D’Avranches à Saint-Hilaire-du-Harcouët
8 mai 2024
J’arrive dans le fief des Malesmains, Jeanne de Malesmains est la mère de Bertrand du Guesclin.
Je quitte l’hôtel vers 8h30, il n’y a personne en ville. La route est agréable.
Saint-Quentin-sur-le-Homme est bordée par l’estuaire de la Sélune. Dans la toponymie normande, le homme (ou le houlme en ancien dialecte normand) signifie l’« îlot » ou la « prairie au bord de l’eau » du norrois holmr.
L’église Saint-Quentin (XIIe – XVIe siècles) conserve une nef romane, épaulée extérieurement par des contreforts plats, et des modillons romans. Le chœur et les deux étages du clocher ont été refaits au XIIIe siècle.
Le fief principal de la paroisse était celui qui portait le nom de Saint-Quentin. Il appartient successivement aux familles de Saint-Hilaire, de Malesmain, de Boisyvon, du Homme, du Bois et Doynel de Montécot. René Gabriel Doynel, seigneur, comte et patron de Saint-Quentin et de la Peschardière, est le dernier propriétaire du fief de Saint-Quentin. Il émigre à la Révolution et ses biens furent vendus.
Paul Valéry (1871-1945) séjourne au château de l’Isle-Manière lors de l’été 1918, comme secrétaire d’Édouard Lebey, administrateur de l’agence Havas, qui avait quitté la ville de Paris alors bombardée. Il y compose les poèmes La Pythie, Le Rameur, Équinoxe, Au Platane, Air de Sémiramis, tous morceaux du recueil Charmes (1922), également illustré par le célèbre Cimetière marin. 1
Je me dirige vers Ducey, caprice des Dieux. La Normandie, c’est aussi le fromage. Je passe devant le château de Montgomery. Les deux hôtels sont complets. La Sélune s’écoule gentiment. Je dois me décider, la nuit à la belle étoile ou changement de programme. Si je ne vais pas à l’abbaye de Montmorel, je peux tenter de rejoindre Saint-Hilaire-du-Harcouët. Dans ce cas, il me faut remplir le ventre pour tenir jusqu’à ce soir.
Au cours du XIIe siècle, la seigneurie de Ducey appartient à Guillaume de Ducey.
En 1346, les Anglais ruinent le manoir et le bourg.
Vers 1341, Fraslin de Husson épouse la sœur de Bertrand du Guesclin. Leur fille, Tiphaine, épouse Guy Brumor de Laval-Montmorency. 2
Vers 1370, elle est dans les mains de Fraslin de Husson.
Clémence du Guesclin, 1322-1371, est mariée avec Fraslin I de Husson, seigneur de Dusché, de Champ-servon et de Charancé, ca 1310-1351, puis mariée avec Raoul de Beauchamps. 3
Tu vois, Bertrand, on se retrouve en famille. Ducey est à moins de vingt kilomètres de Pontorson. Les Malesmains sont à Saint-Quentin-sur-le-Homme et Fraslin de Husson à Ducey, des proches.
Elle est confisquée par Henri V d’Angleterre en 1418 et mise entre les mains de Guillaume Nessefeld.
En 1521, les Montgommery acquièrent la seigneurie qui reste dans leur patrimoine jusqu’en 1711. Gabriel Ier de Montgommery, seigneur de Ducey où il nait en 1530, a marqué l’histoire pour avoir, accidentellement, blessé mortellement le roi de France Henri II lors d’un tournoi le 10 juillet 1559. Converti au protestantisme, il s’illustre lors des guerres de Religion avant de mourir sur l’échafaud en 1574. 4
Une crêperie a une terrasse accueillante, j’en profite. Une complète accompagnée d’une bière pression, de la Paulaner. Ça cale bien.
J’assiste au défilé de la commémoration, je suis aux premières loges. Les tables se remplissent, les clients arrivent. En route. J’ai à peine pris mes affaires que trois Anglais s’installent à ma table. Après s’être assise, une des trois me demande si elle ne dérange pas ! Good bye. Tu vois, Bertrand, ça n’a pas changé, ils se croient toujours chez eux !
C’est décidé je ne vais pas à l’abbaye Notre-Dame de Montmorel. C’est un monastère de la congrégation des chanoines réguliers de saint Augustin, qui se dresse sur le territoire de la commune de Poilley. En 1354, les troupes anglo-navaraises saisissent le monastère sous l’abbatiat de Robert de Brécey 16e abbé et le transforme en prison. Elles seront chassées par Bertrand du Guesclin. 5
Je sors de Ducey et visite l’église.
L’église des Saints-Pères est composée de deux parties : le clocher porte la date de 1828, c’est un vestige d’une église baroque du 18e siècle, le corps principal a été mis en chantier en 1860, mais n’a jamais été achevé. 6
Un peu de départementale et puis je prends la Route des Quatre Croix. Quelques maisons ou granges sont bâties avec de la terre, une bonne argile qui colle bien.
J’arrive à Vezins. Il y a encore des pierres tombales au sol de l’entrée, mais avec un beau relief, je trébuche. Non seulement elles s’usent avec le passage mais en plus elles peuvent te mettre à genoux. Est-ce voulu en ce lieu ? La fraicheur de l’intérieur me calme.
Je discute avec deux bénévoles qui plient les bâches de la kermesse.
Un des deux me prend en voiture et me dépose aux Biards, à 2 ou 3 kilomètres. Merci.
L’église Saint-Martin (XVIe – XIXe siècles) a son portail d’entrée Renaissance avec la statue équestre de saint Martin, son clocher avec tour carrée à deux étages et quatre clochetons en granit recouverte d’un toit en bâtière du XVIe siècle. 7
Je me dirige vers Virey. Je franchis une belle vallée où coule L’Isolant. L’église de Virey a, comme à Vezins et aux Biards, un clocher-tour. Il est 17 heures, la coupe est pleine.
Un quadragénaire du Var me prend à bord dans sa camionnette, elle est pleine à craquer, j’ai les pieds sur le tableau de bord. Il est ici car sa fille a son petit copain dans la région. Après trois kilomètres il me dépose au centre de Saint-Hilaire-du-Harcouët. Merci.
Je passe devant la vitrine de la Manche Libre, un homme est présent, la porte est ouverte, j’entre. Je lui raconte ma balade, ça l’intéresse, il va faire un petit article dans son journal. Merci.
Je vais à l’hôtel Le Cygne. A proximité passe l’Airon. La ville est située au confluent de la Sélune et de l’Airon. Au carrefour de la Normandie, de la Bretagne et du Maine, le village devient une place forte.
En 1083, Guillaume le Conquérant en fait un choix stratégique en tant que forteresse et ligne de défense, il demande à son demi-frère Robert, comte de Mortain, d’y édifier un château. Sous l’influence des moines bénédictins installés depuis 1083 dans le petit monastère du Prieuré, Saint-Hilaire se développe rapidement.
En 1137, la place de Saint-Hilaire défendue par Pierre de Hascouet, doit se rendre à Geoffroy Plantagenêt, opposé au roi Étienne dans la possession du duché de Normandie.
1354. Le château passe par mariage de la famille de Malemains aux de La Ferrière. Il n’en reste rien depuis 1863. Succédant à une ancienne motte féodale (la place de la Motte y fait référence), il se situait sur l’emplacement de l’actuelle rue du château. 8
C’est en utilisant les anciennes pierres du château qu’est construite la grande église néogothique à deux tours de Saint-Hilaire-Du-Harcouët. La vieille tour de Saint-Hilaire, un des rares vestiges du passé de la ville n’appartenait pas au château médiéval, mais à la petite église de campagne édifiée au XIIe siècle, l’église Saint-Blaise.
Le mercredi 14 juin 1944, le centre est bombardé et quasiment détruit dans sa totalité. 9
Je retrouve les Malesmains. Gilbert de Malesmains est né en 1220 à Saint-Hilaire-Du-Harcouët. Il est seigneur de Sacey, de Moidrey, de Vessey, de Montanel. Il décède vers 1270, à l’âge d’environ 50 ans. Il est inhumé dans la chapelle Saint-Georges de l’église paroissiale. Il est marié à Jeanne de Combray, née en 1230 à Combray dans le Calvados. Je ne trouve pas cette chapelle Saint-Georges. 10
Bertrand, j’ai trouvé des Malesmains à Saint-Quentin-sur-le-Homme, ta sœur à Ducey, et maintenant la trace du grand-père de ta mère ! Qu’est-ce-que tu en penses ?
Pour le dîner, poulet de Janzé ! frites, crème brûlée, bière.
Aujourd’hui, j’ai fait environ 25 kilomètres, je n’avais pas prévu une étape aussi longue. La nuit sera bonne.