De Bussière-Poitevine à Bellac
2 mai 2015
Bussière-Poitevine (87), départ 8h30.
Aujourd’hui, étape à Bellac, environ 20 kilomètres. Petite journée, cool. Le temps est gris mais il ne pleut pas, c’est déjà un luxe. A 8 heures, les propriétaires de la chambre d’hôte, de gentils Anglais, ne sont pas levés. Je tourne dans le village depuis 7 heures. Le bar ouvre à 7h30. Chocolat chaud et café. Je quitte la Bussière-Poitevine à 8h45. C’est mon départ le plus tardif depuis le début de ce périple. Je me trompe de chemin. Cependant, celui que je prends est très agréable, verdure, haies, bois, chemins creux, ruisseaux, moutons, chevaux. L’eau tombée pendant la nuit cascade dans les fossés, ça anime la marche.
Les constructions ont changé de matériaux, du schiste et du grès. Je suis depuis quelques temps en Haute-Vienne. Un arbre est tombé en travers du chemin. Apparemment il y a plusieurs moulins dans la région, c’est vrai que je passe au-dessus de nombreux ruisseaux.
A Saint-Bonnet-de-Bellac, une dame à qui je demande ma route, me montre un document officiel précisant que 6734 véhicules passent chaque jour devant chez elle dont 1415 poids lourds. Sa maison est dans un virage, les voitures rasent le pignon au passage. Cette dame très sympathique me dit que cette route avait été faite à l’époque des diligences, des charrettes, des chevaux, et que maintenant les jolis chevaux sont cachés sous les capots.
Je passe au-dessus de la Gartempe, il y a des pêcheurs. Maintenant, il pleut. Il y en aura jusqu’à ce soir. A Sainte-Croix -sur-Gartempe, je ne vois pas la Gartempe. Peyrat-de-Bellac touche pratiquement Bellac. Je trouve que parmi tous les petits bonheurs de la marche, il y a celui de marcher pieds nus ou en chaussettes sur un carrelage bien frais ou sur un plancher. Quelle joie pour les pieds !
En arrivant à Bellac, je vais dans un bar. Je commande un café et demande au patron si je peux prendre le journal qui est fermé sur le comptoir. Surprise. Celle-là, je ne l’attendais pas. « Non, monsieur, je suis en train de le lire ». Je prends mon café en me disant que j’allais vite quitter les lieux. Deux minutes plus tard, il me dit « Si vous le voulez, j’ai fini ». Bien. Ok. Surprenant, non ?
Je trouve une chambre d’hôte à Bellac, à deux pas de l’église du 12ème siècle. J’ouvre mon portable, message de Catherine. Je la rappelle sur le sien, à la maison, personne ne décroche. Message. J’appelle Sophie, elle est peut-être allée à Rennes. Sophie me rappelle, Catherine est aux urgences, à l’hôpital de Ploërmel pour arythmie et tension artérielle de 17. Depuis quelques jours, elle respire mal et prend de la Ventoline. Elle croit que ce sont les pollens qui la gênent pour respirer. Ce n’est pas cela. Nouveau médecin, nouveau diagnostic. Conséquence, 3 jours à l’hôpital sous surveillance. Le temps de trouver les bons médicaments et les bonnes doses. Question : qu’est-ce que je fais ? J’arrête, je rentre. Catherine me dit que non. Que ce n’est pas grave. J’y réfléchis.
La dame de la chambre d’hôte, madame Gautier, est fort avenante et prête à rendre service. Dans son salon, la table est envahie par divers médicaments. Elle me propose de faire un pansement à mon pied ampoulé. J’accepte. L’Office de Tourisme, bâtiment grand luxe, lumineux, immenses baies vitrées, est fermé. Incroyable ! M. Fabius veut rendre la France plus touristique, accueillir plus de visiteurs. Ça va pas être facile. Bellac a un patrimoine exceptionnel, la ville est sur une hauteur, le Vincou l’entoure en partie, ses berges font le plaisir des touristes. Et l’Office du Tourisme est fermé. Il est 17h 30. Je bois une Hoegaarden, pour me remettre de ces évènements et me poser les bonnes questions, surtout trouver les bonnes réponses.
Ma traversée nord-ouest, sud-est, du Limousin commence ici. De Bellac à Neuvic. Je dîne au Cheval Blanc, relais routier depuis 400 ans. Croustine de canard et ses petits légumes, ris d’agneau du Limousin, crème au caramel, café, Pécharmant. Excellent rapport qualité-prix. De retour à la chambre d’hôte, madame Gautier tient à me faire visiter toutes les pièces. Une superbe vue sur l’église et le Vincou. Là aussi, excellent rapport qualité-prix. Elle collectionne les poupées, plus d’une centaine ! Elle m’a préparé mon petit-déjeuner pour demain matin au cas où je me lèverais avant elle. Son mari, qui vient de se faire couper une moitié du pied droit et qui s’est blessé à la main, est dans la cour à ramasser les pétales du cerisier. C’est une dame adorable. Je recommande cette étape. Excellent accueil et bons prix, surtout en famille ou à plusieurs. Mme Gautier se sépare de moi car elle va voir Zorro. Pendant que je suis dans la salle de bain, je l’entends vivre son feuilleton, aïe, aïe, aïe, vas-y Zorro, attention derrière, tue-le. J’ai envie de rester dans la salle de bain pour l’entendre. Ah, la, la...attaque, attention, méchant...Mieux que le feuilleton. Madame Gautier m’a préparé mon petit-déjeuner, formation pour les tartines dans le micro-ondes, réglage à 2 ou 2,5, pour qu’elles soient croustillantes. Le chocolat, idem. Quelques tartines pour la route. Je comprends pourquoi ses clients reviennent régulièrement. Une dame et son fils lui ont déjà réservé 1 mois. Elle touche une petite retraite. « Si mon mari décède, je devrais vendre ma maison ». Quelle tristesse. Dommage pour Bellac. Elle mérite à être connue cette madame Gautier. Merci madame. Pas plus d’indiscrétion, je jette un œil au parcours de demain et je vais me coucher.
Voir et savoir
- Le 16 août 1356, le Prince noir est à Bellac, cette chevauchée le mènera à Nouaillé-Maupertuis où il vaincra l’armée française de Jean II le Bon le 19 septembre.
- Saint-Bonnet-de-Bellac,87 : Rivière Gartempe. Château de Bagnac, la grosse tour d’angle date du 14e, représentation du combat de Lussac-les-Châteaux avec John Chandos. Pierre de Bagnac y naît en 1330, cardinal.
- La Croix-sur-Gartempe : Dolmen.
- Bellac : Carrefour entre le Limousin, la Marche, le Poitou, le Berry. Église Notre-Dame-de-Bellac, 12e,14e, chapelle du château des Comtes de la Marche, à l’origine. Châsse du 12e. Chapelle des Pénitents. Vestiges des remparts du 13e. Entrées de la ville médiévale, les portes Trilloux, la Prade. Jean de la Fontaine y séjourne en 1663. Jean Giraudoux est un auteur bellachon.
Ma collection de tampons
- Alimentation générale : 87300. Saint-Bonnet.
- Chambres d’hôtes : M. et Mme Gautier. 87300. Bellac. Une collection de poupées.