De Port-Mort à Les Andelys

Après un copieux petit-déjeuner, on se quitte, ils m’offrent un stylo-souvenir.

Je longe la Seine sous un beau soleil.

Comme suite immédiate du traité du Goulet, Louis VIII de France (surnommé Le Lion) épouse Blanche de Castille le 23 mai 1200. Son père, Philippe Auguste, étant frappé d’excommunication, le mariage ne peut être célébré en royaume de France. Port-Mort est en Normandie ce qui explique le choix de ce site. ¹

Est-ce que le lieu-dit Gueuleton est à Port-Mort ?

Le menhir de Port-Mort, est connu sous l’appellation « gravier de Gargantua ».

Jusqu’au début de ce siècle on vénérait Saint-Ethbin à Port-Mort. De nombreux ouvrages rapportent qu’il est mort en Irlande et que ses reliques ont été déposées au monastère Saint-Saulve à Montreuil-sur-Mer. Par contre, on peut admettre que les reliques conservées à Port-Mort, selon certains documents, reposaient dans l’église Saint-Martin-du-Château-Neuf, avant la Révolution, et que pour les soustraire aux dévastations de cette époque, elles ont été cachées sous le monument primitif.

Pour les uns il était le compagnon de Saint-Guénolé, pour les autres celui de Saint-Samson, au monastère de Taurac. Mais nul n’a pu jusqu’ici trouver l’emplacement de ce monastère... Saint-Ethbin n’était donc pas breton comme l’eussent souhaité les moines de Landévennec. ²

Encore un coup des Bretons !

Je passe près du château de la Roque, au hameau de Châteauneuf ou Château-Neuf, une tour demeure à titre de vestige. L’ouvrage fortifié, dont il reste les soubassements du donjon, a été érigé par le duc-roi Richard Cœur de Lion, après la perte d’autres châteaux sur la frontières de l’Epte et dans le Vexin normand.

N’y a-t-il pas confusion avec un moulin qui pouvait dépendre du château ?

J’arrive à Courcelles-sur-Seine. Le nom de la localité est attesté sous la forme Corceles en 1265, Courcellæ en 1265 (charte de Raoul de Chevry, évêque d’Évreux), Chouceiles en 1275, Corcellæ en 1400. Cohors désigne en latin une « cour » ou un « enclos ». ³

Je traverse la Seine. En face il y a Gaillon. Un château ducal destiné à défendre la frontière de Normandie contre le roi de France est édifié vers le XI^e siècle. En 1192, au terme d’un accord conclu entre Philippe Auguste, le roi de France, et Jean sans Terre, le roi d’Angleterre et duc de Normandie, Gaillon passe sous la domination du roi de France, au même titre que le Vexin normand et quelques autres places fortes, dont Évreux. C’est pourquoi Richard Coeur de Lion consolide ses positions en faisant construire Château-Gaillard aux Andelys sur l’autre rive de la Seine. ⁴

Vers Le Roule, les berges sont agréables, le soleil, l’ombre et la Seine, le choix du roi.

Et voilà Tosny.

Raoul II de Tosny participe à la conquête de l’Angleterre en 1066. ⁵

En 1197, le roi d’Angleterre et duc de Normandie Richard Cœur de Lion érige sur l’île La Tour au niveau de Tosny le fort de Boute-avant pour protéger la frontière orientale du duché de Normandie contre les attaques éventuelles du roi de France Philippe Auguste (le fort est rasé en 1202 par les Français en préalable au siège de Château-Gaillard).

En réplique, Philippe Auguste fait édifier une forteresse de taille moyenne sur la présente île, située à la frontière de France, connu sous le nom de Boute-arrière ou du Goulet. Boutavant sur l’île La Tour n’aura d’existence que quelques 5 années. Les restes du château se devinent difficilement en bordure de Seine à hauteur de Tosny. Seul un carré d’arbres vu du ciel est en mesure d’en donner la position. ⁶

À l’intérieur de l’église Saint-Sulpice, on peut découvrir un monument funéraire représentant les gisants de Richard de Coëtlogon, le seigneur de Tosny et de sa femme, Marguerite de Pillavoine. Il s’illustre dans plusieurs guerres, sous le règne de François I^er et meurt en 1566. ⁷

Encore un Breton. Je ne le saluerai pas, l’église est fermée.

Près de la Seine, il y a bien un Chemin de la Tour, mais je ne vois pas de tour. Aucun panneau explicatif. Personne dehors à qui poser la question.

J’emprunte un chemin de terre. Château-Gaillard est en vue. Il me semble que Boute-Avant et Château-Gaillard se voyaient, en effet ils sont distants de seulement 5 kilomètres.

Je passe devant la Résidence du Lac, un établissement de retraite médicalisé, le cadre est agréable. Vu mon âge, il faut que je conserve l’adresse.

Château-Gaillard est un château fort construit à la fin du XII^e siècle.

La ville des Andelys appartient aux archevêques de Rouen, elle est cédée le 16 octobre 1197 au duc de Normandie Richard Cœur de Lion. À sa mort en 1199, elle passe à son frère Jean sans Terre. Le 18 août 1199, Jean réunit à la Roche-d’Andely les principaux barons normands et d’autres alliés tel que le comte de Flandre, Baudouin IX, le comte de Boulogne, Renaud de Dammartin, et leur fait jurer une alliance offensive contre la France, auquel il faut ajouter le comte de Meulan, Robert II, parmi les quinze comtes engagés dans la conjuration, ce qui n’empêche pas Philippe Auguste d’enlever la place en 1204. ⁸

Pour verrouiller la vallée de la Seine, outre la construction de Château-Gaillard, Richard fonde le bourg du Petit-Andely, fortifie l’île située au milieu du fleuve et barre le cours de celui-ci. ⁹

En 1314, deux des trois belles-filles de Philippe IV le Bel (1268-1314) sont enfermées à Château-Gaillard après l’affaire de la tour de Nesle, Marguerite de Bourgogne, femme adultère de l’héritier du trône Louis de France (futur Louis X le Hutin) et Blanche de Bourgogne, épouse de Charles de France (3^e fils de Philippe, futur Charles IV le Bel). La première y mourut l’année suivante, peut-être étranglée sur ordre de son époux ou probablement à la suite des mauvaises conditions de sa détention, tandis que la seconde, après avoir passé dix ans dans la forteresse, est « autorisée » à se retirer au couvent de Maubuisson, où elle meurt en 1326.

En avril 1356, le roi de Navarre, Charles II le Mauvais est arrêté par le roi Jean le Bon, lors du festin de Rouen qui se déroule au château, le futur Charles V est présent. Charles le Mauvais y est brièvement emprisonné, avant d’être transféré au Louvre, puis à Arleux, d’où il s’évade. ¹⁰

Il est 14heures, petite journée. Il y a une chambre à la Villa Aliénor. La propriétaire est très sympathique, elle approuve ma marche et ma démarche, elle me demande des conseils de circuits.

C’est un ancien relais de poste, un ancien hôtel, et actuellement une maison d’hôtes. Il y a une petite boutique avec de l’artisanat et des produits locaux.

Une belle terrasse donne sur la Seine et les croisiéristes. Un bateau, le Viking Kaga, est à quai et déverse son flot de touristes qui part à l’assaut du château. La propriétaire me dit qu’ils n’apportent pas grand chose à l’économie locale. Ils ont leurs vélos électriques à bord et n’en louent pas. Ils mangent à bord. Pour le château ils ont leur propre guide. L’autarcie quasi totale, quelquefois certains s’aventurent en terrasse pour boire un verre.

Je fais une balade aux environs.

Je dîne sur place. Je découvre une excellente tarte aux noix et pommes crues.

La nuit tombe, un dernier regard sur Château-Gaillard. Bonne nuit.

J’oublie un peu Bertrand du Guesclin, ce soir c’est Aliénor d’Aquitaine, Richard Cœur de Lion, Philippe Auguste, Charles II de Navarre.

Pas trop jaloux, Bertrand ? Je te laisse avec tes compagnons savourer ta victoire à Cocherel.

La Bataille de Cocherel, 16 mai 1364, est un tableau de Charles-Philippe Larivière, (1798-1876), peint en 1839. Il s’agit de l’une des œuvres visibles dans la galerie des batailles, au château de Versailles. C’est une huile sur toile, de 4,25 m de haut sur 2,60 m de long. ¹¹

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