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De Le Falgoux à Le Lioran-Laveissière

10 mai 2015

Le Falgoux (15), départ 6h15.

Direction le Pas de Peyrol, au pied du Puy Mary. Les premiers kilomètres sont relativement plats, dans la vallée. Et puis, un panneau, stressant, affiche Pas de Peyrol, 5 kilomètres, à presque 10 % ! Presque de l’escalade !

Désolé je n’ai pas de bicyclette

Dans la forêt, les hauts sommets de la région apparaissent quelquefois entre les arbres. Pas de découragement, on se motive. Ça ne sera pas facile mais la vue mérite l’effort. Une petite pause au col d’Aulac, en terrasse panoramique. Après trois heures de marche ascendante, j’arrive au pied du Puy Mary, du soleil, un peu de vent.

Le Puy-Mary est après ce virage, émotion

Le bon petit déjeuner de ce matin m’a permis de résister. Maintenant une rude partie s’annonce, il faut refaire le plein, café, menthe à l’eau, crêpe cantalienne aux myrtilles. 1ère étape, l’ascension des derniers mètres qui séparent le Pas de Peyrol du sommet du Puy Mary. Départ à 10h30. Pas de Peyrol : 1588 mètres.

Le fabuleux cirque au pied du Puy-Mary

Sommet du Puy Mary : 1787 mètres. Presque 200 mètres de dénivelé sur 700 à 800 mètres. Du tout terrain, des inclinés de ciment, des marches de 50 centimètres. Impressionnant. Je mets une bonne demie-heure, environ. Les jambes sont fatiguées et le sac pèse. Quand je vois le circuit et l’état du GR 400 qui fait la « Route des Crêtes » et qui conduit au Lioran, je me demande pourquoi je me suis imposé cette galère. Les paysages sont époustouflants, impressionnants, ok, le soleil est là, les sentiers sont secs, ok. Mais quand même, c’est pas gagné. La descente du sommet, pour les 300 à 400 premiers mètres, se dévale dans un chaos de roches branlantes. Et je ne vous dis pas l’inclinaison de la pente. Quelquefois je dois m’asseoir pour parvenir à la « marche » de dessous.

Un petit névé reste accroché

La promenade frise l’escalade et quelquefois la désescalade. Je ne suis pas trop à l’aise. Mais c’est parti, pas de retour possible, inenvisageable. Une grande majorité du chemin se fait sur un sentier de muletier, ou de contrebandier, 40 à 50 centimètres de largeur à flanc de montagne, avec des pierres partout. Pas question de quitter mes pieds des yeux en marchant. Trop de risques de se casser la figure, et vu la pente, c’est vraiment à éviter. Quelques congères de neige résistent par-ci, par-là. Il faut bien le dire, c’est nettement plus mouvementé que nos plages bretonnes. J’ai une pensée pour Blaise Pascal « Le silence éternel de ses espaces infinis m’effraie » qu’il a dit, certainement du haut du Puy-de-Dôme. Eh bien, le silence n’est pas éternel et les espaces ne m’effraient pas, ils me réjouissent, me font monter l’adrénaline. C’est bon.

Un petit chemin qui sentait bon

Aujourd’hui, c’est dimanche, c’est pour cela que pour me changer un peu, j’ai pris un GR au lieu du macadam. Je croyais que ça allait me détendre. C’est tout à fait l’inverse qui se produit. C’est ma journée « bonus ». J’aurai dû sortir mon joker. Les paysages sont à couper le souffle, ce qui est le cas. Inspiration par le nez, expiration par la bouche. En avant Guingamp ! Ma mère était originaire de Ploumagouar, petite commune proche de Guingamp. Vous comprenez ? Un passage musclé, la Brèche de Roland, un à-pic d’une dizaine de mètres. Comme son nom l’indique la roche est taillée comme par un coup de sabre. J’observe ceux qui la descendent, il y a deux solutions, soit s’agripper à la paroi face à la roche, soit dos à la roche et faire au mieux. J’opte pour la solution face au vide, le sac dans le dos. Les 4 ou 5 premiers mètres, tout se passe bien, lorsque soudain, plus possible de bouger. Mon sac à dos s’est coincé à une aspérité. Me voilà bien loti. Que faire, ne jouons pas les affolés. Je ne peux pas reculer pour débloquer le sac. Au pied de la Brèche, il y a un monsieur, je lui demande s’il veut bien remonter pour me libérer. Il m’est pas très enthousiasmé par ma suggestion. Un marcheur qui arrive derrière moi détache la sangle. Merci beaucoup, je respire mieux. J’achève la Brèche. Content d’être en bas. C’est reparti.

La désescalade du Puy-Mary s’achève

Pour admirer les paysages il faut arrêter de marcher, c’est plus prudent. En arrivant sur le Lioran, on voit le sommet particulier du Plomb du Cantal. Super-Lioran est dans la vallée, je distingue bien les pistes, vertes en ce moment, je les descends, dur pour les genoux. Je demande à une dame, « Le Lioran c’est encore loin ? », elle me répond « Non, c’est carrément en bas ». Difficile d’être plus précis ! II fait au moins 250 à l’ombre et ici il n’y en a pas. Deux demoiselles à qui je demande s’il y a des hôtels ou des chambres d’hôtes me répondent « On ne sait pas, il faut plutôt venir l’hiver ». Merci les filles, ça m’aide beaucoup. 15h45. Le bar du Bec de l’Aigle, nom du massif proche, est ouvert, menthe à l’eau. J’hésite, il fait hôtel, je reste là, je vais vers Murat ? J’oublie le GR 400 qui passe le Plomb du Cantal pour aller au sud. La balade de cet après-midi me suffit, 5 heures sur ce chemin ont freinées mes envies de sentier de randonnée. Heureusement qu’ils ne sont pas tous comme celui-là. Un peu trop sportif pour moi. Mais je ne regrette pas. C’était magnifique. Les propriétaires du Bec de l’Aigle sont fort sympathiques, trois étoiles, ils ne font pas restaurant mais me préparent tout de même un dîner pour ce soir. Je bois une bière locale, d’Aurillac, Flagrant Désir, aux céréales d’Auvergne, jus de myrtilles en seconde fermentation. 7,9 degrés, ça revigore. Fraîche et agréable. Dans l’esprit des bières Lancelot de Bretagne. J’ai opté pour le circuit par le Puy-Mary car le Pas de Peyrol est ouvert depuis seulement 3 ou 4 jours. Sinon, je serais passé par Riom-es-Montagnes ou Salers. Ce sera pour une autre fois, une option pour un parcours plus calme. Au dîner, le patron me fait goûter sa coppa maison, un délice. Merci pour l’excellent accueil. Promis, je reviendrai.

Finalement je ne verrais jamais de journaliste et il n’y aura pas d’article dans La Montagne, un sérieux coup dur pour mon égo.


Voir et savoir

  • Pas de Peyrol,15 : 1 588 mètres pour les uns, 1 589 mètres pour les autres. Col d’Auvergne, dans les monts du Cantal, entre le puy Mary et le puy de la Tourte.
  • Puy-Mary : 1787 mètres. Chemin des Crêtes. Brèche de Rolland. Le plus grand stratovolcan d’Europe, 60 km de diamètre, à l’origine la hauteur dépasse les 3 000 mètres. GR 400.
  • Le Lioran : Téléphérique du Plomb du Cantal, 1 855 mètres, culot de basanite, vestige d’un lac de lave basaltique solidifiée. Vallée en auge de l’Alagnon. Col de Prat de Bouc. Tunnel ferroviaire.

Ma collection de tampons

  • Résidence Le Bec de l’Aigle : 15300. Le Lioran. Soirée-étape.