De Bergerac à Domme, puis Vivonne
22 mai
C’est l’heure du retour, je fais un détour par Domme et une étape à Vivonne.
Domme est une bastide fondée en 1281 par le roi de France Philippe III le Hardi. En Périgord noir, la commune de Domme est bordée au nord par la Dordogne qui y forme un important méandre, le « cingle de Montfort ». La bastide de Domme, perchée sur une falaise à 210 mètres d’altitude, domine la Dordogne de plus de cent mètres.
Durant la guerre de Cent Ans, la bastide devient un lieu convoité par les Anglais. La première prise de la cité par ces derniers date de 1347. À plusieurs reprises, elle change successivement de mains entre les deux camps rivaux jusqu’en 1437, date de son retour dans le domaine français.
Les remparts datent du XIIIe siècle.
Gilbert de Domme, seigneur du château de Domme-Vieille, à l’extrémité ouest du plateau où a été construite la bastide de Domme, et de Vitrac, est capitaine du chastel royal du mont de Domme, avant de devenir sénéchal de Périgord pour le roi de France en 1358. Une dispute avec les consuls de Sarlat va l’amener à participer à un complot contre la ville ce qui lui a valu d’être révoqué de sa charge de sénéchal le 7 juillet 1360. Le vol de biens appartenant aux consuls de Cahors lui a valu d’être excommunié. Cependant ayant repris le combat contre les Anglais à la demande du régent de France, Charles d’Anjou, futur Charles V, il est de nouveau nommé sénéchal de Périgord en 1369. Il a participé à de multiples actes de bravoures et de brigandages. Il n’est plus sénéchal de Périgord quand Du Guesclin est venu à Sarlat, ni en 1383 quand le château de Domme-Vieille est assiégé par les Anglais, sans qu’on en connaisse les raisons. Il finit excommunié, ruiné, il a dû vendre ses biens, dont le château de Domme-Vieille, avant de mourir dans la misère. Mort excommunié après 1388, l’église lui a refusé l’enterrement en terre consacrée et son corps repose dans le jardin des pères de Saint-Augustin de Domme. Il a eu comme compagnons d’armes Pons de Beynac, sire de Comarque, et Renaud de Pons. Il a été marié à Marthe de Pons qui a fait son testament en 1384. 1
Gibert de Dôme soutient le siège contre l’armée de Jean Chandos, il est fait Sénéchal du Périgord. 2
Gibert de Dôme est né entre 1315 et 1320, décédé après décembre 1392, et inhumé à Domme. Il est sénéchal du Périgord de 1358 à 1360, puis en 1369. 3
La maison du batteur de monnaie est sur la place de la Rode (la place de la roue) qui abrite un passé douloureux : le condamné à l’écartèlement y était roué de coups avant que ses membres soient brisés et arrachés !
Ces deux demi-tours encadrant l’entrée ont un riche passé historique. Elles ont servi de chambres de garde mais aussi de prison à 70 templiers qui y furent détenus de 1307 à 1318.
Un bossage est une saillie à la surface d’un ouvrage de pierre. Il apparaît dans l’architecture antique où il permet de construire à moindre coût et de satisfaire le goût des commanditaires des édifices. Il est repris ensuite à différentes époques : son emploi dans les fortifications médiévales contribue à réduire les dommages que peuvent causer les engins de siège.
Je reprends ma route, je fais une halte à Vivonne. Dans le patois local, la coutume est de prononcer « Vivaune », il est donc de mise pour ne pas créer de conflits de le prononcer de la sorte. Selon une tradition locale, c’est dans l’église de Vivonne que Ravaillac aurait cru communiquer avec Dieu et aurait reçu l’ordre d’assassiner Henri IV. 4
Je trouve une chambre au Logis Hôtel Le Saint Georges, face à l’église.
L’église Saint-Georges est une ancienne prieurale du XIIIe siècle, reconstruite en 1264.
Vivonne est baignée par quatre rivières : le Clain, la Vonne, le Palais et la Clouère.
J’achève ma balade sur cette vue rafraichissante.
C’est l’heure du bilan. Les paysages étaient agréables, les routes et chemins pas trop pentus, les sites de châteaux n’étaient pas envahi de touristes, le soleil a été au rendez-vous la plupart du temps, sauf à Duras et lors de quelques soirées.
J’ai marché sur plusieurs départements, le Lot-et-Garonne, la Gironde, la Dordogne et les bastides. J’ai traversé le Périgord pourpre.
C’était encore une fois une route des vignes et des vins, Bergerac, Monbazillac, Saussignac, Sigoulès, Duras, Marmande. Sans oublier les noyers, les noisetiers, les pruniers, les châtaigniers et les fraisiers.
J’ai fait de belles rencontres, la propriétaire atteinte d’Alzheimer de la chambre d’hôtes de Sigoulès, la Française hébergée par des Ukrainiens, le directeur d’Allianz à Eymet, Isa et Bruno d’Eymet, le monsieur qui m’a payé un café pain-au-chocolat à Monségur, la charmante dame de l’hôtel avec belle vue sur la Garonne à Tonneins.
J’ai croisé quelques stars, Marguerite Duras, Bernard Palissy, Cyrano de Bergerac.
J’ai croisé de nombreux seigneurs du coin, les Durfort, Rauzan, Pellegrue, Gontaut, Biron, Mussidan, Langoiran, Goth, Puyguilhem, Albret, Montaut, Pujol, Montpezat.
J’ai revu de vieilles connaissances, Édouard III, le Prince Noir, Thomas Felton, John Chandos, et bien sûr, Jean II le Bon, Charles V, le duc d’Anjou et Bertrand du Guesclin.
Je dîne à l’hôtel, andouillette 4 A, crumble des fruits rouge et glace. Bonne nuit. Demain c’est le retour au bercail.
Quelques adresses-souvenirs.