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De Tonneins à Villeneuve-sur-Lot

18 mai

Par Saint-Sardos et Montpezat, points de départ de la Guerre de cent Ans, en 1323.

Un dernier regard sur la Garonne et c’est parti.

Non loin de là, à Aiguillon, en 1345-1346 la ville, alors à la couronne d’Angleterre, est assiégée par le duc Jean de Normandie, futur Jean II le Bon. Le 3 août 1346, sur ordre de Philippe VI il abandonne le siège d’Aiguillon et marche le plus rapidement possible sur Paris afin de défendre la ville et les environs des attaques d’Édouard III. 1

Bertrand du Guesclin prend Aiguillon en 1371.

Mais ce n’est pas ma route. Je passe par Clairac.

Pendant la guerre de Cent Ans la ville est assiégée et l’abbaye partiellement détruite à la fois par les troupes françaises et anglaises. 2

Clairac, 47.
Un vide-grenier.
Original.
Clairac, 47
Le Lot va bientôt rejoindre la Garonne.

Je pourrai aussi aller vers Laparade. En 1344, Laparade est concédé à Guillaume-Raimond 1er, seigneur de Caumont. En 1348, une terrible épidémie de peste noire décime la moitié de sa population. En 1360, après la défaite de Jean le Bon à Poitiers, le traité de Brétigny livre l’Agenais aux Anglais. Tous les seigneurs et toutes les villes, dont Laparade, prêtent serment de fidélité au roi d’Angleterre et au Prince Noir, nommé gouverneur de Guyenne. En 1370, Charles V, aidé de son frère, le duc d’Anjou, et de Du Guesclin, entreprend de reconquérir la Guyenne. Laparade redevint française. 3

A Lafitte-sur-Lot je fais une pause dans un petit café, le S.A.B.R.E..

Lafitte-sur-Lot, 47
Église Saint Sauveur.
Tous les services à proximité !

Saint-Sardos est mentionné comme castrum vers 1280. À la suite du contrat de paréage conclu en 1289 entre l’abbé de Sarlat et Philippe le Bel, la fondation de la bastide, encouragée par le roi de France Charles IV est établie en 1318 sur un territoire contrôlé par Édouard II d’Angleterre. Charles IV accorde le statut de bastide à Saint-Sardos et y envoie un sergent pour planter un poteau aux armes du roi de France. Ce statut permet une installation libre des immigrants ce qui inquiète la noblesse locale.

Église prieurale Saint-Sardos.

Ceux-ci, avec à leur tête Raymond Bernard seigneur de Montpezat, décident de brûler la bastide le 16 octobre 1323 et pendent le représentant de Charles IV au poteau du roi. Ce qui est saisi est transporté au château de Montpezat. C’est le prétexte au déclenchement de la Guerre de Saint-Sardos. Charles IV pense que c’est le sénéchal de Guyenne, Ralph Basset de Drayton, représentant d’Édouard II qui est à l’origine de cette attaque.

Cette animosité franco-anglaise en Aquitaine est une cause profonde de la guerre de Cent Ans. En juillet 1324, le roi de France Charles IV n’ayant pas obtenu du roi d’Angleterre les satisfactions qu’il demandait, met une armée de 7 000 hommes en campagne commandée par Charles de Valois en juillet 1324. Sans possibilité de résistance, le sénéchal de Guyenne doit se rendre à La Réole, le 22 septembre 1324. Une trêve est conclue en 1325. Des négociations s’ouvrent alors entre le roi de France et le roi d’Angleterre à l’initiative d’Isabelle de France qui aboutissent au traité du 31 mai 1325. Édouard II cède à Charles IV tout ce qu’il a gagné au cours de la guerre de Saint-Sardos et doit prêter l’hommage lige au roi de France pour le reste du duché d’Aquitaine en septembre 1325.

Mais Édouard II meurt en 1327 et Charles IV en 1328, remplacés par Édouard III et Philippe VI. Après que le roi d’Angleterre ait retrouvé ses prérogatives sur la Guyenne, la ville neuve de Saint-Sardos, reçoit la confirmation de ses privilèges en 1328. 4

L’église du prieuré de Saint-Sardos a été détruite pendant l’agression de Raymond Bernard de Montpezat et probablement au cours des conflits du XIVe et XVIe siècles. Il n’en reste que le portail roman.

Je pique-nique. Un jeune marocain s’approche. On échange tant bien que mal car il ne maitrise pas totalement le français. Par exemple lorsque je lui demande de me montrer, sur une carte, de quelle région il vient, il me présente sa carte de séjour. Il est venu pour travailler dans les vignes et chez les maraichers. Il repart en décembre.

Montpezat apparait au sommet de la colline, le soleil tape fort, ça va être du sport. On me tire dessus ? Non, ce sont encore ces détonations pour chasser les mangeurs de graines. Quel désagrément pour les villageois, s’il y en a, je ne croise personne, les volets sont clos, on garde la fraicheur.

Le château de Montpezat est cité dès 1176. Rainfroi de Montpezat et son neveu rendent hommage pour le château en 1259. En 1323, Raimond-Bernard de Montpezat provoqua la guerre de Saint-Sardos qui allait conduire au conflit franco-anglais de la guerre de Cent Ans en détruisant la bastide de Saint-Sardos créée en paréage par le roi de France et l’évêque de Sarlat. Le parlement de Paris ayant ordonné la destruction de la forteresse, Charles de Valois l’a prise et rasée. 5

Église Notre-Dame de Montpezat.
Restitution du château de Montpezat.

Un pêcheur me conduit au Temple-sur-Lot, il s’installe près du plan d’eau. On discute pendant qu’il prépare ses lignes, son amorce, des petites boites, l’épuisette. La commanderie est en face, elle a un bar, pause menthe à l’eau.

La commanderie de Temple-sur-Lot ou Commanderie de Brulhes, Temple du Breuil ou encore Temple d’Agen. Dès que le Temple de Bruhles fut achevé sur les bords du Lot, à la fin du XIIe siècle, les maîtres de l’ordre établis à Agen y déplacèrent assez rapidement le siège de leur commanderie. Le bâtiment est incendié dans les dernières décennies de la guerre de Cent Ans. Un nouveau bâtiment est construit en brique entre 1485 et 1510. 6

La commanderie de Temple-sur-Lot.

Il est encore tôt, avec un peu de chance je peux rejoindre Villeneuve-sur-Lot. Un jeune qui se rend au sud de Cahors me prend à son bord. Il est très sympathique, je l’invite à me contacter s’il vient en Bretagne. Il me dépose devant la porte de l’hôtel. Double merci.

Je trouve une chambre au Brit Hôtel de Bias, en zone industrielle. Le centre de Villeneuve est à environ 2 kilomètres de l’hôtel, cela s’ajoute à la journée.

Villeneuve-sur-Lot est une petite ville moyenne, à l’origine une bastide fondée entre 1264 et 1266. Le village nommé « Gajac », devenu un important bourg, est détruit lors des guerres aux confins du Périgord et de la Guyenne au début du XIIIe siècle. La guerre des Albigeois a chassé la population des terres monacales. Alphonse de Poitiers, frère de Saint Louis et responsable des armées du royaume de France sur ces apanages méridionaux demande la cession de la terre abandonnée de Gajac à l’abbé et aux moines d’Eysses, pour y bâtir villa nova ou ville neuve. Entre 1254 et 1263, une bastide est ainsi créée pour servir de point d’appui aux places fortes échelonnées dans le Haut-Agenais : Villeneuve-sur-Lot compte d’emblée parmi les plus vastes et les plus puissantes bastides du Sud-Ouest. Cette ville nouvelle est nantie entre 1264 et 1266 d’une charte de coutumes, ou privilèges, qui en 46 articles en définit sa vie sociale, économique et pénale.

Villeneuve-sur-Lot, 47
Porte de Pujols.

La construction a suivi un plan bien défini adopté par toutes les bastides du sud-ouest de la France : un plan orthogonal organisé autour d’une place centrale, entourée d’arcades, vers laquelle confluent huit rues larges, tirées au cordeau, l’originalité de Villeneuve réside dans sa position à cheval sur le Lot, qui vaut sa devise à la ville "villa nova per aquam et lapidem" car un pont basé sur un grand arche franchit le Lot et relie la partie urbaine septentrionale, la plus considérable et la mieux bâtie au faubourg saint Etienne au sud, en rive gauche, résultat d’une donation complémentaire du seigneur de Pujols au lieu-dit Albrespit. Des puissantes fortifications initiales, améliorées au siècle suivant, il ne reste plus au XIXe siècle qu’un château, deux tours, un grand mur et deux portes résiduelles, le reste ayant été converti en boulevards.

L’église Sainte-Catherine de style romano-byzantin.

Après le traité d’Amiens, en 1279, l’Agenais devient possession du roi d’Angleterre, duc d’Aquitaine. Édouard Ier a accepté la construction d’un pont sur le Lot qui est entreprise entre 1282 et 1289, il constitue l’un des rares points de passage sur la rivière. La ville est constamment fortifiée au XIVe siècle. Elle est prise en 1337 par le connétable de Brienne. La construction de l’église Sainte Catherine se situe au XVe siècle. L’église de style gothique Saint Étienne, élevé progressivement du XIVe siècle au XVIe siècle, domine le petit quartier rive gauche, avec la porte de Pujols ouverte au sud-ouest. De ses anciens remparts, Villeneuve-sur-Lot a conservé la porte de Paris (anciennement porte de Monflanquin) et la porte de Pujols, toutes deux de la fin du XIVe siècle. Enjambant le Lot, le pont des Cieutats, ou pont Vieux, contemporain du pont Valentré de Cahors, était au XIIIe siècle surmonté de trois tours défensives. Si les deux arches méridionales datent du XIIIe siècle, la grande arche située du côté de la rive droite a été édifiée au XVIIe siècle, à la suite de dégradations jugées irréversibles des arches antérieures. 7

Le sénéchal représentant Édouard Ier accepte la demande des habitants de Villeneuve d’Agenais de construire un pont. La construction du pont débute en 1282 sous la direction d’ingénieurs anglais. Ce sont les Anglais qui ont décidé sa construction pour pouvoir contrôler la navigation sur le Lot. Elle s’est terminée en 1289. Le pont comporte alors 5 arches surmontées de 3 tours.

À la suite d’une crue, en 1600, les deux arches en rive droite s’effondrent, ainsi que la chapelle, le 18 février 1600. On décide alors de remplacer ces deux arches septentrionales par une grande arche unique de 35,30 m d’ouverture. 8

Pont des Cieutat.

En revenant vers l’hôtel je tombe sur un restaurant de fruits de mer, Blue Marine, pas de chance, il ferme. Il est tenu par un couple très sympathique qui me propose de me conduire à l’hôtel. J’accepte.

A proximité il y a un restaurant asiatique Le Palais de Bias. Ça va changer. La salle est immense et se remplit au fur et à mesure que je mange. Il y a un très grand choix, c’est raffiné.

J’ai le ventre plein, des réserves pour demain. Bonne nuit.