aller au contenu

De Bellac à Bonnac-la-Côte

3 mai 2015

Bellac (87), départ 7 h.

Ce matin à 6h30, j’ai droit à quelques manifestations du mécontentement de madame Gautier : putain de pluie, putain de temps...Eh oui, du crachin. Finalement elle s’est levée dès qu’elle m’a entendu. Elle a vérifié à ce que je déjeune bien. La route est gloutonne en calories !

Bellac, bien perchée, au matin sous la bruine

Je fais un rapide tour le long de la rivière Vincou, c’est magnifique. Les pluies ont gonflé le volume et le débit. Je me dirige vers saint-Sauveur, il bruine. Là, je rencontre un enseignant en retraite qui me raconte que c’est cette côte qui aurait inspiré Victor Hugo pour « le coche et la mouche ». Ne serait-ce-pas plutôt Jean de la Fontaine ? « Oh, oui, depuis que je suis en retraite, j’oublie tout ».

Saint-Sauveur

Cet après-midi il y aura une cérémonie pour fêter les 150 ans de l’église. Lui aussi a marché. Il me dit pour m’encourager « Pluie du matin, n’arrête pas le pèlerin ». La route est relativement plate et droite mais traverse de beaux paysages. Un héron. J’adapte en, « Pluie du matin, n’arrête pas du Guesclin ». Plus approprié. Des iris et des joncs poussent un peu partout, dans les vallées et le long des ruisseaux. C’est le pays des arbres et de l’eau, me dit-on.

Les ruisseaux regorgent d’eau

Pause à Nantiat, le soleil est revenu. Pain aux raisins et tarte aux pommes. Ensuite, c’est la forêt épaisse. Après les Lèzes, je longe une rivière et me retrouve à l’étang de Conore. Je me suis trompé de route. Tant pis, je longe la Nationale 147. Je suis à 22 kilomètres de Bellac. La Nationale 147 est aussi dénommée « Route de la Voie Royale ». Un atelier de porcelaine à gauche. Pause en terrasse au bar 147. Je m’aperçois que j’ai perdu une paire de chaussettes, tenues hors du sac avec 2 pinces Aclé. Pertes et profits. Il faudra que j’en trouve d’autres. 2 paires, c’est bien, 3 paires, c’est mieux, pour la rotation, si je veux avoir les pieds au sec. L’accueil est vraiment sympathique.

Je bifurque à l’est vers Saint-Jouvent. L’église est patronnée par Saint-Gaudens. Elle est du 12e. Limoges est à 16 kilomètres. Je me dirige vers Bonnac-la-Côte. Voyons cette côte. Eh bien, il y en a plusieurs des côtes, des plats, des plats de côtes. Facile, celle-là. La roche locale est le granit et sa décomposition, l’arène granitique. Les gens du coin sont sympathiques, de nombreux conducteurs mettent leur clignotant pour signaler qu’ils s’écartent pour ne pas me raser. Je leur fais un merci de la main, très souvent, ils me le rendent. A propos de qualificatifs pour parler des gens, des hôtels, des chambres d’hôte, je comprends que les guides utilisent des étoiles, des fourchettes, des assiettes. C’est plus simple que de trouver le bon adjectif et de ne pas se répéter. Il va falloir que j’y pense pour la suite de mon texte.

J’ai Sophie au téléphone, Catherine a le « cœur gros » et des pulsations qui sont à 130 par minute. Les premiers effets des médicaments se font sentir. Rien de grave, mais un problème ancien qui n’avait pas été décelé par le médecin. De même que la tension.

Les grenouilles, escargots et limaces, avec la pluie, sont à la fête. Quelles belles côtes pour arriver à Bonnac-la-Côte, disons plutôt Bonnac-les-Côtes. L’arrivée est impressionnante.

Derrière, c’est Bonnac-la-Côte

En haut de la montée qui arrive aux premières maisons du village, un panorama grandiose sur 180 degrés. En face le Massif Central, les hauteurs, les sommets, la vallée, c’est spectaculaire. Une côte, encore une, appelée la Basse-Côte. Je n’ai pas vu la Haute-Côte. Merci, ça suffit pour aujourd’hui. Une bonne trentaine de kilomètres. Le village s’étale sur 1 à 1,5 kilomètre. Tous les magasins sont fermés. J’ai un numéro de téléphone de chambre d’hôte, j’appelle. Un homme répond, une voix rauque. J’ai l’impression qu’il a bu. Il est peu accueillant. Mais je risque. La chambre d’hôte est à un peu plus d’un kilomètre du bourg. Bonus pour la journée de demain, elle ne va pas dans ma direction.

Le chemin qui mène à la chambre d’hôte

Finalement l’homme a son style, il est très agréable, blagueur et pince sans rire. Une bonne bière. On discute. Il élève une trentaine de brebis et est aide-infirmier. Il me donne des pansements. Il me montre où sont les assiettes, verres, couteaux, œufs, poêle et me dit que si j’ai faim, eh bien que je me débrouille. Il y a tout ce qu’il faut, il suffit de fouiller un peu partout dans les placards. Et ensuite je peux toujours lire Charly Hebdo. Il me dit qu’il part, qu’il me laisse garder la maison, que je peux prendre la commande des 7 personnes qui vont arriver, et leur demander l’heure à laquelle ils souhaitent prendre leur petit-déjeuner demain matin. Etonnant. Quelle confiance accordée en à peine 1 heure. Je me mitonne une omelette avec du gruyère qu’il me reste, çà tient bien au corps.

Une pause-bière, preuve sur la table

L’environnement est superbe, un jardin anglais, des fleurs partout, belle maison, 280 mètres carrés au sol. Je crois qu’ici, on est à environ 400 mètres d’altitude. 200 mètres de gagnés depuis le Maine-et-Loire. La rigolade est finie. La montagne arrive. L’objectif de demain est d’atteindre Saint-Léonard-de-Noblat, étape vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Je devrais y voir des sacs à dos et peut-être des chaussettes spéciales randonnée. Je pense avoir passé la moitié de la distance qu’il y a entre Monteneuf et Châteauneuf-de-Randon. 742,9/2 : 371,45 kilomètres. J’ai également franchi le tiers de la distance entre Monteneuf et Lançon-Provence, 963/3 : 321 kilomètres. Encore un petit effort et c’est fini, dans 3 semaines. Au nord de Bonnac-la-Côte, le Col de Sablonnade culmine à 480 mètres. Vers 22 heures, le propriétaire revient, quelques échanges à propos des personnes arrivées et je vais me coucher. Merci pour la confiance.


Voir et savoir

  • Saint-Jouvent,87 : Sur la rive gauche de la Glane. Découverte d’outils néolithiques, de sculptures gallo-romaines. Connu par l’exploitation de ses carrières, notamment celle de Neuplanchas, y sont extraites aux 13e et 14e les pierres qui servent à la construction de la cathédrale de Limoges. Église avec voûte romane à l’entrée.
  • Bonnac-la-Côte : Premier contrefort du Massif central et située à l’ouest des monts d’Ambazac, altitude mini 324 m. Un camp romain devait exister près de Leychoisier. Voies gallo-romaines. Château de Leychoisier, du 9e. Au Theillet, maison de Léon Dhéralde (1815-1891), auteur du « Dictionnaire de la langue limousine ». En 1162, construction de l’église romane. Village remarquable de Salesse.

Ma collection de tampons

  • Boulangerie, pâtisserie Salesse : Maître artisan pâtissier. 20, rue du 8 mai 1945. 87140. Nantiat.
  • Hôtel, restaurant du Commerce : Place du Commerce. 87140. Nantiat.
  • Restaurant le 147 : 10, Maison Neuve. 87510. Saint Jouvent.