De Châteauneuf-de-Randon à Saint-Haon

Départ à 8h30 dans une petite pluie printanière. Je me dirige vers le village de Charinac. Je passe la rivière Le Chapeauroux. Je grimpe la côte vers le sommet à 1248 mètres d’altitude.

Un cerf magnifique à ma droite, j’arrête, je me dissimule, je sors mon appareil photo, il lève la tête, il m’a senti, majestueusement il s’éloigne, tranquille, photo ratée. Difficile de faire un selfie avec un cerf sauvage.

Je passe devant la ferme de La Toison d’or, elle accueille des groupes. Des lamas me suivent des yeux.

14 h. La boulangerie d’Auroux est sur le point de fermer. Je veux rapidement acheter un encas, la dame insiste, asseyez-vous, que voulez-vous boire. Une quiche et un jus de tomate. Je m’installe quelques instants. Un peu pressé je libère la boulangère.

A peine sorti du village je m’aperçois que j’ai oublié mon bâton de marche à la boulangerie. Je croise une dame âgée qui fait sa balade quotidienne, elle a un bâton usé, je lui propose de récupérer le mien à la boulangerie. Elle veut en échange me donner le sien. C’est très aimable, non merci. Je refuse car finalement le bâton n’est pas pratique, il est même souvent encombrant. Pas de bâton, pas de regrets.

Je suis ce chemin sur une belle distance, je croise des 4X4, je finis par rejoindre une route.

Condres est à ma droite, je distingue à peine une sorte de maison fortifiée. La pluie se met à tomber, une bonne pluie qui mouille bien. J’enfile le poncho, il protège le haut du corps mais pas le bas, il fait même gouttière, l’eau descend sur le pantalon. Après peu de temps l’eau entre dans les chaussures. Je descends maintenant vers la rivière Le Chapeauroux. La route est envahie d’une couche de plusieurs centimètres d’eau boueuse. Je ne peux pas faire de photos tant la pluie est forte. Dommage, la route est belle, des lacets, des falaises abruptes. Pour gagner du temps je me dis que je pourrais couper les lacets, c’est tellement énervant de voir la route qui passe un peu plus bas et de ne pouvoir la rejoindre en ligne droite. Je longe le Chapeauroux qui va se jeter dans l’Allier à quelques centaines de mètres.

J’arrive à Chapeauroux, un ancien hôtel semble faire chambres d’hôtes. Je fais le tour, il y a un numéro de téléphone, j’appelle sans succès, personne ne décroche. Je dégouline de partout. J’avance dans le village désert et sur ma gauche je vois un petit panneau avec des plats affichés. J’avance, c’est ouvert, il y a quelqu’un, je vais pouvoir demander s’il y a de quoi passer la nuit dans les environs.

Deux charmantes jeunes femmes sont là, au coin du feu de cheminée. On commence à parler. Près du feu je sèche. Où allez-vous, d’où venez-vous ? pourquoi à pied ? On regarde mon site Internet. Elles font de la petite restauration, il y a un bar. La décoration est décontractée et très personnalisée. L’emplacement est dans un cadre très joli que je ne verrai pas, le temps est déplorable. Elles ont la solution pour mon hébergement, il y a un hôtel à trois kilomètres. Ok, c’est bon, la chambre est réservée. Je leur offre l’apéritif. Celle qui porte une casquette me fait penser à un poulbot, ça lui donne un charme à craquer. On n’est que tous les trois.

Elles viennent juste d’ouvrir, elles ne travaillent là que pendant la saison. Le camping qui est à proximité leur amène des clients. L’hiver elles ferment. On échange, elles sont vraiment, vraiment très sympathiques. La générosité incarnée. J’appelle ma femme, comme chaque soir, avec leur téléphone fixe. Je l’invite à me rappeler à leur numéro. Je ne sais pas comment je me débrouille, j’oublie de raccrocher. Un quart d’heure plus tard, je trouve bizarre que ma femme ne rappelle pas. J’ai consommé bêtement un quart d’heure du forfait. Elle a déjà laissé trois ou quatre messages. Je suis un peu gêné. L’une d’elle me mijote son burger maison, le Burger lozérien, excellent. Je suis sec. Je retrouve la forme. Elles me conduisent ensuite en voiture à l’hôtel.

On franchit le pont sur l’Allier pour atteindre Le Nouveau-Monde. La grêle commence à tomber, on ne distingue plus rien, la route grimpe en lacets vers Saint-Haon. On ne voit pas à vingt mètres et je trouve même qu’elle roule vite. Elle est du coin et connait la route par cœur, me dis-je, pour me rassurer. On se quitte devant l’hôtel Le Foirail. Je les remercie et leur souhaite une bonne saison. Elles ne connaissent pas la Bretagne, je les invite à y venir. Quelle aventure. Un très beau moment.

Le 04.09.2019 je passe avec mon épouse, en voiture cette fois, pour les remercier. J’en profite pour faire une photo du site. Le restaurant est fermé, pour la journée ? pour la saison ? Dommage.

De la fenêtre de la chambre je constate qu’un belle couche de grêle est tombée. Comment sera demain ? J’ai à peine le temps de me poser la question que je dors. Belle journée. Bonne nuit. A demain.

Maintenant je suis en Haute-Loire, 43.

Voir et savoir

• Charinac. Lozère 48. Situé sur la commune de Châteauneuf-de-Randon à une altitude de 1248 mètres.

• Saint-Jean-la-Fouillouse. Lozère. 48. Le Cellier. Tour.

• Auroux. Lozère. 48. Au cœur du massif de la Margeride. L’église du village date du XI^e siècle. Les savants Pierre et Marie Curie et leur fille Irène, louaient à Auroux une maison de vacances. ¹

• Chapeauroux. Lozère. 48. A la frontière entre Margeride et Pays du Velay, Chapeauroux, ce village pittoresque est situé à 750 mètres d’altitude dans les gorges du Haut-Allier au confluent de l’Allier et du Chapeauroux dans un espace naturel et préservé. Il est au cœur d’un cirque basaltique impressionnant façonné par l’Allier.

Le Viaduc de Chapeauroux, ou Viaduc du Nouveau-Monde, est un pont ferroviaire qui enjambe la rivière du Chapeauroux sur la commune de Saint-Bonnet-de-Montauroux. Les travaux du viaduc ont été entamés vers 1857 lors de la construction de la ligne des Cévennes. Il est achevé vers 1870. Il se trouve au village de Chapeauroux, et sa construction a permis de retrouver des vestiges du village romain de Condate. Ce village est l’une des trois stations située en Gévaudan de la via Agrippa que l’on retrouve sur la table de Peutinger, avec Anderitum et Adsilanum. Il est inscrit monument historique le 28 décembre 1984. ²

• L’Allier est un affluent de rive gauche de la Loire et mesure 410 km de long. Son bassin hydrographique est de 17 600 km². C’est un des derniers cours d’eau sauvage d’Europe.

L’Allier a sa source dans la Margeride (partie est du Massif central) en Lozère, près du Moure de la Gardille à 1 503 m d’altitude. L’Allier a un cours de direction sud-nord. Après avoir traversé les départements de la Haute-Loire, du Puy-de-Dôme et de l’Allier il rejoint la Loire au Bec d’Allier à 6 km en aval de Nevers, l’altitude est alors de 175 m. Il draine la riche plaine de Limagne. Il passe par les villes de Brioude, Issoire, Vichy et Moulins. ³

Ma collection de tampons

• Auroux. Le Fournil d’Autrefois. Boulangerie-pâtisserie.

• Saint-Bonnet-de-Montauroux. Chapeauroux. Camping Les Eaux Vives. Bar-restaurant. Accueil sympathique, cadre agréable et feu de cheminée. Le burger est excellent.

• Saint-Haon. Haute-Loire, 43. Le Foirail. Hôtel-Restaurant.

---