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De Saint-Rémy-de-Provence à Lançon-Provence

20 mai 2016

Saint-Rémy-de-Provence (13), départ 6 heures.

Réveil à 5h30. Une nuit pas terrible, un conduit de ventilation passe, à l’extérieur, près de la fenêtre de la chambre. C’est certainement pour cette raison, ajoutée à la pression de Charly, que je me réveille si tôt. 6h, le ventre vide, je quitte Saint-Rémy-de-Provence, encore endormie. Pour un passionné d’archéologie, achever le voyage ici est un luxe, c’est un vrai plaisir de découvrir les Antiques au soleil levant. A proximité il y a le fabuleux site de Glanum, mais qui n’est pas visible de la route. Je l’ai visité, il y a quelques années.

Les Antiques face à Glanum

Une reconstitution de la chambre de Van Gogh est installée à la Maison de santé Saint-Paul-de-Mausole. L’altitude est de 114 mètres. Les bords de route sont balisés par des bornes de calcaire que l’érosion des pluies et du gel a attaquées, des fossiles de coquillages apparaissent. Ce soir, le maire de Lançon-Provence me dira que ce ne sont pas des bornes mais des menhirs provençaux !

Le massif des Alpilles

7h30, c’est la fin de l’ascension et de la traversée des Alpilles. Le vent est fort mais arrière, il facilite la marche. Aucun échauffement en vue.

Au sommet des Alpilles

Je passe devant le célèbre vignoble du Mas de la Dame. Les Baux-de Provence sont à ma droite, on les distingue très bien. 7h30, je suis à Maussane-les-Alpilles, sur le panneau d’accueil, je constate qu’il y a un site archéologique à la Burlande et un autre au Paradou. Je ne les connais pas, un but de visite lors d’une prochaine occasion. Pause-déjeuner, tortillons, chocolat, café. 8h30, départ en direction de Mouriès. Les bordures de route sont coupées, plus de fleurs. De nombreux lieux-dits portent le nom de « mas » dans la région. Les fossés sont jonchés de détritus divers, des bières, vides, bandes de plastique, au niveau de l’entreprise Acoro. La route est très fréquentée par des véhicules, elle est taillée en ligne droite, sans grand intérêt, hormis les bénéfices de la marche. La végétation est déjà bien sèche, les fleurs de moins en moins nombreuses, j’en ai mal aux plantes...de pied. Dès que je piétine des plantes, c’est une multitude de parfums qui s’en dégage, l’aneth domine. C’est stimulant cette odeur anisée, c’est vraiment le sud. Je frotte mes chaussettes avec l’aneth et le thym, hum, c’est vraiment mieux.

Je ne pense pas avoir perdu mon temps

Un chemin à gauche baptisé « Chemin du temps perdu », c’est le choc. Alors que j’arrive au terme de ma balade initiatique, lire cela me coupe les bras et les jambes. Aurais-je fait tout ce chemin pour rien, serait-ce vraiment du temps perdu ? Impossible, je n’ose même pas me concentrer sur le sujet. Et me voilà maintenant perdu dans mes réflexions. Cette marche, pourquoi, pour quoi, pour qui ? A faire des découvertes, géographie, paysages, topographie, odeurs, musique des oiseaux, flore, faune, végétation, géologie, histoire, architecture, de l’exercice physique, des rencontres... non, ce n’est pas possible que ce soit du temps perdu. Du temps passé, enrichissant, oui, mais pas perdu. Il faudrait arracher ce panneau ou changer le nom traumatisant de ce chemin.

Allée de platanes au centre de Mouriès

9h50, je suis à Mouriès, 13, Bouches-du-Rhône. Pas de gros platanes dans la rue principale, comme c’est le cas dans la rue commerçante du centre. Une terrasse ombragée m’invite à la pause-café. Je repars. Un dernier conseil technique pour enfiler le sac à dos. Par la bretelle, amener le sac dans le dos, baisser le bras droit, main tournée vers le haut, soulever le sac et bien le positionner, bretelle sur l’épaule, cela se fait sans effort mais efficacité. Autre conseil, il est pratique d’avoir un petit sac porté devant, sur le ventre, pour contenir les objets souvent utilisés, appareil photo, coffre-fort, carte routière, téléphone...l’urgent, l’indispensable. Cette solution évite d’avoir à enlever trop souvent le sac à dos. Mais attention aux frottements des sangles du sac et de l’appareil photo sur le cou. Cela s’évite en conservant son gilet à capuche. Dans les poches latérales du sac à dos, vous pouvez mettre le couteau, le cure-dent, votre bouteille d’eau et votre bâche à pluie.

A la sortie de Mouriès

A la sortie de Mouriès, je vise un monsieur, seul dans son camping-car, orienté dans la direction qui m’intéresse. Je m’en approche et lui demande s’il va vers Salon-Provence, une trentaine de kilomètres, ma dernière étape à pied, normalement. Il me répond qu’il se promène dans la région et qu’il ne sait pas exactement où il va, qu’il n’a pas de destination précise. C’est parti en camping-car. Je lui explique que j’arrive de Neuvéglise et que je me rends chez des amis à Lançon-Provence. C’est mon 11ème jour de marche. Il accepte de m’y amener. On essaie de trouver de l’essence en route, c’est la grève, pas facile d’en avoir. Avec la pénurie, il se méfie, il ne veut pas tomber en panne, je le comprends, et ça m’arrange.

Lançon-Provence fête les 900 ans de son château en septembre 2016

Arrivés à Lançon-Provence, je lui propose de prendre l’apéritif ensemble avec Charly. Je l’appelle et lui dit que je suis au Bar Moderne, son PC habituel, il est surpris. Je le prends de vitesse, il devait venir me chercher et je suis déjà arrivé. Il arrive, retrouvailles, bises. Le camping-cariste cherche une ferme d’accueil pour passer la journée et la nuit, des clients du bar lui conseillent d’aller à Pélissane. On se salue et mon bon samaritain nous quitte. Merci, merci. Je repars avec Charly qui habite dans la garrigue proche. Le voyage s’achève. Catherine et Patricia sont surprises de mon arrivée anticipée d’un jour. Des questions sur ma balade fusent. Le rosé est du repas. Une petite sieste s’impose. Ce soir, nous allons à un apéritif dînatoire, chez un artiste forgeron, M. Raynac, créateur de la Sardine, Sartine, qui trône à Marseille. M. le maire arrive, une conseillère municipale, puis Nicolas Pagnol, les assiettes de charcuterie suivent les bouteilles de rosé. Dur, dur. Violent changement d’environnement, de rythme et d’ambiance. Demain, Nicolas Pagnol donne une conférence avec son dessinateur de bandes dessinées. Les œuvres de Marcel Pagnol, son grand-père, sont adaptées à ce nouveau support, c’est le thème majeur de cette allocution. Elle se déroule à la médiathèque, salle Marcel Pagnol, nous y serons.

Charly, Nicolas Pagnol et le routier rasé

Michel, le maire, avec qui on se tutoie rapidement me signale que Lançon-Provence fête en septembre les 900 ans du château et qu’il y aura des festivités médiévales. La Reine Jeanne sera à l’honneur. Effectivement cette Jeanne de Provence a peut-être rencontré Bertrand du Guesclin car il est venu dans la région avec Louis, duc d’Anjou, frère du roi Charles V, pour conquérir ses terres. Belle finale, mais est-ce que Bertrand du Guesclin est passé à Lançon-Provence ? Y serait-il le bienvenu ? A rechercher. Une excellente soirée suivie d’une très bonne nuit.

Je refais en voiture l’étape du 12ème jour, des routes sans grand intérêt, plates, rectilignes, par Eygalières et Grans. Grans est joli, le centre a une rue circulaire qui pourrait bien être le tracé ancien des fortifications ? Les platanes ombragent les rues et les terrasses, il fait chaud, c’est bon, mais le mistral persiste.

Au revoir Bertrand, c’est là que l’on se quitte. Merci d’avoir accepté de te suivre. A une prochaine occasion, en Bretagne, en Normandie, dans la vallée du Rhône, en Espagne, qui sait ?

Nous allons à Marseille ou, par hasard, nous déjeunons au restaurant « l’Ambassade de Bretagne » et devinez ce que je découvre sur la carte : dans les spécialités, la Tréhorenteuc, dans les salades, la Fontaine de Barenton, dans les crêpes, la Merlin...Je boucle la boucle, parti de l’orée de Brocéliande, je retrouve tous ses lieux à 1.000 kilomètres, à Marseille. Retour à la case départ. Que le monde est petit.

C’est la fin du voyage, le routier vous quitte, au revoir

Voir et savoir

  • Les Baux de Provence,13 : En provençal « baus » signifie en aplomb, falaise, escarpement rocheux. Grotte de Costapéra, néolithique. Oppidum. Forteresse construite du 11ème au 13ème. AOC les Baux.
  • Eygalières,13 : Ruines du château.
  • Lançon-Provence : Château.

Ma collection de tampons

  • L’Eden Cour : 13520 Maussanes les Alpilles.
  • Café de l’Avenir : Bar, PMU. 7, cours Paul Revoil. 13890 Mouriès. Le dernier.

A la fin de mon voyage de 2015, j’ai envoyé le courrier ci-dessous à un grand nombre des personnes que j’ai rencontrées.

Madame, monsieur,

Entre le 19.04.2015 et le 12.05.2015, je suis passé chez vous. J’étais à pied. Je me rendais de Bretagne en Provence. Je devais faire étape à Châteauneuf-de-Randon. Cette marche avait pour but de joindre Broons, Côtes-d’Armor, lieu de naissance de Bertrand du Guesclin, 1320, à Châteauneuf-de-Randon, Lozère, lieu de sa mort, 1380. Il était breton et connétable de France de 1370 à sa mort.

Un problème de santé de mon épouse m’a obligé à arrêter plus tôt que prévu, à Valuéjols-Neuvéglise, Cantal, le 12.05.2015. Il me restait 110 km à parcourir. J’en ai fait 600. En 21 jours, soit 28 km en moyenne par jour. Le plus dur était fait. J’étais à 3 jours du but !

Fin mai, mon épouse retrouvant la forme, je refais avec elle le circuit en voiture, cette fois avec étape à Châteauneuf-de-Randon et ensuite à Lançon-Provence.

Partout où je me suis arrêté pour passer la nuit, l’accueil fut des meilleurs, sans aucune exception, camping, abbaye, chambre d’hôte, hôtel. Ce fut aussi le cas dans la plupart des Offices de Tourisme, des bars, des boulangeries et restaurants. C’est incroyable. Certains ont même été exceptionnels et je m’en souviendrais longtemps. J’ai rencontré des cas ! Je m’en félicite et je les remercie. A chaque fois, vous m’avez encouragé et fait grimper le moral au plus haut.

Si les aléas de la vie le permettent, je repasserais vous saluer.

J’avais préparé mon circuit, 100 pages. J’ai rédigé mon compte-rendu chaque jour, 90 pages et pris 1 millier de photos. Le retour imprévu m’a un peu cassé le moral, c’est pourquoi j’ai tardé à vous remercier. Je vais regrouper tout cela et peut-être le mettre sur un site Internet, comme c’est la mode.

Est-ce que je reprendrai là où je me suis arrêté ? Ce n’est pas certain, actuellement la motivation n’est plus présente.

Encore merci, à un de ces jours, peut-être. Restez sympathiques et accueillants !

Cordialement. René Barrat.

Si vous venez en Bretagne, près de Monteneuf. Consultez sur Internet, Les Mégalithes de Monteneuf et L’Encyclopédie de Brocéliande.

Le 11 mai 2016, je suis reparti à pied de Neuvéglise pour Lançon-Provence où je suis arrivé le 20 mai.

Mouriès. Dernière pause du voyage

Aujourd’hui 12 juillet 2016, alors que mon site Internet, bien qu’incomplet, soit mis en ligne, je ne modifie aucun mot de ce courrier. La fin du trajet a été fort agréable et j’ai allongé la liste des personnes sympathiques et accueillantes.

Je vous livre en pâture, au sens gourmand du terme, ce début de rédaction de ma balade.

A la lecture du site, vous constaterez des bizarreries, des fautes d’orthographe, des imperfections...n’hésitez pas à me les signaler. Concernant Bertrand du Guesclin, vous avez certainement des informations à m’apporter. Toutes vos remarques et suggestions sont les bienvenues.

Si le voyage vous tente, je peux vous donner d’autres informations.

René Barrat. 56380 Monteneuf.

Mouriès. Fin de la marche, salut Bertrand, au plaisir

Sincères remerciements à Catherine, Sophie et Christophe, Hugo, Nathan, Véronique et Stéphane, Patricia et Charly, Françoise et Jean-Claude, Françoise et Jean, Laurence et Patrick, France et Jean-Luc, celles et ceux qui m’ont accueilli avec gentillesse dans les boulangeries, bars, restaurants, chambres d’hôtes, hôtels, campings, en voiture, tous ceux que j’oublie, Yves-Marie Rouat, Pierre Bessière, M. et Mme Nègre, les Encyclopédistes, Céline et Alain qui ont tapé et relu mon texte, Philippe pour m’avoir motivé et aidé à créer ce site. Une pensée pour Nady et Jacques. Et tous les écrivains qui se sont intéressés à Bertrand du Guesclin. Et bien sûr, Bertrand qui m’a accompagné et soutenu pendant 32 jours et environ 900 kilomètres.

C’est la fin du voyage, le routier vous quitte, au revoir