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Bertrand du Guesclin, le Dogue noir, Brocéliande

Raoul VIII de Gaël-Montfort est allié de Bertrand du Guesclin, ils combattent ensemble pour Charles de Blois-Penthièvre.

Bertrand du Guesclin est né à Broons, Côtes-d’Armor, au nord de l’actuelle forêt de Brocéliande. Dès son adolescence il parcourt la région. Paimpont, cœur de Brocéliande, est à moins de 40 kilomètres au sud de Broons. La forêt est dense, c’est l’idéal pour se dissimuler et préparer des actions contre les Anglais et les troupes de Jean de Montfort. 1

Qui lui a attribué ce qualificatif de « Dogue noir de Brocéliande » ? Et quand ?

« Dogue » pour sa force, son agressivité contre les Anglais, sa fidélité.

« Noir » pour la couleur de sa peau, brunâtre.

La couleur de peau de Bertrand du Guesclin

S’agissant du premier thème, nous trouvons quelques allusions à l’apparence physique « noiraude » de Bertrand du Guesclin dans la principale source littéraire le concernant, la Chanson de Bertrand du Guesclin du poète Cuvelier 2 en particulier v.55 :

« Camus estoit et noirs, malostru et massant ».

Ce portrait désagréable est repris et développé par son premier biographe, Paul Hay du Chastelet, en 1666, qui écrit :

« Le visage en était désagréable, le teint enfumé, le front grand, le sourcil épais, les yeux sortants, la tête menue, les cheveux noirs et rudes, la taille médiocre et ramassée, les épaules larges et un peu hautes, les bras longs, secs et nerveux, la main courte, large et maigre, le poing carré, dit sa Chronique, les jambes grosses et mal tournées, enfin le corps tout chargé de poils ».

Cela participe du récit, et illustre cette devise que Du Guesclin fera sienne :

« Dat virtus quod forma negat »

« La vertu apporte ce que l’apparence refuse », The Flower of Chivalry, p.21-22. A titre d’exemple, ce topos classique de l’aspect « mauresque », aisément appliqué à des gens au teint un peu hâlé, a également été retenu pour le poète contemporain Eustache Deschamps (v. 1340-1404), qu’on appelait « Morel ». 3

Les historiens et le Dogue noir de Brocéliande

Bertrand du Guesclin opère en forêt de Brocéliande et aux environs contre les Anglais de Jean de Montfort de la mort du duc Jean III, en 1341 à la prise de Fougeray, en 1350. Pour cette période on ne connait pas ses actions avec précision.

1809. Guyard de Berville

Il n’y a pas de « Dogue noir » ou de Brocéliande dans le texte. 4

1876. Siméon Luce

Réduit à l’inaction de 1347 à 1351 par la défaite de son parti et la trêve conclue durant cet intervalle entre la France et l’Angleterre, le jeune du Guesclin ne voudra pas, lui aussi, manger le pain des bourreaux de Charles de Blois. Et pourtant il est pauvre, et il faut vivre. Réunissant sous ses ordres quelques gars, sans doute les compagnons des jeux de son enfance, Bertrand se mettra alors à faire aux Anglais une guerre d’embuscade et vivra ainsi pendant quatre ou cinq ans de la vie de partisan, épiant l’ennemi au bord des routes écartées, dans les sentiers perdus des landes ou sur la lisière des bois. 5

Siméon Luce cite plusieurs fois Paimpont et une fois Brocéliande mais jamais le « Dogue noir de Brocéliande ». 6

1902. 20 juillet. Dinan. Des fêtes sont organisées à Dinan pour l’installation de la statue équestre de Bertrand du Guesclin. Théodore Botrel déclame au pied de la statue son poème L’Aigle noir de Du Guesclin7 Théodore Botrel est né à Dinan.

Est-ce que l’Aigle noir annonce le Dogue noir !

1912. Xavier de Bellevüe

Il n’utilise pas le surnom de « Dogue noir de Brocéliande ». Xavier de Bellevüe est originaire d’Augan ( Morbihan) proche de Paimpont. On peut s’étonner, est-ce que ce surnom n’a pas encore été inventé en 1912 ? 8

1932. Roger Vercel

Aucune trace du « Dogue noir de Brocéliande ». 9

1937. Fernand Divoire

Brocéliande est citée une quinzaine de fois. Il n’y a aucune mention du « Dogue noir de Brocéliande ». 10

1938. Robert Bossuat

Il parle rapidement d’une forêt sans citer Paimpont ou Brocéliande. 11

1942. Georges Toudouze

Il cite plusieurs fois Brocéliande mais jamais le « Dogue noir de Brocéliande ». 12

1960. René Maran

Il cite plusieurs fois Brocéliande et Paimpont mais jamais le « Dogue noir de Brocéliande ». 13

1970. 1977. Micheline Dupuy

Dans l’ouvrage Le Prince Noir de 1970 Micheline Dupuy ne qualifie pas Bertrand du Guesclin de « Dogue noir de Brocéliande ». Elle ne cite ni Paimpont ni Brocéliande. Est-ce parce que le sujet n’est pas Bertrand du Guesclin ou parce que ce surnom n’a pas encore été « inventé » ?

Dans l’ouvrage Bertrand du Guesclin de 1977 l’auteure utilise plusieurs fois le surnom de « Dogue Noir de Brocéliande ». Elle mentionne Brocéliande et Paimpont. 14

Est-ce Micheline Dupuy qui invente le surnom de « Dogue Noir de Brocéliande » ?

1980. Marjorie Stella Coryn écrit

« Les hommes de Montfort, quand le renom de ses raids foudroyants commença de s’étendre, l’appelèrent « le maudit Du Guesclin » tandis que les Anglais, peut-être parce qu’ils ne pouvaient prononcer son nom, l’appelèrent « le dogue Noir ». 15

1985. Georges Bordonove

Il n’ajoute pas « de Brocéliande » : « Il n’était à la vérité qu’un chef de bande, tenant le maquis, assez redoutable pour être surnommé le « Dogue noir ». 16

1992. Yves Jacob utilise le surnom

Il mentionne régulièrement la forêt de Brocéliande et une dizaine de fois il utilise le qualificatif de « Dogue noir de Brocéliande ». Cependant il ne donne pas d’explication sur l’origine de ce surnom. Yves Jacob est né à Dinan, est-ce la raison de cette généreuse valorisation de Brocéliande ?

1994. Robert Garnier

Il mentionne Brocéliande une quinzaine de fois. Page 117, il parle du « Dogue de Bretagne ».

2002. Georges Minois

Il utilise en inter-titre « Le Dogue noir de Brocéliande », et écrit.

Du Guesclin entretient l’insécurité dans les garnisons anglaises et finit par se tailler une solide réputation, qui lui vaut chez ses ennemis, paraît-il, le surnom de « dogue noir de Brocéliande ». 17

Georges Minois ne confirme pas vraiment la véracité et l’existence de ce surnom.

2011. Frédéric Morvan.

Il ne fait aucune allusion à ce surnom de « Dogue noir de Brocéliande ». 18

2015. Sophie Brouquet

Elle mentionne « Son domaine de prédilection est la forêt de Paimpont (ou de Brocéliande). Il acquiert alors une renommée toute locale et le surnom de dogue de Brocéliande. » 19

2015. Thierry Lassabatère

Il utilise « Le Dogue noir de Brocéliande » comme titre du chapitre 3 de son ouvrage. 20

2015. Laurence Moal

Ses recherches sont très importantes notamment sur Bertrand du Guesclin après sa mort. Elle ne donne pas l’origine de la formule, Le Dogue noir de Brocéliande. Elle écrit « Plusieurs récits s’intéressent aux coups d’éclat de du Guesclin dans la forêt de Brocéliande, qui lui auraient valu le surnom de dogue noir de Brocéliande. » 21

2016. François Neveux et Claire Ruelle

Ils doutent. « Du Guesclin aurait été appelé par ses ennemis le « dogue noir de Brocéliande », en référence à son physique et à la forêt mythique, souvent identifiée à celle de Paimpont. » 22 Ils citent G. Minois et ne semblent pas convaincus.

2019. François Labbé

« Le Dogue noir de Brocéliande » est le sous-titre de la couverture.

Entre 1337, du tournoi place des Lices à Rennes, à 1356, siège de Rennes par les Anglais, très peu de sources précisent ce que fait Bertrand du Guesclin. La plupart des biographes se contentent de dire qu’il harcèle les Anglais et les soutiens de Jean de Montfort en Brocéliande. Le seul évènement connu est la prise du château de Fougeray, situé en 1350 ou 1354 selon les auteurs.

1352. 14 août. Est-ce que Bertrand du Guesclin est à Mauron ?

Lors de la bataille de Mauron les troupes franco-bretonnes de Charles de Blois commandées par Guy de Nesle, maréchal de France, sont écrasées.

Au combat des Trente livré le 27 mars de cette année il ne figure pas parmi les trente champions du parti français dans les rangs desquels sa place était marquée, s’il avait encore habité cette région. On ne sait si du Guesclin prit part le 14 août de l’année suivante à la sanglante bataille de Mauron. Il est certain du moins, comme nous l’avons fait remarquer plus haut, que les montres assez nombreuses que l’on a conservées des gens d’armes français enrôlés pour cette expédition ne mentionnent pas le nom de Bertrand. 23

Jean-Christophe Cassard évoque la bataille de Mauron et la stratégie des Anglais de Walter de Bentley. Il oblige les troupes françaises à escalader la colline. 24

1360 - 1363 ? Bertrand du Guesclin est à Saint-Méen-le-Grand

Saint-Méen-le-Grand peut être considéré comme faisant partie de la forêt de Brocéliande.

Du Guesclin remporta une victoire sur les Anglais à Saint-Méen en 1363. M. Guyard de Berville relate cet épisode qu’il situe en 1362/1363 :

« Du Guesclin persuadé par les raisons qu’il venoit d’entendre ne contesta plus, & pour s’y conformer, il promit au Prince de se trouver à Nantes le 1er Mars, avec toutes les troupes qu’il pourroit rassembler. Alors de trouvant en état de monter à cheval, il prit congé du Comte de Blois, & partit pour son gouvernement de Pontorson ; & à peine étoit-il, sorti de Nantes qu’il apprit que Richard de Grévaques, Capitaine Anglois, battoit la campagne pour tâcher de le surprendre dans sa route & l’enlever. Il sçut que ce Capitaine étoit en garnison dans Ploërmel, & que de-là il faisoit des courses dans tous les environs, & levoit des contributions sur les Paroisses depuis Rennes jusqu’à Nantes. Du Guesclin qui marchait avec ses Compagnons ordinaires, se détourna de son chemin pour se mettre à la poursuite de ce Capitaine, & lui épargner la peine de le chercher : celui-ci le sçut, & se tint sur ſes gardes, pour ne pas être surpris par un ennemi si redoutable, & tâcher au contraire de le trouver au dépourvu, Il apprit que du Guesclin était logé à l’Abbaye de Saint-Méen & ses troupes dans la Ville : il marcha toute la nuit & arriva proche de cette Ville une heure avant le jour ; il envoya deux de ses gens travestis en paysans à la découverte ; ils lui rapporterent que tout était dans le repos & dans le silence, sinon un petit corps-de-garde de quinze ou vingt hommes à l’entrée du Bourg, qui serait aisé à forcer. Alors Grévaques dispose ses gens, marche sans bruit, fond sur le corps-de-garde, & tue les premiers qui se présentent ; les autres se sauvent & vont donner l’allarme aux troupes de du Guesclin. Grévaques attaque d’abord la maison où étaient ses équipages, avant que personne fût en état de se défendre : les valets résisterent tant qu’ils purent, quelques Gentilshommes vinrent à leur secours avec des soldats & des habitans, mais la partie étant trop inegale, il y eut de la perte du côté des Bretons, entre autres de trois Capitaines dans les troupes de du Guesclin, très-braves & très-esimés, Geoffroy le Vayer, Raoul de Kergouët, & le Seigneur de Romillé. Cependant tous les habitans se mirent en armes, & sauverent la maison que Grévaques attaquoit ; de son côté il craignit que ses gens occupés au pillage, ne fussent chargés 8c défaits, & crut qu’il seroit plus à propos d’aller attaquer du Guesclin, avant qu’il eût le loisir de se mettre en défense. Il marcha donc droit â l’Abbaye, où Bertrand avoit déja mis en bataille les gens de guerre qui s’étoient rassemblés près de sa personne. Il étoit prêt à en sortir pour secourir les siens, quand on lui annonça que Grévaques venoit l’attaquer : alors il rangea sa troupe dans le préau, qui étoit grand & vase, & fit ouvrir les portes. Grevaques arrive, & s’apperçoit qu’il est attendu, mais il n’écoit plus temps de reculer, ni de délibérer ; ainsi il fond sur la troupe de Bertrand avec vivacité. Le combat fut long & incertain ; mais à la fin Grévaques eut la douleur de voir tomber mort à son côté son fils, jeune homme de très grande espérance, & quantite de ses principaux officiers ; le reste s’amollit, & ce pere désolé fut forcé de se rendre à la merci de du Guesclin avec son gendre & son beau-frere, qui tous remirent leurs épées au vainqueur. Ainsi finit cette entreprise où du Guesclin courut le plus grand danger, & qui délivra la Province d’un ennemi bien puissant & bien destructeur. » 25

Roger Vercel date de mai 1360 la bataille et la capture de Richard Grenacre.

Bertrand, touché de sa peine fera ensevelir honorablement le fils et libérera le père pour une modique rançon. 26

René Maran mentionne Richard Grenacre, capitaine de la garnison de Pontorson, et son frère Robert, seigneur de Beaufort-sur-Rance, ont été faits prisonniers. 27

Jean-Christophe Cassard situe l’évènement en 1360 dans l’abbaye Saint-Méen de Gaël. Bertrand du Guesclin est accompagné d’une quarantaine d’hommes attaqués par plus de trois cents Anglais. La ville est entourée d’une simple barricade de bois. 28

Frédéric Morvan écrit. En 1360, Bertrand du Guesclin compensa cette perte en capturant, lors d’une expédition punitive, le capitaine de Ploërmel, sir Richard Grenacre. 29

Richard de Grévaques ou Richard Grenacre ?

Raoul de Kergoët, chevalier, commandant des troupes de Bertrand Du Guesclin, est battu en 1360 à Saint-Méen. 30

1360. Jean Batvalon, ... suivant d’Argentré, est capitaine de la compagnie de Bertrand du Guesclin au combat de Saint-Méen. 31

1362. Messire Geoffroy le Voyer était, suivant d’Argentré, capitaine de la compagnie de Bertrand du Guesclin au combat de Saint-Méen. 32

D’Argentré mentionne le combat de Saint-Méen en 1360 et 1362 !

Y a t-il un lien avec la bataille de Saint-Méen ?

Du Guesclin se battit encore à Dinan, en 1360, contre un autre Anglais, en combat singulier. Voici à quel sujet, au rapport de d’Argentré. Du Guesclin avait fait prisonnier, dans un combat livré près de Pontorson, Richard de Grevaques. Celui-ci, sur un propos tenu par messire Fraslin de Husson, beau-frère de du Guesclin, appela Bertrand en combat singulier. Cette rencontre eut lieu près de Dinan, mais après avoir combattu vaillamment, Grevaques se départit de sa querelle. 33

L’ancienne chapelle Saint-Denis, située route de Gaël est démolie en 1812. Saint-Denis était une chapelle frairienne. La tradition raconte qu’elle fut élevée en mémoire d’une victoire que Du Guesclin remporta sur les Anglais à Saint-Méen en 136334

S’agit-il de deux batailles différentes ou d’erreur dans les dates ?

Bertrand du Guesclin. Saint Méen-le-Grand. 35
L’aigle à deux têtes de Bertrand du Guesclin. Quelle explication ? Photo : 28/10/2017.

Cette dalle est fixée à l’extérieur, contre le mur, à gauche de l’entrée de l’abbaye. Étrange. Quelle est la signification du texte ?

Du Guesclin. Saint-Méen-Le-Grand. 35
L’aigle bicéphale. Photo : 26/03/2006.

Les Du Guesclin et les Montfort-Gaël ont des liens depuis plusieurs générations

" Clamarhoc du Guesclin fils Richier " est né vers 1030 , + ap 1075.
Il donna en 1075 asile à son fils " Eudon fils Clamarhoc ", chassé d’Angleterre, qui avait participé en Angleterre en 1075 à la rébellion de Raoul de Gaël et Roger de Hereford contre Guillaume Le Conquérant. Après la " réconciliation " de Eudes avec le Roi d’Angleterre, Clamarhoc, son fils Eudes, Geffroy de Dinan et Gueguon, vicomte de Poe Aleth s’allièrent à Guillaume Le Conquérant lors de la prise de Dol en 09/1076. 35

Eudes du Guesclin est né entre 1045 et 1050.
" Eudes fils Clamarhoc ". Né vers 1045, probablement fils cadet. Il participa peut être à la conquête de l’Angleterre de 1066, mais il est tout aussi vraisemblable qu’il fit partie de la deuxième vague d’émigration Bretonne de 1066 à 1075. Il était principalement le vassal de Raoul de Gaël et était seigneur de Breckles, Hargham, Thorpe St Andrew, Arminghall, Fransham, Bircham Newton, Swanton Morlay , etc ... seigneuries toutes situées en Norfolk. Il participa en 1075 a la rébellion contre Guillaume le Conquérant qui avait a sa tête Roger de Breteuil, comte de Hereford et son beau frère, Raoul de Gaël, seigneur de Montfort et de Gaël, comte d’Est Anglie , époux d’Emma de Breteuil. Ses biens en Angleterre furent saisis après 1075. Il hérita sans doute collatéralement de son frère ainé, de toutes les seigneuries situées dans le Poulet, soit le Guarplic, Château Richeux près de Cancale, etc. 36

Brocéliande, Brécilien et les seigneurs de Gaël-Montfort

Le terme « Brocéliande » a été inventé par Chrétien de Troyes dans son Chevalier au Lion (1176-1181).

Certaines biographies de Bertrand du Guesclin disent que ce sont les Anglais qui lui donnent ce surnom.

Au 14ème ce territoire est sous l’autorité des Gaël-Montfort et c’est plutôt le terme de « Brécilien » qui est utilisé pour qualifier la forêt de Paimpont.

Raoul VII, sire de Gaël et de Montfort 37, épouse Aliénor d’Ancenis, ? - 3 juin 1334. Il est tué en 1347 au combat de la Roche-Derrien, Côtes-d’Armor, dans le camp de Charles de Blois, soutenu par les rois de France, Jean II le Bon puis Charles V.

Son fils, Raoul VIII est fait prisonnier à la bataille d’Auray, Morbihan, en 1364, pour Charles de Blois.

Raoul VII, leur fils, sire de Gaël et de Montfort, épousa Alienor d’Ancenis qui mourut le 3 juin 1334 ; lui-même fut tué en 1347 au combat de la Roche-Derrien. Il eut pour successeur son fils, Raoul VIII ; celui-ci fut fait prisonnier à la bataille d’Auray, vit démanteler ses châteaux de Gaël et de Comper, mais reconstruisit ce dernier aussi bien que celui de Montfort. Il mourut le 28 mars 1394, laissant veuve Isabeau de Lohéac, qu’il avait épousée en 1353 et qui lui survécut jusqu’en 1400. 38

Rallié à Bertrand Du Guesclin, il le suit en Espagne ? C’est à vérifier.

Guillaume Raguenel, vicomte de La Bellière, seigneur de Chatel-Oger, de Beaumont et de Cramoul, épouse Jeanne, fille de Raoul VIII, seigneur de Gaël et Montfort, et d’Isabeau, dame de la Roche-Bernard et de Lohéac. Il meurt le 29 septembre 1364 à Auray, aux côtés de Charles de Blois. La famille Raguenel est également liée à Bertrand du Guesclin par son mariage avec Tiphaine Raguenel.

Guillaume Raguenel est le frère de Tiphaine.

Raoul VIII et Bertrand du Guesclin ont donc des liens de parenté.

Raoul VIII est avec Bertrand du Guesclin à la bataille de Chisey, Deux-Sèvres, en 1372, et au siège de Brest, Finistère, en 1373, il meurt le 28 mars 1394. 39

Jean IV de Montfort devient duc de Bretagne par le traité de Guérande en 1365, est-ce que le duc et ses alliés anglais prennent les châteaux de Raoul VIII entre 1365 et 1373 ? C’est très probable, certains auteurs le disent mais ne donnent pas leurs sources.

L’abbé Oresve n’affirme pas clairement que Bertrand du Guesclin est venu en Bretagne en 1370.

Duguesclin, qui haïssait le duc, fut nommé connétable de France, le 2 octobre 1370, et reçut ordre de mener les troupes françaises faire la guerre à son pays. Il vint pour camper à Montfort, mais la place était délabrée. De là, il s’avança jusqu’à Gaël, place bien fortifiée et possédant une garnison qui tenait pour le duc. Duguesclin en fit le siège et, après une vigoureuse résistance, la prit et la démantela. Il alla ensuite mettre le siège devant le château de Mauron qui subit le même sort : les bâtiments étaient au lieu de Brembili. Le château de Comper fut aussi considérablement endommagé. Raoul faisait partie de l’armée de Duguesclin et travaillait lui-même à la destruction de ses châteaux ; mais nous allons bientôt le voir les faire réparer aux frais de ses vassaux et de ceux de l’abbaye de Saint-Mélaine de Rennes. En 1375, la France et l’Angleterre signèrent une trêve d’un an, et Raoul profita de ce moment de calme pour rebâtir et fortifier ses châteaux de Montfort et de Comper. Ayant besoin de la permission de l’abbé de Saint-Mélaine pour imposer ses vassaux, il la demanda et l’obtint. 40

Le 4 décembre Bertrand du Guesclin gagne la bataille de Pontvallain, ensuite il prend Bressuire et début janvier 1371, il est à Paris.

L’année 1370 reste gravée dans mon esprit pour ces évènements. Juste nommé Connétable de France par Charles V, voilà notre Bertrand du Guesclin à la tête d’une puissante armée devant les remparts du château de Comper qu’il mit à feu et à sang. 41

Il existe différentes versions de la légende du hêtre de Ponthus. Cet arbre aurait été planté par le chevalier de Ponthus sur les ruines de son château détruit par les troupes de Bertrand Du Guesclin en 1372, ou bien pour célébrer son union avec la princesse Sidoine, fille du sénéchal de Bretagne. 42

Boutavent. Il s’agit d’une des résidences des roi Judicaël au VIIème siècle et Salomon au IXème siècle. Il passe au Xème siècle entre les mains des seigneurs de Montfort-Gaël qui l’occupent en 1197 après la destruction du château de Montfort. Les Anglais détruisent le château en 1372. Il est détruit en 1380 par les hommes de Du Guesclin. 43

Les châteaux de Raoul VIII, Montfort, Gaël, Comper et Mauron sont pris et détruits par les troupes françaises en 1373, dit la plupart des textes. 44 Est-ce aussi le cas du château de Boutavent ? Pour certains auteurs, Comper est également attaqué par Bertrand du Guesclin en 1370.

De ce château de Gaël, détruit par du Guesclin en 1372, il ne reste que d’insignifiants retranchements baignés par les eaux du Meu. Le peuple le nomme « château de saint Judicaël » et l’aire de la forteresse forme aujourd’hui le champ de foire de Gaël. 45

L’armée vint, selon Berville, pour camper à Montfort ; mais, trouvant la place en mauvais état, elle s’avança jusqu’à Gaël, château fort qui appartenait à Raoul. La garnison qui était dedans tenait pour le duc. Duguesclin en fit le siège en 1372, le prit et le rasa ; il en fit autant à celui de Mauron. 46

On ne retrouve pas ces affirmations dans les écrits de Guyard de Berville qui situe le passage de Bertrand du Guesclin à Gaël en 1373.

Selon le marquis de Bellevüe, le château de Comper est détruit en 1372 par les Anglais et reconstruit en 1376. 47

Selon le marquis de Bellevüe, le château de Boutavent est détruit en 1372 par les Anglais. 48

Selon Paul Banéat, les Anglais le détruisent en 1372. 49

Mauron. Brambily. Ce château avait vu le siège du prétendant ducal Jean de Montfort pendant 13 jours en 1341 et sera détruit par le connétable de France Bertrand Du Guesclin, en mai 1373. 50

Selon le marquis de Bellevüe, les châteaux de Montfort, de Gaël, de Comper, de Mauron, de Boutavant, furent pris et détruits par les troupes françaises en 1373. 51

Guyard de Berville situe le passage de Bertrand du Guesclin à Gaël en 1373.

Dès qu’il [du Guesclin,] eut mis le pied sur les terres de Bretagne, le vicomte de Rohan, le sire de Rieux, les seigneurs de Beaumanoir & de Beaumont vinrent le joindre : il s’empara d’abord de Fougères, ensuite chemin faisant & sans s’arrêter, de Basouges & de Saint-Aubin du Cormier, & vint se loger dans les faubourgs de Rennes ; le comte de Laval, qui s’en étoit rendu maître, le reçut dans la ville, pour la conservation de laquelle le connétable y laissa quelques troupes, & sans s’arrêter marcha droit à Gaël, château considérable & très-fortifïé, appartenant au comte de Montfort, surnommé par sobriquet Montfort-la-Canne. Le connétable s’en empara & y mit garnison. 52

Si en 1373 les troupes franco-bretonnes commandées par Bertrand du Guesclin attaquent les châteaux des seigneurs de Gaël-Montfort alors que ceux-ci se battent avec lui et pour Jeanne de Penthièvre, avec le soutien du roi de France, Charles V, c’est pour reprendre leurs biens au duc Jean IV allié des Anglais.

Il y a une grande confusion dans les dates, les lieux et les intervenants.

En 1373, le duc Jean IV quitte la Bretagne pour l’Angleterre.

Certains auteurs écrivent que Bertrand du Guesclin attaque « son pays ». C’est une vision simpliste et simplifiée. Bertrand du Guesclin et Raoul VIII reprennent « leur pays » au duc et aux Anglais.

En 1375, Raoul VIII fait restaurer les châteaux de Montfort et Comper et entoure la ville de Montfort-sur-Meu de murailles. 53

En 1376, Raoul VII, seigneur de Gaël et de Montfort, obtient la permission de lever, pendant deux ans, un droit sur les boissons consommées dans sa seigneurie par les sujets de l’abbaye de Saint-Melaine de Rennes "pour le fortifiment et remparement de la ville et chasteau de Montfort et celui de Comper" (D. Morice Pr. II. 175). 54

En 1378, Raoul VIII change de camp, il est le principal chef de l’association des seigneurs bretons qui œuvre pour le retour du duc Jean IV de Montfort.

Rolland du Breil, écuyer de la compagnie de Bertrand du Guesclin

La seigneurie du Breil. Parmi les nombreuses seigneuries qui décoraient jadis la grande paroisse d’Iffendic se trouvait celle du Breil dont le beau château moderne fut naguère victime d’un incendie. Le nom du Breil est très répandu en Haute-Bretagne ; plusieurs terres le portent même en Iffendic où l’on appelle vulgairement par suite le Grand-Breil la propriété dont nous nous occupons. Breil signifie bois de plaisance voisin d’une habitation. Plusieurs familles nobles prirent ce nom au moyen-âge, et en Bretagne il en subsiste encore un certain nombre. La principale et la plus ancienne s’y trouve, celle des du Breil, originaires du pays de Dol, ayant son manoir en la paroisse de Meillac et dont les branches les plus importantes, celles du Chalonge et de Landal, de Rays et de Pontbriand existent toujours, subdivisées en un grand, nombre de rameaux. 55

Quoique la branche aînée des du Breil, c’est-à-dire celle du Chalonge, ait pris pour blason dès une époque lointaine, D’azur au lion d’argent, il semble à l’auteur de l’Histoire généalogique de la maison du Breil qu’elle a dû primitivement porter aussi : D’argent au sautoir de gueules, armoiries que conserva la branche des du Breil d’Iffendic et que l’on retrouvait jadis sculptées et peintes en grand nombre d’écussons soit sur les murailles, soit dans les verrières du manoir du Breil et de l’église d’Iffendic.

Malheureusement l’on sait si peu de choses sur les seigneurs du Breil d’Iffendic que l’auteur de la généalogie précitée n’a pu trouver matière à un article spécial sur eux dans son étude si savamment complète. Le premier seigneur connu du Breil d’Iffendic semble être Jean du Breil, écuyer de la compagnie du sire de Montfort, son suzerain, en 1351, la même année que son parent, autre Jean du Breil, de la branche du Chalonge, servait dans la compagnie du sire de Derval. 56 Ils étaient l’un et l’autre au service du roi de France, du parti de Charles de Blois prétendant au duché de Bretagne.

A la même époque parut également Rolland du Breil, écuyer de la compagnie du connétable Bertrand du Guesclin, dont la montre se fit à Caen en 1370 et à Bourges en 1371. 57 « On pense qu’il fut le père de Colin du Breil qui suit ». 58.

Le 20 avril 1381 ratifia à Guérande le célèbre traité portant le nom de cette ville Colin du Breil, écuyer de l’hôtel de Jean IV duc de Bretagne. Son sceau, accompagnant sa signature, porte pour blason : D’argent au sautoir de gueules chargé d’un lambel de même. Cette brisure dans ses armes prouve que le sire du Breil d’Iffendic était un cadet de famille. 59