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De Sées à Argentan

13 mai 2024

Bertrand du Guesclin prend l’abbaye de Silly-en-Gouffern en mai-août 1364.

L’étape est de 25 à 30 kilomètres. Un bon petit déjeuner est nécessaire. Il est copieux et très appétissant, de la confiture de coings, des petits pains maison grillés. Départ 9 heures, comme un lundi.

Je prends le nord, vers Macé. Le temps est gris, il souffle un petit vent. L’église est visible de loin, avec ce repère les distances paraissent plus courtes.

Macé. 61

Après quelques kilomètres sans intérêt, j’arrive au château de Médavy. Il est fermé au public.

Médavy est à la limite du bocage normand et du Perche. L’histoire de la commune est liée à celle de son château qui défend le passage de l’Orne au croisement de deux voies antiques. La place-forte, érigée au XIIe siècle est démantelée en 1630 et cède la place à un château du XVIIIe siècle. 1

Le château de Médavy est dès le XIIe siècle une place forte du duché de Normandie. Celle-ci appartient au cours du XIIIe siècle aux barons du Merle, dont Foulques du Merle, maréchal de France en 1302. Le château passe par mariages de sa descendante Agnès du Merle aux familles de la Champagne, Painel puis d’Estouteville à partir de 1443. Peu d’informations subsistent sur cette première forteresse qui a été probablement détruite entre 1417 et 1449 lors de la guerre de Cent Ans.

Médavy. 61
Le château de Médavy est une demeure du XVIIIe siècle, d’architecture classique inspirée de Mansart.

L’église de Médavy est en travaux.

Médavy. 61

J’atteins Almenèches. Un camion-boutique-repas stationne devant l’église, c’est le moment d’en profiter car il commence à remballer. J’ai déjà avalé une quinzaine de kilomètres.

Almenêches. 61
Almenêches. 61
L’église actuelle est composée d’une nef et d’un transept gothiques du XVIe siècle (1534-1550), et d’un chœur du XVIIe siècle.

L’abbaye d’Almenêches est restaurée vers 1060 par Roger II de Montgommery. En 1102, Robert Courteheuse, duc de Normandie, entre en campagne contre Robert II de Bellême. Il ordonne à ses fidèles de se rassembler au monastère d’Almenêches, comme point de départ de son expédition. C’est alors que Robert II de Bellême attaque et incendie le monastère. Ce monastère de moniales bénédictines a été transféré à Argentan, par décision de Louis XV. 2

Louis-Guillaume Perreaux est né à Almenêches le 19 février 1816, c’est un inventeur français (il s’intitule ingénieur mécanicien). Le 16 mars 1869, il dépose un brevet concernant un vélocipède à grande vitesse. Ce brevet est complété par trois certificats d’addition, le dernier en date du 26 avril 1873. Ce premier deux-roues à moteur construit vers 1871 d’après les procédés décrits dans ce brevet est conservé au Musée de l’Île-de-France à Sceaux. Il meurt à Paris le 5 avril 1889. 3 Même nos petits villages peuvent cacher de grands hommes.

Un éleveur de chevaux me fait gagner quelques kilomètres sur la départementale. Il m’apprend que l’élevage et les courses, ce n’est plus ce que ça a été. Le rendement est encore bon, mais pour combien de temps ? La concurrence des jeux à gratter est importante. Il me dit que de grosses pluies sont tombées cette nuit et qu’il y a eu des inondations dans la région.

Silly-en-Gouffern est à 3,5 kilomètres. Je passe devant le Domaine du Pavillon de Gouffern, un 3 étoiles, et continue sur une belle petite route en forêt.

Silly-en-Gouffern. 61
L’abbaye.

Pour visiter l’abbaye, il faut prendre la clé à la mairie. Une personne m’accompagne.

Silly-en-Gouffern. 61
L’abbaye.

L’abbaye de Silly est mentionnée dans de nombreuses chartes des XIIe et XIIIe siècles, dans lesquelles elle est appelée abbaye de Sainte-Marie de Gouffer (ou Gouffern). Elle est très richement dotée dès l’origine, par l’impératrice Mathilde, puis par son fils Henri II et son petit-fils Richard Cœur de Lion, ducs de Normandie et rois d’Angleterre, et ensuite par Philippe le Bel, roi de France. 4

Tombée aux mains des Anglais, Silly-en-Gouffern est reprise par les Français en mai-août 1364. 5Bertrand du Guesclin était présent.

Une fois de plus j’oublie mon bâton à la mairie. Un kilomètre de plus, aller-retour.

Silly-en-Gouffern. 61

Argentan est à 8 kilomètres. Je prends un bus et me retrouve à la gare. Je m’offre un chocolat chaud en terrasse sous des trombes d’eau. Il n’est pas question de faire le tour de la ville.

Argentan est cité gallo-romaine sous le nom d’Argentomagos / Argentomagus. Bâtie dans une cuvette le long de l’Orne, elle aurait été la capitale du peuple gaulois des Arvii ou une bourgade des Essuvi.

En 1182, Henri II met le château à la disposition de Henri le Lion, et sa femme Mathilde, pendant leurs trois ans d’exil, à la suite de leur bannissement par la Diète de l’empire de Frédéric Barberousse.

En 1188, Philippe Auguste entre dans la ville, possession du comte de Meulan, Robert II.

Après la mort d’Henri II survenue en 1189, Aliénor d’Aquitaine, sa veuve, fixe sa résidence au château d’Argentan et y reçoit les fréquentes visites de son fils Richard Cœur de Lion.

En 1199, Jean sans Terre y tient sa cour plénière aux fêtes de Noël. Indignés par ce roi qui vient de massacrer son neveu, Arthur de Bretagne, les habitants d’Argentan se donnent en 1202 à Philippe Auguste. En 1296, le domaine d’Argentan est donné à Mathieu de Montmorency.

Au cours de la guerre de Cent Ans, les Anglais reprennent Argentan. En 1356, ils pillent la ville et brûlent le château. Ils se maintiennent dans la place jusqu’en 1360.

La ville devient vite prospère, mais subit de plein fouet les conséquences de la rivalité permanente qui oppose les rois de France aux rois d’Angleterre pendant la guerre de Cent Ans : elle est plusieurs fois occupée et détruite. Argentan devient siège du comte Pierre II d’Alençon avant que celui-ci devienne l’un des otages envoyés en 1360 en Angleterre en échange du roi Jean II le Bon, fait prisonnier en 1356 à la bataille de Poitiers. 6

En 1372, Marie de Montmorency vend la vicomté d’Argentan à Pierre II de Valois, comte d’Alençon. 7

Décédé à Argentan le 20 septembre 1404, Pierre II de Valois est enterré à la chartreuse du Val-Dieu, à Feings.

En 1944, La ville est détruite à 80 %.

Je rejoins le Brit Hôtel Ariés. Je fais une sieste jusqu’à 18h30.

L’hôtel n’a plus de cuisinier, c’est la pénurie de personnel. Je me fais livrer une pizza que je mange tranquillement en terrasse. L’endroit n’est pas folichon, c’est une zone industrielle et commerciale.

Une journée à 20 kilomètres.

Il est maintenant l’heure de me glisser dans la dentelle...d’Argentan, bien sûr ! La dentelle d’Argentan ou point de France est une dentelle à l’aiguille du XVIIe siècle. Au XVIIIe siècle, ses fabricants deviennent les fournisseurs des rois de France et d’Espagne et de leurs cours. Le point de France, a été décrit comme « plus beau et d’une perfection plus grande que celui d’Alençon ». 8

Je suis revenu à Argentan le 10.08.2024, le soleil était au rendez-vous.

Argentan. 61
Le château des Ducs. Photo : 10/08/2024.

Le château des Ducs, logis des Ducs ou Grand Logis est une demeure, du XIVe siècle, bâtie sur l’emplacement d’un ancien château fort du XIIe siècle.

Argentan. 61
L’église Saint-Germain, (XVe au XVIIIe siècle). Photo : 10/08/2024.
Argentan. 61
Photo : 10/08/2024.

La tour Marguerite anciennement dénommée tour au Febvre ou Grosse Tour est une ancienne tour de flanquement des fortifications de la ville et la dernière conservée, sur les douze tours et les trois portes fortifiées, que comptait l’enceinte urbaine d’Argentan. La ville se dote d’une enceinte de douze tours vers 1360.

La tour du XVe siècle, couronnée de mâchicoulis posés sur des corbeaux à trois ressauts successifs, et coiffée en poivrière, mesure 17 mètres de haut et 10 mètres de diamètre, et comporte trois étages reliés par un escalier en vis. 9

Argentan. 61
Porte Saint-Martin. Tour Marguerite. Photo : 10/08/2024.
Argentan. 61
Porte Saint-Martin. Tour Marguerite. Photo : 10/08/2024.

Un édit du roi de 1696, attribue les armoiries suivantes : d’argent à un aigle de sable. Ces armoiries sont confirmées le 29 janvier 1827. La devise d’Argentan est : jovi mea serviet ales (« mon aigle restera soumise à Jupiter »). C’est une aigle bicéphale, identique à celle des armoiries de Bertrand du Guesclin.

Argentan. 61
Le blason de la ville.