. On rejoint l’Hôtel de la Poste à l’Habitarelle, il est 17h. On prend une bière, il est originaire de la Bresse et travaille aux Eaux et Forêts, il surveille la qualité des eaux du lac de Charpal qui alimente la ville de Mende. Son épouse a été nommée à Mende. Il est fort sympathique, il s’intéresse à l’archéologie, la préhistoire, son fils également, surtout aux dinosaures. Le courant passe vite, on échange nos coordonnées. Merci. Du lac de Charpal à l’Habitarelle, il y a environ 15 kilomètres par la route, certainement moins par les chemins, mais au moins 10. 8h30 de marche aujourd’hui, 25 ou 30 kilomètres, sachant qu’avec le relief il faut les augmenter d’un coefficient de 1,5 ou même 2, en termes de fatigue musculaire ! Une journée à demi merdique, sous une petite pluie tenace.

L’Habitarelle, eh voilà Bertrand, je suis arrivé

Dis donc, Bertrand, pourquoi es-tu venu en Lozère ? Je comprends pourquoi tu as choisi juillet. En 1380, ici, ça doit être le bout du monde. Charles V veut sans doute se débarrasser de toi, tu deviens trop encombrant. En juillet, il fait chaud et d’après ce qu’on m’a dit tu n’as pas résisté à boire de l’eau trop fraiche, ce qui t’a rendu malade à en mourir. Est-ce que tu en as trop bu ? L’avais-tu mélangée avec du jaune, non pas du Pastis, mais de la gentiane ? Est-ce qu’elle était déjà distillée à ton époque ? Je vais au cénotaphe. J’achète quelques provisions pour demain. Je dîne au restaurant, cannelloni, tête de veau, coupe poire du Guesclin, véridique, café. Excellent, les batteries sont rechargées. Des propriétaires de Porsche sont là pour une balade, ils ne parlent que de mécanique, alors que les femmes, admiratives de leurs maris, jacassent de leurs toilettes. A côté de moi, un couple de Suisses de Genève se rend à Millau, ils prévoient de visiter Rodez, les Gorges du Tarn. Ils viennent ici pour la première fois. Je rencontre Pierre Bessière et on parle encore de Bertrand, du musée.


Voir et savoir

  • Lac de Charpal,48 : Réserve d’eau potable de la ville de Mende.
  • Châteauneuf-de-Randon,48 : Bertrand du Guesclin installe son camp principal vers le lieu-dit de l’Habitarelle. Tour des Anglais, remparts, statue, fontaine du pré de la Glauze, musée à la mairie, Office de Tourisme. Cénotaphe. Association.

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