De Monteneuf à Avranches
7 mai 2024
Je rencontre Henri II, roi d’Angleterre, Thomas Becket, le crâne de saint Aubert et le général Patton.
Mon épouse me dépose à la gare de Rennes. Je prends le train pour Avranches, point de départ de ma randonnée.

C’est parti pour une autre vie pendant une petite quinzaine de jours. Alternances, murs de verdure, maisons, hangars, fermes, vaches, chevaux, routes, voitures, ponts, poteaux électriques, prairies, balançoires, labours, passages à niveaux...défilent à une centaine de kilomètres/heure.
Dans le wagon, des vélos et des sacs à dos. Arrêt à Pontorson, la gare n’est pas très accueillante, beaucoup de béton, des beaux tags seraient les bienvenus.
Bertrand du Guesclin, vassal du duc de Bretagne, est capitaine de Pontorson, ville appartenant au roi de France. Il y est nommé gouverneur en 1359 et devient capitaine général du duché de Normandie. Salut Bertrand !
J’arrive à Avranches, capitale du peuple gaulois des Abrincates. Une bataille est remportée en 56 av. J.-C. par Quintus Titurius Sabinus sur Viridovix, chef gaulois à la tête de la coalition des tribus celtes d’Armorique. Certains historiens pensent qu’elle a lieu sur la commune du Petit-Celland, au lieu-dit le Chatellier ; cet oppidum est fouillé en 1938 et 1939 par Sir Mortimer Wheeler, célèbre archéologue britannique. Avranches porte le nom de Legedia, comme l’indique la table de Peutinger.
À la gare d’Avranches, en bas de la ville, aucun panneau n’indique le chemin d’accès au centre-ville pour les piétons. Débrouillez-vous ! Je questionne un monsieur qui semble du coin, après plusieurs droite, gauche, il me propose plus simple, de m’y amener en voiture car il s’y rend. Ok. Une jeune femme est aussi du voyage. Ils sont ce soir au meeting de Marie Toussaint, des écologistes. Ils me remettent une invitation.
Le train, ça creuse. Le Royal propose un menu pour randonneur, hachis-parmentier, salade, eau, riz au lait-caramel, café. Et James Brown en musique d’ambiance. C’est parfait, en terrasse, au soleil. Bon début.
Avranches contrôle l’accès au Mont-Saint-Michel, important lieu de pèlerinage.
Après la bataille de Val-ès-Dunes, en 1047, Guillaume de Normandie transfère le siège comtal d’Avranches vers Mortain. En 1137, la place d’Avranches incapable de résister, fait sa soumission à Geoffroy Plantagenêt et son fils Henri II, opposé au roi Étienne dans la possession du duché de Normandie.
En Normandie, la fin du XIIe siècle est marqué par la volonté constante des monarques anglo-normands d’unir la Bretagne à leur vaste empire. Ce rêve est à deux doigts d’aboutir puisque Ranulf (Ranulph de Blondeville), comte de Chester, vicomte d’Avranches et de Bayeux, devient duc de Bretagne en 1188, à la suite de son mariage avec Constance de Bretagne, l’héritière du duché breton.
En 1204, à la tête de 400 chevaliers et de nombreux fantassins, le duc breton franchit le Couesnon et fait main basse sur l’Avranchin.
En 1236, afin de verrouiller définitivement ce secteur de Normandie et surtout de se prémunir contre d’éventuelles agressions étrangères, le roi de France rachète la vicomté d’Avranches. Saint Louis, qui séjourne à deux reprises dans la cité en 1256 et 1269, s’attache à lui redonner l’apparence d’une place forte désormais royale en la dotant de nouveaux remparts entourés de fossés.
En juillet 1346, lors de la chevauchée d’Édouard III les faubourgs sont ravagés par les Anglais. Avec le Cotentin, la ville est cédée en 1354 par le traité de Mantes au roi de Navarre, Charles II le Mauvais qui la conserve jusqu’en 1404. 1
Je fais le tour de la ville. Je passe rue de la Geôle où sont découverts en 2004 deux murs d’époque gallo-romaine.
La ville a conservé une partie de ses remparts le long du boulevard des Abrincates, avec des vestiges de tours et de mâchicoulis.

Il subsiste également la tour de l’arsenal, dite de Saint-Louis, rue de la Belle-Andrine, construite afin de renforcer les défenses du château ; la tour Baudange, aujourd’hui découronnée avec la porte du même nom qui protégeait l’accès à la ville ; la tour de la Geôle, vers l’est, que l’on peut apercevoir place d’Estouteville.

Henri II d’Angleterre ou Henri II Plantagenêt, né le 5 mars 1133 au Mans et mort le 6 juillet 1189 au château de Chinon, est comte d’Anjou, du Maine et de Touraine, duc de Normandie, et roi d’Angleterre de 1154 à 1189. Il fonde la dynastie des Plantagenêts.
Il aurait incité quatre chevaliers normands à assassiner l’archevêque Thomas Becket dans sa cathédrale de Canterbury, le 29 décembre 1170.
Je parcours le square Thomas Becket, à l’entrée se trouve une dalle située à l’emplacement du portail nord de la cathédrale où Henri II Plantagenêt fit pénitence dans l’espoir d’expier le meurtre de Thomas Becket.

L’ancienne église Saint-Gervais, place Saint-Gervais, date du milieu du 17e siècle. L’actuelle est un vaste édifice néoclassique reconstruit de 1823 à 1899. J’y découvre le chef de saint Aubert.

Aubert (né vers 660, mort en 725), est un évêque d’Avranches qui fonde le Mont Saint-Michel au 8e siècle. 2
Je rejoins l’hôtel Patton. Le 7 juin 1944 la ville est ravagée par les bombardements. Le 30 juillet, les Américains sont aux portes d’Avranches. Le 31 juillet 1954, on inaugure le monument de la place Patton.

Je retourne place Saint-Gervais, au restaurant, camembert pommes rôties, poissons, légumes, café. Une bonne adresse.
Une bonne nuit avant la première étape. J’ai prévu 15 kilomètres, pas trop, histoire de se mettre en jambe, Ducey et l’abbaye de Montmorel où j’ai rendez-vous avec Bertrand.