De Vihiers à Bressuire
10 juin
Le 7 décembre 1370, Bertrand du Guesclin chasse les Anglais de Bressuire.
Après un bon petit-déjeuner à l’extérieur, on se quitte, il est 7 heures.
Saint-Hilaire-du-Bois, il est 8 heures, une volée de cloches m’accueille.
C’est plat, un peu comme moi, ça manque de relief. Je manque d’inspiration, sont-ce les conséquences de la Covid ? la région ? la chaleur ?
Le clocher est visible de loin, ça motive de le voir se rapprocher.
Cette commune du sud Layon est située dans les Mauges et se trouve aux confins de l’Anjou et du Poitou, à 7 kilomètres au sud de Vihiers, en Maine-et-Loire à la limite des Deux-Sèvres.
Le restaurant-bar L’Entrecôte est fermé. L’épicerie voisine est ouverte, la vendeuse est accueillante, j’achète du jus de fruits et un paquet de gâteaux. Elle me dit que le restaurateur est parti faire des achats et qu’il ne va pas tarder à arriver. Effectivement. Je prends un café. Il a acheté des belles truites. Je note l’adresse.
A la sortie du village, un monsieur me demande si je fais une marche itinérante.
Somloire est à 7 km, Étusson à 8 km, des communes où j’ai marché en 2015.
Il est midi, pause au café-restaurant qui ne veut pas me faire une assiette de charcuteries-fromages, il a trop à faire avec les ouvriers qui déjeunent ! C’est le menu complet ou rien ! Ce sera donc une bière.
Un retraité qui a vécu me dit qu’ici « à partir du vendredi les branleurs viennent mettre le bordel ! »
La ville est fermée sur trois côtés par l’Ouère et l’Argent, c’est un éperon barré.
On y trouve encore des restes du château où vécut et mourut en 1511 Philippe de Commynes, et où séjourna Louis XI en novembre ainsi que décembre 1481.
Il n’y a aucun hébergement à Argenton. Le 24 avril 2015, j’avais installé mon hamac au camping. Je n’ai pas envie d’y retourner. J’opte pour l’auto-stop jusqu’à Bressuire.
Les fuyards anglais n’arrêtent pas à Argenton. Probablement que cette place n’était pas assez organisée pour y recevoir ces hommes supplémentaires.
Je passe le pont au-dessus de l’Argent. Une jeune étudiante s’arrête, elle va passer son oral de philosophie à Bressuire. Elle m’interroge sur le pouvoir de la parole, l’art oratoire. On échange, la route défile vite, une belle ligne rectiligne de 17 kilomètres. Elle me dépose Place Labâte. Merci.
Je vais à l’Office de Tourisme pour récupérer un plan et rechercher une chambre d’hôtes ou d’hôtel. Je trouve une chambre à La Boule d’Or, je connais, j’y suis déjà allé.
16h. Pause, une Hoegaarden au soleil. Je me rends au château.
Le nom de la ville est attesté, sous les formes Segora au IVe siècle, sous les formes latinisées Berzoriacum vers 1030 et Berzorium entre 1073 et 1100, Brochorium en 1150, puis Bressuyre en 1376.
L’église Notre-Dame, 10ème au 12ème siècle, est surmontée d’un clocher gothique de 56 mètres qui domine la ville. Rénovée dès 1999 à la suite de la tempête de décembre, d’anciennes peintures murales y ont été dévoilées.
Son château médiéval en ruines, mais de belles ruines ! est situé sur un éperon rocheux qui surplombe la paroisse Saint-Cyprien.
Le 6 décembre 1370, Thomas Grandson et ses rescapés arrivent sous les murs de Bressuire devant la porte Labatte (n’existe plus, elle a été démolie en 1867 pour cause de vétusté).
Le capitaine anglais de Bressuire voit arriver d’un mauvais œil cette bande de fuyards et après négociation accepte de les laisser entrer par groupe de 40 à 50 hommes.
Bertrand arrive, il taille en pièces les survivants. Les chefs français se disputent la prise des quelques prisonniers. Finalement ils sont massacrés.
Bertrand tente de négocier des vivres avec le capitaine anglais, et devant son refus mais plus encore de son outrage, il s’énerve. En effet l’Anglais lui répond que s’il avait assez de vivres empoisonnées il les lui donnerait volontiers.
Le connétable fait le tour de la place pour organiser la prise de la ville et du château, constatant la difficulté il remet au lendemain l’assaut. De plus sa troupe est fatiguée, peu ou pas de vivres, et n’a pas eu le temps d’emmener des engins de siège.
7 décembre 1370. Bertrand du Guesclin prend le château, Louis de Beaumont-Bressuire, âgé de 16 ans, lui fait allégeance.
Il y a une rue Du Guesclin à Bressuire.
D’architecture militaire médiévale, le château occupe une surface considérable sur l’extrémité arrondie d’un plateau. Les vestiges actuellement visibles datent essentiellement de la fin du 12ème siècle et du début du 13ème siècle. La forteresse comportait trois enceintes, mais la plus extérieure a disparu. Une chapelle se dressait dans l’enceinte.
Les armes de Bressuire rappellent celles de la famille de Beaumont, seigneurs de Bressuire : une aigle d’or sur champ de gueules semé d’hermines (ou de fers de lance). Le blason ressemble à celui de Bertrand du Guesclin, mais apparemment il n’y a aucun lien.
C’était facile à trouver.
Il attend l’ouverture de l’église.
Je dîne à l’hôtel qui a une petite terrasse. Un Pacherenc du Vic Bilh en apéritif.
A propos des conquêtes lors de cette chevauchée de Bertrand, certains écrivent que certaines réussites sont le fait d’Olivier de Clisson ou de Louis de Sancerre, c’est possible, mais le connétable, c’est Bertrand, eux ne sont que ses lieutenants pour l’occasion. C’est toujours le chef qui ramasse les lauriers.
J’ai atteint mon but, suivre les pas de Bertrand du Guesclin du Mans à Bressuire, par Pontvallain. Lui l’a fait en décembre sous la pluie, moi en juin sous le soleil. Demain je vais à Angers.
Entre Le Mans et Bressuire, Bertrand a parcouru plus de 300 kilomètres en 5 jours, pas moi, quelques échappées en voiture m’ont épargné environ 50 kilomètres. J’ai fait aux alentours de 20 kilomètres à pied par jour. Et seulement deux petites ampoules !
Georges Minois dit que Bertrand du Guesclin prend Saint-Maur après Bressuire. C’est vrai qu’il est rapide entre Pontvallain et Bressuire. Est-ce parce qu’Olivier de Clisson et Louis de Sancerre ouvrent la marche ?
Voir et savoir
- Argenton-les-Vallées. 79. Deux-Sèvres. Argenton est située à l’extrémité sud du massif armoricain et implantée sur un promontoire qui surplombe l’Ouère au nord et l’Argent au sud, les deux cours d’eau confluant à l’est.
La chapelle du château, dédiée à Saint-Georges, conserve une très belle fresque classée du XIe siècle, de style roman, avec une touche byzantine.
Le 26 février 1794, Stofflet démolit les portes de la ville, une partie des remparts et brûle une partie des dépendances du château ; la ville est brûlée avec son château le 20 février 1796.
L’église Saint-Gilles. 1
Lors de mon passage le 17.07.2021.
- Bressuire. 79. Les fortifications du château. Le château de Bressuire est élevé à l’ouest de la ville, sur un plateau granitique dans une boucle du Dolo. Ce site d’éperon barré semble avoir été occupé dès la préhistoire. La rivière était contenue par deux chaussées de pierre, le Peyré au Sud, et le Jabard à l’Ouest, de façon à former des étangs. Le château lui-même est constitué de deux enceintes concentriques, qui se développent vers le plateau et la ville. 2
Louis Ier de Beaumont (vers 1355 - vers 1388) est seigneur de Bressuire et vassal de la vicomté de Thouars. Allié des Anglais lors de la guerre de Cent Ans, il se rend à Bertrand du Guesclin, qui prend possession du fief au nom du roi de France. 3
L’ancienne église Saint-Cyprien (Xe siècle) et sa crypte.
L’église Notre-Dame (Xe siècle au XIIe siècle) surmontée d’un clocher gothique de 56 mètres qui domine la ville. 4
Lors de mon passage le 17.06.2021.
