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De Châteauneuf-de-Randon à Prévenchères

14 mai 2016

Châteauneuf-de-Randon (48), départ 8h.

Au petit déjeuner, très garni, Pierre Bessière me raconte pourquoi et comment la statue de bronze de Bertrand du Guesclin n’a pas été fondue par les Allemands en 1944. M. Masson voit quelques Allemands au pied de la statue. Apparemment, vue la hauteur où elle est installée, ils cherchent une solution. M. Masson les rejoint et leur dit que ce Bertrand du Guesclin a chassé les Anglais de la région et qu’à ce titre ce serait bien de ne pas détruire sa statue. Chose dite, chose faite. Ils abandonnent et la statue reste en place. Merci Pierre. Je quitte l’Habitarelle vers 8 h, un petit mot à Bertrand, couché dans son cénotaphe qui mérite un petit nettoyage. Je prends la direction de Mende, au pont Aribal, à l’est vers Villesoule, Montbel. Comme son nom l’indique, Montbel, un beau mont, est en haut d’une belle côte. Ensuite c’est un plateau. Brume et crachin sont au rendez-vous. Finalement, après les chemins des jours précédents, je suis convaincu que je suis plus routier que chemineau, ou plus routeur que chemineur. L’altitude est de 1208 m. La route est taillée dans la roche, je pense que c’est du grès, à vérifier. Quelques motos qui participent au « Trèfle corrézien » circulent dans la région.

Belle stratigraphie

A Belvezet, pause en terrasse chez une gentille dame, on se sépare vers 11h, merci pour le café. Je traverse la forêt de Mercoire où de 1764 à 1767, de nombreuses personnes sont victimes de la Bête du Gévaudan. Je suis sur mes gardes. J’arrive à Les Chazeaux, il y a un très beau pont sur la rivière. Je suis à 1170 m d’altitude. Il n’y a plus de boules de granit mais du micaschiste. Le genêt est à peine ouvert, cela dépend des versants et de l’exposition. Je passe à 1155 m. Voici Mirandol et son viaduc à arches, 1115m. Ici l’altitude est indiquée un peu partout sur des panneaux. Il y a très peu de feuilles sur les arbres, le froid ? L’altitude ? Je traverse une ligne de chemin de fer pentue. Et voilà Chasseradès. Un panneau signale la Fontaine du Pré Mazel. Au Mazel, il y a un circuit souterrain de 5 kilomètres. Des galeries creusées dans un lambeau de calcaire. L’altitude est de 1165 m.

Avec Modestine, son âne

Je passe au Relais Modestine et fais une pause en terrasse. Je demande au propriétaire s’il a des réservations pour des Bretons, des collègues de l’Encyclopédie, qui viennent ici prochainement pour faire le chemin de Stevenson. C’est non. L’église a été jointoyée récemment, des maisons s’appuient contre elle, elles ont été enduites dans le même style, c’est très bien, harmonieux. Direction Puylaurent, c’est plat et le soleil est de la fête. Il y a encore du vent, pas de surchauffe, c’est parfait. La forêt du Goulet, gérée par l’ONF.

Puylaurent. Les villageois cherchent finance pour la restauration

Puylaurent a une église intéressante que les habitants essaient de restaurer. Elle est originale, la cure est collée à l’église, et maintenant elle est devenue une habitation. Je conseille à la dame qui habite en face de s’adresser à la Fondation du Patrimoine. Un Architecte des Bâtiments de France suit les travaux. Direction Prévenchères, 5 kilomètres de descente, en forêt, avec rivière en bas, tantôt à gauche, tantôt à droite, avec changement sur un pont. Des paysages somptueux.

Ombres, lumières et érosion

J’ai les pieds en bouillie, un banc pour le panorama, l’idéal, petite pause, l’arrivée est proche. Une centaine de mètres et une voiture me croise, elle s’arrête en bord de route, je me retourne et regarde. Trois personnes descendent, ouvrent le coffre, sortent des sacs et jettent je ne vois pas quoi dans le ravin. Les dégueulasses. Ils constatent que je les ai vus. Je continue de marcher, ils reviennent et la voiture ralentit à mon niveau. Je ne m’y attendais pas. L’homme est au volant, la femme est à droite, une enfant à l’arrière. La vitre avant est baissée. Aucune formule de politesse. Le mari attaque « Vous semblez offusqué de nous voir jeter des détritus au bord de la route, on a le droit, c’est même la commune qui nous y autorise ». Et vlan. Je n’ai pas le temps de répondre que la femme enclenche, « Ce monsieur, ça ce voit, ne connaît rien au jardinage ». Là, je pète les plombs. « C’est vous qui vous arrêtez, je ne vous ai rien dit ni demandé, continuez votre route et ne me faites pas ch...! » Et re vlan. Fin de la passe d’armes. Je suis assez content de moi, ils se sont sentis coupables, ils avaient besoin de se justifier, ils ont été servis. Quand on rencontre majoritairement des gens agréables et que brutalement, surgis de nulle part, des abrutis vous tombent dessus, c’est incroyable comme ça fait du bien de tout lâcher. Je suis détendu pour les 8 jours à venir. Merci pour l’altercation revigorante. Ils repartent. A Prévenchères, je vais au gîte, plus aucune place. Le patron me conseille le camping.

Prévenchères. Soirée tipi, au bord de l’eau

Ok, il y a une caravane et un tipi disponible, je choisis le tipi. Je reviens dîner au gîte, grillades, légumes, plancha. J’ai l’impression d’être arrivé dans le sud, la végétation change. Je discute avec un gars dont le fils est à Brest. Lui-même est adhérent de l’association qui soutient le Bélem. Il ira à Brest aux Fêtes de la Mer en juillet. Au gîte, on travaille en famille, le gendre est au comptoir, la fille prépare les plats. Le patron me fait penser au capitaine Haddock, barbe et casquette. Il cuit ses légumes et viandes sur une plancha de belle taille. En entrée, légumes, charcuteries, saumon, pâté de volailles et de cerf, des produits locaux. Asperges du Gard, amenées par le gendre, qui cultive naturel, comme du bio. En grillades, porc, lard, lapin. L’ambiance est très conviviale, Haddock cuisine à l’extérieur, sur la terrasse. A l’intérieur, le bar, avec 5 ou 6 clients, une quinzaine de tables pour ceux qui dînent, la table avec les enfants qui pianotent sur le portable et l’ordinateur, la télé grand écran. Un grand brouhaha. Une super ambiance, décontractée. Et du vin, blanc, rosé, rouge, au choix. Je paie un digestif au supporter du Bélem. Le patron n’a pas de tampon, pas de carte de visite, tant pis. Je rejoins mon tipi avec la nuit. Sacrée soirée, merci. Un peu de rangement et je suis couché. Durant cette balade, je constate le manque d’oiseaux et de papillons, quelques uns, très peu. Je me réveille plusieurs fois dans la nuit. Le bruit de la rivière, proche, ressemble à du vent, j’ai cru toute la nuit que c’était du vent. De plus une des bâches du tipi bouge et claque. J’ai connu de meilleures nuits.

Demain, c’est la fête au village

Voir et savoir

  • Chasseradès,48 : Église Saint-Blaise, clocher-tour du 12ème. L’écossais Robert Louis Stevenson fait étape à Chasseradès le 27 septembre 1878 lors de son périple à travers les Cévennes. Il écrit « Voyage avec un âne dans les Cévennes » en 1879. GR 70.
  • Puylaurent,48 : Église. Barrage.
  • Prévenchères,48 : Dans la vallée du Chassezac. Voie Regordane, également appelé Chemin de Saint-Gilles. Église à plan tréflé du milieu du 12ème, schistes, arkoses, lauzes.

Ma collection de tampons

  • Le Relais de Modestine : Centre Bourg. 48250 Chasseradès.
  • Gîte, bar, brasserie : 48 Prévenchères. Soirée-repas.