De Monpazier à Bergerac
21 mai.
Par Montferrand, Beaumont, Couze-et-Saint-Front. Bertrand du Guesclin assiège Mouleydier en 1375.
Je prends la direction de Marsalès.
Au lieu-dit La Borie Neuve je découvre deux allées couvertes dissimulées dans les bois. 1
A l’entrée dans Montferrand, je croise un groupe de randonneurs.
Le château de Montferrand, bien que plus modeste que le château de Biron, est situé au carrefour de plusieurs routes importantes, et bénéficie du cours de la Couze, permettant d’alimenter moulins et forges, favorable au peuplement et au commerce.
À la fin du XIIe siècle, les Biron abandonnent à leurs descendants les Gontaut-Biron le château ancestral, et viennent s’installer dans leur demeure de Montferrand, qu’ils transforment en château. 2
Par le traité de Paris de 1259, entre Louis IX et Henri III, roi d’Angleterre, la guerre entre Capétiens et Plantagenêts prend fin. Le roi d’Angleterre devient suzerain du Limousin, du Périgord, de la Guyenne, du Quercy, de l’Agenais et de la Saintonge au sud de la Charente, mais se reconnaît vassal du roi de France.
Je fais un bout de route jusqu’à Beaumont dans la camionnette d’un maréchal-ferrant. Merci.
La construction de la bastide de Beaumont permet de marquer la suzeraineté du roi duc sur la partie sud du Périgord après la mort d’Alphonse de Poitiers qui avait fait construire les bastides de Villefranche, Castillonnès et Villeréal. La fondation de Beaumont précède de douze ans celle de la bastide de Monpazier.
Beaumont-du-Périgord est d’abord une bastide anglaise fondée en 1272 par le sénéchal de Guyenne, Lucas de Thaney au nom du roi d’Angleterre, Édouard Ier. Elle a été fondée sur des terres données par le prieur de Saint-Avit-Sénieur, l’abbé de Cadouin, et par le seigneur de Biron. L’enceinte de la ville est construite en 1320. C’est vers 1330-1350 que commence la construction de l’église Saint-Laurent-et-Saint-Front, située à côté de l’angle nord-est de la place centrale.
L’église commencée à la fin du XIIIe siècle n’a été terminée qu’au XIVe siècle. Jacques Gardelles date le portail des années 1330-1350. L’église de Beaumont ne semble pas avoir subi de dommages importants pendant la guerre de Cent Ans. 3
Sa place centrale est entourée d’arcades appelées « cornières » sur lesquelles donnent les magasins. Au XVIIIe siècle, la ville perd ses remparts. Le mur d’enceinte est vendu aux riverains qui l’abattent ou y adossent leurs maisons. Il n’en reste que la porte de Luziès (ou porte de Luzier), des parties de murs et une tour. 4
Je passe devant le château de Bannes situé sur la commune de Beaumont-du-Périgord. Le nom du château doit venir du mot banne qui veut dire en celtique et en patois du Périgord, corne, pointe.
J’arrive au Moulin de Larroque à Couze-et-Saint-Front. La fabrication de papier au Moulin de Larroque suit des méthodes traditionnelles de maîtres papetiers, utilisant notamment du coton et du chanvre pour créer des papiers adaptés à diverses techniques artistiques telles que l’aquarelle, la gravure et la calligraphie.
Encore quelques enjambées et je suis au bord de la Dordogne. A l’est il y a Lalinde où Bertrand du Guesclin est passé et ensuite Badefols-sur-Dordogne où se trouve les ruines du château. Le plus connu de ses occupants est Seguin de Badefol, capitaine des « routiers » qui ravagent l’Auvergne au XIVe siècle. Une figure bien connu de Bertrand.
La Dordogne, d’une longueur totale de 483,1 km, prend naissance sur les flancs du puy de Sancy (1 885 m), dans la chaîne des monts Dore, traverse six départements dont la Dordogne dans sa partie sud, et conflue avec la Garonne à Bayon-sur-Gironde, pour former l’estuaire de la Gironde. Le territoire communal a été occupé aux époques préhistorique et gallo-romaine.
Je longe la Dordogne.
Dès le XIIe siècle, Mouleydier s’était doté d’un château fort, assiégé par Bertrand Du Guesclin en 1375. Il en subsiste des ruines à la Castelle. 5
La boucle est bouclée, je suis à Bergerac.
La ville est nommée Berguerac en 1379, Braggeriacum et Bragerac en 1388.
Le 24 août 1345, au début de la guerre de Cent Ans, la ville est prise d’assaut par Henry de Grosmont, comte de Derby. Dès 1370 le duc Louis d’Anjou et du Guesclin se mettent en campagne en Périgord. Les tentatives pour en chasser les Anglais se renouvellent en 1373 et 1374, où Bergerac, Ste Foy et Castillon tombent aux mains des Français. En 1377 Louis d’Anjou revient en Périgord, bien décidé à en finir. Au mois d’août il met le siège devant Bergerac fortement tenu par les Anglais.
C’est une des étapes de la Via Lemovicensis pour les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Je parcours Bergerac et fais une pause place Pélissière, près de Cyrano, une bonne crêpe réalisée par une bretonne. Incontournable !
Le Cyrano historique, qui a inspiré le personnage, n’y a jamais vécu. De son vrai nom Savinien de Cyrano, il ajouta à son patronyme le nom de Bergerac. Il utilisa sans doute ce nom à partir du moment où il entra dans une compagnie du régiment des Gardes françaises, où les Gascons étaient en grand nombre. 6
Grand luxe, il y a une rue Bertrand du Guesclin à Bergerac.
La randonnée est terminée.
Je retrouve ma voiture.
Bonne nuit.