De Briouze à Flers
15 mai 2024
Bertrand du Guesclin est à Briouze en 1362. Je traverse le territoire de Guillaume VIII du Merle, compagnon de Bertrand.
Petit-déjeuner à 8 heures, départ à 8h30. Objectif pour ce soir : Flers, 25 kilomètres.
Des galets de grès sont visibles dans les champs.
Je passe par Saint-Hilaire-de-Briouze. Une voiture m’avance jusqu’à Briouze. 1
En 1202, lors de la guerre entre le roi de France et le roi d’Angleterre, Guillaume de Briouze fait prisonnier Arthur, duc de Bretagne. En 1205, à l’issue de la conquête de la Normandie par le roi Philippe-Auguste et son rattachement au royaume de France, Briouze devient une baronnie royale. Le baron de Briouze opposé à Philippe-Auguste, abandonne sa baronnie et part rejoindre Jean sans Terre en Angleterre, où il possède des biens plus conséquents. Le roi de France devient alors le seigneur Briouze. En 1307, le roi Philippe le Bel donne la baronnie de Briouze et la terre de Bellou, à son maréchal Foucault du Merle/Mesle (ou Jehan de Merle) descendant de Fouques de Merle.
En 1362, les grandes compagnies sont chassées par Duguesclin à la suite de leur défaite de Briouze.
Dès (1341 ?)-1342, Baudouin de Lens, seigneur d’Annequin servit (d’abord) en Bretagne sous les ordres de Geoffroi de Charny et du maréchal d’Audrehem selon les chroniques de Froissart et différents textes du XIVe siècle. Il semble que Charny et Audrehem soient actifs en Bretagne dès 1342. Ainsi on trouve Arnoul d’Audrehem nommé capitaine du roi « en toute Bretagne » au milieu de l’année 1342, il est cité à Ploërmel lors de la prise de cette ville par Édouard III. En le supposant actif sur les champs de bataille dès le milieu de l’année 1342 jusqu’à la prise de Ploërmel avant le 5 décembre 1342 en Bretagne ; il aurait alors potentiellement participé aux batailles, de Quimperlé en avril 1342 (situation limite avec la mention de « milieu d’année ») ; au siège d’Hennebont en mai-juin 1342 ; à la bataille de Brest le 18 août 1342 ; à la bataille de Morlaix le 30 septembre 1342 ; au deuxième, troisième et peut-être au quatrième sièges de Vannes d’octobre à décembre 1342. Quant à Geoffroi de Charny, il est en expédition en Bretagne en octobre 1341, puis il est fait prisonnier à la bataille de Morlaix le 30 septembre 1342, où il commandait un corps de l’armée venu combattre les Anglais pendant la guerre de Succession de Bretagne ; il est enfermé à la tour de Londres. Dès 1342, Baudouin de Lens, seigneur d’Annequin, serait donc sur les champs de bataille.
En 1354, lors d’une trêve, Arnoud d’Audrehem organise des joutes à Pontorson et charge de la direction Pierre de Villiers de l’Isle-Adam alors capitaine de la ville et Baudouin d’Annequin ; c’est à cette occasion en 1354 que Bertrand du Guesclin devient un soldat régulier de la compagnie de Pierre de Villiers de l’Isle-Adam. En 1359 il est au siège de Saint-Valéry, après la prise de la ville, Saint-Pol (Guy V de Châtillon-Saint-Pol, fils de Jean et de Jeanne de Fiennes sœur du connétable de France) et du Guesclin décident de poursuivre Philippe de Navarre.
Baudouin de Lens, captif en Angleterre avec le roi Jean le bon dont il devint l’ami après la bataille de Poitiers en 1356, est nommé chambellan royal en 1357 puis il est fait grand maître des arbalétriers en 1358. Ami de longue date de du Guesclin qui guerroie avec son cousin Olivier de Mauny, il est aussi un proche du maréchal Arnoud d’Audrehem (un des principaux généraux de du Guesclin avec Mauny) et de Pierre de Villiers de l’Isle-Adam. Commandant de l’infanterie à la bataille de Cocherel, l’issue victorieuse permit à Charles V de se faire sacrer roi de France le 19 mai 1364 dans la cathédrale de Reims ; mais Baudouin mourut quelques jours plus tard de ses blessures le 27 mai 1364.
En 1361, Du Guesclin surprend les Anglais à Briouze dans le canton d’Argentan (en novembre 1361 sous le commandement du connétable de France -Robert de Fiennes- et de Baudouin d’Annequin, maître des arbalétriers, Du Guesclin se trouva ainsi devant le château de Briouze-Saint-Gervais dans le Perche, repaire des Anglos-Gascons), puis il marche sur Brisoles (Brezolles) avec Robert de Fiennes, Baudouin d’Annequin et d’autres seigneurs normands qui s’étaient rassemblés à Tillières, la ville de Brisoles se rend. 2
Le connétable Moreau de Fiennes et Bertrand du Guesclin assiègent Saint-Martin-de-Séez. Profitant d’un jour de brouillard, les Anglais surprennent les Français, Bertrand du Guesclin, Oudard de Renti (Renty), Enguerrand d’Eudin (Hesdin) et plusieurs autres chevaliers normands et picards rétablissent le combat ; la place se rend en février 1362. 3
Je me dirige vers Bellou-en-Houlme.
Je fais quelques emplettes dans une petite épicerie cachée derrière l’église.
La baronnie de Briouze et la seigneurie de Bellou, prises de guerre confisquées au baron de Briouze partisan du roi d’Angleterre, sont données en 1305 par Philippe le Bel au maréchal Foucaud du Merle contre redevances annuelles. La famille du Merle conserve ces fiefs jusqu’au mariage, en 1425, d’Isabelle du Merle avec John (Jehan) Affour (Afford), capitaine de gens d’armes anglais. 4
La planète serait contente qu’on ne la prenne pas pour une poubelle.
J’arrive à Messei. Bertrand du Guesclin y est peut-être venu rendre visite à son compagnon Guillaume du Merle. 5
En 1374, Guillaume du Merle, capitaine-général en Basse-Normandie et gouverneur de Falaise, est baron de Messey comme l’avaient été ses aïeux depuis le XIIe siècle, notamment son grand-père Foulques du Merle, maréchal de France en 1302. La baronnie de Messey quitte la famille du Merle en 1402 lors du mariage de Catherine du Merle avec Henri de Bailleul. 6
Le château de Messei est un ancien château fort dont il ne reste aujourd’hui que des vestiges. Il est situé à 650 mètres de l’église. Au 12e siècle, le château fort passe aux mains de Foulques Ier du Merle qui porte le titre de baron de Messei, pour demeurer près de trois siècles dans cette famille dont seront issus notamment Foulques du Merle, maréchal de France en 1302 et Guillaume VIII du Merle, son petit-fils, compagnon de du Guesclin et capitaine-général en Basse-Normandie, qui reprend le titre. En 1357, il fait confirmer ses droits sur ses sujets de Messei. Ses exigences deviennent si insupportables que des plaintes sont portées contre lui par la population auprès du bailli du comte d’Alençon et même du Parlement de Paris. La bourgeoisie franche qui existait à Messey à cette époque était en effet décidée à faire valoir ses droits. Guillaume ordonne en 1363 aux habitants d’amener pierre, chaux, sable, bois et le nécessaire à réparer la forteresse.
Lors de la guerre de Cent Ans (1337-1453), le château est pris par Philippe de Navarre qui le livre aux Anglais en 1356. Le traité de Brétigny le rend à la France en 1360 mais le château ne sera définitivement libéré que vers 1450 sous le règne de Charles VII. 7
Guillaume Bertran ou Bertrand, vicomte de Rocheville est le second fils de Robert VIII Bertrand de Bricquebec et de Laurence du Merle, sœur du maréchal Foulques du Merle. Jeanne Bacon du Molay est son épouse. Il est tué à Mauron en Bretagne le 14 août 1352. 8
Je vais vers l’emplacement des ruines du château, au bout d’un chemin je découvre une propriété privée et un étang qui ressemble à des douves. Il n’y a personne, je fais demi-tour.
Je fais une pause menthe à l’eau au café Le trotteur. Encore 5 kilomètres et je suis à Flers.
Il est 16 heures, une belle giboulée tombe sur la ville. Je me réfugie en terrasse d’un café. Une jeune femme m’aborde, elle a besoin de parler. Elle a l’air un peu paumée, elle est couverte d’hématomes, le bras en écharpe. Elle craint une fracture car elle est tombée deux fois dans sa baignoire et dans un escalier.

À partir du Xe siècle, la famille de Flers est à la tête d’une baronnie. En 1356, les chroniques de la guerre de Cent Ans ne font pas mention d’un point fortifié à l’emplacement du château. Cette information laisse penser que le château ne présente pas un intérêt stratégique majeur à l’époque. Le château de Flers actuel date du XVIe et du XVIIIe siècle. 9
Le domaine appartient successivement aux familles d’Aunou, d’Harcourt et de Tournebu entre le XIIe et le XVe siècle.
Au milieu du XVIe siècle, le titre de baron de Flers revient à la famille de Pellevé, dont l’un des membres, Nicolas, fait une brillante alliance avec l’une des plus grandes familles de Bretagne, les Rohan.
L’étang du parc du château est le lieu du suicide par noyade de Fernande Segret, dernière maîtresse de Landru, le 21 janvier 1968. 10
Le parc du château est animé.

Pause-bière au café, face au marché couvert.
Flers est l’un des objectifs des bombardements stratégiques destinés à ralentir ou bloquer l’arrivée de renforts militaires allemands les 6 et 7 juin 1944. La ville est détruite à 80 %.

L’hôtel fait aussi restaurant. Il y a un beau feu de cheminée réservé aux grillades. J’en profite, je prends une entrecôte. Dans la salle sept personnes sur onze sont à visionner leur smartphone.
20 heures le ciel se dégage. La nuit sera belle.