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De Monteneuf à Pierre-Buffière

27 avril

Par Melle et Limoges. Bertrand du Guesclin est près de Limoges le 22 ou 23 août 1370. La Cité ouvre ses portes le 24 août. Le 19 septembre, en représailles, les habitants sont massacrés par les troupes du Prince Noir, Edouard de Woodstock, fils du roi d’Angleterre, Édouard III.

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Cette année je me rends sur le lieu de départ en voiture. J’ai prévu de faire une boucle d’environ 300 kilomètres au sud de Limoges. Je connais le propriétaire de l’Auberge Dupuytren à Pierre-Buffière, il m’a confirmé qu’il veillerait sur ma voiture pendant mon absence. Merci. L’endroit est agréable, les chambres sont confortables et la cuisine est bonne. Que demander de plus pour réunir les conditions d’un bon départ ? 1

Je passe par Nantes, Niort, Melle. Sur l’autoroute plusieurs Porsche anciennes circulent. Il doit y avoir une manifestation dans les environs.

L’église Saint-Savinien de Melle est du 11ème siècle, elle est dotée d’un clocher roman remonté en 1466. La commune est une des étapes sur la via Turonensis, ou voie de Tours qui mène à Compostelle. Ça sent la marche !

Melle. 79
Église Saint-Savinien, 11ème siècle. .

A l’ouest de Limoges, au nord de l’autoroute N 141 et de Saint-Brice-sur-Vienne, existe un lieu-dit La Bretagne.

J’arrive à Limoges vers 15 heures, le soleil est au rendez-vous. Je suis en Haute-Vienne, la Vienne longe l’est de Limoges.

La capitale de la tribu des Lémovices à la fin de l’indépendance gauloise est probablement le très vaste oppidum de Villejoubert recouvrant environ 300 hectares au confluent de la Vienne et de la Maulde. J’y suis passé le 21 mai 2015. Les Lémovices jouent un grand rôle dans la résistance gauloise. 2

Fondée ex-nihilo vers l’an 10 avant notre ère par l’Empire romain comme nouvelle capitale pour les Lémovices, sous le nom d’Augustoritum, la future Limoges devient une des cités gallo-romaines les plus importantes.

Au Moyen Âge, elle prend le nom du peuple celto-gaulois qui a constitué sa région, le Limousin ; c’est une grande ville, fortement marquée par le rayonnement culturel de l’abbaye Saint-Martial, au sein du duché d’Aquitaine dont les ducs sont investis et couronnés dans cette ville.

Au 14ème siècle, les affrontements entre rois de France et rois d’Angleterre, détenteurs du duché d’Aquitaine dont relève Limoges, culminent à l’occasion de la guerre de Cent Ans. Entre deux événements guerriers, Limoges doit faire face aux pillages des routiers et brabançons désœuvrés. Constituant toujours une « ville double », partagée entre la Cité et le Château, les bourgeois (par leurs consuls), évêques et vicomtes de Limoges jouent des alliances et protections, chacun selon les opportunités du moment.

Ainsi, en 1370, la Cité ouvre ses portes aux troupes du roi de France, Charles V, alors que le Château reste fidèle au roi anglais, Édouard III. Cet événement sera d’ailleurs l’occasion, pour son fils, le Prince Noir, de mettre à sac la Cité. 3

C’est ce qui motive ma balade, en effet Bertrand du Guesclin est présent dans la région à cette époque.

Je me dirige vers l’église Saint-Michel-des-Lions. Elle doit son nom aux quatre statues de lions. Deux incendies à Limoges, en 1123 et en 1147, détruisent l’église. C’est le moine Pierre de Verteuil qui la reconstruit. L’église est consacrée en 1213.

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L’église Saint-Michel-des-Lions.

Mais cette nouvelle église s’effondre et la première pierre d’une nouvelle église est posée en 1364. De celle-ci, il reste deux chapelles et une partie des murs. 4

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L’église Saint-Michel-des-Lions. Un des lions.

La Place de la Motte est à proximité. Les halles sont construites entre 1885 et 1889, place de la Motte, en plein cœur du centre-ville de Limoges, dans le quartier historique du Château.

Limoges. 87

Au cours des années 1960, sur le site de l’ancienne abbaye de Saint-Martial, est remodelée la place de la République et édifié l’immeuble abritant actuellement les Galeries Lafayette (anciennement Nouvelles Galeries). Cet ensemble, à l’esthétique totalement désuète, est souvent décrié par les habitants de Limoges.

C’est vrai que l’on peut s’étonner.

Au Moyen Âge, l’abbaye compose, avec le château des vicomtes de Limoges, l’un des deux pôles de la ville, dit quartier du château, en opposition avec le quartier dit de la Cité, construit autour de la cathédrale.

La création d’un parc de stationnement souterrain place de la République entraîne la réalisation de fouilles archéologiques. Celles-ci ont permis la redécouverte des anciennes églises Saint-Pierre-du-Sépulcre et Saint-Benoît, d’une petite partie du cloître, mais surtout du tombeau de saint Martial, avec les sarcophages de ses compagnons Austriclinien et Alpinien et le réceptacle des reliques de sainte Valérie de Limoges. Ces vestiges ont été préservés dans une crypte, la première crypte archéologique en France. 5

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L’abbaye Saint-Martial.
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Dans l’abbaye Saint-Martial.
Vicomté de Limoges
Didier Delhoume. 2008.

1349. Arnoul d’Audrehem. En octobre de l’année 1349 Arnoul, déjà châtelain d’Angoulême, est nommé capitaine de guerre dans le comté de ce nom. « C’était un poste de confiance, nous dit M. Molinier. Très rapproché des possessions anglaises, ce comté pouvait devenir un centre important de résistance. » Arnoul conserve cette place même sous Charles d’Espagne, que le roi Jean avait gratifié du comté d’Angoulême, à la fin de l’année 1350. Il y reste une partie de l’année 1351, sous les ordres du maréchal Gui de Nesle, lieutenant du roi en Poitou, Limousin, Saintonge, Angoumois et Périgord. Fait prisonnier au combat de Saint-Georges-la-Valade (8 avril 1351), bientôt remis en liberté, il obtint la charge de maréchal de France, « une des plus hautes récompenses que pût ambitionner un homme de guerre de son temps ». Le 6 mars 1352, il fut nommé lieutenant du roi en Poitou, Saintonge, Limousin, Angoumois, Périgord, et des pays d’entre Loire et Garonne. 6

1352. En janvier-février 1352, Arnoul assiège Saint-Auvent, près Rochechouart. Le 1er avril, il est à Limoges.

Après plusieurs semaines d’absence, il revient de nouveau à Limoges (17 juin) et y séjourne quelque temps, sans que nous sachions toutefois ce qu’il y fait. On le trouve bientôt à Brive, où il anoblit deux bourgeois en récompense des services par eux rendus à la cause du roi : Guill. Boussac, de Tulle, et Pierre Regnauld, de Brive (septembre).

De retour à Limoges, le 1er d’octobre 1352, Arnoul n’y demeure guère, puisque nous le rencontrons à Périgueux quelques jours plus tard. Il rentre à Limoges en novembre, et s’occupe de terminer une affaire fort importante au point de vue des rapports de la justice royale avec celle de l’évêque.

Pendant ce temps, Arnoul d’Audrehem travaille à mettre, le pays à couvert des Anglais, et par diverses voies recouvrait sur eux Nontron, Moncheroulz, Maisonnais, Saint-Amand et Montbrun ; mais Excideuil et Comborn leur restèrent.

1353. La présence de notre héros à Limoges se constate à plusieurs reprises durant le mois de juin 1353. Bientôt il quitta le pays pour aller remplir les fonctions de lieutenant du roi en Normandie, tout en conservant d’ailleurs sa charge de lieutenant dans les pays d’entre Loire et Dordogne. Aussi le retrouvons-nous à Limoges au mois de juillet, faisant la montre des gens d’armes de son hôtel, puis bientôt à Comborn, où il livre aux Anglais un rude combat dont l’issue ne fut pas à sa gloire.

Arnoul quitta de nouveau le Limousin pour la Normandie. 7

Les troupes anglaises multiplient les prises de châteaux en Périgord et en Bas Limousin, s’emparant d’Auberoche, Saint-Auvent, Excideuil, Maisonnais, Montbrun. Une contre-attaque est enfin lancée par le maréchal Arnoul d’Audrehem, « lieutenant du Roy es pays entre Loire et Dordogne » ; mais en 1353 un combat a lieu près de Comborn au cours duquel le parti français aurait perdu quelque 150 hommes.

1355. L’échec français dans la province est patent et se dessine une nouvelle série d’attaques anglaises : « l’an 1355, les Anglais estant en Guiennne prindrent le château de Nontrond où Helies de l’Estrade tenoit garnison... (les Anglais) ayant augmenté leurs compagnies pillaient le Limousin, Périgord, Augoumois et le Poictou, prenant les fors de Chastaingt, Morselle, Ségur, Chateau-Chevis, Ayen, Aixe ».

1361. 8 et 9 décembre. Le sénéchal anglais Chandos en avait aussitôt pris possession au nom d’Edouard III. 8

1370. Couronnement de la politique française de reconquête, des mouvements guerriers qu’elle suscite, des risques qu’elle fait courir aux biens et aux hommes, c’est la marche de trois armées sur Limoges en 1370. Une armée française, sous les ordres du duc de Berry, vient du Berry, traverse la Marche et le Limousin et obtient, avec la complicité de l’évêque de Limoges, la reddition de la « Cité » mais non du « Château » de Limoges. Une autre armée française, conduite par Du Guesclin, vient du Périgord et fait sa jonction avec les troupes du duc de Berry sous les murs de la ville. Enfin – les deux armées françaises à peine reparties depuis un mois – le Prince Noir, parti de Cognac, se présente devant la Cité qu’il prend d’assaut et livre au pillage.

24 août. Signature de l’acte de reddition. Les princes séjournèrent jusqu’au 28 dans la Cité, laissant pour la protéger cent hommes d’armes sous les ordres de Jean de Villemur, Hugues de La Roche et Roger de Beaufort.

Le malheur est que, le 21 août, du Guesclin, qui arrivait de Toulouse, était encore à Périgueux (3). Il s’avança jusqu’à Saint-Yrieix, mais ne poussa pas plus loin. Il faut donc considérer comme absolument controuvées les manifestations de joie que notre chroniqueur prêle aux Limougeauds à l’endroit du lieutenant de Charles V. 9

C’est qu’en effet, en vertu de conventions que nous ne connaissons point directement, les forces que commandait du Guesclin opéraient au profit de Jeanne de Penthièvre, veuve de Charles de Blois, vicomtesse de Limoges-Château. C’est pour le compte de celle-ci, — Froissart le dit explicitement deux fois, — que le lieutenant-général de Charles V reprenait Saint-Yrieix et chassait les Anglais de la partie méridionale de la vicomté. Donc, nulle obligation pour lui de se porter au secours de l’évêque ; c’était affaire du duc de Berry. Si du Guesclin méditait un siège, c’était celui de Limoges-Château ; mais il ne put arriver jusque-là. Pour expliquer son immobilité, nous conjecturons qu’il comptait soit sur un soulèvement des habitants, lequel n’eut point lieu, soit sur une sortie des Anglais au secours de la Cité ou à la poursuite des princes français, laquelle n’eut point lieu davantage. Le mouvement combiné par le roi de France entre son armée du Nord et celle du Midi, échoua piteusement devant la prudence des Anglais obstinément enfermés dans Limoges-Château.

Ces conventions étaient la conséquence du traité de Paris, 9 juillet 1369, par lequel Jeanne de Penthièvre avait cédé sa vicomte de Limoges au roi de France pour lui permettre de la revendiquer en son
propre nom sur les Anglais. (Arch. nal. J. 242, n° 51). Mais par une contre-lettre du même jour, tenue secrète, Charles V s’était engagé à restituer sa conquête à Jeanne et à ses héritiers. (Voy. Dom Plaine, Jeanne de Penthièvre, 1873, p. 44). 10

Alors Bertrand, est-ce que tu étais, oui ou non, à Limoges ? Est-ce que le simple fait que tu sois à proximité a affolé les habitants et accéléré les négociations ? Tu fais vraiment peur.

19 septembre. La Cité fut ensuite pillée, démantelée et réduite en cendres. Ce qui nous surprend, c’est que du Guesclin, qui ravageait le pays à quelques lieues de là, n’ait rien entrepris pour la secourir. La regardait-il comme perdue, ou bien entrait-il dans les calculs de la politique cauteleuse dont il était l’instrument de la laisser détruire ? L’histoire est complètement muette à cet égard.

Guichard d’Angles est au sac de Limoges.

La Cité et la ville ou Château avaient chacune leur enceinte particulière, séparée par un intervalle de 180 mètres environ, et communiquaient par les portes Scudarie et Boucherie, qui se faisaient face. 11

Édouard avait intérêt à frapper l’imagination publique par une exécution de ce genre, afin d’arrêter par la terreur la série des défections qui se produisaient dans tout le Limousin, et faire hésiter pour le moins tous ceux de ses vassaux qui songeaient, comme l’évêque de Limoges, à se tourner français. 12

Des trois chevaliers limousins faits prisonniers, Jean de Villemur, Hugues de La Roche et Roger de Beaufort, on ne connaît point exactement le sort ultérieur, sauf de Roger de Beaufort, en faveur de qui son frère Grégoire XI intercéda auprès du roi d’Angleterre, le 25 septembre 1371 ; sans succès d’ailleurs, puisque Roger de Beaufort et son neveu Jean de la Roche étaient encore prisonniers en Angleterre en 1377. 13

1371. Le 14 novembre — les événements marchaient alors lentement — le maréchal de Sancerre se présentait à son tour et obtenait une soumission en règle, sous réserve du maintien des privilèges acquis. 14

1372. L’entrée des troupes royales, commandées par le maréchal de Sancerre, n’eut lieu toutefois que le 26 avril 1372, et c’est même seulement en mars 1373 (n. st.) que Gaucher de Passac, sénéchal du Limousin, vint confisquer au nom de son maître les droits périmés du prince de Galles sur le château el rétablir l’usage du sceau de France pour les actes passés devant le bailliage de Limoges. 15

Le maréchal de Sancerre, Du Guesclin, le duc de Bourbon font tomber les places « anglaises » ou, plus souvent, les rachètent à prix d’argent : « tournent français » le Château de Limoges et les forteresses voisines, Isle, Solignac, Aixe-sur-Vienne, Saint-Léonard.

Bertrand du Guesclin serait entré dans Limoges par le pont Saint-Martial. Je commence à me mettre dans l’ambiance, Bertrand n’est pas loin. On trouve une Impasse du Guesclin, Du Guesclin, une impasse ? ça se discute !

1373. C’est le tour des places-fortes du Nord du Limousin et de la Marche comme Mortemart et la Souterraine dont la garnison poussait des expéditions de pillage et de rançonnement jusqu’aux alentours de Limoges. 16

Je rejoins Pierre-Buffière, l’Auberge n’est pas ouverte. Le village est installé sur un éperon rocheux, fortifié au Moyen Âge.

J’en profite pour découvrir le site gallo-romain dit « Villa d’Antone ». C’est un complexe imposant où les arbres ont poussé sur les vestiges, leur ombre est appréciable. Positionnée sur un plateau de hauteur la villa domine la région et les vallées de la Briance et du Blanzou. Il y a encore un énorme travail de fouilles, de restauration et de mise en valeur à effectuer. Des membres de l’association qui anime les lieux sont attablés, en pause, on échange quelques commentaires. Plusieurs fouilles se sont succédées et les découvertes sont nombreuses, aqueduc, thermes, source, enduits peints, mosaïque, bassin circulaire. 17

Pierre-Buffière. 87
La « Villa d’Antone ». Hypocauste.
Pierre-Buffière. 87
La « Villa d’Antone ». Égout.
Pierre-Buffière. 87
La « Villa d’Antone ». Fosse circulaire. Bassin ? Nymphée ?
Pierre-Buffière. 87
Près de la « Villa d’Antone ».

Je visite l’église Sainte-Croix-Saint-Côme-et-Saint-Damien, la Fondation du Patrimoine est mentionnée sur une plaque commémorative.

Il est 18 heures, l’Auberge Dupuytren ouvre ses portes.

Pierre-Buffière. 87
Auberge Dupuytren. Soirée-étape.

Le baron Guillaume Dupuytren, né le 6 octobre 1777 à Pierre-Buffière et mort le 8 février 1835 à Paris, est un anatomiste et chirurgien militaire français. Il a laissé son nom à une contracture irréductible de la paume de la main décrite en 1831 et à un type de fracture de la cheville.

Dupuytren n’a que seize ans quand il termine ses études scolastiques en 1793. Il part de Paris à pied, le sac sur le dos, ayant juste ce qu’il fallait pour vivre pendant son voyage, et arrive ainsi à Limoges où sa famille était venue se fixer. 18

C’est un bon signe avant le départ, de Paris à Limoges il y a environ 400 kilomètres, si Guillaume Dupuytren l’a parcouru à 16 ans, moi, je dois pouvoir en faire 300 à mon âge.

J’affine mon circuit, imprimé sur 32 pages, et prépare mon sac à dos pour demain.

La Vicomté de Limoges
Par G. de Paysac — own work, oeuvre personnelle, CC BY 2.5.

La vicomté de Limoges dite aussi vicomté de Ségur (Ségur étant la résidence principale des vicomtes au cœur de leur domaine) passe de la famille de Limoges-Ségur à celle des Bretagne, puis aux Blois-Bretagne, aux d’Albret et enfin aux Bourbons. Leur territoire comprend les châteaux de Ségur, d’Excideuil, d’Aixe-sur-Vienne, d’Auberoche et de Nontron. Il s’étend sur tout ou partie des départements actuels de Haute-Vienne, Dordogne et Corrèze. 19

La ville de Limoges, chef-lieu de la vicomté, est également capitale de la province de Limousin.

Le Limousin (Lemosin en occitan) fait intégralement partie de l’Occitanie historique dont elle constitue une bordure septentrionale. Il correspond surtout à l’ancien diocèse de Limoges, lui-même issu, avec quelques modifications sur les marges, de la cité des Lémovices.

La région mais surtout Augustoritum/Limoges aurait été évangélisée dès le 3ème siècle par saint Martial qui, selon la légende, aurait été envoyé par l’évêque de Rome.

En 781, Charlemagne crée le nouveau royaume d’Aquitaine au profit de son fils Louis le Pieux âgé de trois ans seulement.

Au 10ème siècle, le Limousin se divise en un grand nombre de seigneuries dont les plus importantes sont les vicomtés de Limoges, Comborn, Ventadour et Turenne, ces trois dernières se partageant le Bas-Limousin alors qu’à la fin du siècle apparaît sur les franges septentrionales de la région le comté de la Marche.

L’évêque de Limoges est lui aussi un grand seigneur terrien qui domine une bonne partie du cœur de l’actuelle Haute-Vienne, d’autres petits seigneurs se battent pour le reste comme le seigneur de Lastours, ou le vicomte de Rochechouart.

En 1152 le Limousin passe aux Plantagenêts par le mariage d’Aliénor d’Aquitaine et d’Henri II, futur roi d’Angleterre.

Marie de Limoges (1260 - 1290 ou 1291), vicomtesse de Limoges (1263-1290/1291) est la fille unique et héritière du vicomte Guy VI le Preux. Dernière représentante de la famille vicomtale de Limoges, son mariage avec le futur duc Arthur II de Bretagne fait passer le 22 juillet 1275 la vicomté de Limoges dans la maison de Bretagne. C’est depuis cette époque que le Limousin porte comme blason « d’hermine à la bordure de gueules », une brisure du blason des ducs de Bretagne. 20

Le blason de la province du Limousin est issu de celui d’une Maison de Bretagne, celle des Penthièvre : « d’hermine, à la bordure de gueules », depuis Guy VII, vicomte de Limoges, fils d’Arthur II, duc de Bretagne et de Marie de Comborn. Héritière de la vicomté, sa mère, nommée également Marie de Limoges ou de Bourgogne, épouse en 1275 l’héritier des ducs de Bretagne. 21

Le mariage à Tours d’Arthur, petit-fils de Jean Ier, duc de Bretagne, avec Marie, unique héritière de Gui VI et Marguerite de Bourgogne, vicomte et vicomtesse de Limoges, le 22 juillet 1275, fait entrer la vicomté dans le domaine des ducs de Bretagne. 22

Trois fils sont issus de cette union :

  • Jean III le Bon (1286-1341), duc de Bretagne (1312-1341) et vicomte de Limoges (1300-1314).
  • Guy (1287-1331), vicomte de Limoges (1314-1317), puis comte de Penthièvre.
  • Pierre (1289-1312).

Devenu veuf, Arthur se remarie en 1294 avec la reine douairière d’Écosse, Yolande de Dreux, comtesse de Montfort et devient duc de Bretagne en 1305. Il ont un fils, Jean II de Montfort.

1341. A la mort du duc de Bretagne Jean III, Jean de Montfort, prétendant à la succession, se proclame duc et se serait rendu à Limoges pour prendre le trésor de Jean III. Ce voyage est contesté par les historiens Jean-Christophe Cassard, Yves Coativy et Sophie Le Goff. 23

C’est Jeanne de Penthièvre, fille de Guy de Bretagne et de Jeanne d’Avaugour, nièce de Jean III et mariée à Charles de Blois qui hérite du duché avec la bénédiction du roi de France, Philippe VI de Valois.

La guerre de Succession entre Jean de Montfort, le père puis le fils, et Jeanne de Penthièvre s’achève à Auray.

1370. Après sa victoire à Auray en 1364 et la mort de Charles de Blois, Jean III de Montfort est duc de Bretagne, sous le nom de Jean IV. Bertrand du Guesclin soutient Jeanne de Penthièvre et le roi de France, Charles V.

En Limousin, Bertrand du Guesclin combat pour Charles V et pour Jeanne de Penthièvre-Blois.

  • 11 août. Les troupes du roi de France, Charles V, prennent Limoges aux Anglais.
  • 24 août ? Bertrand du Guesclin est à Limoges le 22 ou 23 août. La Cité ouvre ses portes le 24 août. 24
  • 19 septembre. En représailles, les habitants de Limoges sont massacrés par les troupes du Prince Noir, Edouard de Woodstock, fils du roi d’Angleterre, Édouard III. Cet évènement est communément appelé « le sac de Limoges ». 25

Au Moyen Âge, la ville est protégée par des remparts. Ils ont été abattus au 18ème siècle et remplacés par des boulevards.

Je dîne sur place, en terrasse, avocat, brochettes, tarte aux pommes, Leffe, et je vais dans ma chambre. Je bascule 700 ans en arrière, je suis prêt à partir rejoindre Bertrand. C’est au pied du mur qu’on voit le mieux le mur ! Bonne nuit. Je repense à Guillaume Dupuytren, dormir dans une auberge du nom d’un marcheur, c’est enthousiasmant. Il faudra que je demande au propriétaire s’il connait cette anecdote.

Autres sites-sources à consulter.

 La vicomté de Limoges. 26
 Claude-Youenn Roussel. La mainmise des Bretons sur le Limousin-Périgord, 1274-1522 : noblesse et troupes bretonnes en Limousin, Occitanie, Espagne, Italie, Grèce. Guénégaud. 2002. 27
 Didier Delhoume. Le phénomène vicomtal en Limousin, IXe-XVe siècles. 2008. 28
 Sophie Le Goff, « Les seigneuries de Limoges, Richemont et Montfort-l’Amaury dans les chroniques bretonnes de la fin du Moyen Âge : une approche comparative ». Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 126-2 | 2019, 187-195. 29
 Cédric Jeanneau. Les ducs de Bretagne, vicomtes de Limoges. Transferts, installations et adaptations d’une famille bretonne (1275-1316). 126-2 | 2019. La vicomté de Limoges sous les ducs de Bretagne. Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest. 30
 Christian Rémy. L’administration de la vicomté de Limoges sous gestion bretonne (1275-1375). 2019. Pages 107-132. Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest. 31
 Yves Coativy. Le voyage de Jean de Montfort à Limoges en 1341. Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest.126-2 | 2019. La vicomté de Limoges sous les ducs de Bretagne. Pages 35-42. 32
 Christian Rémy. Genèse médiévale du Limousin administratif. Les circonscriptions royales (XIIIe-XVIe siècles). 2021. 33