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1360. Bertrand du Guesclin a 40 ans

Edouard III est près de Paris. Le Traité de Brétigny. Bertrand du Guesclin lieutenant de Normandie, d’Anjou et du Maine. Le franc à cheval.

Le roi d’Angleterre Édouard III échoue devant Reims

11 janvier. Édouard III tente sans succès de rentrer dans Reims pour s’y faire sacrer. Il est mis en fâcheuse posture par le Dauphin Charles qui refuse obstinément le combat par la stratégie de la terre déserte.

10 mars. Traité de Guillon entre Édouard III et le duc de Bourgogne

Édouard III conduit alors son armée par Châlons, prend Tonnerre, épargne Noyers mais ravage Montréal dont une partie des habitants est massacrée.

Du Guesclin. Montréal, Yonne
1360. Le roi d’Angleterre, Édouard III, est à Montréal. Photo : 15/08/2012.
Du Guesclin. Avallon, Yonne
Photo : 03/06/2002.

Tandis que son lieutenant s’empare de la place forte de Flavigny et que ses troupes pillent l’Avallonnais, il s’installe dans l’ancien château de Guillon.

Du Guesclin. Flavigny-sur-Ozerain. 21
Porte du 15ème siècle. Photo : 15/08/2012.

Informé de la situation, le jeune duc de Bourgogne Philippe de Rouvres se rend à Guillon, accompagné de ses principaux vassaux. Les négociations entre les Anglais et les Bourguignons aboutissent le 10 mars 1360 à la signature d’un traité, qui établit une trêve de trois ans. 1

Philippe de Rouvres est né en 1346, duc de Bourgogne, comte de Bourgogne, d’Artois, de Boulogne et d’Auvergne est fils de Jeanne de Boulogne et Philippe de Bourgogne dit Monsieur, fils et héritier d’Eudes IV, duc de Bourgogne et de Jeanne de France, comtesse d’Artois et de Bourgogne.

A la mort de Philippe de Bourgogne, Jeanne de Boulogne épouse en seconde noces, le 9 février 1350, Jean, duc de Normandie, Jean II le Bon. Philippe de Rouvres meurt en 1361.

Vaincus, les Bourguignons s’engagent à verser une somme importante de 200 000 deniers d’or au mouton (d’où le nom de Traité des moutons d’or) en trois versements. Ils acceptent de laisser circuler librement les sujets du roi d’Angleterre. Édouard III, de son côté, s’engage à rendre Flavigny, à lever la rançon des villes conquises et des prisonniers, à quitter la Bourgogne pacifiquement et rapidement.

Le paiement des 200 000 deniers d’or est garanti par dix-sept abbés et prélats, quinze nobles, sept bourgeois et six villes. Les bourgeois et nobles promettent de se livrer en otage à Londres ou Calais, en cas de retard supérieur à un mois. 2

1er mars. Geoffrey Chaucer est libéré

Geoffrey Chaucer est un écrivain et poète anglais né à Londres dans les années 1340. Son œuvre la plus célèbre est Les Contes de Canterbury. Il est l’un des principaux auteurs de langue anglaise du XIVe siècle avec John Gower, William Langland et le Pearl Poet, et il est largement considéré comme l’un des pères de la littérature anglaise. Chaucer est mentionné pour la première fois dans un document écrit en 1357, comme serviteur dans la maisonnée de la comtesse d’Ulster Élisabeth de Burgh.

Il combat en France, vraisemblablement sous les ordres du mari d’Élisabeth, le duc de Clarence Lionel d’Anvers. Fait prisonnier durant le siège de Reims, il est libéré le 1er mars 1360 contre rançon.

On retrouve sa trace en Navarre en 1366, où il agit peut-être pour le compte du Prince Noir. Chaucer se marie vers 1366 avec Philippa Roet, une dame de compagnie de la reine Philippa de Hainaut. Il entre peu après dans la maison du roi Édouard III et commence à toucher une pension annuelle, sans compter les différents dons et indemnités qu’il reçoit par ailleurs.

Dans les années qui suivent, Chaucer se rend à plusieurs reprises sur le continent en qualité d’envoyé diplomatique.

Le premier poème de Chaucer que l’on puisse dater avec certitude provient de cette période : il s’agit du Livre de la Duchesse, un hommage à l’épouse de Jean de Gand, Blanche de Lancastre, décédée en 1368.

Chaucer visite pour la première fois l’Italie de façon certaine en 1372-1373, à l’occasion d’une mission diplomatique à Gênes. Il est possible qu’il s’y soit rendu dès 1368, pour assister au mariage de Lionel d’Anvers avec Violante Visconti, la fille du duc de Milan, mais sa présence n’est pas attestée. Bien qu’il n’ait probablement pas rencontré en personne Pétrarque et Boccace lors de ses séjours italiens, il y découvre leurs œuvres, ainsi que celles de Dante, qui l’inspireront profondément. Sa pierre tombale dans le « Coin des poètes » dans l’abbaye de Westminster, est gravée un siècle plus tard, date son décès du 25 octobre 1400 à Londres. 3

12-15 mars : raids normands sur le port de Winchelsea

Des marins normands mènent un raid sur le port de Winchelsea, déclenchant une panique en Angleterre. Cette diversion inquiète Édouard III. 4

Vers mars 1359 ? 1360 ? 1362 ? 1363 ? Bertrand du Guesclin est à Saint-Méen-le-Grand

Saint-Méen-le-Grand peut être considéré comme faisant partie de la forêt de Brocéliande.

Les auteurs datent l’évènement de 1359. 5

Saint-Méen-le-Grand. 35
 Clotilde Y. Duvauferrier-Chapelle. Saint-Méen-le-Grand. Éditions Notre-Dame de la Trinité. 41000 Blois. 4e trimestre 1985. Page 62.

Devenu sénéchal d’Anjou et du Maine, Jean de Xaintré fait le siège [du château d’Essay, bas-Poitou, aujourd’hui détruit] avec Bertrand du Guesclin (dont il avait fait connaissance à Nantes) et, en 1356, combat les Anglais à Poitiers, où, comme le roi, il est fait prisonnier. 6

Bertrand du Guesclin s’y serait cassé une jambe. Il passe par Nantes où il rencontre Charles de Blois et se fait soigner. Christophe Paulin de La Poix ne mentionne aucune date. 7

1363. M. Guyard de Berville relate cet épisode :

« Du Guesclin persuadé par les raisons qu’il venoit d’entendre ne contesta plus, & pour s’y conformer, il promit au Prince de se trouver à Nantes le 1er Mars,[1363 ?] avec toutes les troupes qu’il pourroit rassembler. Alors de trouvant en état de monter à cheval, il prit congé du Comte de Blois, & partit pour son gouvernement de Pontorson ; & à peine étoit-il, sorti de Nantes qu’il apprit que Richard de Grévaques, Capitaine Anglois, battoit la campagne pour tâcher de le surprendre dans sa route & l’enlever. Il sçut que ce Capitaine étoit en garnison dans Ploërmel, & que de-là il faisoit des courses dans tous les environs, & levoit des contributions sur les Paroisses depuis Rennes jusqu’à Nantes. Du Guesclin qui marchait avec ses Compagnons ordinaires, se détourna de son chemin pour se mettre à la poursuite de ce Capitaine, & lui épargner la peine de le chercher : celui-ci le sçut, & se tint sur ses gardes, pour ne pas être surpris par un ennemi si redoutable, & tâcher au contraire de le trouver au dépourvu. Il apprit que du Guesclin était logé à l’Abbaye de Saint-Méen & ses troupes dans la Ville : il marcha toute la nuit & arriva proche de cette Ville une heure avant le jour ; il envoya deux de ses gens travestis en paysans à la découverte ; ils lui rapportèrent que tout était dans le repos & dans le silence, sinon un petit corps-de-garde de quinze ou vingt hommes à l’entrée du Bourg, qui serait aisé à forcer. Alors Grévaques dispose ses gens, marche sans bruit, fond sur le corps-de-garde, & tue les premiers qui se présentent ; les autres se sauvent & vont donner l’alarme aux troupes de du Guesclin. Grévaques attaque d’abord la maison où étaient ses équipages, avant que personne fût en état de se défendre : les valets résistèrent tant qu’ils purent, quelques Gentilshommes vinrent à leur secours avec des soldats & des habitans, mais la partie étant trop inégale, il y eut de la perte du côté des Bretons, entre autres de trois Capitaines dans les troupes de du Guesclin, très-braves & très-estimés, Geoffroy le Vayer, Raoul de Kergouët, & le Seigneur de Romillé. Cependant tous les habitans se mirent en armes, & sauvèrent la maison que Grévaques attaquoit ; de son côté il craignit que ses gens occupés au pillage, ne fussent chargés et défaits, & crut qu’il seroit plus à propos d’aller attaquer du Guesclin, avant qu’il eût le loisir de se mettre en défense. Il marcha donc droit à l’Abbaye, où Bertrand avoit déjà mis en bataille les gens de guerre qui s’étoient rassemblés près de sa personne. Il étoit prêt à en sortir pour secourir les siens, quand on lui annonça que Grévaques venoit l’attaquer : alors il rangea sa troupe dans le préau, qui étoit grand & vase, & fit ouvrir les portes. Grevaques arrive, & s’apperçoit qu’il est attendu, mais il n’écoit plus temps de reculer, ni de délibérer ; ainsi il fond sur la troupe de Bertrand avec vivacité. Le combat fut long & incertain ; mais à la fin Grévaques eut la douleur de voir tomber mort à son côté son fils, jeune homme de très grande espérance, & quantite de ses principaux officiers ; le reste s’amollit, & ce père désolé fut forcé de se rendre à la merci de du Guesclin avec son gendre & son beau-frère, qui tous remirent leurs épées au vainqueur. Ainsi finit cette entreprise où du Guesclin courut le plus grand danger, & qui délivra la Province d’un ennemi bien puissant & bien destructeur. » 8

 Richard de Grévaques, Richard Grenacre.

 1362. Messire Geoffroy le Voyer était, suivant d’Argentré, capitaine de la compagnie de Bertrand du Guesclin au combat de Saint-Méen. Il pourrait avoir été fils d’autre Geoffroi, chevalier en 1326. 9

 Raoul de Kergoët, chevalier, commandant des troupes de Bertrand Du Guesclin, est battu en 1360 à Saint-Méen. 10

 Le Seigneur de Romillé. Est-ce Jean de Laval, sire de Châtillon en Vendelais ?

La châtellenie de Romillé, dont le chef-lieu se trouvait au bourg même de ce nom, est une de ces vieilles seigneuries dont on ignore l’origine. C’était peut-être bien une création des sires de Bécherel, issus des barons de Dinan. Toujours est-il que la première mention faite de la seigneurie de Romillé est à propos de Guillaume de Tinténiac, sire dudit lieu, de Bécherel et de Romillé en 1303 (Du Paz, Histoire Généalogique de plusieurs maisons de Bretagne, 577). Or, ce seigneur tenait Bécherel de sa mère, Havoise d’Avaugour, femme d’Olivier de Tinténiac. Quoi qu’il en soit, Romillé demeura longtemps entre les mains des barons de Bécherel : Olivier de Tinténiac, mari d’Eustaice de Châteaubriant, — Briand de Tinténiac, leur fils, décédé sans postérité, — Jean de Tinténiac, frère du précédent, et l’un des héros du combat des Trente en 1350, époux de Jeanne de Dol, — et Isabeau de Tinténiac, leur fille, qui épousa Jean de Laval, sire de Châtillon en Vendelais. De cette dernière union naquit Jeanne de Laval, qui épousa d’abord le connétable Bertrand du Guesclin, puis son cousin Guy XII, comte de Laval, et mourut le 27 octobre 1433. 11

En 1360, il (Bertrand du Guesclin) compensa cette perte en capturant, lors d’une expédition punitive, le capitaine de Ploërmel, sir Richard Grenacre. 12

Saint-Méen-le-Grand. 35
Clotilde Y. Duvauferrier-Chapelle. Saint-Méen-le-Grand. Editions Notre-Dame de la Trinité. 41000 Blois. 4e trim. 1985. 470 pages.

L’ancienne chapelle Saint-Denis, située route de Gaël est démolie en 1812. Saint-Denis était une chapelle frairienne. La tradition raconte qu’elle fut élevée en mémoire d’une victoire que Du Guesclin remporta sur les Anglais à Saint-Méen en 136313

S’agit-il de batailles différentes ou d’erreur dans les dates ?

Les auteurs indiquent que Bertrand du Guesclin « aurait séjourné dans la Grande Maison et même couché dans la chambre dite de maître. » Il devint Hôtel de la Grande Maison Guiblin et démoli.
Ils mentionnent le Pertuis l’Anglais où « il y aurait eu un Anglais voire plusieurs à s’y noyer ou y avoir été noyé. C’était un trou d’eau. »
Les auteurs précisent que Bertrand du Guesclin, en 1364, à Auray, « fut fait prisonnier au château du Plessis-kaer en Crac’h. »
Les auteurs retiennent 1372 pour la prise et destruction de Gaël. 14

Bertrand du Guesclin. Saint Méen-le-Grand. 35
L’aigle à deux têtes de Bertrand du Guesclin. Quelle explication ? Photo : 28/10/2017.

Cette dalle avec l’aigle bicéphale des Du Guesclin est fixée à l’extérieur, contre le mur, à gauche de l’entrée de l’abbaye. Étrange. Elle n’a rien à voir avec la bataille. C’est une pierre tombale d’un des derniers moines de l’abbaye, Pierre Robinault, aumônier. 15

« L’Abbé de Saint-Méen opposa à François Hélyas, pasteur de Gaël, pourvu en cour de Rome le 9 novembre 1622, Dom Pierre Robinault (fils de Pierre Robinault et de Julienne de Couaridouc). » 16

Saint-Méen-le-Grand. 35
La pierre tombale avec l’aigle bicéphale.

Les armes des Robinault sont : De sable à un aigle à deux têtes d’argent, bectées et membrés d’or. Celles des Du Guesclin sont : D’argent à l’aigle bicéphale éployée de sable becquée et membrée de gueules, à la cotice du même brochant sur le tout. Il est étonnant de voir des familles différentes avec quasiment le même blason. Y a -t-il un lien entre les Du Guesclin et les Robinault ?

Les Anglais quittent la Bourgogne et se dirigent vers Paris

Fou de rage, Édouard III remonte vers Paris et laisse son armée commettre de nombreuses exactions : il ne s’agit plus du simple pillage visant à nourrir son armée mais de la destruction systématique de toutes les ressources, les pieds de vignes sont arrachés, le bétail abattu et la population massacrée.

Ces exactions entraînent un vif ressentiment contre les Anglais. Nombre d’entre elles ont lieu pendant le Carême et la Semaine sainte et, lorsque l’armée anglaise est touchée par un violent orage de grêle le lundi 13 avril, nombre de chroniqueurs y voient la main de Dieu.

19 mars. En France, le Parlement devient la section spécialisée du Conseil qui s’occupe de la justice.

31 mars. Édouard III installe son quartier général au château de Chanteloup à Saint-Germain-lès-Arpajon et dirige l’investissement de Paris. Longjumeau, Monthléry, Corbeil et Orly sont occupés et pillés dans la foulée. 17 Puis entre le 5 et le 7 avril c’est au tour de Châtillon, Montrouge, Gentilly, Cachan, Issy, Vanves et Vaugirard. 18

12 avril. Édouard III lève le siège de Paris et prend la direction de la Beauce.

Édouard III fait une halte à Chartres

Le siège de Chartres survient en avril 1360 dans le cadre de la première phase de la Guerre de Cent Ans. Au cours du lundi de Pâques, une immense tempête frappe l’armée anglaise et tue environ mille hommes. Cet événement, passé à la postérité sous le nom de « Lundi noir » (anglais : Black Monday), est si dévastateur qu’il cause plus de pertes militaires anglaises que n’importe laquelle des batailles de la Guerre de Cent Ans livrées jusque-là. Le chroniqueur français Jean de Venette considère cette tempête apocalyptique comme la conséquence du pillage par les Anglais de la campagne française pendant le jeûne de la période de carême. Trois semaines plus tard, le 8 mai 1360, le traité de Brétigny fut signé. 19

Du Guesclin. Chartres. 26
Cathédrale Notre-Dame de Chartres. Photo : 1997.

13 avril. C’est le fameux « Black Monday ». Alors que l’armée anglaise est quelque part dans le territoire de l’actuelle Yvelines, une terrible tempête éclate. Un orage de grêle qui tue les bêtes et les gens, détruit les chariots, les vivres et l’armement.

Édouard III d’Angleterre pris par l’orage, entre les actuelles communes de Sours et de Nogent-le-Phaye, avec son armée décide, dans un château de la commune, des modalités du Traité de Brétigny. 20

Du Guesclin. Sours-Brétigny. 28
Stèle au village de Brétigny. Photo : 07/20/2014.

Édouard III embarque illico à Harfleur sans prendre la peine de raccompagner son escorte jusqu’à Calais, d’où elle va à son tour rembarquer pour l’Angleterre. 21

Chevauchée d’Édouard III en 1359-60
En pointillé blanc. Wikimedia Commons.

8 mai. Traité de Brétigny

Persuadé qu’il s’agit là d’un message de Dieu qui souhaite la paix avec le Royaume de France, il rassemble ses plénipotentiaires et ceux du Dauphin Charles, qui se rencontrent sur la commune de Sours, dans un château près du hameau de Brétigny (fief vassal de la baronnie d’Auneau), probablement au château des Laval ou dans un château aujourd’hui détruit et qui se situait sur l’actuel hameau de La Saussaye.

Anglais et Français sont alors contraints à des accords préliminaires qui aboutissent au Traité de Brétigny, ratifié à Calais. Ils s’entendent sur des préliminaires de paix qui mettent fin à plus de deux décennies de combats. 22

  • Edouard III obtient la Guyenne et la Gascogne en toute souveraineté ainsi que Calais, le Ponthieu et le comté de Guînes. Il obtient également le Poitou - dont l’un des fils de Jean II, Jean, est pourtant comte - , le Périgord, le Limousin, l’Angoumois et la Saintonge. Enfin, il devient souverain de toutes les terres du comté d’Armagnac en recevant l’Agenais, le Quercy, le Rouergue, la Bigorre et le comté de Gaure.
Traité de Brétigny
Source. Traité de Brétigny. Wikipédia.
  • Jean le Bon est libéré contre trois millions d’écus d’or de rançon (ses fils les ducs de Berry et d’Anjou le remplacent comme otage en Angleterre). Le traité met un terme aux quatre années de captivité à Londres de Jean II le Bon.
  • Édouard III renonce à la couronne de France. 23
  • Édouard III renonce aux duchés de Normandie et de Touraine, aux comtés du Maine et d’Anjou et à la suzeraineté sur la Bretagne et les Flandres.
  • Les Français promettent par ailleurs aux Anglais de leur céder en pleine souveraineté, sans hommage féodal, une région côtière qui inclut Calais, le Ponthieu (la région de la Somme), le comté de Guînes et l’Aquitaine. Cette dernière, élargie de l’Auvergne aux Pyrénées, comprend rien moins que le Poitou, la Saintonge, le Limousin, le Quercy, le Rouergue, la Gascogne et la Guyenne ! Édouard III se propose de la donner en apanage au Prince Noir, son fils et héritier.

Elles ramènent le domaine capétien à ce qu’il était au début du règne de Philippe Auguste, 150 ans auparavant.

À vrai dire, elles ne seront jamais appliquées grâce à l’habileté et à l’énergie du Dauphin, le fils de Jean II le Bon, futur Charles V le Sage. Sur une idée de Charles, le traité prévoit en effet que la souveraineté du roi d’Angleterre sur ses nouvelles possessions ne sera effective qu’après la remise de celles-ci par les Français. La renonciation d’Édouard III à la couronne française interviendra au même moment.
De cette façon, le Dauphin se donne la possibilité de retarder indéfiniment l’application du texte !... Jusqu’à sa mort, en 1380, il n’aura de cesse de lutter contre les Anglais pour défaire le traité de Brétigny. 24

  • Un bénéfice de cet accord est une trêve de neuf ans. 25

Ce traité de paix s’avère désastreux pour la Bourgogne. Les mercenaires congédiés par les anciens belligérants se regroupent en Grandes Compagnies et pillent la région, qui n’a plus les moyens de se défendre.

Jean le Meingre et Bonabes IV de Rougé et de Derval sont négociateurs français du Traité.

Jean Ier Le Meingre, dit Boucicaut, surnommé le Brave, est maréchal de France depuis 1356. Il a 50 ans. 26

John Chandos est l’un des négociateurs anglais.

Des otages envoyés en Angleterre

Des otages sont livrés pour garantir le paiement de la rançon, qui, d’ailleurs, ne sera pas payée en totalité.

  • Troisième fils de Jean le Bon, Jean, comte apanagiste de Poitou en avril 1356, puis le 8 juin, lieutenant du roi " en tous les pays de par deça la rivière de Loire et par tout le Languedoc ", figure au nombre des quarante et un princes et hauts barons emmenés en otages à Londres. Les provinces atlantiques au sud de la Loire sont abandonnées aux Anglais.
  • Bonabes IV de Rougé et de Derval. C’est l’ambassadeur et conseiller de Jean le Bon. 27
  • Louis d’Évreux (1336 - 1400), est comte d’Étampes, plus connu sous le nom de Louis d’Étampes, prince capétien, arrière-petit-fils du roi Philippe III le Hardi. C’est le fils aîné du comte Charles d’Évreux, pair de France, et de son épouse Marie de la Cerda. Il est aussi seigneur de Gien, Biscaye, Dourdan, Lunel, Gallardon et Aubigny. En 1358, Louis épouse Jeanne de Brienne, fille de Raoul Ier de Brienne, connétable de France, comte d’Eu et de Guînes, † 19 janvier 1345, et de Jeanne de Mello. Il est l’un des quatre princes du sang donnés comme otages. Charles le charge à plusieurs reprises de négocier la paix ou une trêve avec son cousin, Charles le Mauvais, roi de Navarre. 28
  • Pierre II de Valois, comte d’Alençon, naît en 1340, il est fils cadet de Charles II d’Alençon, comte d’Alençon, du Perche, et de Marie de la Cerda. Armé chevalier en 1350, il est l’un des otages envoyés en 1360 en Angleterre en échange du roi Jean II le Bon. Il ne revient en France qu’en 1370. 29
Du Guesclin. Alençon. 61
Photo : 28/10/2018.

Argentan est le siège du comte Pierre II d’Alençon. 30

Du Guesclin. Argentan. 61
La tour Marguerite. Photo : 22/05/2014.
  • Louis II dit le Bon. Pierre Ier de Bourbon (1311-1356), fils de Louis Ier, meurt à la bataille de Poitiers (1356). Son fils Louis II dit le Bon lui succède en 1356. Il se choisit comme emblème un cerf ailé.

En 1360 il fait partie des otages envoyés en Angleterre pour garantir l’exécution du traité de Brétigny. Louis II restera sept ans otage à Londres, où il mènera un train de vie dispendieux. Sa mère administre tant bien que mal le duché en son absence et en cette période troublée. Elle doit faire face aux routiers, au Prince Noir, à la peste, et payer les dépenses de son fils à Londres. Louis II est libéré en 1366. 31

  • Mathieu II de Roye. Fils de Jean II de Roye, seigneur de Roye, Guerbigny, Becquigny, Vespillières et Monchy-le-Perreux, il commande l’Armée en 1348, sert en Picardie sous le duc de Bourbon en 1351, puis sous le roi de Navarre en 1352, en Normandie en 1353, en Gascogne, Poitou et Saintonge sous le connétable, Charles d’Espagne, en Beauvaisis en 1357, en Champagne en 1359, à Paris (04/1360). Il est otage pour la délivrance du Roi Jean II captif en Angleterre. Il épouse en troisièmes noces en septembre 1363, Isabeau de Châtillon. Il meurt après 1377. 32
  • Guy II de Blois-Châtillon († 22 décembre 1397) est fils cadet de Louis Ier de Blois-Châtillon et de Jeanne de Hainaut, dernier comte héréditaire de Blois, de Dunois et de Soissons, et seigneur de Beaumont (Hainaut). En 1360, il fit partie des otages envoyés en Angleterre en vertu du traité de Brétigny. La vente du comté de Soissons à Enguerrand VII de Coucy lui permit de payer sa rançon. Il fut libéré le 15 août 1367. En 1370, il fut armé chevalier en 1370 lors d’une campagne avec les chevaliers teutoniques en Lituanie. Jean Froissart fut son aumônier en 1384. Son patronage permit à Froissart d’écrire le Livre II de ses Chroniques. 33
  • Jean VI d’Harcourt, comte d’Harcourt, né le 1er décembre 1342, est comte d’Aumale, vicomte de Saint-Sauveur et de Châtellerault, seigneur d’Elbeuf, de Lillebonne, de Brionne, d’Arschot, de La Saussaye.

Il épouse par contrat du 14 octobre 1359, Catherine de Bourbon, belle-sœur du roi Charles V. Il meurt le 28 février 1389. 34

Après avoir échoué Édouard regagne l’Angleterre. Sa chevauchée se solde par un échec : il ne sera pas roi de France.

À Brétigny-Calais, la stratégie d’Édouard avait enfin triomphé et il avait accepté de renoncer à son droit en échange d’une compensation importante, l’Aquitaine en toute souveraineté. Seulement, la paix conclue ne dura que neuf ans. 35

À partir du traité de Brétigny, on appelle Guyenne l’ensemble des possessions anglaises en Aquitaine. 36

Jean II de Melun aide à la conclusion du traité

Jean II de Melun, vicomte de Melun, comte de Tancarville, contient par sa présence à Paris le parti d’Étienne Marcel et de Charles le Mauvais et joue un grand rôle dans la conclusion de la paix de Brétigny.

En 1361, le dauphin l’envoie assurer la mainmise de la couronne de France sur le duché de Bourgogne après la mort de Philippe de Rouvre. L’année suivante il est envoyé dans le sud afin d’anéantir les grandes compagnies. Battu, il est fait prisonnier pour la troisième fois.

Il conserve son crédit sous Charles V et occupe les postes de gouverneur de Champagne, de Bourgogne et de Languedoc. Charles V ne parvient à débarrasser le Conseil du Roi de la maison de Melun qu’en 1375. 37

Le pape Innocent VI incite à la négociation

Innocent VI, né Étienne Aubert à Beyssac en Limousin en 1282 et mort le 12 septembre 1362, est évêque de Noyon et évêque de Clermont, puis il fut le 199e pape de l’Église catholique à Avignon de 1352 à 1362, succédant au pape Clément VI (1342-1352). Il est pour beaucoup dans la signature du traité de Brétigny. 38

Pourquoi ce traité ?

Pourquoi Charles n’a pas tenté d’écraser Edouard III en si mauvaise situation ?

Le connétable Robert de Fiennes refuse de se soumettre

Le traité de Brétigny impose au roi de France que Robert de Fiennes, connétable de France, se soumette au roi d’Angleterre Édouard III car sa terre était l’une des douze baronnies du comté de Guînes devant être rendues aux Anglais. Robert de Fiennes refuse.

En 1369, Édouard III envoie le capitaine Robert Knolles s’emparer du château de Fiennes avec 25 000 hommes réunis à Calais. Après quelques jours de siège, les Anglais se retirent, découragés.

La sœur du connétable, Jeanne de Fiennes, assure par son mariage avec Jean de Châtillon la succession de Fiennes et de Tingry vers les Châtillon-St-Pol puis les Luxembourg-St-Pol. 39

Édouard III conserve au seigneur de Mussidan la garde d’Aubeterre

Sur la colline, roc à pic de craie blanche, les seigneurs d’Aubeterre édifièrent au XIIe siècle le château au-dessus de l’église monolithe Saint-Jean. En 1246, le seigneur d’Aubeterre a reconnu le comte d’Angoulême comme son suzerain. En 1278, Pierre V fut dépouillé de la vicomté d’Aubeterre et la reconnut en foi et hommage au comte d’Angoulême. Sa plus jeune fille épousa Pierre Raymond, seigneur d’Ozillac, qui devint ainsi vicomte d’Aubeterre. La famille Raymond conserva Aubeterre pendant tout le XIVe siècle et fut du côté du roi de France contre les Anglais. En septembre 1346, le comte de Derby s’empara de la ville. Le roi d’Angleterre Édouard III confia au seigneur de Mussidan la garde de la ville, qui la conserva en 1360 lors du traité de Brétigny qui rétrocédait l’Angoumois à l’Angleterre, alors que celle-ci avait conservé la Saintonge. Le vicomte Gardrad Raymond, fils de Pierre Raymond, ne fit allégeance au prince de Galles que le 29 septembre 1363. 40

Du Guesclin. Aubeterre-sur-Dronne. 16
Vestiges des remparts. Photo : 27/09/2019.

Le comté de Bigorre est cédé aux Anglais

Le comté de Bigorre est un comté du royaume de France situé dans le duché de Gascogne. Il apparait au IXe siècle. Il est entouré par l’Armagnac et l’Astarac au nord, le Béarn à l’ouest et la chaîne des Pyrénées au sud et le Comminges à l’est. Du temps d’Eschivat de Chabanais, le comte Simon V de Montfort revendique la Bigorre. Après la mort de Simon, son héritier vend ses droits au roi Henri Ier de Navarre, tandis que le vicomte Gaston VII de Béarn revendique la Bigorre au nom de sa fille Constance de Moncade. Il s’ensuit plusieurs procès, qui aboutissent finalement à l’annexion du comté en 1302 par le roi de France.

Au traité de Brétigny (1360), la couronne de France doit céder le comté aux Anglais. Il est reconquis en 1370. Il fait retour en 1425 à Jean Ier de Foix-Grailly, comte de Foix et vicomte de Béarn. Celui-ci porte à partir de cette date le titre de comte de Bigorre. 41

Les familles ennemies de Foix et d’Armagnac qui la convoitent appuient alternativement le jeu des rois de France et celui des Anglais. Du Guesclin vient avec ses Grandes Compagnies, mais les Anglais occupant la Région en application du traité de Brétigny ne cèdent que quand les grandes places fortes de Mauvezin et de Luz sont reprises. Galan n’est pas resté hors du conflit, le village est détruit excepté l’Église qui entourée de fossés fait office de château fort. 42

La Bigorre
Carte des fiefs de Gascogne vers 1150. Source : Wikipédia.

Olivier IV de Clisson est réhabilité en 1360 par le roi de France Jean II en marge du traité de Brétigny. Ce geste vise à désamorcer les sources de conflit entre la France et l’Angleterre et son alliée, la Bretagne.Clisson. Loire-Atlantique.

Olivier V est né en 1336 et commence sa longue et brillante carrière militaire en 1358. Le traité de Brétigny, du 8 mai 1360, rend à Olivier les terres et places de son héritage, qui étaient aux mains du roi de France : la Garnache, Beauvoir et Châteauceaux (Morice p 297). Il n’est pas question de Clisson : on peut donc supposer que ce château était alors gardé par les Anglais, comme d’autres domaines de l’héritage d’Olivier IV (Berthou p 328). 43

Mai. Bernardon de la Salle, l’un des initiateurs des Grandes Compagnies

Il commence sa carrière en 1359, aux côtés de Jean de Grailly, Captal de Buch, capitaine de Charles le Mauvais, roi de Navarre. Il est démobilisé après la paix de Brétigny. Il a 21 ans.

Ces routiers arrivèrent dans la vallée du Rhône, en décembre de la même année. Outre Chefs Bernardon de la Salle, il y avait John Hawkwood, le Petit Meschin, Robert Briquet, l’Espiote, John Creswey, Naudon de Bageran, Lamit, Bataillé et le Bour de Lesparre. Ces routiers, connus sous le nom de Tard-Venus, étaient à la solde d’André de Beaumont, le beau-frère du duc de Lancastre, et de Pierre Vernay, dit l’Anglois, qui avaient pour mission de mettre sur le trône de France un dénommé Jean Gouge (Gianinno Guccio ou Baglioni). Celui-ci prétendait être Jean Ier de France, dit le Posthume, le fils de Louis X le Hutin et de Clémence de Hongrie.

Le Gascon s’illustre dans la nuit du 28 décembre en prenant d’assaut Pont-Saint-Esprit. 44

22 avril. Geoffroi de Rohan évêque de Vannes

Geoffroi de Rohan ou Geoffroy de Rohan est évêque de Vannes de 1360 à 1370 et évêque de Saint-Brieuc de 1370 à 1375. Son frère ainé, Alain VII de Rohan est le 10ème vicomte de Rohan.

Du Guesclin.. Vannes. 56
Remparts et Cathédrale Basilique Saint-Pierre. Photo : 22/04/2017.

Chanoine de Saint-Malo, il est préconisé évêque de Vannes par le pape Innocent VI le 22 avril 1360. Quatre ans plus tard, il voit la bataille d’Auray. Peu après, il est transféré à l’évêché Saint-Brieuc à la demande du duc de Bretagne Jean IV dit le Vaillant, qui n’aimait pas Hugues de Montrelais, son prédécesseur, ni le pape Clément VII, auprès duquel ce dernier se rendait en Avignon, et qu’il ne voulut jamais reconnaitre comme pape légitime, prenant toujours le parti du pape Urbain VI. Mais il n’obtint pas de bulles du pape, puisque son prédécesseur à Saint-Brieuc garde son titre malgré son exil, et que Geoffroi n’eut pas de successeur à Vannes avant sa mort, qui survient en 1377. 45

7 juillet. Gilbert de Domme révoqué de sa charge de sénéchal

En 1281, la seigneurie de Peyruzel appartient à la famille de Domme. Cette famille est une des plus vieilles familles du Périgord. Les travaux de l’abbé de Fouilhac citent un Bernard de Dome, en 1109, cousin de la famille des seigneurs de Gourdon. Gilbert de Domme, seigneur du château de Domme-Vieille, à l’extrémité ouest du plateau où a été construite la bastide de Domme, et de Vitrac, est capitaine du chastel royal du mont de Domme, avant de devenir sénéchal de Périgord pour le roi de France en 1358.

Une dispute avec les consuls de Sarlat va l’amener à participer à un complot contre la ville ce qui lui a valu d’être révoqué de sa charge de sénéchal le 7 juillet 1360. Le vol de biens appartenant aux consuls de Cahors lui a valu d’être excommunié.

Cependant ayant repris le combat contre les Anglais à la demande du régent de France, Charles d’Anjou, futur Charles V, il est de nouveau nommé sénéchal de Périgord en 1369. Il a participé à de multiples actes de bravoures et de brigandages. Il n’est plus sénéchal de Périgord quand Du Guesclin est venu à Sarlat, ni en 1383 quand le château de Domme-Vieille est assiégé par les Anglais, sans qu’on en connaisse les raisons.

Il finit excommunié, ruiné, il a dû vendre ses biens, dont le château de Domme-Vieille, avant de mourir dans la misère. Mort excommunié après 1388, l’église lui a refusé l’enterrement en terre consacrée et son corps repose dans le jardin des pères de Saint-Augustin de Domme. Il a eu comme compagnons d’armes Pons de Beynac, sire de Comarque, et Renaud de Pons. Il a été marié à Marthe de Pons qui a fait son testament en 1384. 46

8 juillet. Louis, fils de Jean II le Bon, épouse Marie de Blois à Saumur

Louis fait une fois de plus preuve de son esprit d’indépendance en se mariant, sans aucune autorisation avec Marie de Blois alors qu’il était promis à une fille du roi d’Aragon. Marie est belle et est un bon parti car elle ouvre sur des droits à la succession de Bretagne, mais Jean le Bon et ses conseillers doivent déployer des trésors de diplomatie pour atténuer l’outrage fait à Pierre le Cérémonieux. Marie de Blois est la fille de Charles de Blois et de Jeanne de Penthièvre. 47

...selon un document conservé dans un registre de la Cour des Comptes de Paris (incipit 1362), ce serait Charles de Blois qui aurait demandé et obtenu du pape la dispense, indispensable à une alliance entre cousins issus de germains, ce qui renvoie peut-être au projet évoqué en 1357.

« Il (‘Louis d’Anjou) épousa, dans sa jeunesse, Madame Marguerite (Marie), princesse d’une beauté remarquable et eut toujours pour elle la plus vive tendresse et respecta jusqu’à son dernier jour la foi conjugale »

affirme dans sa chronique le Religieux de Saint-Denis.

Ce que l’on sait, par ailleurs de la vie de ce couple confirme un attachement très profond. C’est que, si Marie est belle, le prince, lui-même, ne manque pas d’attraits :

« Sa taille surpassait la taille moyenne. D’une constitution robuste et vigoureuse, il avait une large poitrine, un visage gracieux, la barbe et les cheveux blonds…Doué d’une merveilleuse facilité de langage, il savait plaire à tous par son affabilité, sa douceur, son extrême libéralité »

Au demeurant, comme ses frères, prince fastueux, il aime les lettres et les arts ; on lui doit, entre autres œuvres d’art, la commande des tapisseries de l’Apocalypse d’Angers. 48

Du Guesclin. Saumur. 49
Photo : 07/06/2021.

22 septembre. Poitiers est remise à Edouard III

En exécution du traité de Brétigny, en présence de Jean le Maingre, dit Boucicaut, maréchal de France et de John Chandos, dans la grande salle du palais de Poitiers, en une assemblée des échevins et des bourgeois, la ville et la province sont remises par le commissaire du roi de France à celui du roi d’Angleterre.

La capitainerie du château fut confiée à Guillaume d’Appelvoisin, d’une famille déjà ancienne dans le Poitou. 49

La noblesse du Poitou demande l’aide du Dauphin

Écrasée d’impôts, la noblesse du Poitou porta ses plaintes à la cour de France. Édouard fut cité comme vassal à comparaître devant les pairs pour s’expliquer sur ces griefs. Il répondit fièrement qu’il se rendrait à Paris avec 60.000 hommes. La guerre, recommença aussitôt. Chandos assiège et prend, en 1360, par trahison du gouverneur Belon, le château de la Roche-sur-Yon, au moment où il allait être secouru par Amaury de Craon, à la tête d’une armée française. 50

Edouard de Woodstock, le Prince Noir, repousse de Guyenne les Grandes Compagnies qu’il avait engagées une fois signée la paix avec Jean le Bon. Incapable de les contrôler, il doit supporter leurs pillages en Poitou et Berry.

29 septembre. Mort de Jeanne d’Auvergne et de Boulogne

Jeanne d’Auvergne, ou Jeanne de Boulogne, est née le 8 mai 1326, elle est comtesse d’Auvergne et de Boulogne, devenue reine de France par son second mariage en 1350 avec le duc de Normandie, futur Jean le Bon. Elle meurt de la peste, au château de Vadans, en Franche-Comté, près de Poligny. 51

8 octobre. Parthenay devient anglaise

Guillaume VI ou VII, devient Baron de Parthenay en mai 1358. le roi de France Charles V le nomme Lieutenant pour la Touraine, le Poitou et la Saintonge en association avec Jehan Le Meingre dit Boucicaut. Le 8 mai 1360 Charles V signe le Traité de Brétigny avec le roi Edouard III d’Angleterre. Celui-ci redevient suzerain du Poitou et donc du sire de Parthenay. Edouard III charge Jean Chandos de reprendre possession des domaines cédés par le traité de Brétigny. En octobre 1360 Jean Chandos reçoit l’hommage du Seigneur de Hérisson qui agit pour le compte de Guillaume VII de Parthenay. Celui-ci est alors en pèlerinage à Jérusalem. Le roi d’Angleterre confirme les coutumes, franchises et libertés antérieures. 52

Chinon reste au roi de France, mais Thouars et Parthenay passent aux mains des Anglais.

Du Guesclin. Parthenay. 79
Le pont fortifié Saint-Jacques. Photo : 08/05/2016.

24 octobre. Robert Knolles doit quitter Malicorne suite à la signature du traité de Brétigny. 53 Ce qu’il fait de fort mauvais gré car les Auxerrois lui devaient toujours la rançon de 40 000 florins qu’ils lui ont promise en échange de ce qu’il n’a pas détruit la ville, et ni le roi Jean ni celui d’Angleterre ne daignent le soutenir dans ses efforts pour mettre la main sur ce pactole. Fort fâché, il quitte Malicorne après y avoir tout détruit, village et château, ainsi que tout ce qui était à portée de sa main aux alentours. 54

Du Guesclin. Malicorne. 89
Notre-Dame-de-l’Assomption. Poutre de gloire et trois statues en bois datant des 15e et 16e siècles. Photo : 07/03/2022.
Du Guesclin. Malicorne. 89
Motte et douves près de l’église. Photo : 07/03/2022.

24 - 26 octobre. Le Traité de Brétigny est ratifié à Calais par les rois Jean II de France et Édouard III d’Angleterre.

Charles ratifie les accords décidés à Brétigny. Il a 22 ans. 55

Eustache d’Auberchicourt fait partie des signataires. Il part en Normandie tenir garnison à Carentan pour le compte de Charles le Mauvais, et s’y livre à nouveau à des pillages.

24 octobre. Édouard III charge Guillaume de Grantson et Nicolas de Tamworth de faire évacuer les forteresses de Champagne, de Brie, des duché et comté de Bourgogne, de l’Orléanais et du Gâtinais.

Thomas Fogg et Thomas Caun celles du Perche, du Chartrain, et du Drouais.

Le sire de Pommiers, Bérard et Arnaud d’Albret celles du Berry, du Bourbonnais, de la Touraine et de l’Auvergne.

Amauri de Fossat et Hélie de Pommiers celles du Périgord, du Quercy et de l’Agenais.

Le captal de Buch Jean de Grailly, le sire de Montferrand et Thomas de Holland, celles de la Normandie, de l’Anjou et du Maine. 56

25 octobre. Libération de Jean II le Bon à Calais

Jean-Médéric Tourneur-Aumont prend la défense de Jean II et décrit les relations entre Jean II et Édouard III. 57

26 octobre - 29 octobre. Jean le Bon est à Boulogne.

Louis, deuxième fils de Jean II le Bon et frère du Dauphin Charles, reçoit le droit d’hérédité sur son apanage d’Anjou, ainsi que le titre de duc et pair, son budget propre, sa Chambre des Comptes et le droit de nommer les hauts officiers royaux. 58

Du Guesclin. Angers. 49
Le château. Photo : 12/10/2006.

Jean de Berry otage des Anglais

Libéré à l’automne 1360, après versement d’une part de sa rançon, le roi Jean le Bon accorde à son troisième fils Jean, le Berry et l’Auvergne, érigés en duchés-pairies.

Du Guesclin. Bourges. 18
Cathédrale Saint-Étienne. Orant de Jean de Berry. Photo : 20/05/2022.

Mais ledit Jean ne peut rentrer définitivement à Paris qu’en février 1366. 59 Et la reconquête de son Poitou va s’échelonner de 1369 à 1375. 60

Jean est apanagé comte-pair de Poitou en juin 1357 puis 1er duc-Pair de Berry en octobre 1360 par son père.

Jean de Berry est donné en otage aux Anglais lorsque le roi revient en France et il reste prisonnier en Angleterre jusqu’en 1367. 61

Lorsque fut signé en 1360 le calamiteux et humiliant traité de Brétigny, l’Angleterre stipula que les forteresses du Berry et du Bourbonnais seraient restituées au roi de France, Jean le Bon ; beaucoup de ceux qui les détenaient ne voulurent pas les rendre, et les plus tenaces furent les soldats de fortune qui disaient les garder par ordre du roi de Navarre, Charles le Mauvais.

Jean, pour dédommager son troisième fils auquel il enlevait le Poitou pour le donner aux Anglais, détacha le Berry de la couronne, et le lui donna en apanage. C’était presque défaire ce qui avait coûté tant d’efforts, d’argent et de ruse à Philippe Ier et à Saint-Louis.

A cette occasion, la province fut érigée en duché-pairie, et, depuis lors, elle resta l’apanage des enfants royaux, sauf à revenir à la couronne quand se produirait un manque d’héritiers mâles. 62

En 1360, Jean de Berry épouse Jeanne d’Armagnac, fille du comte d’Armagnac, Jean Ier et de la comtesse de Charolais, Béatrice de Clermont. Cinq enfants sont issus de cette union, dont Jean II de Berry (1363-1401), comte de Montpensier (1386-1401). Jeanne d’Armagnac meurt en mars 1387. 63

Bourges devient la capitale du duché de Berry.

Ce grand seigneur, fils, frère, et oncle de roi, pair de France, développe dans sa capitale une cour fastueuse. Il attire dans la ville de nombreux artistes parmi les plus brillants de son temps. Ces grands chantiers marquent profondément la ville. Son plus grand ouvrage est la construction d’un palais ducal (grand palais) bâti sur les restes de la muraille gallo-romaine, et en continuité des restes d’un palais plus ancien appelé le petit palais (ancien palais des vicomtes de Bourges dont la construction primitive remonterait à Pépin le Bref). Ce palais est rattaché par une galerie (galerie du Cerf) à la Sainte-Chapelle (ou chapelle palatine). De ces édifices ne subsistent que deux des salles d’apparat du grand palais (actuel conseil général), le petit palais méconnaissable sous une façade replaquée au XIXe siècle (actuelle préfecture).

La Sainte-Chapelle a été complètement détruite ; certaines de ses verrières furent néanmoins placées dans les vitraux de l’église basse de la cathédrale.

D’autres éléments montrent l’importance que joua ce prince mécène pour Bourges, dont le vitrail central de la façade occidentale de la cathédrale (grand housteau), le célèbre manuscrit des Très Riches Heures du duc de Berry, l’horloge astronomique située à l’origine sur le jubé de la cathédrale (la première de France). 64

Du Guesclin. Bourges. 18
La cathédrale Saint-Étienne, 12e et 13e siècles. Photo : 10/11/2017.

En 1212 le roi de France, Philippe-Auguste, envoie une armée en Auvergne et dépouille Guy II de presque tout son comté. L’Auvergne tombe à la suite du siège de Tournoël en 1213. Les territoires confisqués, qui représentent la plus grande partie de l’Auvergne, sont annexés au domaine royal et nommés « Terre d’Auvergne ».

Ainsi, à partir du début du XIIIe siècle, l’ancien comté d’Auvergne se trouve morcelée en quatre entités politiques aux statuts inégaux : le comté d’Auvergne, petite région centrée sur Vic-le-Comte, le Dauphiné d’Auvergne, région située à l’ouest d’une ligne Clermont-Issoire, la seigneurie épiscopale de Clermont, propriété de l’évêque de Clermont et la Terre d’Auvergne qui devient en 1360 le duché d’Auvergne avec Riom pour capitale. 65

Jean de Berry obtient l’Auvergne à titre d’apanage, en 1389 il épouse Jeanne, fille du comte d’Auvergne, il fait construire de nombreux châteaux. Sa fille Marie, épouse Jean, duc de Bourbon, à partir de là le destin de l’Auvergne est associé à celui du duché de Bourbon. 66

Du Guesclin. Bourges. 18
Cathédrale Saint-Étienne. Orant de Jean de Berry. Photo : 20/05/2022.

Jeanne II d’Auvergne née en 1378 et morte en 1424, dite Jeanne de Boulogne, est comtesse d’Auvergne et comtesse de Boulogne par succession paternelle. Elle est duchesse de Berry et d’Auvergne puis comtesse de Guînes par ses deux mariages. Âgée de douze ans, elle est contrainte d’épouser le duc de Berry qui dépasse la cinquantaine, Jeanne récupère ses fiefs du Berry mais en apporte la suzeraineté à Jean de Berry par mariage. 67

Du Guesclin. Bourges. 18
Orant de Jeanne II d’Auvergne. Photo : 20/05/2022.

Philippe II le Hardi, quatrième fils de Jean II le Bon, est appelé un temps Philippe « sans terre » mais son père le récompense au retour de sa captivité londonienne en lui donnant la Touraine en apanage. Il a 18 ans. À sa majorité, en 1363, le roi lui concède le duché de Bourgogne. 68

Philippe le Hardi
Source : Wikipédia.
Le duché de Bourgogne
Le duché de Bourgogne et le royaume d’Arles aux XIIe et XIIIe siècles.
Du Guesclin. Dijon. 21
Le palais des ducs et des états de Bourgogne. Musée. Photo : 29/09/2013.

Octobre. Raymond de Mareuil coupable d’homicide

Né vers 1330-1340, seigneur de Mareuil, Bourzac, Villebois, Vibrac et Montmoreau, Raymond de Mareuil est coupable en octobre 1360 d’homicide à Châteauneuf-sur Charente. 69

Édouard de Woodstock au château de Bouteville

Bouteville est proche de Châteauneuf-sur-Charente.

Lors du traité de Brétigny qui rend l’Angoumois à l’Angleterre, Bouteville devient par l’entremise de Jean Chandos l’une des neuf châtellenies de la sénéchaussée de l’Angoumois - l’une des treize de l’Aquitaine - avec Angoulême, Villebois, Merpins, Jarnac, Cognac, La Tour-Blanche et Aubeterre. Le Prince Noir qui résidait souvent à Angoulême venait souvent au château. 70

Du Guesclin. Bouteville. 16
Photo : 27/09/2019.

La Vicomté de Thouars passe sous la tutelle anglaise

Jean de Chandos prend possession de la ville le 3 novembre 1361. La Vicomtesse Jeanne prête serment de fidélité au Roi d’Angleterre en 1363. Louis 1er de Thouars meurt à Talmond le 7 avril 1370. C’est sa fille ainée Peronnelle qui est son héritière car ses fils sont morts, Jean en 1355 et le second, Simon de Thouars, Comte de Dreux en 1365. 71

Du Guesclin. Thouars. 79
Photo : 15/08/2013.

5 décembre. Ordonnance de création du « Franc à cheval »

A Compiègne, le roi Jean II crée une nouvelle monnaie, le « franc », de même valeur que la monnaie existante, la livre tournois.

Premier franc dit « franc à cheval »
Le « franc à cheval » de Jean le Bon. Wikimedia Commons.

Il succède à la livre tournois, qui fut l’unité de compte de l’Ancien Régime, le franc n’étant alors qu’une monnaie de règlement. Les premiers francs furent frappés à Compiègne le 5 décembre 1360, pour aider à payer la rançon du roi Jean II.

Le régent Charles fit fabriquer une nouvelle pièce, un écu d’or, dénommée plus tard le « franc à cheval », pesant 3,87 g d’or fin équivalant à 1 livre tournois ou 20 sols. Cette monnaie fut taillée à raison de 63 pièces dans un marc d’or fin de 244,75 g.

Le roi y est représenté sur un destrier, armé d’un écu à fleur de lys et brandissant l’épée, avec, inscrit dans la légende, le terme « Francorum Rex », c’est-à-dire : Roi des Francs. 72

Nuit du 27 au 28 décembre. Les Grandes compagnies prennent Pont-Saint-Esprit

Le pont sur le Rhône relie la Provence au Languedoc, c’est un point stratégique. Il a 25 arches, mesure 919 mètres de long et a été construit de 1265 à 1309. Le Pont du Saint-Esprit a la majeure partie de sa structure sur la commune de Lamotte-du-Rhône. 73

Du Guesclin. Pont-Saint-Esprit. 30
Vestiges de la citadelle. Photo : 21/05/2022.

Bernardon de la Salle s’illustre dans la nuit du 28 décembre en prenant d’assaut Pont-Saint-Esprit. Face à sa fougue, le Sénéchal de Beaucaire, Jean de Souvain, qui dirige la résistance, se casse une jambe en tombant d’un des hourdages de bois des remparts. « Ce dont fut pitié, car ils y occirent tant maint preudommes et violèrent tant maintes dames et demoiselles, et y confirent si grant avoir que sans nombre, et grande pourveance, pour vivre un an tout entier » nous a confié Froissart. 74

Du Guesclin. Pont-Saint-Esprit. 30
Église Saint-Pierre, 12ème, remaniée 18ème. Sur le Rhône. Photo : 21/05/2022.

Bertrand du Guesclin au service du Dauphin

Bertrand du Guesclin est lieutenant de Normandie, d’Anjou et du Maine. Il est fait Chevalier de Pontorson et Capitaine de Normandie et passe au service du Dauphin Charles. Il est chargé de protéger ce territoire et les frontières issues du Traité. Il surveille les terres de ceux qui sont otages.

Il est qualifié « chevalier » dans un sauf-conduit du roi d’Angleterre, daté de Westminster, du 4 février 1360, et dans des lettres du duc d’Alençon, du 21 juillet 1361. 75

Jehan de Parcevaux parait à la montre passée par Duguesclin à Pontorson, Manche. 76

Philippe de Navarre combat aux côtés de Bertrand du Guesclin

Le 19 septembre 1356, lors de la bataille de Poitiers, il combat sous les ordres du Prince Noir à la tête des Navarrais. À la paix de Brétigny entre Français, Anglais et Navarrais, Philippe de Navarre jure la paix. Son frère le roi de Navarre en fait son lieutenant général pour les terres qu’il a en France et en Normandie. Réconcilié avec le roi de France, Philippe combat aux côtés de Du Guesclin. 77

Olivier V de Montauban épouse Mahaud d’Aubigné

C’est le fils aîné de Olivier IV et de Jeanne de Malesmains, il devint chevalier banneret et seigneur de Montauban, de La Gacilly, de Gouneville, de Romilly, de Quinéville, de Marigny, de Tuboeuf, de Craon, de Brisolette, de la Bréchardière, puis, de par son mariage, de Landal et d’Aubigné. 78

C’est lui qui commence à restaurer le château de La Gacilly, les travaux seront continués par sa veuve.

Bertrand du Guesclin a des liens familiaux avec Olivier V de Montauban.

Henri de Trastamare se réfugie en France, il a 26 ans

Henri de Trastamare, demi-frère de Pierre Ier de Castille, le Cruel, auquel l’opposa la première guerre civile de Castille, voyant s’étoffer son parti au fur et à mesure des exactions de son demi-frère décide d’attaquer en 1360 et se rend maître de la cité de Nájera. 79

Du Guesclin. Nájera. Espagne
Paysage près de Nájera. Photo : 19/06/2018.

Au cours de la prise de la ville, Jean Fernandez de Hinestrosa, oncle de María de Padilla et favori de Pierre Ierde Castille, trouve la mort. En représailles, Pierre Ier fait mettre à mort deux des frères d’Henri et envoie ses troupes à Nájera dès le mois d’avril.

Henri de Trastamare est battu et doit se réfugier dans la ville. Inexplicablement, Pierre le Cruel ne met pas le siège devant la cité et retourne à Séville.

Henri de Trastamare se réfugie en France pour en revenir quelques années après, en 1364, accompagné de Bertrand du Guesclin et des Grandes compagnies, et envahir le royaume de Castille. 80

Les Anglais sont chassés de La Châtre

En 1360, les Anglais sont chassés de la ville par le sire de Sarzay. 81

Du Guesclin. La Châtre. 36
Actuellement musée. Photo : 03/09/2019.
Du Guesclin. La Châtre. 36
L’électricité, oui, les fils, non ! Photo : 03/09/2019.

Jean Ier de la Jaille garde Loudun

Prisonnier à Poitiers (1356), il paie rançon et entre au service du duc d’Anjou, frère de Charles V, qui lui donne la garde de Loudun (1360). Jean refuse de remettre son commandement au comte de Tancarville, par une interprétation hardie de la parole donnée. Le roi l’approuve et l’en félicite. 82

Du Guesclin. Loudun. 86
Porte du Martray. Photo : 20/09/2018.

Mort de Jehan Ier de Coetquen

Les sires de Coetquen étaient encore plus puissants que ceux de la Bellière, leurs voisins de la Vicomté. Après Raoul II et Guillaume II de Coetquen, leur descendant Jehan Ier de Coetquen accompagne Du Guesclin et combat pour Charles de Blois, au service duquel il est fait prisonnier et conduit en Angleterre, où il meurt en 1360. Son fils Raoul III épousa Marie de Guébriac. 83

Bertrand du Guesclin chasse les Anglais de Chenonceaux

Au XIIIème siècle, le Seigneur de Marques, vassal d’Amboise, occupe le fief de Chenonceaux et celui de Houdes tout à coté. En (1360) Du Guesclin en chasse les soudards Anglais, qui malgré le traité de Brétigny s’y maintenaient. 84

Bertrand du Guesclin assiège Gageac

En 1360, Du Guesclin en fait le siège pendant cinq jours. Les Anglais n’ayant pas prévu suffisamment de nourriture se rendent sans combattre. 85

Bertrand du Guesclin prend le château de Bonneval

C’est à la suite du démantèlement de cette formidable citadelle, en 1242, que Coussac recouvre un rôle stratégique de premier plan : verrou du grand chemin de Limoges à Ségur et au Bas-limousin, le bourg devient, après les traités de Brétigny-Calais, l’un des enjeux des luttes franco-anglaises dans la région.

Contrôlant les routes Limoges-Brive et Méditerranée-Armorique au sud des Monts du Limousin, le château de Bonneval surplombe le bourg de Coussac. De fait, au début de la guerre de Cent Ans, Jean Ier, époux d’Alix de Montbrun, restaure et fortifie le château primitif, contraignant ainsi Du Guesclin à s’en emparer par la ruse en 1360, avant de le rétrocéder à Aymeric de Bonneval en 1363. 86

Son aspect n’a guère changé depuis 1360 époque à laquelle Duguesclin s’empara par ruse de la forteresse. Il en fit don à son ami Pierre de la Roche Rousse. Ce fut le seul moment où le château sortit de la famille de Bonneval, de 1360 à 1363. À cette date Aymeric de Bonneval prête hommage à Charles V et celui-ci lui rendit le château. 87

Pendant la Guerre de Cent Ans, plusieurs membres de cette illustre famille prirent cependant le parti de l’Angleterre. Ce fut le cas de Jean III, seigneur de Bonneval, qui se rangea avec ses frères dans le camp anglais, puisque le traité de Brétigny (1360) venait de les assujettir à l’Angleterre. Les Bonneval furent déclarés alors en France « ennemis et rebelles » et leurs biens meubles furent donnés au connétable Bertrand du Guesclin. Mais en en 1373, un autre Bonneval (Aymeric) rentra avec ses frères sous l’obéissance du roi de France Charles V. 88

Thomas de Woodstock reçoit Villeneuve-la-Comtesse

Thomas de Woodstock - né le 7 janvier 1355 et mort le 8 septembre (ou 9) 1397 à Calais - est le douzième et dernier enfant du roi d’Angleterre Édouard III et de la reine Philippa de Hainaut. 89

Le château de Villeneuve-la-Comtesse est situé au sud du village. Du XIVe siècle, il est remarquable par son donjon imposant de 10 mètres de côté. Il est construit sur un terre-plein de 48 mètres sur 58 mètres entouré de fossés de 15 mètres de large maintenant en partie comblés. Le châtelet d’entrée carré de 10 mètres de côté est au centre de la façade nord. Il est encore haut de 18 mètres bien qu’ayant été dépossédé de ses créneaux et de ses mâchicoulis en 1848. D’après les archives il était haut de près de 28 mètres. L’entrée s’y faisait par le pont-levis et une poterne. Deux tours de 4 mètres de diamètre et 10 mètres de hauteur sont aux angles sud-est et sud-ouest et les courtines sud, est et ouest de 10 mètres de hauteur forment avec elles et le donjon l’enceinte qui pourrait remonter au XIVe siècle. Le bourg est créé au Moyen Âge lors des défrichements de la forêt de Chizé.

La châtellenie de Villeneuve devient anglaise, en 1360, et la propriété d’Edouard III qui transmet Villeneuve à son fils, Thomas de Woodstock. 90

Du Guesclin. Villeneuve-la-Comtesse. 17
Le château du 14e siècle. Photo : 02/01/2019.

Robert de Fiennes, dit Moreau, reprend Auxerre

Né vers 1308 au château de Fiennes, dans le Boulonnais, il est le 28e connétable de France. Il seconde le Dauphin (le futur Charles V) dans ses efforts contre les Navarrais, lors de la Bataille d’Amiens, en 1358 et contre les Anglais, reprit Auxerre en 1360, et chasse les Grandes compagnies de routiers de Pont-Saint-Esprit, de Frontignan, de La Charité (1361-1365).

Après la signature du traité de Brétigny, qui cède aux Anglais le territoire où se trouvait sa baronnie de Fiennes, il refuse l’hommage au roi étranger et soutient un siège dans son château contre 25 000 hommes (1369). Il se démet en 1370 de la dignité de connétable, et la fait déférer à Bertrand du Guesclin. Il meurt vers 1385. 91

Jean de Montagu fils illégitime de Charles V ?

Jean de Montagu est le fils légal de Gérard de Montagu (lui-même fils de Robert le Gros dit Montagu, de la famille des le Gros), un des secrétaires du roi Charles V, et de Biette de Cassinel, sœur de Ferry Cassinel, l’archevêque duc de Reims et pair de France.

Il y a eu beaucoup de littérature contradictoire écrite sur lui, principalement au XIXe siècle. Cela a causé confusion quant à savoir s’il était le fils illégitime de Charles V ou pas, issu d’une liaison amoureuse très publique que le dauphin avait avec sa mère Biette (il porte les armoiries de sa famille en public), connue pour s’être produite après 1360, contrairement à ce que certaines autres sources affirment, quand Charles s’est éloigné de sa femme pendant un certain temps après le retour de son père de captivité quand il est relevé des responsabilités du gouvernement, et avant son retour et sa mort en Angleterre en 1364, quand Charles reprend le contrôle du gouvernement.

C’est connu, avant son retour et son dernier voyage en Angleterre, que le roi Jean anoblit le secrétaire royal de confiance Gérard de Montagu par lettres données à Amiens en décembre 1363, pour oindre le nouveau couple loin de la dangereuse ville de Paris (la Grande Jacquerie se déroula quelques années avant) qui élèvera le fils à naître Jean. En effet le dauphin Charles n’avait eu que deux filles mortes en bas âge avec sa femme, avant de la quitter pour Biette en 1360, et n’avait pas encore de fils et héritier légitime. Il est ainsi retourné à sa femme.

Un certain nombre d’années plus tard, quand Jean de Montagu atteint l’âge adulte, le roi Charles V prend le jeune homme comme secrétaire, puis comme conseiller, et lui enseigne les façons du gouvernement avant sa mort en 1380. Jean devient un ami très intime et conseiller du jeune Charles VI. 92

Lucien Merlet. Pages 252-253. Jean II de Montagu l’aîné naquit au plus tard en l’année 1349 ou 1350. On prétendit que sa grande fortune était due à ce qu’il était le fils naturel de Charles V. On sait de plus qu’il eut pour parrain Jean, depuis roi de France en 1350, alors que ce prince n’était encore que duc de Normandie. Ainsi Charles V n’avait que douze ou treize ans lors de la naissance du grand maître. Quoi qu’il en soit, si Jean de Montagu n’est pas le fils de Charles V, on ne peut nier que la beauté de Biette de Cassinel n’ait été pour quelque chose dans la grande fortune de son mari et de son fils.

Lucien Merlet. Page 254. Ce fut dans les premières années du règne de Charles VI que Jean de Montagu se maria avec Jacqueline de la Grange, alliance qui montre combien déjà était grande sa puissance, et qui contribua encore à augmenter son crédit. Jacqueline de la Grange était la nièce du fameux Jean de la Grange, cardinal d’Amiens et premier ministre de Charles V, qui, ayant apprécié les qualités du secrétaire du roi, ne dédaigna pas de lui offrir une alliance avec sa famille.

Jean II de Montagu connait une belle carrière sous Charles VI.

Lucien Merlet. Page 277. Octobre 1409. L’exécuteur Pierre du Préau lui trancha la tête du premier coup de hache et la mit aussitôt au bout d’une lance ; de là, il fit pendre le tronc par les aisselles au gibet de Montfaucon : mais il ne fit aucune mention des causes de la condamnation, comme c’est la coutume. 93

Honfleur, forteresse redoutable, et port de guerre important

« Au XIVesiècle, la marine honfleuraise est assez puissante pour armer cinq nefs, montées par cinq cent quarante hommes, qui prirent part à la bataille de l’Ecluse (1340). A la suite de ce désastreux combat, les amiraux décidèrent de défendre l’embouchure de la Seine, et d’entourer Honneur de travaux de fortification, ce qui d’ailleurs n’empêcha pas quelques temps après, la prise de la ville par les bandes anglo-navarraises.

Elle ne fut délivrée que par le traité de Brétigny (8 mai 1360). Charles V, redevenu maître de la place, acheva de la fortifier, et y établit une garnison à demeure. Il rendit la seigneurie à la famille Bertrand de Roncheville, mais conservant la souveraineté, appela comme gouverneur Jean de Vienne.

Le souvenir de ces mesures royales, qui allaient donner à Honneur une importance militaire considérable, est conservé dans la partie inférieure d’un vitrail de Saint-Etienne, où l’on aperçoit les ouvriers travaillant aux murs des remparts. A partir de cette époque, Honneur fut divisée en trois quartiers distincts, encore aujourd’hui nettement séparés.

La petite église Saint-Etienne, où nous nous trouvons, a été bâtie en 1369.

Honneur, devenu une forteresse redoutable, et un port de guerre important, excita la convoitise des Anglais. » 94

Du Guesclin. Honfleur. 14
Le Vieux Bassin et la Lieutenance. Photo : 19/07/2013.

Le pape Urbain V décide de la construction de Saint-Privat

La cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Privat de Mende. L’église, dont la construction fut décidée dans les années 1360 par le pape Urbain V, a succédé à trois autres sanctuaires, le premier d’époque mérovingienne, le second préroman, l’avant-dernier roman. 95

Guillaume de Grimoard, Urbain V est né en 1310 à Grizac. 96

300 kilomètres de Mende à Moulins en 2019

Du Guesclin. Mende. 48
La cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Privat. Photo : 23/04/2019.

Charles V et le Louvre

...c’est sous Charles V, dans la deuxième moitié du XIVe siècle, que le palais devient résidence royale. Après avoir réprimé la révolte du prévôt des marchands Étienne Marcel, il construit, entre 1360 et 1383, un nouveau rempart pour protéger la ville qui, depuis Philippe Auguste, s’est alors considérablement développée hors de cette précédente enceinte. Le Louvre, auparavant situé à l’extérieur de la muraille de Philippe-Auguste, est inclus dans ce nouveau système défensif. Le château prend alors une double fonction : en plus de son rôle protecteur, il devient l’une des résidences du roi et de la cour, avec le château de Vincennes, l’hôtel Saint-Pol dans le Marais et le palais de l’île de la Cité dont la fonction est plus « administrative » et notamment judiciaire avec l’installation du Parlement de Paris.

Charles V fait construire par Raymond du Temple les ailes est et nord, aménager et surélever les ailes sud et ouest.

Drouet de Dammartin et son frère Guy de Dammartin sont intervenus comme sculpteurs sur la Grande vis. Drouet de Dammartin est devenu plus tard l’architecte du duc de Bourgogne pour lequel il construit la chartreuse de Champmol, fait ici ses premières armes de sculpteur et d’architecte. Guy de Dammartin a été l’architecte du duc de Berry pour lequel il supervise toutes ses constructions. 97

Jeanne de Rochefort épouse Eon de Montfort

Jeanne de Rochefort, sœur de Thébaud de Rochefort, épouse en 1360, Eon de Montfort qu’elle perd en 1373 (Dom Morice, Preuves Tome II, 39, 57). Elle se remarie en 1374 à Jean II Seigneur de Rieux, qui prendt le nom et les armes de Rieux-Rochefort, a 9 enfants, perd son mari en 1417, et meurt le 3 mai 1423, après avoir recueilli Rochefort, Donges, Châteauneuf et Ancenis. 98

Bertrand II de Saint-Pern épouse Catherine de Champalaune

Bertrand II de Saint-Pern, seigneur de Ligouyer, épouse Catherine de Champalaune, dame dudit lieu en Pacé. Bertrand, fils du précédent Bertrand, filleul de Bertrand du Guesclin, commandant en deuxième de sa compagnie de 100 lances, caution du futur connétable, avec les sires de Matignon et de Montbourcher, à Auray en 1365, fait qui lui valut, en 1371, le gouvernement de la Roche-Derrien. 99

Démolition du château de Montchaton

Charles II, dit le Mauvais, roi de Navarre, ayant hérité de Louis, comte d’Evreux, frère de Philippe-le-Bel, devint très puissant en Normandie. C’est ainsi qu’il se trouva en possession du château de Montchaton ; mais les partisans du roi de France le troublèrent dans sa possession. Alors un Thieuville prit cette seigneurie à fief du roi de Navarre ; il paraît qu’il eut beaucoup à souffrir de la haine que le peuple avait pour Charles le Mauvais ; car, deux fois, en 1345 et 1346, le château de Montchaton fut brûlé. En 1360, il fut démoli à la demande des habitants du pays qui craignaient de voir le roi de Navarre s’en saisir encore, et les pierres qui en provinrent, furent portées à Regnéville, et servirent à la construction du château. 100

Naissance d’Aymerigot (ou Mérigot) Marchès

Aymerigot (ou Mérigot) Marchès (Marcheix) (vers 1360-1391) est capitaine de « routiers » durant la guerre de Cent Ans. Tristement célèbre pour ses exactions, ce personnage est cité par le chroniqueur Froissart. D’une famille noble, à l’origine co-seigneur de Noblat, il peut être considéré comme un bandit de grand chemin. 101

Guy Brumor de Laval est libéré par Bertrand du Guesclin

Guy "Brumor", fils de Foulques, épouse successivement Jeanne de Montmorency sa cousine au cinquième degrés (contrat de mariage le 29 septembre 1358 à Paris BB Laval n° 701), puis Thiphaine de Husson, nièce de Bertrand du Guesclin. C’est un guerrier, héros de sa famille. Son fils Guy II nait de son second mariage.

Il épouse ensuite Tiphaine (ou Tiphanie) de Husson, dite aussi Étiennette, dame de Ducé, fille de Fralin de Husson, chevalier, seigneur de Champservon, et de Clémence du Guesclin, sœur du connétable Bertrand Du Guesclin. 102

Guy Brumor de Laval sert contre les Anglais ; il est fait prisonnier par Guy de Graville, capitaine d’Évreux. Bertrand Du Guesclin ayant pris, en 1360, Guillaume de Graville, père de Guy, à la bataille de Cocherel, l’échange contre Guy, son neveu. 103

Yvonig Gicquel situe avec détails le personnage breton dans le contexte de guerre entre la France et l’Angleterre. Il explique clairement ses changements d’alliance, les mariages d’intérêt, sa volonté d’être un contre-pouvoir à Jean de Montfort, les acquisitions de seigneuries, le développement de ses activités commerciales. Il montre comment Olivier de Clisson, l’« éborgné » d’Auray, s’est hissé au titre de connétable de France en 1380 et au premier rang des seigneurs bretons. Dans quel but ? devenir le régent de la Bretagne, le duc. Yvonig Gicquel devait être un spécialiste de la monnaie, aux pages 173 à 201 et 285 à 304, il parle de la fluctuations des monnaies, de l’évolution du prix de l’or et de l’argent, de la fortune d’Olivier de Clisson. Bertrand du Guesclin est cité dans une bonne vingtaine de pages. On sent qu’Yvonig Gicquel regrette qu’Olivier de Clisson ne soit pas aussi célèbre que Bertrand du Guesclin. 104

Olivier de Clisson
Yvonig Gicquel. Olivier de Clisson. Jean Picollec. 1981. 330 pages.
Olivier de Clisson
Yvonig Gicquel. Olivier de Clisson. Jean Picollec. 1981. 330 pages.