De Meulan-en-Yvelines à Vétheuil
14 mai
A travers le Parc naturel régional du Vexin français.
Le lieu-dit le Fort est sur une île.
Avant le petit-déjeuner je fais un petit tour d’échauffement. Je me demande encore si je vais ou non à Poissy. Je dois dire que cette ambiance urbaine ne m’enthousiasme pas.
En août 1346, le roi d’Angleterre, Édouard III pille et brûle Poissy après avoir débarqué en Normandie et dévasté la vallée de la Seine. Après avoir réparé le pont, il franchit la Seine et dévaste le Vexin, le Beauvaisis, traverse la Somme au gué de Blanquetaque, et bat Philippe VI de Valois à Crécy avant de prendre Calais. En 1369, le roi Charles V fait détruire ce qui reste du château de Poissy, incendié le 16 août 1346 par le Prince Noir fils du roi d’Angleterre. 1
Après tout Bertrand du Guesclin n’est pas dans le coup, alors demi-tour vers Rouen.
Je n’irai pas à Poissy, j’opte pour Vétheuil. Il est déjà 9 heures. Le temps est couvert, frais, avec un peu de vent.
Le château de la Chouette de Gaillon-sur-Monscient est à ma droite, c’est aussi un golf, ça m’a l’air huppé.
C’est dimanche, des cyclistes circulent dans les deux sens, seul ou en groupe.
Je passe Oinville-sur-Monscient et arrive à Brueil-en-Vexin. Un chemin piétonnier vient d’être aménagé, ça change du macadam.
Le soleil est revenu. À la sortie du village, La Ferme du Haubert, des étangs et ce qui me semble être une boutique. J’avance, c’est bien cela, des produits locaux, du personnel sympathique. Je négocie un peu de pain, J’achète une belle tranche de pâté de lapin, et une bière du Vexin. Un membre de l’équipe m’invite à aller manger près des étangs, il y a des tables, des pêcheurs, des grillages et leur fumée, une ambiance champêtre et conviviale, des canards...comme un beau dimanche ensoleillé.
Je ramène mes déchets, des poulets de la ferme grillent sur un tournebroche, des pommes de terre cuisent dans la sauce qui dégouline, le rôtisseur m’en offre trois ou quatre, un vrai petit moment de bonheur. Mais calmons-nous la journée n’est pas finie et le soleil donne. Encore un beau souvenir. Une bonne adresse à noter. 2
Le rôtisseur m’indique un chemin qui rejoint le village de Sailly. Il y a une petite fête au bourg, une kermesse, je croise un monsieur, il m’indique que je vais prendre le chemin des crêtes, dit chemin des bœufs. Les bœufs qui faisaient le halage entre la mer et Paris, à leur retour, coupaient les méandres de la Seine. Ok, merci, je ne suis pas un bœuf.
Située dans le nord du département des Yvelines, à la limite du Val-d’Oise, dans la vallée de la Montcient, Sailly a un territoire vallonné et en partie boisé.
Je marche à gauche, deux gros véhicules, noirs, stoppent et un homme me demande si je viens de Bretagne à pied, je lui répond que je rentre en Bretagne. Un autre véhicule arrive, il ne veut pas attendre, il klaxonne. sur un « Vive la Bretagne », ils repartent. Merci.
A Drocourt, pause menthe à l’eau, le Bistrot du Vexin ferme. La commune de Drocourt se trouve sur un plateau de 130 à 140 mètres d’altitude, légèrement entaillé par l’érosion due à la Montcient dans sa frange est. Elle comprend dans sa partie nord une butte-témoin culminant à 175 mètres sur laquelle est bâti le village, tandis que vers le sud la limite communale suit le pied d’une autre butte-témoin, la butte Marisis, qui culmine à 196 mètres dans le territoire de Fontenay-Saint-Père. 3
Saint-Cyr-en-Arthies est situé dans le Parc naturel régional du Vexin français. Je viens d’entrer dans le département du Val-d’Oise.
L’église Saint-Cyr-Saint-Julitte est la seule église du Vexin français construite pendant la période classique avec Sagy, elle a été édifiée en 1747 grâce à un don du seigneur local, Gédéon-René de Sailly, en intégrant quelques voûtes romanes et gothiques de la précédente église, qui datait du XIIe siècle, et avait été agrandie aux XVe et XVIe siècles puis restaurée en 1648.
Je passe devant l’entrée du château de la Bûcherie et son parc créé par l’architecte paysager Jean-Pierre Barillet-Deschamps : l’édifice du XVIIe siècle présente les caractéristiques du style Louis XIII. 4
En bas du village, deux jolis lavoirs aux eaux couvertes de verdure, méritent un petit nettoyage.
Je rejoins un chemin de randonnée qui mène à Vétheuil. Alors que j’atteins la route, deux jeunes en voiture, un peu éméchés, s’arrêtent. « Bonjour, est-ce que tu es un druide ? Je connais Brocéliande, Malestroit, Questembert... » Ils sortent une bière de son carton et me l’offre. Merci.
Les maisons du village s’étagent au flanc du coteau dominant la Seine.
Au centre il y a une rue du Château, il a disparu. Bertrand du Guesclin s’en empare après celui de Mantes.
Le lieu aurait été consacré seigneurie des La Roche-Guyon par le traité de Saint-Clair-sur-Epte en 911.
Vétheuil est au Moyen Âge un bourg important qui possède à l’extérieur de ses remparts deux établissements hospitaliers - la maladrerie Saint-Étienne, instituée en 1228 et l’hôpital Mathurins, créé en 1217 et détruit au XVIIIe siècle.
Dès le début de la guerre de Cent Ans, le village est conquis par les Anglais.
Défendu par trois tours de 5 mètres de large et dont la hauteur était proportionnée, ce château a soutenu de longs sièges. Il est détruit par Bertrand du Guesclin en 1364.
Après la reprise du château par Bertrand du Guesclin en 1364, le village dépend à nouveau de la couronne de France et cela, jusqu’au début du règne de Charles VII en 1422. Il tombe ensuite aux mains des Anglais et reste occupé pendant une vingtaine d’années.
Le séjour de Claude Monet a progressivement donné au village un renom touristique. Vétheuil a également servi de cadre au roman Madeleine Férat écrit par Zola en 1868. 5
Il y a encore une chambre disponible au rez-de-chaussée. De la terrasse la vue est magnifique.
La maison où a résidé Claude Monet est derrière celle qui a les chambres d’hôtes. Je me rends à l’église perchée au sommet du village. Un beau parking masque l’entrée, pour la photo il faudra repasser ! J’échange avec un homme qui assure l’accueil, évidemment on en vient au patrimoine. Il me dit qu’il y a de la restauration à effectuer. On échange sur la Fondation du patrimoine, les architectes, la mairie... 6
Je passe devant une longue file d’attente. Qu’est-ce qui se passe ? Un glacier submergé, le soleil y est pour quelque chose, mais tout de même.
J’achète un sandwich à la pâtisserie et je m’installe à la terrasse du café situé à proximité. Il est presque 19h, je reviens à la chambre d’hôtes. Le glacier ferme dans quelques minutes, juste le temps de convaincre le propriétaire de servir un dernier client. Pour lui la journée a été dure, on discute, c’est gagné, ok pour une glace et c’est lui qui décide des parfums, accord conclu. Un délice, je comprends maintenant pourquoi il y avait une telle file d’attente une heure plus tôt. Une bonne adresse, mais soyez patient.
Je flâne le long de la Seine, avec les cygnes et les canards.
Une bibliothèque me tend ses étagères dans le petit salon, je fouille et je trouve un ouvrage de Christophe Lefébure, Dans l’intimité des églises du Vexin. Éditions de l’Aubraie. Limay. 2021.
Je note à Limay, page 30, que Thomas Le Tourneur est secrétaire de Charles V et à Jambville, page 66, qu’une statue représente Charles V, protecteur de l’Ordre des Célestins. Les photos sont de très bonne qualité et l’ouvrage très documenté.
Église Saint-Aubin de Limay. Tombeau du 14e siècle, le gisant en pierre de Thomas le Tourneur, mort en 1384. Thomas le Tourneur, chanoine, secrétaire et conseiller de Charles V, maître des comptes de 1365 à 1381, est placé dans la chapelle Saint-Antoine du couvent de Célestins. Donné en 1792 à l’ermitage de Saint-Sauveur, il y reste jusqu’en 1911, date à laquelle il vient prendre place en l’église Saint-Aubin de Limay. 7
Bonne nuit.