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Jean-Jacques Grüber confond Trizac et Priziac

Les vitraux de Priziac, Morbihan, sont installés à l’église Saint-Bauzire de Trizac, Cantal. Ainsi, la Cane de Montfort et Saint-Nicolas quittent le Morbihan pour le Cantal.

Au hasard de ma balade, je rencontre à Trizac, Cantal, M. Félix Verdier, ancien maire. Il me dévoile une partie d’une énigme.

Trizac. Cantal. Eglise Saint-Bauzire
Eglise de style auvergnat du 12ème, construite en tuf de Broc. Photo : 2015.

Jean-Jacques Grüber, est un maître verrier, né en 1903 à Nancy, mort le 23 août 1988. C’est le fils de Jacques Grüber, célèbre verrier de l’École de Nancy. Pendant la guerre 39-45, en liaison avec l’inspection des Monuments Historiques, il s’emploie au sauvetage de vitraux anciens et à leur restauration clandestine dans un atelier installé dans un donjon du château de Niort.

Priziac, entre Le Faouët et Guéméné-sur-Scorff, Morbihan
Photo : 01/04/2017.
Priziac. 56. Bourg. Eglise Saint-Beheau
Photo : 01/04/2017.

Les vitraux de la chapelle Saint-Nicolas de Priziac sont démontés avant la guerre de 1939-1945. Ils sont stockés à Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne. Ils seraient passés par Chambord 1. Aujourd’hui aucun détail n’est connu au sujet de ce démontage et des déplacements.

Priziac. 56. Chapelle Saint-Nicolas
Photo : 01/04/2017.

Les vitraux « disparaissent » pendant 40 ans.

Trizac. Cantal. Eglise Saint-Bauzire. Vitrail

En 2011, Michel Hérold 2 explique ce qui s’est passé.

Courriel du 08.12.2015. Reproduction avec l’aimable autorisation de Michel Hérold. Merci.

Voici la copie manuscrite de la notice Trizac, publiée dans le volume du recensement des vitraux d’Auvergne et du Limousin.
 
Trizac, canton de Riom-ès-Montagne. Église Saint-Beauzire. Édifice classé MH le 3 avril 1969. Vitraux classés MH le 27 février 1984 au titre objet.
 
En 1978, le peintre verrier Jean-Jacques Grüber 3, chargé de l’inventaire des vitraux du dépôt des Monuments historiques de Champs-sur-Marne, reconnaît dans la caisse n° 664 des panneaux de la fin du XVe siècle censés provenir de l’église de Trizac, dans le Cantal. L’information est transmise à l’inspecteur général des Monuments historiques, Pierre-Marie Auzas, qui engage aussitôt le processus de leur remontage. Rien, cependant, n’a encore été entrepris en juillet 1982 lorsque Pierre-Marie Auzas et Jean-François Grange-Chavanis, architecte en chef des Monuments
historiques, informent l’abbé Pierre Laboureix, curé de Trizac, de l’existence de ces panneaux. Une visite à Trizac souligne l’impossibilité de leur mise en place, la totalité des baies de l’église étant dotée de vitraux posés en 1926 par l’atelier François Taureilles de Clermont-Ferrand. L’hypothèse d’une installation des panneaux anciens dans les baies de la chapelle du hameau de Lachassagne est alors envisagée. Cette proposition n’aboutit pas.
 
Décision est prise en 1983 de présenter malgré tout les éléments anciens dans les baies du chœur et du transept de l’église paroissiale. La mise en oeuvre de ce projet tarde quelques années. Cependant, les panneaux bénéficient d’une mesure de classement parmi les Monuments historiques au titre objets en 1984. La restauration des vitraux est finalement inscrite dans la programmation 1988, le travail devant être confié au peintre verrier Alain Makaraviez installé à Alligny-Cosne (Nièvre). Une première tranche des travaux concerne la restauration, avec mise en valeur des éléments anciens sur un fond de vitrerie et création d’encadrement adaptés. Les deux nouvelles verrières (baies 3 et 6) sont installées en juin 1991, tandis que les vitraux posées en 1926 dans ces baies ont été enlevés, trouvant refuge à la mairie. Le troisième et dernier vitrail est achevé et posé en avril 1993 dans la baie sud du chœur (baie 2), par le même peintre verrier et dans les mêmes conditions que précédemment.
 
L’inauguration officielle de l’ensemble a finalement lieu le 23 avril
1994, soit près de seize ans après le début de l’opération.
 
Dans les années qui suivent, la lecture attentive des inscriptions conservées au bas des scènes anciennes des vitraux à l’initiative de M. Félix Verdier, Maire de Trizac, avec l’aide de M. Jean-Eric Iung, Directeur des Archives départementales du Cantal, permet d’en identifier l’iconographie. Trizac possède des éléments d’un cycle consacré à saint Nicolas, dont une scène est tout à fait exceptionnelle : elle illustre un épisode de la légende de la cane de Monfort-sur-Meu (Ille-et-Vilaine), histoire très particulière rapportée par François-René de Chateaubriand dans les Mémoires d’outre-tombe, qui relève de la tradition bretonne. Le lien peut alors être établi avec les vitraux signalés à la fin du XIXe siècle et encore dans l’ Entre deux guerres dans la chapelle Saint-Nicolas de Priziac dans le Morbihan. La lecture erronée d’une inscription portée sur une caisse du dépôt des Monuments historiques a donc conduit les éléments aujourd’hui en place à Trizac, du Morbihan vers le Cantal.
 
Au dépôt des Monuments historiques, les éléments anciens se trouvaient distribués dans neuf panneaux. Cinq d’entre-eux contenaient trois scènes de l’histoire de saint Nicolas, réalisées à la fin du XVe siècle, auxquelles il faut ajouter la partie supérieure droite d’une Adoration des mages, d’une échelle plus grande ; quatre autres panneaux rassemblaient des fragments de la fin du xve et du xvie siècle. À Trizac, la presque totalité de ces éléments anciens ont été redistribués par Alain Makaraviez et présentés sur des fonds et dans des encadrements de sa composition.
 
Toutes les autres baies de l’édifice conservent leur vitrage posé en 1926 par l’atelier clermontois de François Taureilles, les vitraux des baies 6 (Apparition du Sacré Cœur) et 8 (Sacre de Charles VII en présence de Jeanne d’Arc) étant signés et datés ; le vitrail de l’Apparition de la Vierge à Lourdes (baie 5) est une donation de la famille de Maurice Eschapasse, Inspecteur des Monuments historiques.
 
Baie 1 (bras nord du transept).
Fin du XVe siècle, début du XVIe s. et 1991. Baie cintrée. H. 2, 10m environ - L. 0, 62m. Verrière composite rassemblant des panneaux et fragments provenant de la chapelle Saint-Nicolas de Trizac 4, disposés sur un fond clair et dans un encadrement composé en 1991 par le peintre verrier Alain Makaraviez (bordure contenant la date « 10/2/91 ». Dans le panneau inférieur, sur fond clair : ange d’ajour tenant fouet et tenaille de la Passion, buste de jeune sainte, ange inséré dans un encadrement qui contenait primitivement un écu armorié. 2 panneaux supérieurs : scène de la légende de saint Nicolas où le père des trois pucelles, ne pouvant les doter, les envoie se prostituer, inscription dans la partie supérieure sur un phylactère « CAMA(N)T ung gentil home avoit trois/filles et navoit pas du bien pour les marier/et leur fit aller cercher leur avanture » ; verres corrodés, quelques restaurations. 5
Trizac. Cantal. Eglise Saint-Bauzire. Baie 1
Baie 2 (chœur).
Fin du XVe siècle, début du XVIe s. et 1993. Baie cintrée. H. 2, 10m environ - L. 0, 62m. Verrière composite rassemblant des panneaux et fragments provenant de la chapelle Saint-Nicolas de Trizac (Morbihan) 6, disposés sur un fond clair et dans un encadrement composé en 1993 par le peintre verrier Alain Makaraviez. Eléments hétéroclites en partie sur fond rouge dans le panneau inférieur : soubassement de niche d’architecture, agneau de saint Jean-Baptiste, anges portant les instruments de la Passion, main soulevant le couvercle d’une pyxide et divers. 2e panneau : ange tenant un médaillon circulaire, fragment d’une scène de l’Adoration des mages ; inscription sur la manche du mage « AV(E) Re(gina) ». Panneau supérieur : en haut, tête de jeune homme peu lisible, partie inférieure de la scène de la légende de saint Nicolas où il dote les trois pucelles ; inscription « AVE MA(RIA) » dans le costume du saint et dans le bas de la scène « COMA(N)T S [partie occupée par un bouche-trou] getÉ plei(ne) ung borse/dor qua(n)t il [partie occupée par un bouche-trou] pour marier les trois fille(s) » ; partie supérieure de la scène perdue ; bouche-trous, verres altérés. 7
Trizac. Cantal. Eglise Saint-Bauzire. Baie 2
Baie 4 (bras sud du transept).
Fin du XVe siècle, début du XVIe s. et 1991. Baie cintrée. H. 2, 10m environ - L. 0, 62m.
 
Trizac. Cantal. Eglise Saint-Bauzire. Baie 4
 
Verrière composite rassemblant des panneaux et fragments provenant de la chapelle Saint-Nicolas de Trizac (Morbihan) 8, disposés sur un fond clair et dans un encadrement composé en 1991 par le peintre verrier Alain Makaraviez. Plusieurs fragments anciens dans le panneau inférieur : groupe de 3 anges adorateurs, coupe de donateurs en buste, buste d’ange intégré dans un encadrement primitivement destiné à recevoir un écu armorié. Dans les deux panneaux supérieurs, miracle de la cane de Montfort-sur-Meu (Ille-et Vilaine), appartenant à la tradition bretonne de la légende de saint Nicolas : en présence des fidèles, une cane vole sur l’autel dédié à saint Nicolas et y dépose l’un de ses canetons ;
Trizac. Cantal. Eglise Saint-Bauzire. Détail baie 4
Trizac. Cantal. Eglise Saint-Bauzire. Détail baie 4
inscription sous la scène « Coma(n)t ung cana(rd) souvaige on se petis/vient faire hom(m)a(ge) à la chapelle s(aint) Nicho(las) » ; partie inférieure gauche de la scène (une partie de la cane) refaite par Alain Makaraviez, restauration ancienne dans le groupe de spectateurs, verres corrodés. 9
Trizac. Cantal. Eglise Saint-Bauzire. Détail baie 4

Plusieurs questions se posent.

Quels étaient les emplacements de ces vitraux dans la chapelle Saint-Nicolas de Priziac ?

Quand les vitraux ont-ils été démontés ?

Pourquoi les architectes de Trizac ne se sont pas interrogés en constatant que la taille des vitraux ne correspondait pas à celle des ouvertures ?

Est-ce que la légende de la Cane de Montfort est bien née à Montfort-sur-Meu, Ille-et-Vilaine ?

Par qui et quand cette légende liée à Saint-Nicolas de Montfort a été « installée » à la chapelle Saint-Nicolas de Priziac, éloignée d’environ 125 kilomètres ?

Y a t-il eu à Priziac des manifestations de la Cane ? comme à Montfort.

Existent-ils d’autres Saint-Nicolas et Cane de Montfort entre Montfort et Priziac ?

Les vitraux sont datés de la fin du 15ème et début du 16ème siècle et l’église subit d’importants travaux en 1580. Pourquoi les vitraux ne sont pas mentionnés à cette occasion ?

L’origine de Priziac.

Priziac vient du latin « brissius », hameau précieux. Priziac semble être un ancien ensemble primitif et forestier « Brisiaci silva » qui englobe les territoires actuels de Priziac, de Berné et de Meslan.
 
La première mention de Priziac date de 818 « juxta sylvam quae dicitur Priziaci », Cartulaire de Landévénnec. Vers 1180, une dame, nommée Estell, donne à l’abbaye de Quimperlé, en y prenant l’habit religieux, la moitié de la terre de Bresselien en Priziac.
 
Priziac est longtemps, semble-t-il, le siège d’une commanderie des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, appelée d’abord commanderie de Lotavy, puis commanderie de Beauvoir, et finalement unie à la commanderie du Croisty.
Les frairies sont celles de Saint-Nicolas, de Saint-Guénolé ou de la Roche-Périou, de Trescoet, de Saint-Yves, de Bonnevel, du bourg et de Lotavy. 10
La seigneurie de la Roche-Périou existe dès le début du XIème siècle et Périou, troisième fils de Budic Castellin, comte de Cornouaille, ?-980, édifie un château vers 1025. Il est reconstruit au début du XIIIème siècle et occupé par les Anglais, de 1342 à 1354, durant la Guerre de Succession de Bretagne.

La chapelle Saint-Nicolas de Priziac.

La chapelle Saint-Nicolas (XV-XVIème siècle). Chapelle en croix-latine à chevet plat, construite au début du XVIème siècle, avant 1516, pour Yvon Le Digoedel, sieur de Kerlen, sur les terres de Pierre Le Scanff, 11 seigneur du Dréors. 12
Priziac. Morbihan. Chapelle Saint-Nicolas
Photo : 19/12/2015.
Elle est jadis le siège d’un pardon célèbre où se commémore dans les jouissances la fausse nouvelle de la mort de Guillaume III à la Boyne (1690). Une importante campagne de travaux a lieu en 1580 : reconstruction du chœur et du transept, de la chambre des cloches et remaniement de la porte occidentale. La décoration est flamboyante avec ses crochets et animaux aux rampants, ses portes en anse de panier sous des accolades décorées, mais les pilastres qui ornent la porte occidentale indiquent l’influence des monuments Renaissance que l’on commence à construire en Bretagne. Au carré du transept, des colonnes engagées semblent attendre des arcades qui ne furent jamais construites. Le clocher et la flèche qui surmontent le pignon occidental sont de construction récente, mais la tourelle d’escalier et la galerie ajourée qui la relie au clocher sont du XVIème siècle. La chapelle est couverte d’une charpente aux entraits à têtes de crocodiles et aux sablières grossièrement sculptées. La chaire à prêcher date du XVIIème siècle. Auprès de la chaire, on découvre une Pietà du XVIème siècle.
Priziac. 56. Pietà
Photo : 19/12/2015.
Le maître-autel date du XVIIIème siècle. Les vitraux, oeuvre de Mickaël Messonnet, datent de 1997. Il faut encore signaler, à l’intérieur, une statue de bois d’un évêque, du XVIème siècle, un haut-relief de bois, de la même époque, figurant l’Arbre de Jessé, un dais en bois sculpté également du XVIème siècle comme le groupe de pierre qui surmonte l’autel du bras sud du transept et qui représente la Descente de Croix. Les armes sont celles de Pierre Le Scanff, décédé en 1566, et de Jeanne Du Juch, sieur et dame du Dréors. A signaler que cette chapelle a été l’objet d’un conflit de prééminences entre Pierre Le Scanff, seigneurs du Dréors, et Yvon Le Digoedel, seigneur de Kerlen. 13
Priziac. 56. Détail du jubé
Photo : 19/12/2015.
La roue à carillons date du XVIème siècle.
Priziac. Morbihan. Chapelle Saint-Nicolas. Roue à carillons
Photo : 19/12/2015
La pièce maîtresse de cet édifice est le magnifique jubé, commandé vers 1566, réalisé en 1580, soutenu par une clôture. Il porte les armes de Jeanne du Juch et Pierre Le Scanff, et est orné des Apôtres, sur la face est, et de légendes de la vie de saint Nicolas, sur la face ouest.
Priziac. Morbihan. Chapelle Saint-Nicolas. Le jubé
Photo : 19/12/2015
Pierre Le Scauff 14 fournit aveu, en 1540, au sire de Guémené pour ses domaines qui se composent des manoirs du Dréorz, de Morgant, de Ménézorven, de seigneuries sur les manoirs de Keroual, de Brecelien, de Kerlen et de Coëteven, plus un bon nombre de tènements et de chefsrentes. Son fils Tristan rend aveu, en 1566, au sire de Guémené.
Priziac. Morbihan. Bresselien
Photo : 19/12/2015
En 1593, le Dréorz est en la possession de Nicolas de Talhoët, sieur de Kerservant, Lisleho, Grand-Bois, Tremedern, et le Dréorz ; en 1661, il appartient à Hélène de Talhoët, comtesse du Bois-de-la-Roche et dame de Crémenec.
L’ancien château de la Roche-Périou, XIème siècle. Les Anglais occupent La Roche-Périou jusqu’en 1354. Puis Edouard III donne le château et le fief à Jean Davy, mari de Jeanne de Rostrenen, veuve du vicomte Alain VII de Rohan. En 1359 ou 1360, les partisans de Charles de Blois reprennent la Roche-Périou qu’ils conservent jusqu’en 1364, date à laquelle Montfort 15, reprend le château. Le domaine devient ensuite la propriété du duc de Bretagne : suite à la mort de Roger Davy, Jeanne de Rostrenen cède en effet la Roche-Périou au duc de Bretagne le 29 juin 1371. Le 26 mai 1377, la seigneurie est rachetée par Jean Ier, vicomte de Rohan : l’ensemble de la vente comprend aussi le château et la châtellenie de Kermenet-Guégant et le manoir de Penquaer. Cette acquisition est approuvée par le duc Jean IV de Bretagne par lettres du 28 juillet 1377, puis confirmée par le roi Charles V en 1378. En 1384, Jean Ier de Rohan donne à son fils cadet, Charles, les châtellenies de Guémené, la Roche-Périou et la Roche-Moysan. Le château tombe en ruine dès le XVIème siècle, vers 1575. Aujourd’hui, il ne reste quasiment plus aucune trace du château.
Le manoir de Bresserien appartient, en 1473, à Henry de Bennerven et à sa femme, Marguerite de Kerméno. En 1502, il est la propriété de Jehan de Kergoët, puis, en 1526, d’Alain du Dresnay et de Françoise Bennerven ; puis les sires du Dréorz et ceux de Kerminizic le possédent successivement, et il est probable qu’il est resté dans cette dernière maison. 16
Guégant, fondateur du château de Guémené, devient seigneur de Guémené-Guégant et de La Roche-Périou. 17 Propriété de la famille Castellin (XIème siècle) puis de la famille Rohan, vers 1120. Alain Ier devient alors le seigneur du lieu. Le château est reconstruit au début du XIIIème siècle par la famille Rohan et va rester dans la Maison de Rohan jusqu’en 1251. Il devient la propriété de la famille Beaumer, de 1251 à 1354, par le mariage de Robert de Baumetz ou Beaumer avec Mabille de Rohan, fille du vicomte Alain. Robert de Beaumer meurt sans postérité en 1280 et le domaine est alors cédé à Thomas de Beaumetz.
Le château souffre gravement durant la guerre de Succession de Bretagne, qui oppose Charles-de-Blois à Jean de Montfort. La place subit un premier siège au mois de juin 1341. Le 15 ou 16 novembre 1342, les troupes anglaises du roi Edouard III enlèvent Le Faouët et La Roche-Périou, avant de prendre Pont-Scorff, le 19 novembre.
Guéméné-sur. Scorff. 56
Vestiges imposants du château. Photo : 01/04/2017.
Guémené 18 dérive de la dénomination médiévale de Kemeret-Guégant, commanderie de Guegant. Guémené-sur-Scorff est, semble-t-il, un démembrement de l’ancienne paroisse primitive de Plousquen, aujourd’hui disparue. Guémené existe dès le Vème siècle. On y trouve une motte féodale vers 1050, édifiée par Guégant (ou Guegant), fils de Périou ou Piriou, fondateur de la Roche-Périou, en Priziac, et petit-fils de Benedic, comte de Cornouaille, et neveu d’Alain Canhiart, comte de Cornouaille. Guégant donne son nom au lieu : Kemenet-Guégant , le fief de Guégant.
A l’origine, Kemenet-Guégant n’est qu’une simple châtellenie dépendant de La Roche-Périou, en Priziac, et un arrière-fief du comté de Porhoët. Les biens de la famille de Guégant tombent, au début du XIIème siècle, entre les mains de la famille Rohan. Alain Ier devient, vers 1120, propriétaire de Guémené. 19
Le fief de Guémené est acheté le 26 mai 1377, par Jean Ier, vicomte de Rohan, pour 3 400 sous d’or. De son deuxième mariage avec l’infante Jeanne de Navarre, fille de la reine Jeanne II de Navarre, il a un fils, Charles, qui reçoit comme cadet le fief de Guémené et s’y installe. Il est l’auteur de la branche des Rohan-Guémené, d’où sont issus tous les Rohan actuels, et de la branche des Rohan-Giè, d’où descendent tous les Rohan-Chabot actuels. La seigneurie de Guémené proprement dite s’étend sur les paroisses de Locmalo, Lignol, Ploërdut, Priziac, Saint-Tugdual, Persquen, Silfiac et Langoëlan et la trève de Leshernin en Séglien ainsi que sur les quatre paroisses de Saint-Caradec-Trégomel, Plouray, Mellionnec et Plouguernével, qui étaient appelées la terre du Maréchal, parce qu’elles avaient appartenu au maréchal de Rieux, qui les avaient données à sa fille Louise de Rieux, épouse de Louis de Rohan, sire de Guémené. 20
Guéméné-sur-Scorff. Morbihan
La Porterie de Rohan. Photo : 14/02/2013.
Guémené relève de la sénéchaussée royale d’Hennebont. Le doyenné ecclésiastique n’a pas les mêmes limites que la principauté ; il comprend les paroisses et trêves de Bieuzy, Cléguérec, Guern, Langoélan et le Merzer, Lescoet Plélauff, Lignol, Locmalo, Malguénac et Stival, Mellionec, Melrand, Persquen, Ploërdut, Plouray, Priziac, Saint-Tugdual, Séglien et Silfiac. Guémené n’avait point de communauté de ville.

Qui est Saint-Nicolas ?

La Saint-Nicolas est une fête inspirée de Nicolas de Myre, appelé aussi Nicolas de Bari. Il est né à Patara, en Lycie, l’Orient de l’Empire romain, au sud-ouest de l’actuelle Turquie, Asie mineure à l’époque, entre 250 et 270. Il est le successeur de son oncle, l’évêque de Myre. Il est renommé pour sa charité et sa foi combative. La tradition affirme qu’il participe au premier concile de Nicée.
 
De Myre à Bari. Son tombeau, placé dans l’absidiole d’un martyrium à Myre, attire de nombreux pèlerins mais est menacé par les raids des sarrasins depuis le XIe siècle. Ses ossements sont conservés dans l’église Saint-Nicolas de Myre jusqu’au 1087. Selon la légende, ils ont la particularité de suinter une huile parfumée et ce baume est connu dans toute l’Europe du Moyen Âge. La bataille de Manzikert qui voit la défaite de l’armée byzantine en 1071 décide plusieurs villes italiennes marchandes, dont Nicolas est le saint Patron, à récupérer les reliques. Le moine bénédictin Nicéphore et l’archidiacre Jean de Bari qui relatent cette « translatio » justifient le vol dont le but est d’assurer la sécurité des reliques et d’accroître leur vénération en les rapprochant de Rome. Soixante-deux marins venus de Bari, gagnant de vitesse les navires vénitiens, volent et ramènent ses reliques 21 le 9 mai 1087 en terre chrétienne à Bari. Une basilique lui est spécialement construite entre 1089 et 1197. 22

De Bari à Nancy.

La Basilique de Saint-Nicolas-de-Port, Lorraine.
Dès le Xe siècle, une relique, une phalange du saint, est transférée depuis Bari vers le Duché de Lorraine, et il est édifié au sud de Nancy une grande basilique dédiée à Saint-Nicolas-de-Port. Vénéré et très souvent invoqué, il devient très rapidement le saint-patron de la Lorraine. Port est une cité réputée pour ses foires et marchés, le culte de Saint-Nicolas se répand très rapidement au delà des frontières du Duché de Lorraine et, notamment, outre-Rhin où la tradition demeure également très vive.
En Lorraine, la fête a une importance particulière, puisque saint Nicolas est le patron de la Lorraine depuis 1477. En effet, alors que la Lorraine est occupée par la Bourgogne, le duc René II de Lorraine demande la victoire à saint Nicolas. Après la victoire de la bataille de Nancy, saint Nicolas devient patron de la Lorraine et des Lorrains.
 
L’évêque de Myre est célébré dans une grande procession de la basilique de Saint-Nicolas-de-Port, dite procession du Sire de Réchicourt qui, emprisonné en Terre Sainte, s’est retrouvé à Saint-Nicolas-de-Port après avoir prié le saint.
 
La fête de la Saint-Nicolas « d’été », méconnue, commémore la translation des reliques de Saint-Nicolas, en 1087, depuis Myre jusqu’à Bari et par extension celle de Bari jusqu’à la Basilique Saint-Nicolas de Saint-Nicolas-de-Port. La date de la célébration est traditionnellement instituée le lundi de Pentecôte.

Saint-Nicolas arrive à Angers avec Foulques Nerra en 1020.

L’abbaye Saint-Nicolas est fondée vers 1020 à Angers, Maine-et-Loire. Elle est érigée sur les ordres du comte d’Anjou, Foulques Nerra. L’église construite antérieurement est dédicacée à saint Nicolas le 1er décembre 1020. S’ensuit la construction du monastère et l’installation des moines s’effectue entre le 3 mai 1021 et le 2 mai 1022. Foulques Nera fonde l’abbaye Saint-Nicolas pour s’acquitter d’un vœu fait lors d’une tempête pendant un des ses voyages, 1002, 1008 et 1038, à Jérusalem.
Il se montre souvent cruel, mais ses remords sont à la hauteur de ses crimes, il multiplie les abbayes dans ses domaines pour laver ses nombreux péchés et pour se faire pardonner de ses crimes. À l’ouest, il s’oppose à son beau-frère Conan Ier, comte breton de Rennes, qu’il bat et tue le 27 juin 992 à Conquereuil, Loire-Atlantique. 23

Comment Saint-Nicolas arrive en Bretagne ?
Avec les nombreux bretons qui participent aux Croisades ou qui se rendent à Jérusalem ?

Nantes et Saint-Nicolas.
Il existe un « cimetière Saint-Nicolas » en 1186. Est-ce qu’une chapelle ou une petite église succursale est construite vers la fin du XIème siècle ? 24

Saint-Nicolas de Montfort.

En 1252 la paroisse de Saint-Nicolas 25 nous apparaît, « parrochia Sancti Nicholai », et en 1256 il est fait mention du cimetière de Saint-Nicolas. 26. C’est donc vers le commencement du XIIIème siècle que cette paroisse a dû être fondée. Elle fut naturellement confiée à l’origine aux religieux de Saint-Melaine, et leur chapelle priorale devint l’église paroissiale de Saint Nicolas.
L’église, rendue célèbre par le Miracle de la Cane qui a lieu vers 1386 (légende citée dans différents écrits du XVème siècle), est démolie en 1798.
Photo : 25/03/2017.
Mais ce qui rendait Saint-Nicolas célèbre au moyen-âge, c’était la cane merveilleuse y venant chaque année. Qu’on explique comme l’on voudra (nota : la légende populaire raconte que cette cane accomplissait un vœu fait à saint Nicolas par une jeune fille menacée à Montfort d’un grave danger) cette apparition d’une cane sortant de l’étang de Montfort et entrant dans l’église de Saint-Nicolas le jour de la fête patronale, puis disparaissant pour ne revenir que l’année suivante, le fait en lui-même paraît certain ; il est attesté par les protestants Louveau et d’Andelot, par le grave jurisconsulte d’Argentré et par une foule d’autres personnages importants ; il est relaté non-seulement à Montfort dans de nombreux procès-verbaux des XVème et XVIème siècles et dans les comptes des trésoriers de cette époque, mais encore dans les ouvrages de savants étrangers, tels que le doge Fulgose en 1480, 27 et le président Chassenée en 1524 ; il est enfin devenu si populaire que la ville où il se passait en a gardé pendant des siècles le nom de Montfort-la-Cane. Toutefois, ces apparitions devinrent plus rares au XVIIème siècle ; l’historien Hay du Châtelet en fut encore témoin en 1666, et le P. Vincent Barloeuf composa à leur sujet un intéressant ouvrage ; mais après 1739 elles cessèrent complètement.
Des verrières. Puis apparaissaient, sur deux rangs, six figures de saints occupant le même nombre des sections de la verrière ; le dessin n’a de légende que sous l’un de ces bienheureux ; on y lit : Sainct Nicolas, évesque de Myre ; revêtu de son costume épiscopal, ce dernier bénit les petits enfants qui ressuscitent par l’effet de ses prières ; mais, chose à noter, aux pieds du saint barbotent dans un marais quatre canes, rappelant ainsi la légende de Montfort.

La cane de Montfort.
La légende 28 raconte qu’une jeune fille emprisonnée s’échappe par l’intercession de Saint-Nicolas, il la transforme en cane et elle s’envole de sa prison. Une autre version indique que la jeune fille est déposée par Saint-Nicolas au bord de l’étang. Depuis, à la saint-Nicolas la cane et ses canetons viennent près de l’autel durant la messe. La dernière « apparition » de la Cane à Montfort date de 1739. 29

Montfort-sur-Meu. Ille-et-Vilaine
Photo : 13/12/2015.

La présence en Priziac d’une terre nommée Bresselien a t-elle un lien avec la forêt de Brécilien 30 dans laquelle se situe Montfort-sur-Meu ? Un lieu-dit Bresselien, une seigneurie, une coïncidence ? Ce lieu-dit est aujourd’hui sur les communes de Priziac et le Croisty. Il y a plusieurs lieux-dits ’’Bressilien’’ en Bretagne. Il en existe notamment un à Paule, Côtes-d’Armor, à 25 kilomètres au nord de Priziac.

Comment et quand s’est fait le lien entre Montfort-sur-Meu et Priziac ? l’intervention des Rohan, présents à La Roche-Piriou ? les Guémené ? les Rostrenen ? les Gaël-Montfort ? les Laval ? Des familles avec des liens de parenté. Laquelle a contribué à cette « copie » de la légende à la fin du 15ème siècle ?

L’influence des vicomtes de Rohan et des ducs de Bretagne. 31

La construction de la chapelle Notre-Dame de Kernascléden commence en 1420 à l’initiative du vicomte Alain VIII de Rohan et s’achève en 1453, date de la consécration du sanctuaire.
Kernascléden. 56
Eglise gothique flamboyant de Kernascléden. Photo : 01/04/2017.
A partir de 1460, grâce au mécénat du vicomte Alain IX de Rohan, l’intérieur s’est enrichi de remarquables peintures murales, sur apprêt à sec (a secco).La voûte du chœur est ornée de 24 scènes de la vie de Marie et de Jésus et celle du transept nord de huit anges musiciens. Le transept sud abrite une danse macabre et une représentation de l’Enfer.
Kernascléden. 56
La danse macabre. 01/04/2017.
Kernascléden. 56
L’enfer. Photo : 01/04/2017.
La réalisation de l’ensemble parait être soutenue par le duc Jean V car ses armes s’affichent à la clé de voûte de la croisée du transept. La fleur de lys qui jouxte les hermines est celle de son épouse Jeanne de France, fille de Charles VI le Fol.
Kernascléden. 56
Photo : 01/04/2017.
La voûte du transept nord est divisée en quatre compartiments triangulaires. Chaque compartiment est occupé par deux anges qui se font face.
Kernascléden. 56
Les anges musiciens. Phot : 01/04/2017.
Ces anges musiciens auraient une origine ibérique. C’est le fils de l’Espagnole Jeanne de Navarre, le duc Jean V, qui invita le prédicateur espagnol aragonais Vincent Ferrier en Bretagne. Vincent Ferrier meurt le 5 avril 1419 à Vannes et les fresques sont réalisées en 1460. Le fils de Jean V, François Ier, est le gendre de Yolande d’Aragon.
 
Ces anges musiciens pourraient être arrivé en Bretagne avec des pèlerins revenant de l’abbaye bénédictine de Montserrat, située à 40 km de Barcelone.
 
Les anges musiciens de la voûte médiévale de la chapelle Notre-Dame de Carmès en Neuillac, à 27 kilomètres de Kernascléden ont été peints entre 1470 et 1500.
Neulliac. 56
Photo : 01/04/2017.
Eglise Sainte- Catherine d’Alexandrie. Photo : 01/04/2017.
Neulliac. 56
Peinture dégagée en 2016, et qui doit être restaurée en 2017. Photo : 01/04/2017.
Neulliac. 56
Les anges musiciens, au 1er étage de la sacristie. Photo : 01/04/2017.
Les anges musiciens des vitraux de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët, à 15 kilomètres de Kernascléden, et à 7 kilomètres de Priziac, sont réalisés vers 1480.
Le Faouët. 56. Saint-Fiacre
Photo : 01/04/2017.
Ces éléments montrent une forte influence des vicomtes de Rohan et des ducs de Bretagne dans la décoration des lieux religieux à la fin du 15ème siècle. 32

Tentative d’explication par les liens qui unissent les Montfort, ducs de Bretagne, les Rohan, les Montauban, les Guémené, les Montfort 33, les Laval.

Les ducs de Bretagne. De la famille des Montfort-L’Amaury.

 Jean IV le Conquéreur, 1339 - 1er novembre 1399. Le vainqueur en 1364 de la guerre de Succession de Bretagne.

 Jean V le Sage, 24 décembre 1389 - 29 août 1442. Une de ses filles, Marie, 1446-1511, se marie en 1462 à Jean II, ?-† 1516, vicomte de Rohan, de Léon, et comte de Porhoët. Les armes du duc Jean V s’affichent à la clé de voûte de la croisée du transept de l’église de Kernascléden.

 François Ier de Bretagne est né le 11 mai 1414 à Vannes et mort le 19 juillet 1450 au manoir de Plaisance à Saint-Avé, Morbihan. C’est le fils de Jean V le Sage, duc de Bretagne, et de Jeanne de France, fille du roi Charles VI. À la mort de son père, le 29 août 1442, il devient comte de Montfort 34 et duc de Bretagne.

 Pierre II le Simple, 7 juillet 1418 - 22 septembre 1457.

 Arthur III le Justicier, Connétable de Richemont, 24 août 1393 - 26 décembre 1458. Le 22 septembre 1457, Arthur de Richemont voit son second neveu, Pierre II de Bretagne, successeur de François Ier de Bretagne, disparaître à son tour. Cette mort fait de lui le nouveau duc de Bretagne. Au bout d’un court principat de treize mois, il s’éteint à son tour et laisse le duché à son neveu, François II de Bretagne, fils aîné de Richard de Bretagne.

 François II, 23 juin 1433 - 9 septembre 1488. En 1488, la défaite des armées de François II à Saint-Aubin-du-Cormier, Ille-et-Vilaine, conclut la guerre avec le roi Charles VIII et le contraint à accepter le traité du Verger. Une clause stipule que François II ne peut marier ses filles sans le consentement du roi.

 Anne de Bretagne, 25 janvier 1477 - 9 janvier 1514. Le 6 décembre 1491, Anne épouse officiellement au château de Langeais, Indre-et-Loire, le roi de France Charles VIII.

Les Rohan.

 Jean Ier de Rohan, 1324-1396. Epoux de Marie de Montauban. Jean Ier, vicomte de Rohan achète le fief de Guémené le 26 mai 1377. Priziac fait partie de la seigneurie de Guémené.

 Alain VIII de Rohan, fils de Jean Ier de Rohan et de Jeanne de Léon, vicomte de Rohan de 1396 à sa mort en 1429.

 Alain IX de Rohan, né vers 1382-mort le 20 mars 1462 à La Chèze, fils de Alain VIII de Rohan, vicomte de Rohan de 1429 à sa mort en 1462. Alain IX de Rohan se remarie le 16 novembre 1450 avec Marie de Lorraine.

 Alain de Rohan, 1408-1449 au siège de Fougères. Fils de Alain IX de Rohan, vicomte de Porhoët, il épouse en 1443 sa cousine Yolande de Montfort-Laval, née le 1er octobre 1431 à Nantes – 1487, fille de François de Montfort-Laval dit « Guy XIV de Laval », 28/01/1406-02/09/1486 à Châteaubriant, 1er comte de Laval, vicomte de Rennes, baron de Vitré, vicomte de Rennes, seigneur de Châtillon, d’Acquigny, d’Aubigné, de Courbeveille, de Montfort-sur-Meu, de Gaël, baron de La Roche-Bernard, seigneur de Tinténiac, de Bécherel et de Romillé, châtelain de La Brétesche, seigneur de Lohéac, de La Roche-en-Nort et de Gavre, et d’Isabelle de Dreux-Bretagne de Montfort, fille du duc Jean V, née en 1411-morte le 14 janvier 1443. 35

 Jean II de Rohan, 16/11/1452-01/04/1516 à Blain, 14ème vicomte de Rohan après son père, vicomte de Léon, comte de Porhoët, seigneur de Blain, de La Garnache et de Beauvoir-sur-Mer, conseiller et chambellan du roi Charles VIII, lieutenant général de Bretagne. Il épouse en 1462 Marie de Montfort dite « Marie de Bretagne », 1446-1511, fille de François de Montfort dit « François Ier de Bretagne »

Pontivy. Morbihan. Château de Rohan
Photo : 11/03/2017.

Les Rohan-Guémené.

 Jean Ier, 1324-1396, vicomte de Rohan achète le fief de Guémené le 26 mai 1377. En 1384, il donne le fief de Guémené à son fils cadet, Charles. Priziac fait partie de la seigneurie de Guémené.

 Charles Ier de Rohan-Guémené, 1375-1438, épouse, en 1406, Catherine du Guesclin, et devient la tige des Rohan de Guémené. Louis I, son fils, lui succéde en 1438.

 Louis Ier de Rohan-Guémené ?-1457, épouse Marie de Montauban le 24 avril 1443. Il acquiert le manoir de Tréfaven, près de Lorient.

 Louis II de Rohan-Guémené, ?-1508, sire de Guémené, de la Roche-Périou, et de la Roche-Moysan, en 1457, épouse, en 1463, Louise de Rieux, qui lui apporte les terres de Plouguernevel, Mellionec, Plouray et Saint-Caradec. Il recueille en 1466 la riche succession des Montauban, construit le château actuel de Guémené, est créé baron de Lanvaux en 1485, et meurt en 1508.

 Louis III de Rohan-Guémené, ?-1498.

 Louis IV de Rohan-Guémené, ?-1527, épouse en 1511 Marie de Rohan, 36. elle meurt à Guéméné le 9 juin 1542. Elle fait construire de nombreuses chapelles et manoirs.

 Louis V de Rohan-Guémené, 1513-1557, leur fils, succède à son père en 1527, à l’âge de 14 ans. Il est sous la tutelle de Marie. Il se marie à Marguerite de Laval.

Si la chapelle Saint-Nicolas de Priziac est édifiée à cette époque, il est tout à fait possible que Marie de Rohan 37 commande la pose des vitraux.

 Louis VI de Rohan-Guéméné, 3 avril 1540-4 juin 1611, est prince de Guéméné et 1er comte de Montbazon, fils de Louis V de Rohan-Guéméné, 1513-1557, et de Marguerite de Laval, il épouse le 22 juillet 1561 Eléonore de Rohan, 1539-1583, sa cousine.Le 1er février 1586, il épouse en secondes noces, Françoise de Laval. 38

Les Monfort-Laval.

 Jean de Montfort, dit Guy XIII de Laval 39, né en 1385-mort le 14 août 1414 à Rhodes. Il se marie à Vitré le 22 janvier 1404 avec Anne de Laval unique héritière des baronnies de Laval et de Vitré. Suivant une des clauses du contrat de mariage il prend le nom et les armes des Laval. Par cette union la seigneurie de Montfort est intégrée dans le patrimoine des Laval.

 Guy XIV de Laval, ou François de Laval-Montfort, 28 janvier 1406-2 septembre 1486, Châteaubriant. Une de ses filles, Yolande, née à Nantes le 1er octobre 1431 se marie en 1443 à Alain de Rohan, comte de Porhoët.

 François de Laval-Montfort ou Guy XV, 1435-1501, succède à son père dans les comtés de Laval, la vicomté de Rennes, la baronnie de Vitré et de Montfort en Bretagne. En 1461 ont lieu à Tours les conventions matrimoniales entre François de Laval et Catherine de Valois, fille de Jean II d’Alençon. François de Laval devient beau-frère de Marguerite de Lorraine, 1463-1521. Saint Nicolas est le patron de la Lorraine depuis 1477 !

Montfort-sur-Meu. Ille-et-Vilaine. Abbaye
Photo : 13/12/2015
Laval. Mayenne. le Château des Laval
Photo : 25/02/2017.

Les Montauban.

La seigneurie de Montauban 40 semble bien être un démembrement de la baronnie de Montfort car son premier possesseur Olivier de Montauban est un frère puîné de Guillaume, sire de Montfort.

 Olivier II s’unit à Jeanne de Porhoët, fille d’Eudon, leur fils, Alain Ier, est sire de Montauban. Il épouse Mahaut de Montfort, décédée en 1279, et
meurt après 1285.

 Jean II épouse Anne de Keranrais, et rend aveu au duc de Bretagne, en 1456, pour sa seigneurie de Montauban (Archives de Loire-Inférieure, voir Montauban). Il est amiral de France et maréchal de Bretagne, meurt en 1466 et laisse une fille nommée Marie. Marie de Montauban, dame dudit lieu, épouse en 1443, Louis Ier de Rohan, seigneur de Guémené, mort vers 1450.

Les liens de sang sont évidents entre les familles de Montauban, Montfort, Laval, Rohan et Guéméné.

En 1860, Louis Rosenzweig 41 donne peu de détails sur les vitraux, il mentionne des « restes de vitraux à compartiments variés ; personnages de 0m60 environ, fonds d’architecture Renaissance mêlés d’anses de panier et d’accolades ; quelques traits de la vie de saint Nicolas. » 42
En 1892, l’abbé Amédée Guillotin de Corson en dit plus : « …Le chevet droit de cet édifice est occupé par une belle fenêtre à meneaux de style flamboyant ; une verrière du XVIème siècle remplissait jadis toute cette baie, mais il n’en reste plus que des débris, notamment deux panneaux, qui nous prouvent que ce vitrail représentait toute la légende du bienheureux patron du lieu. L’un de ces panneaux est consacré à retracer la générosité de saint Nicolas dotant trois pauvres filles dont la vertu courait danger ; tout le monde connaît le fait. Quelque chose de bien plus curieux se retrouve dans le dernier panneau de la verrière : on voit là deux personnages debout, qui semblent être un seigneur et sa femme, présentant à Dieu un autel surmonté de la statue du saint évêque de Myre ; sur le marchepied de cet autel est une cane dont le petit canard, voltigeant au-dessus d’elle, se trouve déjà sur l’autel même. Au-dessous on lit cette légende incomplète : "Comment ung canard... venoit hommage..." Il s’agit évidemment ici de la fameuse cane de Montfort, dont il est singulier de retrouver la légende au fond de la Basse-Bretagne. On sait que pendant trois siècles les habitants de Montfort purent voir chaque année, à la fête de Saint-Nicolas d’été, une cane et ses canetons sortant de l’étang du château de Montfort, se rendant à l’église paroissiale de Saint-Nicolas et y demeurant pendant l’office divin au pied de l’autel ; la cane y laissait un de ses petits et disparaissait ensuite. Ce fait, tout extraordinaire qu’il semble, est prouvé par une suite nombreuse de procès-verbaux attestant sa réalité, et l’artiste verrier de Priziac l’a voulu représenter comme témoignage de dévotion envers Saint Nicolas. Malheureusement les écussons de la verrière ont été brisés depuis longtemps... » 43
En 2015, Yann Baron s’intéresse aux vitraux. Il 44 ne précise pas s’il est directement témoin de ce relevé, mais le détail de cette description le laisse supposer. L’influence de la famille de Laval, qui a succédé aux Montfort, pourrait expliquer cette dévotion particulière dans ce site du Morbihan. Il note que les vitraux pourraient être du début 16ème45

Un grand merci à M. Félix Verdier pour m’avoir fait découvrir ce lien étonnant entre le Morbihan et le Cantal via la Cane de Montfort, devant un café au sympathique bar de Trizac.
De nombreuses questions ne trouvent pas réponses, je continue mes recherches.
Un jumelage entre Montfort-sur-Meu, Priziac et Trizac mérite d’être envisagé !

PS : Jean-Jacques Gruber connaît bien la Bretagne où il a restauré de nombreuses verrières.
1955-1965,Quimper, Finistère, Cathédrale. Baies hautes de la nef qu’il restaure en partie.
Pont-Croix, Finistère, Notre-Dame de Roscudon, baie sud.
1950, Guengat, Finistère, église Notre-Dame, toutes les baies XVIe dont la Passion
1950, Quimper, Finistère, église Notre-Dame de Kerfeunteun, restauration de l’Arbre de Jessé.
1981,Quimper, Finistère, cathédrale, création de la baie des fonds baptismaux dont le sujet est l’eau.
1951,Pluguffan, Finistère, église Saint-Guffan, chevet, pose avec composition, 1968, restauration du corps du Christ.
1953, Plogonnec, Finistère, église Saint-Thurien, restauration Passion, Transfiguration, Saint-Sébastien.
Trégourez, Finistère, église Saint-Idunet, baies du chevet, Passion, Jugement dernier, baie 2, Martyre de Saint Sébastien. Avec accompagnement. Paiement de 1.043.430 F. à M.Jean-Jacques Gruber pour la repose et la restauration des vitraux. Le devis du 22 octobre 1951 dressé par M. Lisch, architecte, prévoyait : « Nettoyage à l’eau claire. . .Pièces patinées cuites. Pièces peintes légendaires.. repiquage pièces patinées ; repiquage pièces peintes. RBT.p.176
1954, Quéméneven, Finistère, Notre-Dame de Kergoat.
Brennilis, Finistère, baie du chevet et baies, 1 et 2, avec accompagnement, ( vitraux offerts par madame Pompidou, suite à sa présence à la messe le jour de l’inauguration de la centrale atomique, mais.... il ne fut pas prévu assez d’argent pour terminer les autres baies.) .
1956. Le Faouët, Morbihan, chapelle Sainte-Barbe.
1977-1979. Guèze, Finistère, Notre-Dame des Trois Fontaines. Dossier commune. baies 3, 4 et bras sud du transept.
Création, pour les dernières, un différent, existe, Josette Mahuzier se réclamant la paternité de certaines œuvres
1977-1978. Pont- Croix, Finistère, Résurrection et Sainte-Famille. Dossier commune Baie 11, création Jean-Jacques Gruber. B5C5BACA : Annonciation - B2C2B3C3 Nativité – B4C4B5C5A6 père et enfant. Réseau : anges de résurrection, anges avec balances, Vierge Marie, saint Jean, la Sainte Trinité. Baie 12, création Jean-Jacques Gruber. B5C5B4C4 Mise au tombeau - B3C3B2C2 Résurrection – A6B6C6D6 Marche dans le désert – A5A4 la Manne – D5D4 Moïse – A3A2 saint Martin – D3D2 le bon Samaritain – A1 Tobie – D1 saint Paul dans son panier. Réseau « travaux et saisons » : maréchal ferrant, labours et semailles, moisson, pêche, procession, enfants chantant, mère faisant le pain, prêtre enfournant le pain, pélican.
Quimper, Finistère, Cathédrale, fonds baptismaux, Baptême du Christ, 1978-1981. Dossier commune
1976-83. Guignât, Finistère, église, baies 6 et 8. NF. Dossier Commune,
Création autres, parfois avec Jeannette Weiss Gruber, plus souvent avec Josette Mahusier.
1952, Saint-Gildas de Rhuys, Morbihan, église.
1964-1968. Merlévenez, Morbihan, église. Notre-Dame de la Joie, baies 0,1,3, nef, et ouest, Naissance, Assomption de la Vierge, Nativité et Adoration des Mages
1966, Penmarc’h, Finistère, Notre-Dame de la Joie, baie chevet : poissons, pécheurs, ancres, filets etc.
1967- 1968, Morlaix, église Melaine, 1973-1975, Scènes de la Passion, de la Vie de la Vierge, parallèle entre Eve et Marie.
1984, Redon, Ille-et-Vilaine, église Saint-Sauveur.
1974, Saint-Pol-de-Léon, cathédrale Saint-Paul-Aurélien, Moïse et la Terre promise, Apocalypse de saint Jean ?
Vitraux d’accompagnement de vitraux anciens,
Gouezec, Finistère,chapelle Notre-Dame des Trois Fontaines. Baies 3,4 et 6. La 0 de Jean-Pierre Le Bihan.
Guengat, Finistère, église Saint-Fiacre, baies 3 et baie ouest.
1984, Redon, Ille-et-Vilaine, Eglise Saint-Sauveur.

A propos de Morlaix, Finistère, église Saint-Melaine, et des vitraux de Jean-Jacques Gruber.

Avril 1988. Lettre de Monsieur Daniel Lefèvre, ACMH, au laboratoire de Champs concernant « des panneaux de vitraux restaurés par l’atelier Gruber, provenant de l’église Saint-Melaine de Morlaix, seraient entreposés au château de Champs-sur -Marne ».
 
Article de journal ( non identifié) transmis par la mairie de Morlaix, en demande d’explication. : <>
Il s’agissait de deux à trois malheureux panneaux d’essais contemporains de la main de Gruber ou..
 
Aux Laboratoires de Champs, monsieur Bettembourg contacté, sur la demande la mairie, déclare ne pas être pas au courant, il en sera de même pour Roger Barrié. A Rennes, on s’affaire, le suspense demeure. Suite à conversation avec Catherine Brisac, je découvre qu’elle voudrait que « Papie » Gruber puisse terminer cette église avant de mourir. Elle lui avait promis sur son lit de mort. Il est vrai que ce dernier , depuis plus de dix ans me demande s’il y avait quelque chose pour lui.
Octobre 1989, trois panneaux de vitraux de Gruber arrivent au Musée de Morlaix avec étiquetage au nom de Saint-Melaine. A la demande de ce musée, je vais les voir, et les détrompe. Il ne s’agit que d’échantillons. 46

La suite de l’affaire des vitraux de Priziac-Trizac.

Dès la mise en ligne de cet article, je l’envoie à M. Le Niniven, maire de Priziac. Il prévient Mme Carof-Gadel de Ouest-France et lui demande de faire un article de presse sur le sujet. Le but est d’essayer de réveiller des souvenirs chez les habitants et éventuellement ceux de la date et des circonstances du démontage de ces fameux vitraux.

Mme Carof-Gadel appelle Mme Alice Malga, maire de Trizac, pour obtenir quelques informations complémentaires. Ensuite elle me contacte pour avoir des détails sur cette découverte et mes recherches. Le 22 mars 2017, un article parait.

Ouest France. 22 mars 2017
1ère de couverture du journal, avec M. le Ministre de l’Intérieur !
Ouest-France du 22 mars 2017
Est-ce que j’ai franchi la ligne rouge ?
Ouest-France du 22 mars 2017
4ème de couverture du journal, avec Tara, des aventuriers eux-aussi !

Ouest-France.

Je préviens Mme Alice Malga, elle me confirme que M. le Niniven prévoit d’aller la rencontrer à Trizac.

Ouest France du 26 mars 2016
Evènement classé parmi les plus marquants de la semaine !

Mme Carof-Gadel, merci de votre aide au rapprochement entre Priziac et Trizac.

A quand le jumelage ? Yes, we Cane ! Comme ils disent à Montfort.

Le 24 mars, Mme Meignin, journaliste à « La Montagne », basée à Aurillac, s’empare du sujet.

Le 15 avril Mme Catherine Duflot-Falgère me contacte pour avoir des détails et publier un article dans le « Réveil Cantalien ». Merci.

En Pays Gentiane. 15 avril 2017.

Le 29 avril 2017, Mme Meignin publie son article dans La Montagne. Merci.

A suivre.