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De Séreilhac à Bussière-Galant

29 avril

Par Séreilhac, Saint-Martin-le-Vieux, Lavignac, Flavignac, Les Cars, Rilhac, Lastours. J’invite mon chauffeur au restaurant et c’est lui qui paie.

J’atteins Séreilhac à 9 heures. Je prends un café, c’est là que je constate que j’ai oublié mon bâton à l’hôtel, je vais devoir m’en tailler un autre.

L’altitude maximale avec 420 mètres est située au nord-ouest, au lieu-dit la Roche Barrat. Peut-être de la famille ?

Séreilhac. 87
Je vais bientôt quitter la départementale.

Direction Saint-Martin-le-Vieux, sur la droite, une plaque souligne d’affreux moments de notre histoire. Le « centre d’accueil », camp d’hébergement n° 14 bis est ouvert en janvier 1943. 1

De Séreilhac à Saint-Martin-le-Vieux. 87
Bien vu le « centre d’accueil ».
De Séreilhac à Saint-Martin-le-Vieux. 87
Vallées, ruisseaux, verdure, soleil, le pied.

Cette petite route est très agréable, les voitures se comptent facilement.

De Séreilhac à Saint-Martin-le-Vieux. 87
Le Grand Rieux, fraicheur et soleil.
De Séreilhac à Saint-Martin-le-Vieux. 87
Parfait, beau profil et joli coup d’œil.

Veaux, vaches, verdure, bois, rivière, que la campagne est belle.

De Séreilhac à Saint-Martin-le-Vieux. 87
Petits et grands sont à l’ombre.
Saint-Martin-le-Vieux. 87
Encore dans les étoiles !

L’église primitive date de la fin du 12ème siècle, elle est rebâtie en 1492-1495 et réparée au 19ème siècle.

Saint-Martin-le-Vieux. 87
L’église de Saint Martin. Fermée.

Sauf en période de grosses eaux, tous les cours d’eau de la commune pouvaient être traversés à gué. Pour faciliter le passage, il y avait aussi plusieurs « planches ». Près du bourg, pour la traversées de l’Aixette, l’ancien cadastre mentionne un « communal de planches » et une « peyrade », c’est-à-dire un gué dallé.

Saint-Martin-le-Vieux. 87
L’église de Saint Martin.
Saint-Martin-le-Vieux. 87
Le puits, face à l’église de Saint Martin.

J’échange un quart d’heure sur les évènements du moment avec un couple qui jardine. Ça fait du bien de parler de temps à autre. Un quart d’heure c’est assez, on n’a pas le temps de se chamailler.

« A l’automne 1581, Montaigne emprunta ce chemin (vers Bussière-Galant) pour regagner Bordeaux dont il venait d’être élu maire. lI voyageait à cheval avec une petite escorte, passa la journée du samedi à Limoges où il acheta un mulet puis « vint coucher aux Cars, à cinq lieues où il n’y avait que Madame des Cars. Le lundi, « vint coucher à Thiviers, 6 lieues »... 2

Je suis fier d’emprunter ce chemin vers Les Cars, mais je ne pense pas que Madame m’attende.

De Saint-Martin-le-Vieux à Flavignac. 87
Des orchidées à foison.

L’altitude varie de 276 à 410 mètres. Bonjour les mollets.

Flavignac. 87
Je peux dire que j’ai fait le chemin de saint Jacques.

Le bourg semble marquer la limite septentrionale du fief des Lastours. À partir de la fin du 13ème siècle, l’héritage des Flavignac est récupéré par une branche cadette de la famille de Lur, encore attestée au 14ème siècle sous le nom de Lur de Flavignac. C’est à la fin du 13ème siècle et au 14ème siècle que se développe sur la paroisse une nouvelle seigneurie près d’un prieuré de l’abbaye Saint-Martial de Limoges, fondé dans la fin du 11ème siècle : Les Cars. D’abord aux mains de la famille de Barry, le fief des Cars est bientôt détenu par une très vieille famille de chevaliers, proches des vicomtes de Limoges et attestés depuis longtemps à la forteresse de Ségur-le-Château, les Pérusse. Les Pérusse des Cars vont rapidement devenir une des plus puissantes familles du Périgord Limousin. Le seigneur des Cars partageait avec le curé de Flavignac les dîmes de la paroisse de Flavignac et de son annexe des Cars. 3

Flavignac. 87
12h45. Au restaurant le Saint-Fortunat. Petit encas bien bourratif !
Flavignac. 87
Église de l’Assomption-de-la-Très-Sainte-Vierge. 15 et 16ème siècles, elle existe déjà au 9ème siècle.
Flavignac. 87
Église de l’Assomption-de-la-Très-Sainte-Vierge. La châsse de saint Fortunat, fin 17ème siècle. .
De Flavignac à Les Cars. 87
Y a-t-il une grotte ?

À la fin du 11ème siècle, Ramnulphe de Lastours, donne à l’abbaye Saint-Martial de Limoges, la villa de Quadris, (village des Cars), situé dans la partie boisée de la vaste paroisse de Flavignac. Le village paraît déjà doté d’une chapelle Sainte-Marie-Madeleine. L’abbaye y fonde rapidement un prieuré formellement attesté dès les premières années du 12ème siècle. Vers 1280, s’éteint la famille de Flavignac inféodée aux Lastours depuis le 11ème siècle. C’est sans doute ce qui favorise l’apparition et le développement de la seigneurie des Cars. Ce nouveau fief, d’abord aux mains de la famille de Barry, puis de la famille de Pérusse dès le milieu du 14ème siècle, paraît formée au début principalement de territoires de l’ancienne paroisse de Flavignac (communes actuelles de Flavignac et Les Cars). Progressivement, les nouveaux seigneurs vont s’émanciper des Lastours (ils finiront même par racheter la seigneurie de Lastours (commune de Rilhac-Lastours). 4

Les Cars. 87
Je distingue la tour.

Arnould de Pérusse (ou Ranulphe), né vers 1320, est seigneur d’Escars (ou des Cars), de Saint-Bonnet, de Saint-Ibars, de la Coussière, d’Allac et Fialeix, châtelain de Ségur, vicomte de La Vauguyon. Marié à Souveraine Hélie de Pompadour (née en 1366), il est d’abord chambellan de Philippe VI. Après la mort du roi il devient grand maréchal de l’Église et gouverneur d’Avignon en 1359. Il reçoit du pape Innocent VI la mission de faire construire les remparts d’Avignon.

Audouin III de Pérusse, fils du précédent, seigneur d’Escars (ou des Cars), né vers 1380 est décédé vers 1435. Il est baron de Ségur, vicomte de La Vauguyon, sire de Saint-Bonnet et de La Coussière. Marié en 1390 à Marguerite Hélie de Pompadour, il est chambellan de Charles VII dont il est le conseiller du vivant de Charles VI. 5

Les Cars. 87
Église paroissiale de la Nativité-de-la-Très-Sainte-Vierge. Du 11ème siècle.
Les Cars. 87
Église paroissiale de la Nativité-de-la-Très-Sainte-Vierge. Pierres tombales.
Les Cars. 87
Les écuries du château. L’édifice original du troisième quart du 16ème siècle a été remanié probablement au 17ème siècle.

Bertrand assiège Les Cars en 1372. Le château des Cars est en la possession des Anglais en 1373. Ils y ont établi une garnison, mais ils en sont chassés par le connétable Duguesclin. 6

Les Cars. 87
Le château a été depuis le 16ème siècle jusqu’à la Révolution un des plus prestigieux du Limousin.

Il y a une exposition, un historique du château, et même des bancs, à l’abri du soleil. Merci.

Les Cars. 87
Restitution du château.
Les Cars. 87
Les Pérusse s’installent.
Les Cars. 87

Située en plein pays des feuillardiers, la forêt est constituée principalement de châtaigniers.

Salmur ou Sermur est une celle de l’ordre de Grandmont fondée par les seigneurs de Lastours vers 1164. Elle était sous le patronage de la Sainte-Vierge et de saint Hilaire de Poitiers. On voit que l’abbé de Grandmont y nommait des titulaires en 1561, 1582, 1593, 1598. Sa chapelle tombe en ruines en 1610. La prieure du Chatenet y fait aussi une nomination à cette dernière date. Elle est unie à ce monastère par la bulle de 1318. 7

De Les Cars à Rilhac. 87
La celle de Saumur est fondée vers 1165, sous le prieurat de Pierre de Bernard de Boschiat par un seigneur de Lastours.
De Les Cars à Rilhac. 87
Des fleurs plein le fossé.
Rilhac. 87

Fondée à proximité du château, l’église Saint-Pierre-ès-Liens eut la cure de ce château comme succursale. L’église romane est parvenue intacte en certaines de ses parties qui semblent remonter au 11ème siècle. 8

Rilhac. 87
L’église Saint-Pierre-ès-Liens.

Je suis La route des chevaliers. La fatigue se fait sentir. Je fais une pause, je fais signe à une voiture d’arrêter, elle trace sa route, puis recule. Un homme et une femme. Ils me déposent devant le château. Merci.

Le château de Lastours, inscrit au titre des monuments historiques depuis 1956, construit du 12ème au 14ème siècle, aujourd’hui en ruines, est l’ancien siège des seigneurs puis barons de Lastours. Il conserve plusieurs tours d’angle et la base de son donjon, remaniée au 16ème siècle. 9

Les voisins du château me donne de l’eau fraiche, on discute .

Lastours. 87

Il est placé sur une position stratégique, entre Limousin et Périgord. À partir du 10ème siècle, les terres appartiennent à l’illustre famille de Lastours, qui y fait construire trois mottes castrales. Plus tard, un donjon roman est construit, et du 14ème au 16ème siècle, la bâtisse évolue pour prendre la forme qu’on lui connait. Lorsque la motte Sainte-Marguerite est abandonnée au 12ème siècle, le donjon du château est construit. Les fondations sont bâties dans une des anciennes mottes castrales, tandis que les dimensions de cette tour carrée à contreforts est de 20 mètres de haut pour 9 de large. De construction archaïque, l’édifice possède quatre étages, des cheminées et des baies à sièges. Le dernier étage est couvert de mâchicoulis jusqu’en 2011. Les deux premiers étages sont originels, tandis que les deux autres sont édifiés pendant la Guerre de Cent ans. De 1525 à 1530, le château va prendre sa forme finale. 10

Lastours. 87

Est-ce que Bertrand est venu à Lastours ?

Lastours. 87
Fontaine je ne boirai pas de ton eau. Ça reste à vérifier.

L’église, ou chapelle, Sainte-Marguerite, est construite sur une ancienne motte castrale, endroit où est édifié un premier château en bois, avant l’érection du château en pierre.

Lastours. 87
Église (ou chapelle) Sainte-Marguerite.

Les monts de Châlus, parfois appelés massif des Cars, délimitent trois bassins versants : celui de la Loire au nord, de la Charente à l’ouest et de la Dordogne au sud. Ces trois bassins se rencontrent sur la commune de Bussière-Galant. 11

Bussière-Galant est à 7 kilomètres. Vers 17 heures je craque, un homme me dépose au lieu-dit La Gare. Je lui propose de boire un verre. Il doit faire quelques courses auparavant. Il repasse ensuite. On prend un pot en terrasse au The California, on discute, il me propose de rechercher avec moi un lieu pour ce soir. On se rend à une chambre d’hôte, Allée des Mésanges. C’est parfait, il y a une chambre. La propriétaire est très sympathique, le jardin est bien entretenu.

J’invite mon chauffeur au restaurant The California, au menu fish and chips, il est d’accord. On dîne ensemble, il me raconte son parcours, il est passé par la Bretagne, il travaille à Châlus, je lui raconte le mien. C’est le lieu de rendez-vous des Anglais de la région, ils arrivent à 20 heures précises, et à 21 heures ils sont partis. Au moment de payer il refuse que je le fasse. C’est un peu gênant, je l’invite et il paie ! Il n’y a pas de bonne raison, pour lui, si, c’est son anniversaire et il me dit « je n’aurai rien fait tout seul, je suis content d’avoir partagé ce moment avec vous ». Bien sûr, je le remercie à mon tour. Il me dépose à la chambre d’hôtes. On échange nos coordonnées. Merci.

De Lastours à Bussière-Galant. 87
Haies, bocage, forêts, le calme au vert.

Avant de me coucher, j’ai quelques pensées pour Bertrand, en 1372, il est venu dans le coin, à Courbefy. Je suis déjà allé sur le site où se trouvait la forteresse, il ne reste aucun vestige.

Courbefy est un lieu-dit sur la commune de Bussière-Galant.

En 1372, les consuls de Limoges fournissent une forte somme d’argent à Bertrand Duguesclin, connétable de France, qui chasse les Anglais de Courbefy. 12

Ainsi, en 1280, la Vicomtesse de Limoges, Marguerite de Bourgogne, avait donné notamment les seigneuries de Chalus, Courbefy, Bré et Chalucet à son conseiller Gérald de Maumont, don confirmé en 1285 par sa fille Marie, épouse de Arthur de Bretagne. En 1307, les héritiers Maulmont échangent cette fois leurs biens pour d’autres seigneuries dans des régions voisines avec le roi Philippe-le-Bel. En 1317, le roi Philippe-le-Long donne en récompense de ses services à Henri de Sully, bouteiller de France, les seigneuries de Châlus, Chalucet, Courbefy et Bré. Du Guesclin, avec le concours de ses "lieutenants" ( Gauthier de Payzac, Louis de Sancerre) fait en 1372 " le siège de Rochechouart, Chalucet, les Cars, Courbefy et autres châteaux" dont les Anglais furent chassés. En ce qui concerne Courbefy, il faut préciser que les Anglais reprirent la place qu’il ne quittent définitivement qu’au début du 15ème siècle. 13

En 1272, le seigneur de Courbefy est Géraud de Maulmont qui possède d’autres places fortes (Châlucet, Châlus, Bré, Bourdeilles, Saint-Pardoux-la-Rivière, etc…). En 1336, Courbefy passe cependant en la possession du vicomte de Rochechouart. Celui-ci épouse en effet Jeanne de Sully, fille de Henry, grand bouteiller de France, et de Jeanne de Vendôme. Cette période est particulièrement troublée, en raison des affrontements contre les Anglais en particulier. En 1370, Bertrand du Guesclin, connétable de France, s’empare de Saint-Yrieix pour le compte de Jeanne de Penthièvre, vicomtesse de Limoges. Des forteresses comme Courbefy changent alors de main, mais sont reprises presque aussitôt. Divers documents témoignent de ces combats : « en avril 1372, Jean, sire de Pierre-Buffière, délivre une quittance de douze arbalètes, destinées aux forteresses du roi en Limousin ». 14

Ainsi, en 1372, Du Guesclin reprend aux Anglais la forteresse de Courbefy, la cité de Saint-Pierre-de Frugie et bien d’autres places. 15

Pas évidente cette affaire. Bonne nuit, à demain.