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De Mantes-la-Jolie à Meulan-en-Yvelines

13 mai

11 avril 1364, Bertrand du Guesclin prend Meulan. Je reprends la route de la campagne par le nord de la Seine.

Je longe la Seine et passe du côté droit. Une passerelle pour les piétons et cyclistes traverse la Seine.

Mantes-la-Jolie. 78
La collégiale Notre-Dame.

La nef gothique est une des plus élevées du XIIe siècle. De son temps, seule Notre-Dame de Paris la dépasse de seulement deux mètres.

Mantes-la-Jolie. 78
De la passerelle du pont Peronnet.

Le Vieux Pont, dont l’origine remonte au XIIe siècle relie la ville de Limay à Mantes, mais une partie fut démolie pour construire le pont Peronnet au XVIIIe siècle. Il reste quelques arches.

Limay. 78
Le vieux pont, côté Limay.

Le vieux pont de Limay, qui enjambe un bras de la Seine, le bras de Limay, et relie la ville de Limay à l’île aux Dames (également appelée « île de Limay ») est l’un des plus anciens ponts de France. Le plus vieux document faisant mention d’un pont entre Mantes et Limay est une charte de 1050. Presque totalement détruit en 1162, il sera reconstruit en 1172. L’arche ogivale du 12e siècle est la dernière trace de cette époque.

Le pont, qui comptait onze arches, a été partiellement détruit en 1940 lorsque le génie militaire français fit sauter deux arches centrales, qui n’ont pas été reconstruites, pour retarder l’avancée de l’armée allemande. C’est le dernier vestige d’un ancien pont de 37 arches, qui reliait Mantes-la-Jolie à Limay en trois parties, daté au moins du milieu du 11e siècle. 1

Limay. 78
Eglise Saint-Aubin. Plaque dédiée à Jean Martel. Photo : 30/08/2023.

Charles n’était pas encore le cinquième, il était Dauphin et duc de Normandie et avait un ami plus qu’un chambellan qui se trouvait à ses côtés à la bataille de Poitiers ; ce familier de la famille royale qui avait pour nom Jean Martel fut cruellement blessé là même où le roi Jean le Bon, vaincu, fut fait prisonnier par les Anglais, ce 19 septembre 1356 et trépassa quelques jours plus tard ; son corps, plus tard, fut conduit au couvent des Augustins de Rouen.

Sans doute séduit par la beauté du site sur lequel se trouve la chapelle Sainte-Christine à Limay, Charles V décide d’installer son fidèle chevalier Jean Martel après quelques années de travaux, en 1379, au milieu des frères Célestins qu’il dote très généreusement, sans oublier une rente pour que les moines disent une prière quotidienne à perpétuité pour le souvenir de son chambellan. Le roi ne sera pas le seul donateur au profit du monastère qui va rapidement devenir fort puissant… 2

En 1376, le roi Charles V fonde à Limay un monastère de Célestins, situé au milieu des rochers et des carrières de Saint-Aubin et le dédie à la Sainte-Trinité. Le monastère est démoli à la Révolution. 3

Limay, 78
Église Saint-Aubin. Photo : 30/08/2023.

Un faux ? Le monument funéraire de Jean Chenu, seigneur de La Tour-du-Pin et du Bellay-en-Vexin, écuyer de Louis XI, chambellan de Charles VIII et de Louis XII, mort avant le mois de décembre 1510, et de sa femme Jeanne de Ver, fille du seigneur de Grisy, morte vers 1494, se compose d’un sarcophage quadrangulaire et de deux gisants, et se trouve à gauche de l’entrée. L’inscription de 1868 sur une plaque accrochée au revers de la façade est erronée : elle mentionne un Jean Le Chenut, grand écuyer de Charles V, personne qui n’a jamais existé.

Limay. 78
Eglise Saint-Aubin. Thomas Le Tourneur. Photo : 30/08/2023.

Le monument funéraire de Thomas Le Tourneur, chanoine, secrétaire et conseiller de Charles V, maître des comptes de 1365 à 1381, se compose d’un sarcophage non sculpté et d’un gisant de 175 cm de longueur, et se trouve au sud de la base du clocher. Louis Régnier observe que le gisant pourrait tout aussi bien appartenir à Jean Martel, tué à la bataille de Poitiers en 1356, et inhumé dans l’église des Célestins en 1379. 4

Jean Chenu n’a pas connu Charles V, le monument funéraire de Thomas Le Tourneur est peut-être celui de Jean Martel...Cela mérite des éclaircissements !

Limay. 78
Tournez, tournez, moulins.

Je grimpe plein nord vers Fontenay-Saint-Père, je passe les 130 mètres d’altitude.

Fontenay-Saint-Père. 78
Le village apparait dans la brume.

Fontenay-Saint-Père se trouve dans le périmètre du parc naturel régional du Vexin français.

Fontenay-Saint-Père. 78
L’église Saint-Denis est fermée !

L’église Saint-Denis est du 12e siècle, sa façade a été reconstruite en 1885.

Les indications pour rejoindre Mantes me sont fournies par un villageois. Elles ne sont pas très précises, on va essayer de se repérer. Au château-d’eau je dois prendre à droite, ensuite ça se complique.

Je prends le Chemin du Poirier Radigue, tout un programme.

Ça change de l’eau, un peu de campagne me fait le plus grand bien.

La campagne est fleurie.
Ça ressemble à de la pierre meulière.
A l’arrière plan, les cheminées de Porcheville ?

J’arrive au nord de Guitrancourt. Je retrouve, enfin je crois, le GR 32, près de carrières. A gauche il y a le Bois de la Malmaison.

Un beau parcours ombragé.

J’arrive à Gargenville, rue Fanny Halworth, je descends vers la Seine. Le sol ressemble à du « sable à lapin ». Le soleil tape fort. La route jusqu’à Meulan n’est pas agréable.

Meulan-en-Yvelines. 78
Le pont aux Perches donne accès à l’île du Fort.

Au centre de Meulan, je trouve une chambre à l’Hôtel du Fort.

Cette île doit son nom au fort qui y fut construit par Bertrand du Guesclin pour défendre la ville de Meulan contre les Anglais. Cette île est reliée d’une part à la rive droite (côté Meulan) par le pont aux Perches, ancien pont datant du XIIe siècle franchissant le bras de Meulan, et d’autre part à l’île Belle. 5

Le nom des rues autour du Fort sont éloquentes : rue de Blois, rue du Massacre. Sur l’autre rive il y a également la rue du Vieux Château. Alors, est-ce que Bertrand du Guesclin prend le Fort ou le Vieux Château ? Ou les deux ?

Meulan-en-Yvelines. 78
Rue du Vieux Château. Photo : 30/08/2023.

La ville est construite sur la rive droite, il y a des escaliers pentus entre les rues qui se superposent.

Petite pause en terrasse au restaurant l’Inattendu. Des membres de la famille et des amis du patron sont là. À les écouter parler, je décide d’y dîner ce soir, l’ambiance est sympathique et la cuisine a l’air de l’être aussi.

Le nom du restaurant est tiré d’un texte de Jean d’Ormesson : tout le bonheur du monde est dans l’inattendu. C’est vrai, je confirme. Les bons moments qui me restent en mémoire sont ceux que je n’avais pas préparés ni anticipés.

A voir les passants je constate que le costume local est le survêtement. Je ne dépareille pas.

À l’origine, Meulan est un port fluvial sur la Seine, et un comptoir commercial gaulois, situé à la frontière entre les Véliocasses au nord et les Carnutes au sud.

Vers le Xe siècle, c’est la capitale des comtes de Meulan. La ville est réunie au domaine royal en 1204 par Philippe Auguste.

De Louis d’Évreux, dernier fils de Philippe III le Hardi, Meulan passe en 1319 à son fils Philippe III, roi de Navarre et comte d’Evreux, puis en 1343, à la mort de ce dernier, à son fils Charles II de Navarre dit Le Mauvais.

Les Anglais s’en emparent en 1346.

Redevenue propriété de Charles le Mauvais, la ville est assiégée par Bertrand Du Guesclin qui la reprend lors du siège du 11 avril 1364, pour le compte du futur roi Charles V le Sage, quatre jours après avoir conquis la ville de Mantes-la-Jolie. 6

Louis, duc d’Anjou, Bertrand du Guesclin, Jean III de Chalon, comte d’Auxerre, Antoine, sire de Beaujeu, assiégent Rolleboise depuis quelques semaines au moment où le maréchal de Boucicaut, arrivant par Saint-Germain-en-Laye, apporte l’ordre du roi exigeant de s’emparer à tout prix de Mantes et de Meulan.

Afin de ne pas lever le siège de Rolleboise, les deux capitaines imaginent un stratagème.

Après avoir pris Mantes le 7 avril 1364, une troupe de Bretons commandée par Bertrand du Guesclin, chevauche en toute hâte vers Meulan où ils se disent envoyés par Guillaume de Gauville, capitaine d’Évreux pour le roi de Navarre, Charles le Mauvais.

On les croit sur parole, on leur ouvre les portes et Meulan subit le même sort que Mantes. Les maisons sont livrées au pillage et une partie de la population est massacrée.

Une autre version indique qu’après la prise de Mantes, les troupes de Bertrand du Guesclin prennent Rolleboise avant de se diriger avec les machines de guerre pour assiéger Meulan. Après avoir positionné son armée, Bertrand du Guesclin lance l’assaut et parvient à prendre la ville, les défenseurs se réfugiant dans une tour. Après avoir demandé au gouverneur, par deux fois, de se rendre, les Français minent la tour obligeant les assiégés à se rendre.

Il existe au moins deux versions concernant le récit de la prise de Mantes :

  • Le récit de Froissart dans ses Chroniques (1369-1373) ;
  • Le récit rapporté par Paul Hay, fils, chevalier, seigneur du Châtelet dans son ouvrage l’histoire de Bertrand Du Guesclin connétable de France et des royaumes de Léon, de Castille, de Cordoue et de Séville, duc de Molines, comte de Longueville, etc. (1664).

Peu de jours après, les troupes de Bertrand du Guesclin prennent les places fortes de Vernon, Vétheuil et de Rosny. 7

Meulan-en-Yvelines. 78

Au menu : beignets camembert et ravioles écrevisses. C’est excellent. En à peine une heure le restaurant affiche complet. Une adresse à ne pas manquer si vous passez dans la région : rue du Maréchal Foch. 8